Le soleil perce à travers les volets de la chambre. Il fait doux ce matin et le ciel semble clair. Meg regarde June qui est encore endormie, allongée sur le ventre, sa longue chevelure brune s'étalant sur les draps. Elle sourit. Elle n'avait pas aussi bien dormi depuis très longtemps et elle savoure ce réveil aux côtés de June. Lorsqu'elle ouvre enfin les yeux, Meg vient déposer un baiser sur sa joue. June s'étire lentement, sourit et vient se blottir contre la jeune femme.
- Quelle heure il est ? Demande-t-elle en embrassant Meg dans le cou.
- Il est tard...
- Si je le pouvais, je ronronnerais...
Meg se mordille la lèvre.
- J'ai envie de rester avec toi toute la journée, ici, dans ce lit.
June se met à rire :
- Tu ne préfères pas un bon petit-déjeuner ?
Meg se redresse d'un bond :
- Si ! Avec des pancakes sous une montagne de beurre de cacahuète !
- Et en plus tu es gourmande !
- Tu n'aimes pas le beurre de cacahuète ?
June fait oui de la tête et embrasse Meg.
- J'ai beaucoup de travail aujourd'hui, mais si tu veux, on se voit demain ?
La jeune femme réfléchit, puis arbore une moue boudeuse.
- Victor n'est pas censé rentrer demain ?
- Si, soupire June, mais nous pouvons tout de même passer la soirée ensemble. Ce ne serait pas la première fois.
- C'est vrai. J'ai promis à ma mère de rentrer pour passer la soirée avec eux.
C'est au tour de June de grimacer :
- Alors il faut que tu restes avec ta famille, c'est important.
- Mais...
- Meg, on va se voir, très vite. Tu repars quel jour à New-York ?
- Le vingt-six... Tard dans la soirée...
June lui promet qu'elles trouveront un moment pour se voir, puis elle propose de préparer le petit-déjeuner. Meg accepte et la suit dans la cuisine. Elles confectionnent ensemble une tour de pancakes qu'elles arrosent de beurre de cacahuète et de chantilly. June qui n'a pas vraiment l'habitude de manger le matin, trouve cela plaisant. Elle regarde Meg se régaler, un sourire aux lèvres et des étincelles dans les yeux. De temps à autre, la jeune femme vient déposer un baiser plein de crème chantilly sur la bouche de June qui éclate de rire à chaque fois.
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Helen regarde sa montre. Il est tard et Meg n'est toujours pas rentrée. Ce matin, elle est allée courir, seule, car June ne répond pas à son téléphone. Elle doit avoir beaucoup de travail. Elle aurait aimé se lever et trouver sa fille dans la cuisine ou endormie dans son lit comme lorsqu'elle était enfant, mais la jeune femme doit être encore chez Candice. Jack s'est levé tôt et n'a pas l'air inquiet pour sa belle-fille. Il a répété à Helen de laisser la jeune femme prendre du bon temps avec ses amis et de ne pas trop l'étouffer. Mais Helen ne peut pas faire autrement.
Enfin, le pick-up de sa fille se gare devant la maison. La jeune femme en sort, un large sourire aux lèvres et rentre, presque en trottinant.
- Tu as l'air d'avoir passée une bonne soirée ! Lui envoie sa mère en constatant la mine joyeuse de Meg. Cette dernière lui sourit.
- Une très, très bonne soirée... Désolée maman, mais je vais prendre une douche.
- Je te prépare des pancakes ? Lui demande sa mère qui a déjà commencé à sortir les ingrédients.
- Non merci ! J'ai déjà mangé !
Helen est déçue. Elle qui aime tant faire à manger avec Meg, voilà qu'elle s'est faite voler la vedette par une bande de pré-adultes. Elle hausse les épaules. Jack a raison, Meg grandit, il faut lui laisser le champ libre.
Sous la douche, Meg chante. Elle sait qu'elle va devoir se calmer si elle ne veut pas laisser paraître quoi que ce soit à sa mère, mais c'est plus fort qu'elle. Elle se sent tellement bien. En sortant de la douche, elle consulte son téléphone portable et répond au message que June vient de lui envoyer. Elle lui dit qu'elle lui manque déjà, que la nuit était incroyable et qu'elle espère que tous ces sentiments sont partagés. Meg sautille sur place.
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Meg
Tout est réciproque, dans les moindres détails... J'ai hâte de te revoir.
Je t'aime June...
