- Si tu devrais choisir obligatoirement entre Laura et Rita, laquelle tu prendrais?
Un long silence s'est imposé.
Ils avaient tous l'air mal à l'aise, comme si cette question leur était destinée.
Ils me connaissent.
Émilie et Shark me connaissent.
J'ai horreur qu'on s'immisce dans ma vie et surtout qu'on me questionne.
L'audace de Sarah ne m'impressionne aucunement bien au contraire, je trouve ces manières complètement ridicules.
- C'est bien à moi que tu parles?
- Euh... oui répond Sarah
- En mode j'suis ton pote?
- Nan je sais que... fin je trouvais pas cette question déplacée sur le coup, je voulais juste connaître ta réponse c'est...
- Ta question n'a aucun sens, aucun lieu d'être, j'suis en aucun cas ton camarade.
- T'es cru gros! Peut-être qu'elle voulait juste préparer le terrain pour l'une de ses copines ma gueule, ajoute Shark
- Y'a aucun terrain à tâter et rien à gratter. Aucune d'entre vous m'intéresse.
Cette dernière phrase semble les avoir toutes refroidies, Rita y compris.
À quoi s'attendaient t'elles?
J'étais bien obligé de réagir de la sorte.
L'alchimiste a plombé l'ambiance, comme à mon habitude. Shark a donc tenté de détendre un peu l'atmosphère.
- Et moi? pourquoi vous ne me demandez pas de choisir les gonzesses?
- On sait que toi, tu as signé sur Émilie.
- Wow, pause! Évitez de sortir mon prénom dans vos foutaises, merci bien.
- Grave. C'est vrai que c'est une jolie fille mais je n'ai jamais signé sur elle.
- Pas encore... ajoute Sarah.
- Mais toi là, ça se voit t'aimes bien pointer ton nez dans les affaires des gens. Et si on faisait ton procès? C'est comment avec la plaie Brahim? demande Shark
Bien évidemment, elle s'est mise à bégayer. J'ai la drôle impression qu'elle se fout pas mal de Brahim, qu'elle se sert de lui. Et elle ne doit pas être si bête comme elle veut si bien nous faire paraître.
Je l'ai à l'œil.
D'ailleurs je les ai toutes à l'œil.
Elles m'ont déjà faites une crasse, elles sont très certainement capables de recommencer une fois de plus ces putes.
Pendant qu'ils continuaient à discuter, j'ai discrètement jeté un œil à l'arrière comme je n'entendais plus du tout Rita.
Elle ne parlait plus.
Elle avait même enfilé ses écouteurs.
J'en connais une qui a trop prit à cœur ce que j'ai dit et qui est actuellement vexée.
Ha vraiment les meufs putain...
**
Quelques minutes plus tard nous arrivons à destination. Les filles étaient toutes excitées et à la fois stressées.
J'ai bien remarqué que Rita n'avait pas spécialement les idées en places mais faut qu'elle fasse abstraction des soucis.
Quand c'est l'heure du boulot, c'est l'heure du boulot et puis c'est tout, on laisse donc toutes nos peines, toutes nos peurs, tous nos problèmes de côté.
Nous sommes alors descendus, Shark s'est chargé de toutes les motiver à bloc.
La jeune métisse n'était pas de la partie, elle était complètement à l'ouest ce qui m'a un peu contrarié, je l'avoue.
Je l'ai attrapé assez brutalement, son comportement commençait fortement à m'exaspérer. Si ce soir, elle foire... ça ne va vraiment pas le faire, vraiment pas.
- Mais lâche moi, ça va pas ou quoi toi.
- Ferme la, et reprends vite tes esprits. Ne me fait pas regretter de t'avoir donné une seconde chance. Je compte sur toi pour ce soir, tu es celle qui a le plus gros potentiel... Ne me déçois pas Rita.
- Tu peux compter sur moi, une fois qu'on rentrera dans la salle je serais plus la même, tu peux me lâcher maintenant.
- Tu as intérêt, j'te le jure!
- Ouais mais c'est bon lâche moi.
