Envers et Contre Tout ~...

By Meowment

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/!\ Cette histoire est une prolongation de son prédécesseur, Un Pacte avec le Diable. Pour éviter tout spoil... More

Prologue
Chapitre I - Les Autres
Chapitre II - Lucifer
Chapitre III - Réminiscences
Chapitre IV - Lucas
Chapitre VI - Décision
Chapitre VII - Departure
Chapitre VIII - Le Sanctuaire du Grand Saule
Chapitre IX - Premier Jour
Chapitre X - Bataille
Chapitre XI - Decretum
Chapitre XII - Au commencement d'un long voyage
Chapitre XIII - Pas à pas
Chapitre XIV - Énigme
Chapitre XV - To the beginning
Épilogue
NDA
NDA - Carnet de Bord

Chapitre V - Doute

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By Meowment

La jeune fille resta de marbre, toujours méfiante.

- D'accord, eh bien, Lucas.. pourrais-tu me dire comment tu me connais ?

- Comme je te l'ai dit, je peux également voir ceux-qui-n'ont-pas-de-nom. Nous ne sommes que très peu, donc c'est normal de savoir qui sont nos semblables.

- Pourquoi je ne le savais pas ?

- Parce que tu n'as pas cherché à savoir. Tu as essayé de cacher ce don, n'est-ce pas ?

- C'est vrai, mais ceux qui n'ont pas essayé de le cacher, comment se connaissent-ils ?

- Ils se sont trouvés, et ont cherché les autres aussi.

- Comment se sont-ils trouvés ?

- Dans les hôpitaux psychiatriques. C'est toujours plus facile de s'échapper lorsqu'on est plusieurs, et que l'on ne devrait pas être enfermés. Ces personnes ne sont pas folles, et tu ne l'es pas non plus.

- Tu m'as sauvée parce que je peux les voir, n'est-ce pas ?

- En effet, si tu n'avais pas eu ce don, je ne t'aurais pas trouvée.

- Qu'est-ce que tu veux en échange ?

- Moi ? Je ne veux rien. Je ne t'ai pas sauvée pour obtenir quelque chose en retour.

- C'est louche.

- C'est normal de s'entraider quand on a le même don.

- Je vois.. enfin, j'ai d'autres préoccupations pour le moment.

- Pardon ?

- Je vais devoir expliquer aux professeurs pourquoi je n'étais pas avec eux pendant la tempête.

- Tu n'as qu'à dire que tu t'étais perdue.

- Difficile à croire quand le gymnase est juste en face du bâtiment. On dirait que la tempête s'est calmée, je vais essayer de rejoindre les autres.

- Je vois. Dans ce cas je vais partir aussi, ma place n'est pas dans ce lycée.

La jeune fille hocha la tête avant de se diriger vers la porte.

- Encore une chose, Mari.

- Oui ?

- Est-ce que tu as peur de l'orage ?

- ... Pourquoi veux-tu le savoir ?

- Je t'ai entendue pleurer.

- C'est une phobie qui date de mon enfance.

Il y eut un court silence, après lequel la jeune fille quitta l'infirmerie. Réfléchissant à une excuse valable pour son absence durant la tempête, Mari entendit un bruit de verre brisé sous son pied. Une des fenêtres du couloir était brisée, et elle se trouvait sur le chemin qu'avait emprunté sa classe. Comptant sur la chance avec ce mensonge, elle se dirigea vers le gymnase. Son professeur se trouvait à l'entrée du bâtiment, une expression paniquée sur le visage. Madame Honda était une jeune enseignante, dotée d'un caractère très calme et d'une gentillesse sans limites. Elle était très proches de ses élèves et les appelait par leurs prénoms. Lorsqu'elle aperçut son élève, la jeune femme se précipita vers elle, la prenant dans ses bras.

- Mari ! Dieu soit loué, tu es saine et sauve !

Surprise par cette étreinte, il fallut un long moment à la lycéenne pour réagir.

- Madame Honda.. je suis désolée, une des fenêtres s'est brisée lorsque nous nous rendions au gymnase, et les bouts de verre en plein vol m'ont blessée.. j'ai paniqué à la vue du sang et je me suis rendue à l'infirmerie, puisqu'elle est à l'abri du typhon... je ne voulais pas faire paniquer les autres en arrivant couverte de coupures dans le gymnase. Je suis vraiment désolée.

- Mais enfin, ce n'est pas de ta faute, nous étions juste paniqués, pas en colère.. tu boites, appuie-toi sur mon épaule.

L'enseignante l'accompagna jusqu'à l'intérieur du bâtiment où ses deux amies en larmes l'attendaient. La jeune fille avait tiré sur ses collants pour cacher quelques coupures, et avait noué les manches de son gilet autour de sa taille pour occulter le tissu déchiré. Madame Honda rejoignit les professeurs pour leur expliquer la situation tandis que Koharu et Nanami accompagnaient leur amie vers une chaise. L'adolescente expliqua à ses camarades de classe la raison de son retard, évitant soigneusement de croiser le regard du président du conseil des étudiants.

