l'alchimiste

By a_nanas

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Jaffar Yahya, jeune parisien bouffé par la haine, froid, insociable, cru et antipathique. Un genre de mal aim... More

Prologue
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«Révélations dans les bois»
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35.
36.
37.
38.
39. (un)
39. (deux)
39. (trois)
40. (un)
4o. (deux)
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42.
43.
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45.
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47.
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49.
50.
51.
52. (un)
52. (deux)
53.
54.
54/2
54/3

20.

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By a_nanas

« - Je suis père.
Jaffar tu es père.
La con de tes morts, tu as un fils putain!»

Fixant mon reflet à travers le miroir, ces quelques mots s'échappent en même temps que la large fumée de ma cigarette. Une douce petite voix scande mon nom.

-   Tonton Jaffar, tonton Jaffar!

Leïla s'était absentée pour la pharmacie, j'étais alors seul avec ma nièce Zara. Le regard questionneur appuyé par ses jolies long cils, elle ne me quittait pas des yeux.

-   Pourquoi tu parles tout seul en te regardant dans la glace? Tu as des soucis?


Stupéfait, je ris en éteignant la garrot.

Les gosses seront
toujours aussi impressionnants.
Malgré leur innocence et insouciance ils ont l'air de tout comprendre et ressentir.

Je l'ai prise dans mes bras.


-   Non non ma belle, t'en fais pas tonton n'a rien. Je réfléchissais seulement.

-   Comme tous les adultes... vous réfléchissez tout le temps et c'est pourquoi vous êtes autant ennuyants!



À chaque mots, chaque phrases,
je me prenais littéralement une claque en constatant sa malice et son intelligence.

Chatouillée par mes propres soins, elle s'effondre au sol en étant morte de rire.


-   Tonton pourquoi tu vis seul?



Et voilà, fallait bien que je m'attende à ce genre de questionnement. Ces putains de petits marmots n'ont que ce mot en bouche, pourquoi si, pourquoi ça. Ils veulent tout savoir alors que la plus part ne savent pas encore s'essuyer les fesses.

- Je vis seul parce que...


Je ne sais même pas quoi lui répondre, honnêtement je suis bloqué. Attentive, elle me regarde et attend que je continue la suite de ma phrase sauf qu'absolument aucun argument ne me vient en tête.


- Tu n'as pas d'amoureuse? Papa m'a dit un jour que tu étais seul parce que c'est ce que t'as toujours voulu. Mais ma maman n'y croit pas trop Tonton.

- C'est vraiment ce que tonton voulait à un moment donné ma chérie!

- Mais... Tonton tu ne veux pas avoir de famille? Une copine et des enfants? Comme tous les gens normaux?



Le parfait schéma de la vie idéale est déjà illustré et imaginé par les enfants.

L'idéalisation des ménages, est tellement de mauvais goût et hypocrite. La vie réelle n'est pas un téléfilm qui passe l'après-midi où tout se déroule merveilleusement bien. Avec moi, heureusement qu'on est très loin de cette irréalité. Avoir une famille, une compagne et des enfants veut-donc dire faire parti de la case «-personne normale»? Et tous les autres cas alors?

Que sont-ils? Qui suis-je aux yeux de cette société de merde? Je pisse à chaud sur toutes ces conneries, ces standardisations, sur tous ceux qui vendent du rêve aux petits jeunes et qui tombent des nues face à la triste réalité.


- Je n'ai pas besoin d'avoir tout ça pour quand même exister et être quelqu'un Zara. Regarde-moi, et si je te dis un secret, est-ce que tu vas bien le garder?

Elle secoue la tête et ajoute,

- Oui tonton, je t'en fait la promesse.

- Voilà, tu as un p'ti cou...




La sonnette résonne ce qui m'interrompe. Avant de me diriger jusqu'à la porte, j'ai installé Zara sur mes épaules et nous avons été ouvrir. Leïla n'était pas seule, elle s'est ramenée avec Émilie et pas que.

Laura était aussi présente.
Pourquoi? J'en avais aucune idée.

Je questionnais Mimi du regard qui a rapidement ressenti mon agacement.




- C'est quoi le délire?

- Déjà on dit salut, comment ça va...

- Je m'en bats les... j'm'en fou!

- T'as vu ma belle, t'as de la chance ton oncle est sympa et gentil qu'avec toi.

- Je sais et c'est le meilleur des tontons!

- Ah regarde il est tout content, il se retient pour ne pas sourire. J't'ai cramé.

- Ferme ta mè... ferme la!
et dites-moi c'est quoi les bails !?