Je la regarde une dernière fois,
avant de la lâcher.
Mais qu'est-ce qu'elle est magnifique dans cette robe avec ses cheveux lâchés.
Face à son incroyable élégance mes mots n'ont pas été mâchés, même si je n'ai que su faire le mâle légèrement fâché.
Il y'a une sorte d'alchimie cachée.
Enfin je crois,
je finis donc par la lâcher.
- Jaffar wesh! crie Shark
Elle s'en va et rejoint les autres nanas.
Je me retourne et constate que Shark m'attend. Lui et moi entrons d'abord dans cette réception, nous avons très rapidement pris nos places respectives.
La salle était bondée de monde, j'en avais même mal au crâne. Tout ce tas de personnes réunies peut me rendre fou et me donner le tournis, je hais la foule.
On a été accueilli par Tony, un acolyte.
- Aya beaux gosses les gars! dit-il
- Toujours, tu connais, ajoute Shark
- C'est comment? Les mans sont là?
- Ouais, ouais, oui, ils sont là. Vous pouvez déjà envoyer vos filles hein.
- Très bien.
J'ai envoyé un texto à Émilie pour qu'elles viennent toutes se placer. Cinq minutes plus tard elles étaient déjà la à faire leur apparition, chacune leurs tours.
Tous les regards étaient braqués sur elles.
Elles ne sont pas passées inaperçues.
L'une sortait grandement du lot, elle défilait avec une grande aisance avec une énorme confiance en elle. Tout l'inverse de la fille qui était avec ses écouteurs à l'arrière de la voiture. Elle souriait, ses yeux brillaient, ses courbes flambaient.
Elle était ravissante.
Rita était splendide.
- Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle se transforme comme ça en quelques minutes à peine? me questionne Shark
- Rien du tout... faut toujours se méfier des meufs, elles cachent bien leur jeu.
- Mais gros s'il te plaît guette comment ils bavent tous sur elle! C'est chaud, elle peut tous les avoir dans sa poche.
- Tant mieux pour nous alors. Je savais qu'elle avait un vrai potentiel celle-là.
J'étais plutôt flatté de constater que toutes les filles plaisaient même si j'étais déjà au courant qu'elles étaient de sacrés morceaux. Elles se sont toutes très bien positionnées vers leurs proies.
C'est parti!
Ce sont elles qui détiennent le pouvoir ce soir, si on peut dire ça comme ça.
Enfin du moins ce sont elles qui sont pour une fois à l'œuvre et nous au spectacle.
Elles sont les petites fées de cette soirée.
Si quelqu'un a besoin d'une quelconque potion magique pour se détendre durant cet événement cocktail, mes nanas seront présentes pour les fournir divinement.
Les plus grands consommateurs de drogues, sont certainement les plus pauvres et les plus malheureux comme les toxicos mais les plus aisés y font également parti. Ce n'est pas nouveau.
Shark n'est pas loin d'Émilie et de Laura.
Quant à moi, je veille sur Rita et Sarah.
Elles semblent bien se débrouiller.
Je les vois échanger, discuter et rire.
Je suis pour le moment satisfait.
C'est vrai qu'involontairement mes yeux traînent plus du côté de Rita et d'Émilie qui est à l'autre bout de la pièce que des autres. J'arrive à voir au loin qu'Émilie semble très sereine dans cette nouvelle mission. Je regarde à nouveau le coin de Rita, son regard finit par croiser le mien.
Elle sourit puis échappe aussitôt mon regard. Qu'à t'elle derrière la tête?
Je la vois très proche d'un jeune homme, assez tactile pour le coup. Elle est logiquement tenue par la taille, coupe de champagne en main et elle rit aux éclats.
Ça y est, j'ai compris.
Malheureusement pour elle, ces choses ne marchent pas spécialement avec moi.
Ses yeux sont tournés vers moi, elle attendait sûrement une réaction de ma part. Ah, hélas ce n'est pas le cas!
Voyant que je ne réagis toujours pas, elle glisse un mot dans l'oreille du mec et s'en va avec ce dernier, je ne sais où.
