IV
COMMENTAIRES (THALIA)
Décontenancée, je regardai Aleksey aller au-delà de ce qui nous était permis. Parler comme ça... c'était risqué. Mais c'était Aleksey. Et même si je ne l'aimais pas beaucoup, j'appréciais énormément le fait qu'il ait fait un commentaire sur les images que nous venions de voir. Nous savions que ce n'était pas juste ni pour Echo, ni pour Luke, et que ça relevait du privé, mais nous n'avions pas eu le courage de réagir. S'attirer les foudres de Dynicy ou même de Felicia en direct n'était pas bon. Vraiment pas bon.
Et doucement, je commençais à croire qu'Aleksey avait raison finalement. On le détestait parce qu'il avait le courage qu'on voulait toucher du bout des doigts.
Cela dit, je ne comprenais pas du tout de quoi il voulait parler. Il y avait vraiment eu une réinitialisation ? Je savais que le jeu s'était arrêté brutalement mais je n'avais jusque-là jamais pensé que ce n'était pas voulu par les développeurs.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Dynicy de la manière la plus naturelle possible.
Cependant, de là où j'étais, je pouvais remarquer que quelque chose n'allait pas. Le visage de Dynicy n'était plus autant impassible. J'aurais pu jurer voir un éclair de panique traverser son regard et troubler son éternelle confiance. Se pourrait-il qu'Aleksey eut touché un point sensible ?
— Ce qu'il veut dire, formula Ashton, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche avec cette deuxième édition des Simulations.
Je tournai la tête vers Ashton, totalement surprise de ce retournement de situation. Je n'aurais jamais imaginé Ashton défendre les dires d'Aleksey. C'était jusque-là impensable. Mais voilà, peut-être que ça pouvait expliquer pourquoi ils avaient discuté tout à l'heure à voix basse.
— Nous sommes concernés, nous avons donc le droit de savoir.
Cette fois-ci, Dynicy parût presque effrayée de la tournure que prenait cette soirée. Elle n'avait plus aucun contrôle. L'émission étant diffusée en direct, il était presque impossible de rattraper le coup.
Elle lança alors un regard à Felicia, aux développeurs, et sans dire un mot, tous hochèrent la tête, comme s'ils s'étaient mis d'accord sur un point.
Soudain, Felicia se leva et vint se placer au milieu de l'estrade, comme si elle avait quelque chose d'important à dire. On aurait pu croire qu'elle serait nerveuse d'avouer quelque chose qui pourrait nuire au programme, seulement, elle semblait transpirer de confiance.
— Nous ne voulions pas vous affoler, ni même vous inquiéter alors nous pensions garder cela secret... En vérité, nous avons subi une cyberattaque durant cette seconde édition des Simulations. Nous avons dû vous faire sortir rapidement pour ne pas mettre vos vies en danger, expliqua Felicia.
Quoi ?! Une cyberattaque ? Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Que quelqu'un avait essayé d'attaquer le serveur ? Que quelqu'un avait essayé d'arrêter les Simulations ? Pourquoi quelqu'un voudrait attaquer les Simulations ? Je pensais que le système était le plus protégé de tout le pays après celui du gouvernement ?
— Cependant...
Elle laissa traîner les dernières syllabes tout en affichant un sourire.
— Nous sommes heureux de vous annoncer que nous travaillons sur une troisième édition.
Pourtant, au fond de moi, je sentais que quelque chose n'était pas normal. J'avais l'impression qu'elle ne nous disait pas tout.
*
Le live était dès à présent terminé et peu à peu, les journalistes quittaient la pièce. Certains restaient pour nous poser d'autres questions, certaines bien plus personnelles que d'autres. Seulement, les questions basiques revenaient le plus souvent. Les journalistes n'avaient qu'un seul mot à la bouche : « relation », et quand ce mot avait déjà été prononcé, ils abusaient des questions sur la nouvelle que nous venions d'entendre.
Personnellement, j'étais chanceuse, on ne m'avait pas posé beaucoup de questions. J'assistais néanmoins impuissante au calvaire des autres. Les journalistes tournaient autour du trio gagnant comme des vautours. Luke, Echo et Aleksey n'avaient même pas assez d'air pour respirer. Et à la place d'Echo, vu sa taille minuscule face à tous ces rapiats, j'aurais déjà fait une syncope.