June pose son téléphone sur le bureau. Elle s'est mise au travail dès le départ de la jeune femme, mais n'arrive pas à se concentrer. Meg est là, partout autour d'elle, dans les draps de la chambre, quelque part sur sa peau, son odeur dans ses cheveux et le goût de ses lèvres sur les siennes. June le vit presque comme une torture et tente de chasser les images de cette nuit de son esprit. Impossible... Un peu perdue, elle erre entre son bureau et sa chambre où elle va vérifier si la jeune femme n'a rien oublié. Elle soupire longuement et plonge dans son dossier de construction. Rien à faire, je ne vais pas y arriver.
L'espace d'un instant, elle songe à rendre visite à Helen, boire un café avec elle et profiter ainsi de la présence de Meg. Mais enfin, tu perds la tête ma pauvre !
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Helen a prévu de passer la journée avec sa fille et elles se sont rendues dans un grand centre commercial de Los Angeles pour faire les magasins. Helen flâne entre les boutiques, s'amusant des décorations de Noël, des enfants qui courent dans les allées et de ce soleil éclatant de la Californie. Elles s'installent pour manger ensemble, Meg commande un hamburger qu'elle engloutit en un rien de temps sous le regard attendrit d'Helen. Elles mangent ensuite une glace, Meg s'en met partout et Helen rit à gorge déployée. Puis viennent les questions indiscrètes auxquelles Meg s'attendait. Helen commence doucement :
- Tu as revu Chad ?
- Pourquoi tu me demandes ça ?
Helen hausse les épaules :
- Pour savoir. Il est venu sonner à notre porte plusieurs fois pendant ces derniers mois. Il voulait de tes nouvelles, disait que tu ne répondais pas à ses appels...
Meg soupire et pose sa cuillère, Helen poursuit :
- Lui et toi ? C'est terminé ?
- Je crois oui. Je sais que j'aurais dû répondre à ses messages, mais je me suis dit que ce serait plus facile si je le laissais sans nouvelle.
- En fuyant ? Ça ne te ressemble pas du tout Meg.
La jeune femme baisse les yeux.
- Je sais... Mais Chad et moi... Enfin, j'ai envie d'autre chose.
- Je comprends. À ton âge, je ne tenais pas en place non plus. Quand j'ai rencontré ton père, les choses ont changé, surtout que je suis tombée enceinte de toi très rapidement.
Meg laisse passer un silence. Une question lui brûle les lèvres, mais elle hésite à lui pose, de peur de trahir son secret. Pourtant, elle va oser :
- Maman ?
- Oui ma chérie, lui répond Helen en enfournant une énorme cuillère de glace dans sa bouche.
- Tu es déjà allée à New-York ?
- Hum... Oui, quelquefois, pour voir June, pourquoi ?
- Et... Tu sais si elle avait quelqu'un dans sa vie quand elle vivait à New-York.
Helen regarde sa glace et prend un peu de chantilly avec les doigts. On dirait qu'elle réfléchit avant de répondre.
- Je n'en sais rien.
- Pas même un mec qu'elle aurait rencontré là-bas ?
- Mais, Meg, pourquoi tu me poses toutes ses questions ? Tu as rencontré quelqu'un à New-York ?
Meg fait non de la tête. Elle n'a qu'une idée en tête, savoir qui était cette femme avec qui June a eu une aventure.
Elles terminent leur repas, puis repartent faire quelques achats. Les magasins sont bondés à l'approche des fêtes et Meg n'aime pas vraiment la foule.
Helen reconduit sa fille jusqu'à la maison et ils passent la soirée tous ensemble. Jack et Nathan posent beaucoup de questions à Meg qui n'arrive pas à répondre à tout, mais qui s'efforce de garder le sourire.
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22 décembre.
Nathan est surexcité. Dans trois jours, il pourra ouvrir ses cadeaux et découvrir ce que le père Noël lui a apporté. Meg a demandé à June de la conduire dans un magasin pour enfants à Los Angeles, pour récupérer le cadeau qu'elle a prévu pour son frère. Un superbe vélo sans roulette. Dans la voiture, June félicite Meg pour cette trouvaille et lui confirme que le petit garçon va apprécier. La voiture arrêtée à un feu, June prend doucement la main de Meg et lui sourit. La jeune femme regarde leur deux mains enlacées. Son cœur vient d'exploser dans sa poitrine. Elle se sent bien, heureuse, épanouie.
Une fois le vélo récupéré, June et Meg se promènent un peu dans Los Angeles. La vit ici est très différente de celle à New-York. Elle voudrait prendre la main de June, mais n'ose pas. Beaucoup de personnes les connaissent et risquent de les reconnaître.
- Tu seras là pour Noël ? Demande Meg.