Là, ça ne va pas le faire puisque si elle s'absente mes affaires peuvent en pâtir.
J'essaye de me contenir, d'être calme.
Je patiente alors en me disant qu'elle va revenir dans deux ou trois minutes.
Sauf que vingt minutes sont passées et Rita n'est toujours pas réapparue. Je me suis levé pour aller à sa recherche.
Énervé, mon visage est très certainement serré, mes traits doivent affirmés mon agacement. J'ai fait le tour, j'ai examiné les moindres petits coins, je ne l'ai toujours pas trouvé cette grosse connasse.
Je décide d'aller à l'extérieur pour m'allumer une cigarette, histoire de détendre en quelque sorte mes nerfs.
Une fois trouvé le briquet dans la poche de mon costume, je relève la tête.
Et je la vois.
Elle n'est pas seule, elle n'est pas bras sous bras avec untel, elle n'est pas en train de rire comme une salope cette fois-ci mais elle TRAVAILLE! Elle bosse.
Moi qui pensais qu'elle s'était vraiment barrée avec un de ces types fortunés.
J'attends,
qu'elle termine pour la rejoindre.
Elle se retourne, surprise de me voir ici.
- L'alchimiste.
- Des fois c'est Jaffar puis après l'alchimiste? Faut faire un choix.
- Qu'est-ce que... tu m'espionnes?
- On a plus le droit de sortir fumer?
- Ha, bah si, bien sur.
- Pourquoi t'as quitté le lieu?
- Je... je
- Arrête de bégayer cousine.
- Le mec avec qui j'étais lorsque tu m'as vu, m'as emmené voir d'autres gens qui étaient également intéressés donc voilà.
- Tu les as servi?
- Ouais
- C'est bien. Et dis-moi c'était quoi ce que tu me faisais tout à l'heure la?
- Je vois pas de quoi tu parles!
- Fous toi de ma gueule.
- Sérieux, j'avais envie de faire ma salope avec tous les mecs qui venaient me voir pour te faire chier mais j'ai vite oublier l'idée, ça ne me ressemble pas.
- Pourtant tu l'as quand même fait.
- Et j'ai très vite arrêté voyant que tu t'en battais complètement les couilles.
- Pourquoi tu cherchais à le faire?
- Parce que j'te comprends pas! Tu... tu me montres des trucs puis le lendemain tu me montres l'inverse. Je suis perdue, je sais vraiment pas quoi penser de toi.
- Pourquoi tu cherches tant à vouloir quelque chose à penser de moi?
- Laisse tomber.
- Non mais dis-moi.
- Laisse tomber, contrairement à toi je ne suis pas une joueuse. J'ai bien compris le message «aucune d'entre nous ne t'intéresse» c'est bon je retourne là-bas.
Elle est prête à s'en aller, je ne peux pas la laisser partir comme ça. J'avance, lui bloquant inconsciemment le passage.
- Qu'est-ce qui y'a encore? Laisse moi passer! Faut que j'y retourne.
- Attends et reste là. C'est moi qui décide si tu dois y retourner ou non Rita.
Elle soupire, agacée par moi même.
- Pour ce que j'ai répondu à Sarah dans la voiture, n'y prêtes pas attention.
- Comment?
- J'étais obligé de répondre comme ça, que ce soit vrai ou faux, oublie!
- C'était vrai ou faux?
- Peu importe ça n'a pas d'importance, je sais que d'une manière ou d'une autre ça t'as blessé d'avoir entendu ça. Je veux juste que tu fasses comme si je n'avais jamais balancé cette phrase là, d'accord?
- Mais bien sur que si ça a de l'importance, L'ALCHIMISTE!
- Ne m'appelles pas comme ça.
- Tout le monde t'appelle comme ça...
- Ouais mais toi, je ne veux pas que tu m'appelles l'alchimiste.
- Pourquoi? J'ai...
- Tais toi c'est bon, tu le sauras plus tard. Vas y tu peux retourner là-bas.
Elle me regarde une dernière fois, totalement déboussolée. Elle secoue la tête et s'en va reprendre ses activités.