Mais au lieu d'avoir l'air paniqué, Echo souriait poliment et répondait toujours aux mêmes questions sans avoir l'air ennuyé. À cet instant, elle ressemblait à son frère dont j'avais suivi les interviews et apparitions médiatiques. Le même sourire, la même facilité avec les journalistes... elle gérait tout ça tellement bien, aussi bien que lui, finalement. Ainsi, je ne doutais pas une seule seconde que son aventure dans le programme Simulator ne s'arrêterait pas là. Non, elle était destinée à aller encore plus loin.
— Thalia ? dit-on soudainement, me sortant de mes pensées.
Je me tournai pour faire face à mon interlocuteur. C'était un homme d'environ trente ans, à la dentition et au sourire tout à fait impeccables. Il était vêtu d'un costume élégant. Le parfait archétype du journaliste ou de l'homme d'affaire de notre génération.
Il avança sa main afin de serrer la mienne et je me levai pour le saluer convenablement.
— Je tenais à vous féliciter personnellement pour votre parcours au sein des Simulations.
Je souris, étonnée qu'il ne pose pas d'abord une question inconvenante comme tous les autres.
— Et j'aimerais beaucoup vous convier à mon bureau afin de vous faire part d'un projet de collaboration...
Surprise, je restée inerte une seconde. Un projet de collaboration ?
— Je n'ai pas le temps de tout vous expliquer ce soir alors je vais vous laisser mes coordonnées, ajouta-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.
Il prit soudainement mon poignet avec précaution :
— Vous permettez ?
Je hochai silencieusement la tête et il passa une sorte de carte au-dessus de ma montre dont je vis l'écran s'allumer instantanément. J'ignorais que l'on pouvait faire ça !
— Au plaisir, Thalia. Passez une bonne soirée.
Et avant de s'éloigner suffisamment, il ajouta :
— J'espère vous revoir très bientôt.
Puis il disparût de mon champ de vision, me laissant immobile, debout devant le canapé.
Que venait-il de se passer ?
Était-ce une proposition de stage ? D'un travail ? Que voulait-il dire par collaboration ?
Alors que je cherchais toujours des réponses, je vis Elyas s'approcher de moi rapidement :
— C'était pas un journaliste, hein ? me demanda-t-il avec un air soupçonneux.
— Non...
— Qu'est-ce qu'il voulait ?
Le fait est que je n'en avais aucune idée.
— Il a juste transféré ses coordonnées sur sa montre en me disant qu'il aimerait bien collaborer avec moi... et c'est tout.
— C'est bizarre, déclara-t-il en passant sa main dans ses cheveux châtains.
— Absolument tout me semble étrange maintenant...
Elyas sourit :
— Mais là, sur l'échelle de la bizarrerie, il était bien à onze.
— Sur combien ? l'interrogeai-je amusée.
— Dix.
Je ris. Puis en voyant que certains joueurs commençaient à sortir de la pièce, je me demandais si je n'avais pas envie de faire de même.
— Tu viens ? demandai-je à Elyas dont les yeux étaient posés sur Felicia et Cole.
Cependant, il ne bougea pas.
— T'arrives à y croire, toi ? On a survécu à une cyberattaque !
Non, je n'arrivais pas à réaliser tout ce qui s'était passé durant les dernières semaines.
— Moi qui pensais que les Simulations étaient sûres...
— Si elles ne l'étaient pas du tout, tu ne serais plus là pour en parler, avançai-je. Tu devrais les remercier de t'avoir sorti de là !
— Bah tiens ! Moi je dis qu'il y a quelque chose qui cloche.
— À combien sur l'échelle de la bizarrerie ?
— Douze. Ça dépasse même ton admirateur, répondit-il avec un air taquin.
— Mouais. Tu sais ce que je pense ?
Elyas se tourna vers moi, attendant la suite.
— On est trop fatigués et on fait des théories du complot qui ne mènent à rien. Ashton et Aleksey ont exagéré tout à l'heure et c'est tout.
— Tu crois vraiment ?
Non. Mais je n'avais pas la force de me questionner davantage ce soir.
— Oui. De toute façon, je suis trop crevée pour débattre là-dessus.
