Escape Game - Round 1 /Dispon...

By AxelleColau

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Quand je me réveille dans un lieu inconnu, je m'estime chanceuse : me voilà sortie de cette fichue prison ! J... More

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La campagne ulule se termine demain (08/07/2022) à minuit

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By AxelleColau


L'écran noir de mes paupières m'apaisait. Assise en tailleur sur mon lit, je méditais en essayant de me souvenir des bruits de la nature. Dès le début de mon incarcération, trois ans auparavant, c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour m'évader.

Je le faisais tous les jours, surtout depuis que nous étions dans le laboratoire de l'enfer. Les grognements de Mato accompagnaient régulièrement mes moments de calme. Il faisait des abdos ou des pompes pour relâcher la pression. Il en avait bien besoin, c'était lui qui maîtrisait le moins sa transformation. On avait souvent le droit à Winnie, dans la cellule d'en face. Il détestait que je le surnomme ainsi, aussi je ne m'en privais pas.

Le voir aussi souvent nu exacerbait ma libido galopante. L'envie de sexe faisait partie des choses qui me réveillaient régulièrement, depuis notre transformation. Oh, j'avais déjà des accès de désir avant qu'on joue aux cobayes avec nos gènes, mais là, ça devenait incontrôlable. Yuutô semblait en souffrir moins que moi. Nous avions tous deux évoqué le sujet quelques jours plus tôt. Il était assez pudique de ce point de vue-là, je n'étais donc pas certaine qu'il m'avouerait son malaise. Je me serais bien apaisée seule, mais la promiscuité ne s'y prêtait pas. Je n'avais pas envie que les autres me surprennent.

Je soupirai en percevant les grognements d'un Mato en train de cultiver sa musculature déjà bien développée. Contrôler mon souffle et repousser la chaleur qui naissait dans mon ventre à l'évocation de la peau brune et luisante de sueur de mon voisin de cellule me demandèrent une concentration à toute épreuve.

Les néons s'éteignirent brusquement, et j'ouvris les yeux dans la pénombre de notre fausse nuit.

— Ian ? appelai-je.

— Cent vingt cinquième.

Ian tenait le compte de nos journées de prisonniers dans ce labo. Chaque fois qu'ils baissaient la lumière dans nos cellules, il comptabilisait un jour de passé. Ça semblait cohérent, au vu du temps qui s'écoulait et du nombre de repas que l'on ingérait entre deux « nuits ». Quatre mois que nous étions enfermés ici ! Le temps s'étirait lentement, j'avais parfois l'impression que nous croupissions dans cet endroit depuis des années.

Nous avions tous subi un grand nombre d'examens, d'expériences parfois étranges. Ils nous faisaient sortir de nos cellules régulièrement, mais jamais nous n'avions pu mettre un pied à l'air libre. Comme chacun de mes compagnons, j'avais mémorisé l'agencement du labo. Nous préparions notre fuite. Nous affûtions aussi nos sens et nos capacités. Leurs expériences avaient un seul point positif : grâce à elles, nous maîtrisions de mieux en mieux nos transformations. La douleur s'atténuait, le changement devenait plus rapide. Je m'habituais aussi à partager mon corps avec quelqu'un d'autre. Ma panthère était à la fois une extension de ma personnalité et un être à part entière. Nous étions souvent d'accord, malgré tout.

Yuutô n'était pas encore revenu des tests. Je sentais justement ma panthère s'affoler sous ma peau qui me démangeait. Elle n'aimait pas que mon frère reste trop éloigné de moi. Nous partagions ce sentiment.

Pour penser à autre chose, je contemplai Mato qui continuait ses exercices. Il avait retiré son t-shirt, et j'admirai le jeu de ses muscles. Mes hormones me titillaient toujours davantage, ces derniers temps, j'avais une folle envie de laper la sueur qui roulait dans son cou avant de m'empaler sur son...

Je me mordis la lèvre, fort. Les panthères avaient-elles des chaleurs, comme les chats ? Si c'était le cas, j'étais en plein dedans. Je savais que les autres le sentaient.

Je captai le regard goguenard de Ian.

— Ça te démange tant que ça, chérie ? Je peux t'aider, si tu veux...

L'ouverture de la porte du couloir me dispensa de répondre. Ian aimait me taquiner, il draguait aussi tout ce qui bougeait, sauf Mato. Heureusement, car je crois que notre ours l'aurait mal pris. Yuutô revint, accompagné par deux militaires et la jeune scientifique, Rachel. Ian lui avait arraché son prénom en flirtant à outrance... Enfin, s'il n'avait fait que flirter.

Une fois mon petit frère bien en sécurité dans notre cellule, Rachel jeta un coup d'œil à Ian. Ses joues rosirent lorsque l'aigle lui sourit, et elle s'empressa de quitter notre aile, les gardes sur ses talons.

Yuu-kun n'était pas d'un naturel bavard, cependant, je trouvai son silence suspect. Quand on revenait de tests, on racontait tout aux autres pour tenter de rassembler des indices.

— Yuutô ?

Malgré la lumière réduite, je remarquai sa pâleur. Il transpirait, et son angoisse me frappa de plein fouet.

— Mame-chan ?

— Deux minutes, je réfléchis.

Son ton contrarié me mit les nerfs en pelote. Mato arrêta ses exercices. Nous commencions à tous bien nous connaître, et la note de colère dans la voix de Yuutô était inhabituelle. Mon petit frère n'était jamais agacé.