- Non, nous allons voir le père de Victor à San Francisco.
Meg semble bouder un peu et prend le bras de June.
- Tu viendras le lendemain ?
- Je croyais que tu partais, le lendemain ?
Meg soupire.
- Si...
June l'arrête et la regarde :
- Je viendrai te voir, avant que tu partes.
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25 décembre.
Il est huit heures du matin. Nathan est aux aguets. Il attend avec impatience le moment où sa mère viendra le chercher pour aller ouvrir ses cadeaux. Quand la porte s'ouvre enfin, il n'attend même pas qu'Helen entre, il saute du lit et se précipite dans l'escalier. Il les dévale à toute vitesse et bouscule son père qui se trouve près du sapin. Tous les cadeaux sont là, ils n'attendent plus que lui. Le petit garçon pousse un cri de joie et arrache le papier cadeau à une vitesse incroyable. Quand Meg arrive avec le vélo, Nathan abandonne tout et vient se jeter dans les bras de sa sœur. Helen a préparé un vrai petit-déjeuner digne de Noël qu'elle sert sur la table du salon. Des gâteaux à la cannelle, des pancakes, du jus de fruit maison. Nathan et Meg se régalent.
Une fois Nathan bien occupé, Jack, Helen et Meg peuvent ouvrir leurs cadeaux. Helen qui pensait ne pas voir sa fille ouvrir ses paquets, se sent d'humeur joyeuse. Tout est absolument parfait, comme tout le reste de la journée, bercée par les rires de Nathan et de Meg.
Quand le soir arrive, Helen profite d'un moment de calme pour ranger un peu la cuisine. Jack s'occupe de leur fils, tandis que Meg est au téléphone. Helen, qui ne peut s'empêcher de jouer les curieuses, tente de savoir avec qui Meg parle. Elle en est persuadée, sa fille a rencontré quelqu'un. Mais tout ce qu'elle parvient à capter, c'est la voix de Meg étouffée par les épais murs de la maison.
Meg s'est isolée pour répondre à June. Elle voulait lui souhaiter un joyeux Noël, à l'abri des regards. Elles discutent depuis un moment et Meg fait attention de ne pas faire trop de bruit pour que personne n'entende sa conversation. Mais June n'arrête pas de la faire rire et la jeune femme a bien du mal à refréner ses éclats de voix. Elle a attendu ce moment toute la journée et savoure chaque instant. Elle sait qu'elle ne verra June que quelques minutes demain avant de rentrer à New-York. Dire au-revoir à June va être un déchirement pour la jeune femme. Une fois leur conversation terminée, Meg regagne le salon et passe le reste de sa soirée avec sa mère et Jack. Nathan s'est endormi dans le canapé, contre son père. Jack lève son verre.
- Ce verre est pour mamé... C'est le premier Noël sans elle.
Helen pleure un peu, puis ils trinquent à mamé.
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26 décembre.
Le séjour de Meg est passé trop vite. En faisant son sac, la jeune femme a envie de pleurer. Elle sait qu'elle ne reverra pas son frère, sa mère et Jack avant les vacances de Pâques. Mais surtout, elle ignore si elle verra June à ce moment-là. Ni même si elle va l'attendre.
Helen appelle sa fille depuis le rez-de-chaussée. La jeune femme la rejoint et Helen pointe du doigt son petit frère, devant la maison, équipé d'un casque et de coudières, appuyé contre son nouveau vélo.
- Je crois que tu as un cours à donner, ma chérie.
Meg sourit et sort rejoindre le petit garçon. Elle l'aide à monter sur le vélo et lui donne quelques recommandations. Il se lance une première fois, tombe et se relève. Helen les observe depuis la fenêtre de la cuisine, un sourire aux lèvres. Cette image, elle la trouve belle et tient à la garder graver dans sa mémoire pour toujours.
Sur le bord de la route, Meg veille à ce que son frère ne déborde pas du trottoir. Il a encore un peu de mal et zigzague, les jambes tremblantes. Meg lui crie de se tenir droit, de ne pas arrêter de pédaler, mais le petit garçon est trop incertain. Au loin, se détache une silhouette que Meg connaît bien et l'espace d'un instant, elle en oublie son frère. June approche, un large sourire accroché à ses lèvres pulpeuses. Le cœur de Meg s'emballe. June s'est arrêté près de Nathan qui lui montre fièrement son nouveau vélo, puis il repart.
- Ce cadeau a fait sensation on dirait ! Lui lance June en s'approchant d'elle.
- Il manque encore d'assurance, mais ça va venir.
- Il a un bon professeur.