- À la pharmacie il n'y avait pas ce que je voulais du coup j'ai été à celle du centre-co et là-bas j'suis tombée sur elles puis comme j'étais chargée Laura s'est proposée pour m'déposer, déclare Leïla

- Ha ok, bah occupe-toi d'elle fin Mimi occupe toi de Laura. Allez viens Zara on s'arrache, ça te dit qu'on va au parc?

- Oh ouiiiiiiii trop bien!!

- Va mettre tes chaussures et ta veste.




Elle s'en est allée en courant s'apprêter. Quant à moi j'ai filé dans ma chambre suivi de près par mademoiselle Émilie.




- Depuis quand tu traines avec Laura?

- J'avais besoin d'un taxi et j'voulais pas te déranger donc bon voilà. Il s'avère qu'elle a les mêmes goûts que moi.

- Putain et tu sais pourtant à quel point je déteste que les gens avec qui j'ai ZÉRO affinité vienne chez moi pour rien.

- Oui bah oui je sais mais c'est ta belle sœur qui n'arrêtait pas d'insister.

- Vas y tranquille.

- Jaf'?

- Quoi?

- T'es une crème avec ta nièce, avec les enfants je... tu feras un très bon père!




Je soulève passivement les épaules.

Vrai qu'avec Zara je suis différent,
j'ai l'air épanoui, attendri mais ça ne veut rien dire. Ce n'est pas pour autant que j'aurais été un bon père, je ne sais pas ce qu'être parents, j'en ai jamais eu.



- Comment ça tu sais pas?

- Imagine seulement un jeune orphelin qui apprend du jour au lendemain qu'il a un gosse d'à peu près sept ans...

- Dit comme ça c'est vrai que ça a l'air pas mal tendu! Mais en tout cas moi j'ai confiance, je sais que tu es doux avec les gosses donc je m'en fait vraiment pas.

- T'es la seule et tant mieux.

- Ça crève les yeux, y'a juste à te regarder avec Zara, vous débordez d'amour, t'as trop de love à distribuer.

- Ouais ouais bon ça va avec tes conneries tu me dégoûtes fort.




Elle rigole tout en laissant apparaître ses petites fossettes. Qu'est-ce qu'elle est jolie avec ses yeux marrons rieurs,
une très belle femme ma Mimi.

Mais jamais j'oserais la complimenter.



- J'aime pas quand tu me guettes comme ça tu m'fais peur.

- J'te regarde comment?

- J'sais pas comme si t'allais me cogner.

- Tais-toi c'est mieux.

- Pourquoi tu passes plus à la maison? Tu as encore un problème avec Rita?

- Pas du tout, d'ailleurs elle va bien?

- C'est ça fait genre d'être intéressé.

- Non sur la vie de ma race j'suis hyper sérieux, ça m'intéresse vraiment!

- Ha... bah

- Bah quoi? Elle va bien oui ou non?

- Ouais ça va.

- Calme alors!

- Elle m'a tout dit Jaffar.

- Dit quoi?



Prêcher le faux pour avoir le vrai.

Je ne suis pas né hier et je connais parfaitement tous ses vices, je sais actuellement qu'elle est en train de mentir. Rita n'est pas assez folle pour lui avoir tout balancer, certainement pas!

Elle ne me regarde bien évidemment pas dans les yeux et joue avec ses bracelets.

Je décide alors de rentrer dans son jeu.


- Bah tu sais bien...

- Ha elle t'as dit qu'on l'a fait?

- Quoi? Où? Fin non euh oui tu...

- Ouais j'ai couché avec elle et c'est tout, il n'y a plus aucune suite. Satisfaite?

- C'est pas... putain mais...

- C'est pas ce qu'elle t'a dit? Merde!

- Va te faire foutre.

- J'espère qu'elle t'as dit que c'était bien quand même non? Parce que j'ai pas forcément été doucement avec.

- Mais ta gueule putain.

- Elle criait comme une folle hein.

- Ferme ta bouche, wouah tu forces.


Je rigole,
elle me rejoint finalement constatant qu'elle est tombée dans son propre piège.


- T'es vraiment con!

- T'es vraiment une chieuse.

«- Tonton, ça y est je suis prête


Je regarde Émilie une dernière fois avant de quitter la pièce, elle me fait un joli bras d'honneur. C'est tout ce que je kiffe!


-   Allez dégage, va la rejoindre.

-   Tu sais qu'être jalouse ça ne te vas pas au teint Mimi? dis-je en riant

-   Mais casse toi bordel, Zara t'attends!




