PDV: Lisa
J'émerge lentement de mon sommeil. Je suis bien dans ce lit douillet, il fait chaud et surtout c'est confortable. J'ai l'impression d'être sur un petit nuage flottant. Je me tourne sur le côté, prête à me rendormir. C'est alors que je remarque un visage en face du mien. Je me mets à hurler en reculant. Ma tête cogne dans un bruit sourd la tête de lit. J'ai l'impression qu'on m'a défoncé le crâne à coups d'enclume. Je me caresse le cuir chevelu en observant la dame trébucher, entraînant une lampe de chevet avec elle. Elle se relève maladroitement, la mine effarée. Une autre femme l'aide à rassembler les débris éparpillés sur le sol. Qui sont-elles ?
Où suis-je ? Est-ce que j'ai voyagé dans le temps ? Elles sont en tenue de soubrette ! Je contemple la pièce, ce n'est pas ma chambre. Celle-ci est plus vieille, plus classe et plus grande. Mais surtout, il n'y a pas d'affaires qui traînent partout comme dans la mienne. Aucune petite culotte en vue ni cahier posé à même le sol. Si la pièce ne respirait pas autant le luxe, je me serais crue dans une chambre d'hôpital. La pièce est si blanche et... si propre.
_Nous sommes désolées de vous avoir fait peur, mademoiselle, dit-elle en me ramenant à la réalité.
C'est la plus petite des deux, elle a les cheveux blond attachés en chignon. Ses yeux bruns me fixent avec intensité. Oh, non... Est-ce que j'ai les cheveux en pétard ? de la bave au coin de la bouche ?
_Excusez-nous, mademoiselle. Nous vous supplions de ne pas en parler à son Altesse. S'il le sait, il va nous mettre à la porte ! dit l'autre d'une voix angoissée.
Ses cheveux sont aussi coiffés de manière stricte. Elle m'observe des ses grands yeux bleus. J'ai l'impression qu'elle va se mettre à pleurer dans les secondes qui suivent... Je cligne des paupières en les regardant hébétée. Je ne comprends rien de ce qu'elle me raconte.
_Mais qui êtes-vous ? Leur demandé-je finalement.
La blonde courbe le dos pour me faire la révérence. Je manque de pouffer en observant ce petit bout de femme. Est-ce que j'ai atterri dans une série télé ?
_Louise pour vous servir, mademoiselle.
_Et moi, Marie, déclare l'autre.
Sa courbette est maladroite, elle manque de basculer en avant. Elle bat des bras pour ne pas tomber. Je me retiens à grande peine de rire. Elle se relève en rougissant d'embarras.
_Qu'est-ce-que je fais ici ? Les interrogé-je en m'adossant à la tête de lit.
Elle est en bois sculpté, un travail de maître. Je lisse la couverture en l'attirant plus près de moi. Ce lit est vraiment agréable... Il faudra que je marchande pour l'apporter chez moi...
_Son Altesse vous a sauvée et amenée au château. Il vous a gentiment portée et mise au lit, me dit Louise en posant une main rassurante près de moi.
Les souvenirs d'hier me reviennent de plein fouet. Paul et ses potes ont réussi à me coincer dans une ruelle. Il m'a frappé la tête contre le mur. D'où la lancinante douleur qui me vrille le crâne. J'ai réussi à m'échapper mais quatre types m'ont empêchée de m'enfuir. Il s'en est suivi une bagarre. C'est à ce moment-là que le garçon m'a attrapée. J'essaie de me rappeler à quoi il ressemble. Il avait des lunettes de soleil et... un pull rose. Je ris intérieurement en me remémorant ce détail. Un souvenir moins marrant refait surface, ils ont peut-être tué les garçons. Le type m'a forcé à rentrer dans la voiture. Le prince, c'était le prince. Le reste est flou, j'ai dû m'endormir. M'a-t-il observer dormir comme une grosse loutre sur le siège de voiture ?!
Je soulève la couverture pour sortir du lit. Quelque chose fait tilt dans ma tête. Je porte des vêtements mais ce ne sont pas les miens ! Je suis en nuisette ?! Alerte rouge ! Alerte rouge ! Il ne m'aurait quand même pas déshabillée ?! ''Il vous a gentiment portée et mise au lit''. Pourquoi, n'ai-je pas compris plus tôt ?! Gentiment ?! Mon cul, oui ! Il a sûrement dû en profiter pour me mater ! Devant mon regard paniqué, Louise s'empresse de dire.
_Oh non, non, non ! Son Altesse ne se serait pas permise de vous dévêtir à votre insu ! C'est un gentleman. C'est Marie et moi qui nous en sommes occupées, rassurez-vous.
Dieu merci, ce prince n'est pas un pervers, c'est déjà ça ! Je soupire de soulagement en rabattant la couverture sur mon corps. Louise m'observe avec amusement, je lui rends son sourire. Elles n'ont pas l'air bien méchantes.
_Merci euh... les filles. Mais pourriez-vous me tutoyer ? Au fait, je m'appelle Lisa.
_Ce serait avec plaisir mademoiselle, mais le prince ne sera pas d'accord, me dit timidement Marie.
Pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'elle a peur de ma réaction ? Est-ce que j'ai un air de ressemblance avec Lucifer ? ou Cruella ?