- Mari, ça va ? Tu as l'air pâle... remarqua Nanami.

- Ça va.. je suis anémique. Je n'ai pas perdu beaucoup de sang, mais c'était assez pour me mettre dans cet état..

De longues heures passèrent avant que le calme n'arrive enfin après la tempête. Les élèves accompagnés d'adultes furent autorisés à rentrer chez eux. Pour ne pas causer de souci les parents de Koharu, Mari décida de rentrer chez elle ; elle devait prendre son uniforme de rechange pour le lendemain et ne voulait pas que ses blessures inquiètent ses hôtes. Ramenée par Madame Honda, elle la remercia et, après lui avoir offert un café et l'avoir saluée, la jeune fille se dirigea vers la salle de bain. Elle jeta ses vêtements qui étaient dorénavant irréparables, et observa les bandages blancs qui couvraient ses blessures. Ils étaient incroyablement bien faits, ni trop serrés, ni trop amples, les compresses imbibées de désinfectant placées sous les bandelettes étaient maintenues et couvraient les plaies. Sur son étagère se trouvait une boîte de lentilles ; elle était presque vide. Elle devait en racheter au plus vite sous peine de devoir porter ses lunettes au lycée, chose qui ne l'enchantait guère. Après avoir prépare son uniforme, elle décida d'aller dormir après une journée forte en émotions.

La lycéenne se réveilla tôt, ayant dormi à l'infirmerie durant la tempête. Il faisait encore nuit, et le quartier de Jiyugaoka était silencieux. La rivière produisait un léger son apaisant tandis que quelques moineaux et rossignols plutôt matinaux chantaient en attendant l'aurore. Elle s'était endormie avec un léger kimono, confortable pour les nuits d'été. Encore somnolente, elle se dirigea vers la fenêtre pour respirer une brise matinale dont la fraîcheur éphémère l'aiderait à reprendre ses esprits. Mari fit un bond en arrière en apercevant le visage de Lucas devant elle. Ne l'ayant pas reconnu, son premier réflexe fut de lui donner un coup de poing avant de verrouiller l'ouverture en quatrième vitesse. Après quelques minutes, elle se munit d'une casserole avant de rouvrir les rideaux de la vitre donnant sur son balcon. Le jeune homme était assis en tailleur sur le rebord de l'édifice, une expression exaspérée sur le visage.

- T'es complètement folle ! s'exclama-t-il alors qu'elle arrivait.

- Et toi alors ? Tu crois que tu peux débarquer sur le balcon de quelqu'un à cette heure comme si de rien n'était ?

- Et dire que j'étais juste venu te prévenir..

- Me prévenir de quoi ?

- Ceux-qui-n'ont-pas-de-nom vont venir à Tokyo au mois d'août, en grand nombre. J'ai de bonnes raisons de croire qu'ils viennent pour toi.

- Mais je ne serai pas la seule qu'ils vont tuer, pas vrai ?

- C'est exact.

- Et si je retourne dans ma ville d'origine avant l'arrivée du mois d'août, est-ce qu'ils se dirigeront toujours vers la ville ?

Lucas arborait une expression interrogative, les sourcils froncés.

- Lucas, tu.. ne parles pas bien japonais, pas vrai ?

Elle avait auparavant remarqué qu'il avait un drôle d'accent.

- Et alors ? Je ne crois pas que tu comprennes ce que je suis en train de dire.

- Raté, je parle anglais. En plus ton accent laisse à désirer.

- Et le tien alors ? Tu ne sais même pas prononcer un "l" correctement.

- Le "l' n'existe pas dans l'alphabet japonais.

- Eh bien les français n'apprennent pas le japonais à l'école !

- Tu viens de France ?

- Et alors ?

- Tu as déjà visité la Tour Eiffel ?

- Non, mais je l'ai déjà vue. Pourquoi ?

- Tu as déjà mangé des baguettes de pain françaises ? Est-ce que tu as un béret ?

- C'est tellement cliché que c'en est désespérant. C'est comme si je te demandais si tu manges des sushis ou si tu as déjà visité le Mont Fuji.

- Je l'ai fait.

- Bon, c'était un mauvais exemple. Bref, qu'est-ce que tu avais dit ?

- Je t'avais demandé si les créatures changeraient de trajectoire si je retournais à Miyako.

- Bien sûr. Ils sont après toi, donc si tu pars avant qu'ils n'arrivent, ils seront perdus et n'iront pas à Tokyo.

- Quand sont-ils censés arriver ?

- Vers la fin du mois d'août.

- Comment tu sais tout ça ?

- Je suis un esprit. C'est facile d'écouter aux portes quand personne ne te voit.