Je fais demi tour pour lui mettre une charmante balayette. Une fois satisfait de la voir au sol, je m'en vais rejoindre Za.

Dehors, elle attrape ma main pour ne plus la lâcher. Mon frère Amaru a vraiment fait du bon boulot, sa fille est certes très belle mais également très bien éduquée. Excitée elle était pressée d'arriver au parc de la Vilette.




- Tonton, Émilie c'est ton amoureuse?

- Non Zara, je n'ai pas d'amoureuse. Émilie est juste ma meilleure amie.

- Mais c'est dommage, j'aimerais bien que tu aies une copine comme ça je pourrais avoir des cousins et cousines.

Sa naïveté me fait presque sourire.


- Regarde le bon côté des choses, comme tonton n'a que toi tu peux l'avoir pour toi toute seule. Et il y'a bien qu'à toi que tonton offre de beaux cadeaux.

- Oui, c'est vrai sauf que bientôt je vais avoir un petit frère, tu vas m'oublier et je ne serais peut-être plus ta préférée.

- Ah non tu seras toujours ma petite chérie ne t'en fais pas pour ça.

- J'ai pas envie de retourner en Thaïlande, je veux rester ici avec toi tonton. C'est pas juste que tu sois seul.


L'étrange impression que ma nièce Zara est un ange tombé du ciel tant elle m'apporte en sérénité. Je me sens tellement plus apaisé et sage en sa présence. Jusqu'à présent je ne savais pas qu'un enfant pouvait changer un homme.


- J'y suis habitué Zara! Ne parlons pas de départ, tu as encore quelques jours à passer à mes côtés. Et puis on se reverra, je viendrais vous voir ne t'inquiètes pas.





Nous arrivons au parc, ce fameux parc où j'ai pas mal erré étant plus jeune, j'ai fait pas mal de conneries ici aussi. Des souvenirs remontent, font leur apparition en se mélangeant dans mon esprit.

L'époque où j'étais un jeune bandit en apprentissage et maintenant avéré.

J'en ai arraché des sacs ici, j'en ai cassé des gueules ici, j'en ai vendu des sachets de C ici en bref j'ai un peu évolué ici.

L'un de mes premiers terrains de jeu.

Sortant de mes pensées, mes yeux se rabaissent vers ma nièce qui semble émerveillée et impatiente de jouer.



-   Tu veux faire le grand toboggan?

-   Ouiiiiii

-   Tu es sûre?

-   Oui à cent pour-cent tonton!



Deux heures après, enfin lessivée de toutes ces activités je l'ai emmené manger des CHURROS AU CHOCOLAT avant de bien la ramener à la maison.




Dix huit heures trente,
J'avais quelque chose en tête.

J'étais obligé d'aller les voir,
j'avais besoin d'explications.

Cette autre journée passée entièrement avec ma nièce m'a beaucoup fait cogiter.

Je me suis changé pour me foutre cette fois-ci en gros sweat et en jogging.


- Tu vas où tonton?

- Je reviens je vais régler quelque chose. Leïla, je m'arrache je vais peut-être rentrer tard donc ne m'attendez pas.

- Ça marche, fais attention à toi!

- T'inquiètes pas.




Après avoir déposé un bisous sur le front de Zara, j'ai disparu en claquant la porte.

Depuis toutes ces années, elle habite toujours au même endroit, même quartier, même bâtiment, même étage.

Rien ne semblait avoir changé.

Je ne sais pas si elle habite toujours avec ses parents et même si c'est le cas, j'en ai rien à foutre. Ce n'est pas ça qui va m'empêcher de détourner mon parcours.

Après une dizaine minutes de marche, j'arrive à destination, face à l'immeuble.

Je n'ai pas prévenu de mon passage.

La mémoire parfois bousillée dû à toutes les conneries que j'ai pu inhaler,
j'ai oublié son nom enfin je crois même ne l'avoir jamais su. Je sonne alors au hasard, au premier nom qui figure sur l'interphone pour qu'on m'ouvre.



«- oui? C'est qui?

- le voisin du dessus, j'ai oublié mes clefs

- encore? Bon attendez je vous ouvre.

- ouais, merci!

- bonne fin de journée.»




Et c'est aussi simple que ça.

Je monte déterminé, les escaliers.
Si je m'en souviens bien, c'est ici même qu'elle réside, au quatrième étage.

Devant la porte, je toque.

On ouvre. Et c'est bien elle, je ne me suis pas trompé. Elle me regarde choquée sans forcément comprendre ma présence.


- L'Alchimiste.

- Faut qu'on parle!

- Je... je entre, vas y entre.

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