Rin observa les lignes se tracer une à une sur l'écran de la tablette. Alors, petit à petit, de sa chambre qui fut transparente, ce cube qui eut droit à un immense halo lumineux grimpant vers les cieux, une rue à n'en plus finir se forma dans une pluie de pixels mi-bleus, mi-verts. Elle écarquilla ses beaux yeux marrons, ne comprenant pas la situation. Quelle création naissait donc dehors ? Plus réel que magique elle découvrait un nouveau côté de la simulation, mais... Etait-ce une représentation de son passé ? Son futur ? La réalité ? Qu'était-ce, la réalité, d'ailleurs ? La réalité elle-même est-elle réelle ? Ou n'est-ce qu'un mensonge inventé pour fuir la peur d'être inexistant ? Elle se demandait cela sans s'en rendre compte, dans son affolement lorsque les murs du cube qui l'hébergeait prirent une teinte d'un verdâtre bleuté étragnge, apeurant et pourtant similaire à une aurore boréale belle et rassurante dans le noir profond des nuits polaires. Elle s'approcha soudainement, dans un soubresaut, vers la surface plane et transparente que des teintes colorés et linéaires cherchaient à faire disparaître. Elle plaqua sa main dessus. Elle tâtonna un peu avant de se retourner comme si l'issu serait derrière elle, mais rien.
Elle était affolée.
La tablette, calée dans sa main droite au bout de son bras pendant dans le vide qui l'entourait – puisque le vide est partout, il colle à la peau- finit par disparaître elle aussi, dans les mêmes teintes, le même grésillement coloré.
Alors Rin s'évapora aussi pour se retrouver fantomatique tel un hologramme dans un blanc si pur, jauni par des reflets dorés d'une clarté sans pareille. Silhouette au riche et sage jaune, silhouette au pur et paisible blanc. Derrière elle, une télévision, un pouf, un porte-manteau, une salle à l'apparence vide bien qu'à côté, vase, tableaux, cartons remplis et autres choses rendaient l'endroit plus habité. Et devant, ce qui avait l'air d'un kotatsu entouré de coussins sur lesquels étaient bouquins, boite à crayons, bouilloire, ...
Surprise qu'elle fut, passa à côté d'elle une jeune fille. Une fillette à la même robe rosie qu'elle, aux cheveux bruns virevoltants et ornés d'un ruban blanc ainsi que, sur son dos, un sac rouge presque trop gros pour elle. Cette fillette courait gaiement de ses petites enjambées. Elle sortit dehors, dans un jardin d'arbustes à l'harmonieux vert et de sakura à l'apaisant et sucré rose. La lumière arrivait tout droit du soleil lointain, derrière cette porte rectangulaire où se dirigeait la fillette. Par ailleurs, celle-ci se retourna vers Rin. La voyait-elle ? Qui sait... Elle dévoilà ses mains fluettes qui tenaient les bretelles de son cartable et ses yeux à l'assurant marron empli de sa sérénité habituelle. Elle souriait.
Un grand sourire.
Et son visage, ainsi fait, aurait pu rendre joyeux quiconque le voyait.
Rin était là, le fixant, immobile.
C'est alors... Qu'elle chuta...