_Qu'est-ce que ça peut lui faire ?
Ce prince commence déjà à me courir sur les haricots. Elles doivent à peine avoir la vingtaine, sûrement deux ans ou trois de plus que mon grand frère. Lucas ! Merde, mes parents et lui doivent être paniqués !
_On n'en n'a pas le droit, mademoiselle, insiste Marie.
_Il en a déjà fait renvoyer pour moins que ça, me confie Louise à voix basse, comme si elle avait peur qu'on nous surprenne.
Elle regarde de droite à gauche. Qui sait, le prince se cache peut-être dans la penderie... ou derrière une tenture à écouter comme un voyeur. Qui sait ?!
_Il est si terrible que ça ? Demandé-je sur le ton de la confidence.
_Nous ne sommes pas autorisées à parler de cela avec vous, mademoiselle, me répond Louise d'un air ennuyé, en se dandinant sur place.
Je retire ce que j'ai dit, il n'est peut-être pas un pervers. J'ai bien dit peut-être, mais c'est un tyran à ce que j'entends ! Dommage, il était mignon...
_Vous voyez mademoiselle Lisa, nous sommes à votre service, sous vos ordres, continue la soubrette blonde.
_Vous désirez quelque chose ? À boire, manger, et cetera... Le moindre désir vous sera exaucé ! ajoute la brune, Marie.
Mes moindres désirs ! On dirait des fées qui vont réaliser tous mes souhaits ! Ce n'est pas si désagréable... Elles sont mignonnes toutes les deux. Est-ce qu'elles pourraient faire en sorte de transporter ce lit dans ma chambre ? Une envie bien plus pressante me tiraille.
_Hum... Vous-voyez, je voudrais aller aux toilettes. Si c'est possible une douche serait-il possible ? Et autant que j'y suis, est-ce que je pourrais avoir mes vêtements ? Je me vois mal me balader comme ça...
J'ai dû mal à me dire que ce soit elles qui m'ont choisi cette nuisette. Elle est assez... sexy. Un peu trop. J'imagine bien la tête du prince à me voir me balader en petite tenue chez lui.
_Il n'y a pas de problème mais biesse comme je suis, je vous ai fait couler un bain. Je suis désolée, mademoiselle Lisa. C'est sûr qu'avec ça, je vais me faire renvoyer ! pleurniche Marie, en baissant la tête.
(NDA: le mot biesse a déjà été expliqué. Mais pour ceux qui ont oublié, ça veut dire idiot(e) imbécile !)
Louise sort un mouchoir en tissu, de je ne sais où, et le tend à Marie qui se dépêche de tamponner son visage. Elle continue de sangloter en se cachant. J'aperçois son dos trembler.
_Ne t'inquiète pas Marie, un bain me convient très bien ! lui dis-je pour la rassurer en me levant.
Elle pleure pour ça ? Ce n'est... qu'un bain !
_Vous dites ça pour me faire plaisir, dit-elle en se mouchant bruyamment.
Elle rigole ? Je ne pouvais pas rêver mieux, je pense qu'après la journée d'hier, ça me ferait le plus grand bien de me détendre. Un élan de compassion me prend. La pauvre, elle doit être sous tension pour être aussi émotive pour un si petit détail.
_Marie, je suis ravie de prendre un bain ! déclaré-je en mettant mes mains sur ses épaules. En plus, j'ai mal un peu partout, ça ne pourra que me faire du bien.
_C'est vrai ? Vous n'êtes pas fâchée ? Si vous voulez, vous pouvez prendre une douche, dit-elle en relevant son visage maculé de larmes.
Et renoncer à un bain bien chaud ? Pas le moindre du monde ! Qu'est-ce qui faut que je fasse pour la convaincre ? Plonger la tête la première dans le bain ?
_Mais oui, c'est parfait. Vous avez bien fait mais essuyez-moi ces larmes, dis-je gentiment.
_Je vous prie d'excuser mon comportement, je suis en service que depuis deux semaines.
Je comprends qu'elle panique. Elle vient d'arriver et si le prince est réellement un tyran, ça doit être stressant. Le moindre faux pas, et elle pense se retrouver à la rue.
_Ce n'est rien, la rassuré-je gêné.
_Merci ! Suivez-moi, mademoiselle, me dit-elle en s'essuyant le visage.
Elle ouvre une porte que je n'avais pas remarquée. La salle d'eau est meublée ; d'une baignoire à sabot, de deux éviers aux robinets dorés, plusieurs petites armoires, un wc et un petit wc ?! Je n'en ai jamais vu de si petit !
_Voilà mademoiselle, vous avez tout ce qu'il vous faut. Si vous avez besoin de quelque chose, on est juste à côté, me dit Louise.
_Bon bain, mademoiselle Lisa, ajoute Marie avec un sourire timide en refermant la porte derrière elles.
<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3<3
Coucou tout le monde ! Désolé pour l'attente ! J'espère que le chapitre vous plaira ! J'en ai deux encore en réserve, et je sais à peu près quoi faire pour la suite ;-)
Comme toujours, si vous voyez des fautes ou que vous voulez me dire ce que vous en pensez, dites le moi !
Sur ce, je vous souhaite royalement un merveilleuse année 2017 !!!