- Ils ne peuvent pas te voir ?

- Non, je peux dissimuler mon apparence. Enfin, les personnes comme toi pourraient toujours me voir.

- Tu es vraiment louche. Je ne sais pas si je dois te faire confiance.

- Fais ce soir tu veux. Je t'ai prévenue, c'est tout ce que je pouvais faire.

La jeune fille resta silencieuse pendant un long moment.

- Très bien.

Elle rentra dans sa chambre, tandis que Lucas avait déjà disparu. Mari s'assit sur le rebord de son lit, perdue dans ses pensées. Elle allait devoir annuler ses plans pour l'été et prévenir ses parents qu'elle rentrait plus tôt à la maison. Si les monstres arrivaient à Tokyo pour la chercher, ils s'en prendraient à son entourage et elle ne se le pardonnerait jamais. Nanami et Koharu seraient forcément surprises de cette décision soudaine, mais la jeune fille comptait bien passer du temps avec elles durant les fins de semaines, pour se promener au bord des rivières et profiter de l'été. Lucas était une personne sympathique, et elle ne serait probablement plus en vie s'il n'avait pas été là ; mais Mari avait toujours eu du mal à faire confiance à son entourage, surtout lorsque sa vision du monde était différente de celle de ses amis. Même s'il était au courant, elle préférait rester sur ses gardes et attendre qu'il lui prouve qu'il était digne de confiance. Finir dans un hôpital psychiatrique n'était sûrement pas envisageable. La marque que le monstre avait laissé sur sa main lors du voyage à Akihabara était la preuve qu'ils étaient réels, elle n'était pas folle. Ces créatures plus que dangereuses existaient, et elles étaient une menace pour la jeune fille et son entourage. Même si elle se rendait à Miyako, elle ne pourrait pas y rester trop longtemps sous peine de les attirer vers ses parents. Perdre sa famille était simplement inconcevable.
Il y avait une solution envisageable.
En été, durant ses vacances à Miyako, la jeune fille irait se promener en bord de mer sans ses parents, et elle appellerait les démons qui l'avaient sauvée des yakuza. Sans doute n'était-ce qu'un guet-apens, une mauvaise blague destinée à rire d'elle, mais elle n'avait rien à perdre. Elle préférait paraître ridicule, mais avoir essayé de trouver une solution que de rester à rien faire e attendant que son entourage soit blessé. L'adolescente ne comptait pas se tourner les pouces en attendant son heure, non. Elle allait chercher une solution pour se débarrasser de ces créatures et pouvoir vivre calmement. Bien qu'elle ne se sentait pas capable de tuer quelqu'un, ou quelque chose, il devait y avoir un moyen de les mettre hors d'état de nuire sans avoir à les attaquer à l'aide d'armes, et faire ainsi couler leur sang.
Il ne restait que quelques temps avant l'arrivée des vacances, et lorsque le mois de juin toucherait à sa fin, elle agirait. D'ici là, elle comptait bien profiter des moments en compagnie de ses amies qui pourraient s'avérer être les derniers. Elle partirait le deuxième jour après le début des vacances, elle pourrait ainsi passer une journée avec Koharu et Nanami. Si derrière cette histoire de monstres se trouvait un problème plus grand encore, il serait possible qu'elle ait à s'éloigner le plus possible de ses amis et de sa famille pour leur propre intérêt. Dans le cas échéant, peut-être leur dirait-elle ce qu'elle leur dissimulait avec tant d'ardeur. Quelles réactions auraient-ils ? Elle n'en avait aucune idée. Mari ne connaissait pas Koharu et Nanami depuis assez longtemps pour pouvoir prédire leurs réactions, mais elle espérait quand même qu'elles se montreraient ouvertes d'esprit et, même si elles ne la croyaient pas, qu'elles ne la jugeaient pas ou ne répandraient pas de rumeurs. Enfin, si elle partait, cela ne l'affecterait plus. Quant à ses parents.. le lien qui unit un enfant à ses parents est fort, donc ils devraient l'accepter, sans pour autant la croire. Il était difficile de prédire ce genre de choses. L'esprit humain est un casse-tête tordu aux mille faces, qui, lorsqu'il semble presque être résolu, se révèle être empli de nouveaux pièges semblant impossibles à déjouer. L'Homme essaie toujours de croire au mensonge qui lui semble le plus plausible. Ainsi, penser que leur fille, ou leur amie, était aliénée semblait être le meilleur mensonge. Or la vérité était rarement plaisante, et les doux mensonges ne rendaient que plus haute la chute lorsque la vérité était révélée au grand jour.


Bonsoir :3 désolée du retard de ce chapitre, je n'étais pas chez moi du week-end, en voiture dimanche, et je me suis endormie sur ce chapitre hier soir. Il a donc deux jours de retard, mais j'espère que vous l'apprécierez tout de même.
M.

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