La dernière fois que j'avais entendu cette nuance de rage dans son ton, c'était avant notre incarcération. Avant que nous ne commettions l'irréparable.

Yuutô chuchota pour que seuls les changeformes que nous étions devenus puissent le percevoir.

— Il faut que nous partions d'ici, Onee-chan. Et vite !

Depuis quelques semaines, nous préparions méticuleusement notre évasion. Mato avait fait plusieurs fois semblant de s'enfuir pour qu'on connaisse leur protocole. Ian avait séduit Rachel afin de récupérer un certain nombre d'informations. Il avait aussi réussi à préparer un sac de matériel qu'il avait planqué. Ma carte mentale était désormais au point, et j'avais pu déterminer où nous étions retenus. Yuutô, lui, écoutait aux portes, ce qui nous avait permis de noter les tours de gardes et d'autres renseignements bien utiles.

Notre évasion devait avoir lieu la semaine suivante, lorsque le docteur serait absent.

— Impossible, souffla Ian. Le planning.

— Nous ne pouvons pas attendre ! ragea Yuutô, tout bas.

— Pourquoi ? demanda Mato.

Yuutô ne répondit pas immédiatement. Je pouvais presque entendre son cerveau tourner à plein régime, alors qu'il se rongeait avidement les ongles. Que manigançait-il ?

— On doit le faire rapidement, ils vont amener de nouveaux prisonniers. On ne leur suffit plus, ils veulent mener d'autres expériences. Ils risquent de nous éliminer.

Je fronçai les sourcils. Ça sonnait presque juste. Presque...

— En es-tu sûr ? Devons-nous vraiment avancer nos plans ?

Il se tourna vers moi, et son visage fermé me répondit. Le pli buté de sa bouche m'arracha un soupir. Je soufflai :

— Bien, on va le faire, alors. Le plus vite possible.

Après un long débat, notre évasion fut programmée cette nuit-là, le docteur n'étant pas de garde aujourd'hui. Après tout, nous étions prêts, non ? Lorsque le vieux scientifique n'était pas sur place, il y avait moins de soldats, et ils se relâchaient. Le docteur régnait en maître absolu sur le labo, sa présence renforçait la cohésion de l'équipe. Rachel n'était pas efficace et trop influençable.

Une heure plus tard environ, Ian inspira plusieurs fois et, après m'avoir adressé un clin d'œil discret, il s'effondra au sol. Il convulsait de manière terriblement convaincante.

Je criai à l'aide de tous mes poumons, et enfin, trois militaires débarquèrent, accompagnés par Rachel. Cette dernière ouvrit la cellule des garçons en urgence, sans vraiment regarder autour d'elle. Un garde entra à sa suite, pendant que les deux autres nous pointaient de leurs pistolets aux fléchettes tranquillisantes.

Rachel s'avança jusqu'à Ian, protégée par un soldat. Il braquait son arme vers la masse sombre dans un coin de la pièce.

— Grégor, allume les lumières, s'exclama-t-il.

Je fermai les yeux pour ne pas être trop éblouie, et lorsque je les rouvris, Ian subtilisait les clefs de Rachel pendant qu'elle l'examinait. Elle était bien trop concentrée pour s'en apercevoir, et les autres gars se focalisaient sur les monstres.

Yuutô gronda doucement. Sa fourrure tachetée accrochait la lumière, il parcourait notre cage de long en large, attirant le regard des deux autres gardes.

Le léopard souffla. Mato sous sa forme d'ours rugit et sauta sur le militaire dans la cellule des garçons. Alors que les autres se tournaient vers lui, Rachel cria, pendant que Ian la repoussait et s'évadait de leur prison.

Les gardes eurent à peine le temps de réagir qu'il nous avait déjà ouvert. Mato sortit lui aussi. Sous sa forme d'ours, il passait à peine par la porte grillagée. Son adversaire gisait au sol dans une flaque de sang. Rachel semblait en état de choc, elle hurlait toujours.

Les deux militaires restants se reprirent et visèrent Mato. Je me faufilai jusqu'à eux. L'ours chargea l'un, pendant que j'assommais l'autre proprement. J'étais restée humaine, deux paires de mains s'avéraient utiles en la circonstance.

Ian récupéra une arme, je fauchai un couteau, et nous déboulâmes dans le couloir de l'administration. Deux gardes nous y attendaient.

Ils firent feu. Mato rejeta les fléchettes d'un coup de patte. Ian tira et atteignit l'un d'eux à la jambe. Yuutô se jeta sur le deuxième, avant de le mordre à l'épaule. Le sang gicla, l'homme s'effondra au sol. Nous n'avions pas le temps de réfléchir. Notre plan était précis et minuté, il ne restait pas de place pour les états d'âme.

Nous courûmes. La liberté n'était plus très loin. La seule difficulté résidait dans les issues blindées. Le trousseau de Rachel contenait le pass, je l'avais embarqué avec moi.

Trois autres gardes nous barrèrent le passage à l'entrée du hall de sortie. Je fonçai et attaquai la première, Mato sur mes talons.

Une militaire brune répondit à mes coups. Elle m'atteignit dans le ventre, mon souffle se coupa un instant, mais je me repris et je raffermis ma prise sur le couteau pour l'enfoncer dans la cuisse de la femme soldat. Elle retint un gémissement, dégaina son pistolet et tira.

Une douleur fulgurante me transperça le côté droit.

— Saori !hurla Ian.


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