*
Plus tard, dans ma chambre, je ne trouvais pas le sommeil. Rien n'y faisait, je n'arrivais pas à dormir. Il semblait que j'étais encore trop préoccupée par l'homme de tout à l'heure et par le live en général. Avec un profond soupir, je décidai donc de vérifier dans ma montre les informations que le mystérieux non-journaliste m'avait donné. Rapidement, je mis le doigt dessus.
Ensuite, un hologramme apparût dans la pièce, c'était l'homme qui m'avait parlé.
— Je suis Dante Edwards, le fondateur de l'association WE ARE. »
Mais cela n'expliquait toujours pas pourquoi il tenait à collaborer avec moi. D'accord, il avait fondé une association, mais pourquoi me contacter ?
— J'ai créé l'association WE ARE en 2084 afin d'aider les jeunes à se battre contre le harcèlement. WE ARE défend en particulier la différence, quelle que soit sa forme.
Évidemment. Il savait. Il savait pour toutes ces années où j'avais souffert face à Coleen, Connor et Clyde. Comment ? Je n'en avais aucune idée puisque j'avais toujours gardé ça secret... Mais il savait. C'était certain. Sinon, il ne m'aurait même pas contactée. Mais alors que je savais que je devais éprouver de la colère parce que la confidentialité de nos dossiers et de notre vie privée n'étaient pas garanties, j'éprouvais, à l'inverse, comme de la joie. Au fond, j'étais heureuse d'avoir été sollicitée par Monsieur Edwards pour collaborer avec son association.
Me rendant compte que le sommeil ne venait toujours pas, je pris la décision de prendre ma tablette et de faire un tour sur internet pour voir les réactions de la population sur l'émission en direct de ce soir. J'étais très curieuse de savoir ce qui se disait sur nous et sur les Simulations.
En allant sur le site internet du jeu, j'atterris directement sur la page du live qui était déjà disponible en rediffusion avec colonne entière de commentaires.
J'en lu quelques-uns :
« Merci pour cette deuxième édition grandiose malgré tout ! C'était génial ! Impossible d'attendre pour la troisième édition ! »
« Quand pourrons-nous nous inscrire pour tenter le jeu ? »
Je souris, étonnée de l'enthousiasme de certaines personnes malgré la cyberattaque.
« Bravo à tous les joueurs pour leur superbe parcours dans les Simulations ! En particulier à Luke et Echo ! »
« Suis-je le seul à voir qu'Aleksey a raison ? »
« Je viens de capter que Reyna et Calum sont frère et sœur ! Je suis mort ! J'avais jamais fait gaffe ! »
Cette fois-ci, je lâchai un petit rire. Comment ne pas voir qu'ils étaient de la même famille ? C'était tellement évident !
« Vous avez pas l'impression qu'il y a un truc entre Luke et Echo ? Ou je suis juste parano ? »
Je ne savais pas vraiment s'il y avait quelque chose entre eux deux. Seulement, c'est vrai que leur relation s'était nettement amélioré avec le temps. Ils semblaient être devenus amis, ce qui était une bonne chose. Il valait mieux se serrer les coudes maintenant car les Simulations étaient loin d'être derrière nous. Je pouvais le jurer.
Et en écho à ce que je venais de penser, un commentaire attira mon attention et me procura des frissons dans toute l'échine :
« Ce n'est pas fini. On finira par vous avoir et ce jour-là, les Simulations tomberont avec vous. »
*
AYEEEEEEEEE! J'espère que vous allez bien ?
Moi je suis crevée ! J'ai besoin de beaucouuuuup de sommeil ! (Ou faut que je me mette au café lol)
J'espère que vous avez aimé ce chapitre ! Les choses sérieuses commencent enfin !
Vous savez, en ce moment je réfléchis à beaucoup de nouveaux projets (que j'écrirai après ou en même temps que Simulations) et j'aimerais savoir si vous aimeriez lire quelque chose en particulier :
1) du policier fantastique avec de la romance (reprise de mon histoire "Les Maudits")
2) une dystopie avec une "dictature" et de la romance (j'avoue, je ne peux pas écrire une fiction sans romance)
3) Romance / roman adolescent
4) du fantastique (créatures surnaturelles) avec de la romance
5) de la science-fiction liée au monde des rêves
Voilà !
Je vous embrasse ! <3