Avalon se ruait dans les chemins sinueux des marchés encombrants. Cela faisait plus d'une heure qu'elle cherchait Shéridan, mais en vain. Elle n'accepterait jamais de s'en aller sans lui avoir dit au revoir, jamais.
Elle regardait partout autours d'elle, tournant sur elle-même, comme une personne égarée alors qu'elle connaissait par cœur chaque recoin de ce village.
Elle voyait des regards inquisiteurs se poser sur elle, comme si elle avait commis le pire des crimes. A un moment, elle était tellement énervée et frustrée de ne voir Dan nul part qu'elle s'en prit à une personne qui la fixait comme la pire des espèces.
- Quoi ? Pourquoi me fixes-tu comme ça ?
Le pauvre homme sembla trembler de peur sous son regard inquisiteur et il déblatéra tout d'un coup.
- Heu...je...je vous pris de m'excuser mam’zelle ! S'il vous plaît, je n'suis qu'un pauvre viellot, n’ordonnez pas au prince de me mettre au cachot.
Elle le regarda, perdue.
- Quoi ? Mais ! Pourquoi ordonnerai-je au Roi ou qui que ce soit d'autre de vous mettre au cachot ? Je n'ai en aucun cas le droit de lui demander de faire un tel acte...pourquoi...
Et elle ne termina pas sa phrase, la réponse s'insinua d'elle-même dans le crâne de la rousse.
- Je...je ne vais pas vous mettre au cachot monsieur, je ne suis pas encore princesse, et je ne le serait sans doute pas...
Elle lui lança un faible sourire en coin pour le réconforter et lui tapota l'épaule.
- Mais...continua-t-elle peu sûre, si par le pur des hasards j'accède au trône, je penserais à vous envoyer un panier de fruit cueillit rien qu'au palais.
Le vieillard sourit de toutes ses dents pourrie à Avalon et celle-ci s'efforça de le lui rendre sans dégoût.
En partant, elle se dit que tout compte fait, une bonne brosse à dent lui irait beaucoup mieux, à ce pauvre homme...
Bon....elle allait continuer à chercher son grand amour, il le fallait.
Elle s'égara un peu de la ville pour atteindre la forêt. Il y avait une petite clairière non loin d'ici où Shéridan avait l'habitude de s'y cacher lorsqu'il se faisait poursuivre, peut-être était-il là bas ?
Elle devait garder espoir. Elle avança, craintive, pendant deux ou trois minutes, et rejoignit enfin une clairière où le soleil ne se cachait plus derrière les feuilles denses des arbres.
Le forêt qui entourait le petit village de Thoroundour n'était pas très réputé, loin de là. Des rôdeurs, des voleurs- dont Dan entre autres- des violeurs et pires encore se cachaient dans les fourrés pour se mettre à l’abri des forces de l'ordre, et attaquaient les gens qu'ils croisaient. Avalon avait eu une sacrée chance de ne pas être tombée sur l'un deux, car si tel avait été le cas, elle n'aurait pas donné cher de sa peau à l'heure qu'il est.
Elle regarda aux alentours, espérant voir apparaître la sombre chevelure de son petit voleur adoré.
Elle mit sa main en civière, au-dessus de ses yeux pour se mettre à l'abri du soleil et continua de chercher au loin, sans perdre espoir.
- Dan !!!! T'es là ?
Sa voix sembla résonner pendant longtemps, avant de se taire dans un murmure de désespoir.
Elle baissa la tête, ne sachant plus où chercher. Il devait bien être quelque part ! Mais où ? Si cet imbécile avait décidé de se cacher elle ne le trouverait jamais, il était bien trop fort pour se fondre dans la masse, après tout, il avait eu des années et des années d’entraînement pour maîtriser cet art.
Elle sentit des main lui serrer la taille. Elle étira un grand sourire et sauta au coup de Dan avant de plaqué un masque dégoutté sur son visage. La personne qu'elle serrait ne sentait pas la lavande, loin de là. Il avait plutôt une odeur d'ordure et de poisson mort.
Elle s’écarta de l'individu, et, peut-être un peu trop vite car elle tomba sur ses fesses dans l'herbe verte.
Elle releva la tête et fit face à un bougre mal fagoté et sale comme un porc.
Elle eut un haut le cœur en pensant qu'elle venait de le serrer dans les bras, alors que lui, avait un sourire vicieux scotché sur ses lèvres mauves.
– Qui êtes-vous ? !
L'homme rit comme un individu à moitié soûl avant parler avec une voix qui ferait fuir des loups.
- Je suis l'homme de tes rêves ma bichette.
Puis il lui lança un clin d’œil avant de s'avancer dangereusement d'elle.
Elle mit une main en avant comme pour se protéger. Elle ne voulait en aucun cas que ce piètre homme est la possibilité de la toucher encore une fois.
- Je ne suis pas votre bichette monsieur, le morigéna-t-elle en appuyant bien sur le « bichette », et vous êtes loin d'être l'homme de mes rêves ! Je dirais plutôt...de mes cauchemars si vous voyait où je veux en venir... !