Elles sont à seulement quelques centimètres l'une de l'autre. June plonge son regard dans celui de Meg.
- Salut, lui dit-elle en lui décochant un sourire charmeur. Le soleil fait briller ses grands yeux bleus et Meg sent ses mains trembler.
- Salut, lui répond-elle en rougissant.
- Ta mère est là ?
Meg fait un signe de tête en direction de la maison.
- Elle nous surveille depuis la fenêtre de la cuisine.
June se met à rire.
- C'est tout à fait elle ! Je dois la voir, tu viens après ?
Meg fait oui de la tête.
- Très bien, à tout de suite alors ?
- A tout de suite...
- Je t'aime Meg, lui murmure June en s'éloignant.
- Je t'aime aussi...
Elle est un peu perturbée par cette rencontre matinale, mais heureuse d'avoir June. Les quelques mots qu'elles ont échangés, résonnent très fort en Meg, qui peine à se concentrer sur sa leçon de vélo.
June pose son sac sur le bar de la cuisine et salut Helen en l'enlaçant.
- Tes enfants ont l'air heureux, lui dit-elle.
- Comme toujours. Comment s'est passé votre séjour chez ton beau-père ?
June hausse les épaules et prend le verre de jus de fruit que lui tend Helen.
- Comme toujours, lui dit-elle avec un clin d'œil.
- Victor est resté muet ?
- Quand on va voir son père, il est rarement bavard. Mon beau-père est... Toujours aussi renfermé sur lui-même.
- Je suis désolée, June.
Helen pose sa main sur celle de son amie. June regarde les doigts de Helen se refermer sur les siens.
- Je sais... Bref, et toi ? Je vois que tout le monde a été gâté.
- Oui, surtout Nathan, il en a plein sa chambre, je ne sais pas comment on va ranger tout ça.
June se met à rire :
- Tu trouveras comme toujours.
Helen regarde sa montre, June fronce les sourcils.
- Ça ne va pas ?
- Si, j'ai un milliard de choses à faire et je dois déposer Meg à l'aéroport toute à l'heure. Je voulais le faire sans que Nathan ne la voit partir, mais si Jack ne rentre pas tôt, je ne vais pas avoir le choix.
Puis, Helen regarde June.
- Tu crois que tu pourrais la déposer ?
June lève les yeux sur son amie :
- Euh... Oui, je crois que... Oui.
Helen souffle :
- Merci beaucoup, ça me retire une épine du pied.
- Oui, du coup c'est moi qui vais pleurer en la voyant partir.
Helen hoche la tête.
- Je suis vraiment heureuse que toi et Meg soyez si proches.
June baisse les yeux pour éviter le regard d'Helen, et boit une grande gorgée de son jus de fruit.
- Oui... C'est une bonne chose en effet...
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Le soir arrive très vite et Meg n'a pas pu avoir un moment avec June. Elles se retrouvent maintenant dans la voiture de cette dernière, à regarder défiler le paysage en se disant que dans quelques heures, elle sera loin de celle qu'elle aime. June reste silencieuse, elle n'arrive pas à formuler le moindre mot, tant sa gorge est nouée. Elle n'a pas envie de laisser partir la jeune femme, loin d'elle, aux côtés de cette Hailey avec qui Meg a déjà franchi le pas. Elle ou n'importe qui d'autre... Meg est une très belle jeune femme, qui me dit qu'elle va rester avec moi, qui ai vingt ans de plus qu'elle...
- À quoi tu penses ? Lui demande soudain Meg.
- À rien... Ment June.
- S'il te plaît...
June soupire.
- Je pense à... À toi, là-bas. Je pense à ta camarade de chambre et...
Meg lui prend la main :
- June, arrête. Hailey et moi nous sommes juste amies, rien de plus. Un peu comme ma mère et toi.
June rit nerveusement.
- Oui, sans doute...
- Je t'aime June, je vais revenir pour Pâques et tu verras que rien n'aura changé.
- Non, la coupe June, je viendrai te voir avant, à New-York. Je ne pourrais pas attendre aussi longtemps, ça me ronge déjà alors que tu n'es pas encore partie.
Meg se mordille la lèvre et vient déposer un baiser sur la bouche de June. Elles s'enlacent et il est déjà l'heure pour Meg de prendre son avion. Elle refuse que sa petite amie l'accompagne et lui demande de rester sur le parking. Elle ne veut pas pleurer devant elle. June regarde sa jeune amante s'éloigner. Elle sait que si elle doit pleurer, c'est maintenant, car ce soir, une fois chez elle, il sera trop tard.