V - Fragments.

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            Sa chute était survenue ainsi, ni plus ni moins parue de nulle part, dans les limbe, un tourbillon, un immense tunnel blanchi, à la vertical et dont les parois étaient on ne peut plus roses, claire par-ci, foncée par-là, créant un ensemble irrégulier. Au début de sa chute, un anneau de même couleur rosie que le reste.

Lorsqu'elle l'eut passé débutèrent des séries de flash. Elle le vit, cette fois, son père qui arrivait vers elle alors qu'elle se situait sur ce fameux bout de bois relié à une structure par deux cordes et qui se balançait d'avant en arrière. Ces yeux étaient gris, marron, plutôt sombres, de même que ces cheveux à la teinte noire. Il vint et poussa la fille tendrement de ses grandes mains.

Ensuite, elle se vit accroupie dans un renfoncement creusé à même le sol, rempli de milliers de particules jaunâtres, beigeâtres, brillantes avec la lumière du doux soleil. Elle s'amusait avec ses particules, toujours dans le même parc, une balançoire à ressort rouge et jaune non loin, une statuette à l'opposé sur un socle en pierre et de la verdure en grande quantité. Sous un arbre, un ballon immobile reposait à l'ombre. Dans le bac enfoncé dans le sol, assis à côté d'elle en tailleurs, son père avait l'air de former une boule avec les particules. Un seau et une pelle mettaient une touche de couleur à tous ses grains.

Rin, tout du moins, celle du passée, petite, enfantine, innocente, se tourna vers son père avec un sourire aux lèvres, ses yeux conservant leur beauté, étincelants d'une pureté que seuls les enfants ont, elle leva ses petits bras gracieusement. Les grains lui avaient laissé une petite tâche sur la joue droite et sur la manche gauche rosie de son pull. Dans chacune de ses mains elle tenait une sphère de ses particules alors ni trop sèches, ni trop mouillées. Elle écarta un peu les bras, montrant les boules qu'elle avait faite à son père, fermant un peu les yeux et ouvrant la bouche. Elle affichait alors l'une des plus belles facettes de son visage, joyeuse, transmettant sa gaieté.

Rin continuait de chuter dans ce tourbillon rosi emplit d'images de son passé. Une, deux, trois, il y en avait tellement. Sept, huit... Onze... Les compter ne servait à rien. Ce qui importait était la façon dont elles frappaient son cœur. Rin se sentait à la fois lourde et légère à la vision de tant de souvenirs qui, jusque-là, avaient sombré dans l'oubli.

Pourquoi ?

Elle continua donc d'observer chacune de ces images, s'attardant parfois. Elle en perçut une qui paraissait informatique et indiquait « Conditions actuelles à Tokyo ».

Au-dessus ce cet écrit, une image montrait un paysage totalement désolé au ciel rougeâtre. A côté, un vase accueillait une magnifique fleur blanche et, entre ses deux choses, une photo dans un cadre rectangulaire vert montrait le père et la mère de Rin tenant cette dernière toute petite dans ses bras. Elle avait les cheveux plus courts mais de même couleur et son sourire était splendide. Ensuite, Rin se vit allongée dans un lit similaire à celui qu'elle connaissait : drap blanc, couverture rosie, gros oreillers rosis également et parsemés de quelques cercles. A côté d'elle, un pingouin, un dauphin et un poussin, mais surtout un ours en peluche qu'elle pouvait reconnaitre. Le ventre de celui-ci était caché par la couette mais elle était persuadée qu'en dessous était un t-shirt marqué des caractères « ku » et « ma ». Au-dessus d'elle, une veste bleutée, deux sacs et un chapeau ainsi qu'une étagère contenant divers livres. Son père était assis sur le lit et tenait un livre à la couverture bleue et rose. Après cette image, Rin aperçut celle de plans sous le titre « RN Project R505 ». Les dessins avaient l'air de représenter un vaisseau qui, à fortiori ferait sept mètres de long. Le nom de RIn était présent ainsi que sa taille, son poids et son âge. Elle vit ensuite son père, de dos, tenant une sorte de stylo relié à un long fil avec lequel il maniait un écran transparent bleuté. La Rin du passé l'observait discrètement dans l'incompréhension, les yeux grands ouvertes, par la porte de la salle. Rin, à nouveau présente dans une silhouette blanche et or était juste derrière.

Sa chute continuait et elle changea rapidement d'image pour passer à une cuisine ou son père ainsi qu'elle, sur la pointe des pieds, avaient tout l'air de préparer un plat. Le plan de travail composé de divers placards en bois fourmillait d'ustensiles, pots et aliments. Ensuite, elle se vit encore plus petite, recevant comme cadeau l'ours qu'elle connaissait si bien mais qui n'avait alors pas son petit pull marqué du terme « Kuma ». A côté de la boite qu'elle venait d'ouvrir souriante, fier et contente, un gâteau plein de fraises et alléchant. Son père retira la boite de la table tandis qu'elle agitait l'ours pour montrer sa joie à ce dernier. Ironie de la chose, l'ours n'avait pas l'air de sourire. Après quoi Rin aperçut son père lui coiffant les cheveux non loin d'un bac rose avec le petit dessin d'un ours rouge.

Contemplation.

Alors qu'elle contemplait ce qui devait véritablement être son passé, elle observait simplement les images ou, parfois, apparaissais dedans sous sa forme blanche et dorée, enveloppe corporelle lumineuse. Elle observait les scènes en traversant un grand nombre de sentiments et expressions. Tantôt triste, tantôt gaie. Mélancolie, joie, passion, ... Presque autant de ressentis que d'images. Et encore ! Les images, les souvenirs étaient nombreux !

La suite continua avec un majestueux cerisier en fleurs, proche d'un temple. Elle s'y voyait en yukata d'un rouge proche du rose et à fleurs jaunes. Dans ses cheveux, une fleur aux mêmes couleurs. Elle levait son bras droit pour tenir la main de son père. Ils allèrent faire un vœu ou une prière, probablement, bien que ces deux choses soient dans tous les cas bien proches, puisque de même nature, on y réalise une pensée jaculatoire. Elle se vit donc joindre ses mains, les yeux fermés. Rin resta béate tandis que son ego du passé sautillant gaiement, suivie de son père marchant paisiblement à côté d'elle passèrent devant sans la voir. Elle murmura quelques mots.

L'image de ce qui paraissait encore être un écran indiquant « Caméra satellite Mirai » coupa la vision du chemin menant au temple.

L'image accompagnant l'inscription montrait une immense sphère proche de ce qui paraissait être la Terre. Elle se vit alors ensuite sur un canapé vert, tenant son fameux ours ayant cette fois le petit pull. Assis près d'elle, devant la télé et face à un café posé ur la table basse, tenant une tablette, son père au regard certain. Il la laissa venir contre lui, sur ses genoux pour lui montrer diverses choses sur l'écran de la tablette qu'elle maniait d'un air que les enfants peuvent faire et qui signifie plus ou moins « j'apprends ».

Elle se vit allongée sur le ventre sur un gros coussin. Un édredon probablement. Non loin, son ours. Elle gribouillait dans un cahier à pages blanches avec des pastels. Rouge, vert, bleu, jaune, noir, ... Derrière, ses jambes remontraient pour laisser en l'air ses petits pieds qui gesticulaient. Puis, brusquement, l'immense sphère qu'elle avait vu sur un écran, elle la vit de manière plus concrète cette fois. Le ciel avait des teintes sombres. Les nuages paraissaient bas et tourbillonnants. Le paysage se voulait plutôt désert. Alors elle se vit dans les bras de son père dans un hangar. Le même où elle l'avait perçu de dos avec ses plans. Il y avait un échafaudage et en haut ce qui s'apparentait à un cockpit. Puis... La Rin enfant, larme à l'œil, la main de son père au niveau de sa joue droite, la caressant. Dans son corps lumineux, Rin se surprit elle aussi à avoir une larme à l'oeul. Son ego du passé était installé dans ce cockpit accompagnée de l'ours en peluche. Son père, une main sur sa tête, posa son front contre le sien.

Rin quasi dénudée, entourée de fils rouges et noirs, confortablement installée, s'en alla dans un long sommeil. 

Shelter : Alone in Virtual WorldWhere stories live. Discover now