L'homme qui avait jusque là le sourire sur les lèvres s'arrêta et lui lança un regard sombre. Apparemment, il ne s'attendait pas à ça.
S'il n'avait pas encore prit conscience de sa laideur, Avalon aurait bien volontier usé d'un miroir pour le lui montrer, si seulement celui-ci ne se serait pas fissuré au seul reflet de cette grosse crasse immonde...et elle pesait ces mots.
-Toi, sale ingrate je vais te faire voir de toute les couleurs de l'arc en ciel ! On verra si tu fais toujours la maligne !
Mais le pervers n'eut pas vraiment le temps de faire un pas de plus car il reçut un gros coup de branche sur la tête.
En s'affalant, l'homme laissa Avalon voir un Dan éclatant de rire avec sa branche dans les mains. Il avait un de ces sourire qui faisait fondre n'importe qui. Il plissait toujours un peu le nez en riant aux éclats, ce qui le donnait un petit côté mignon alors qu'il faisait plus mature et mystérieux. Avalon ne put s'empêcher de rire à son tour, bien qu'elle était à deux doigt de perdre sa virginité avec un homme à l'odeur pestilentielle. Il s'en était fallut de peu.
Dan l'aida à se remettre sur pieds, et une fois sa robe épousseter, elle lui lança un regard ravie.
- Mon sauveur ! Tu es là au bon moment, crois-moi. J'ai bien crû qu'il allait...
Mais Avalon ne put finir sa phrase car Dan lui cloua le bec avec un baiser.
- Dan..., souffla-t-elle.
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait prit l'habitude de souffler son nom à chaque fois qu'il l'embrassait aussi fort. Peut-être était-ce sa mimique à elle, qui sait ?
- Oui, gente Damoiselle ? Que puis-je faire pour vous ? Dit-il en imitant la voix d'un major d'homme tout en s'inclinant respectueusement.
En temps normal, Avalon aurait dû rire à son petit numéro, mais son regard se voilà de tristesse. Il venait de lui faire penser qu'elle s'en irait... loin, très loin, dans un monde semblable à ce qu'il venait d'imiter à l'instant.
Elle avait le regard fixé au sol, elle frottait l'herbe avec ses ballerines usés, ne sachant pas comment débuter sur ce sujet.
Dan releva son menton à l'aide d'un doigt, l’obligeant à faire face aux regard ténébreux de celui-ci.
- Eh bah, qu'arrive-t-il à ma petite tulipe d'été ?
Avalon eut un sourire amer. Dan avait aussi prit la mauvaise – ou bonne tout dépendait- habitude de l'appeler « tulipe »...
- Il m'arrive que...enfin...on doit parler toi et moi.
Les gémissement de l'homme avait mit fin à leur début de conversation, alors ils s'en allèrent près du ruisseau pour être plus tranquille.
- Donc je disais...qu'il faut qu'on discute.
De but en blanc, comme ça ! On dirait qu'elle allait lui demander en mariage ! L'horreur... elle devait ressembler à une gourde aux yeux de Dan. Seulement, celui-ci n'avait pas l'air de se moquer d'elle, bien au contraire, son éternel sourire malicieux s'était envolé pour laisser place à un regard soupçonneux.
- Tu veux dire quoi par « il faut qu'on discute » ? J'espère que tu ne veux pas rompre...
Quoi ! Mais pourquoi pense-t-il à cela ?
- Non bien sûr que non ! S'empressa-t-elle de dire.
Il sembla se déraidir un peu.
- Juste que... je m'en vais, je ne sais pas si je reviendrais, ni quand, si tel est le cas.
- La liste...souffla-t-il en comprenant parfaitement de quoi il s'agissait.
Il se frotta la nuque, gêné, dérouté aussi sûrement, mais surtout triste. Avalon voyait bien la tristesse qu'il essayait tant bien que mal de cacher pour qu'elle ne soit pas plus triste encore de le quitter.
- S'il te plaît, emmène moi loin, loin de ce village, loin de ces gardes, loin de tous...je ne veux pas te quitter...je veux vivre avec toi pour l'éternité, dit-elle la gorge nouée.
Lorsqu'elle posa sa main sur la joue de celui-ci il la repoussa. Elle en fut tellement étonnée qu'elle en perdit presque l’équilibre.
- Dan...
- Non, je...je ne vais pas t’emmener, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi Avalon.
Ses yeux s'agrandirent d'un seul coup. Les larmes avaient déjà entamer un long et triste chemin sur ses pâles joues légèrement rosies.
- Mais Dan !
Elle s'avança et il s’écarta tout de suite après, comme si elle était contagieuse. Elle sentit son cœur se briser, le garçon qu'elle a aimé pendant trois ans venait de l'éviter comme un vulgaire insecte.
- Pourquoi ? POURQUOI réagis-tu comme cela ?
Il baissa la tête un instant avant de la relever, un regard déterminé dans ses yeux.
- Avalon, si tu es prétendante au titre de princesse, je ne veux plus que tu m'approches, je ne veux pas que tu gâches tes chances d'avoir une vie meilleure pour moi, pour nous. Je te connais bien, tu risques de tout faire tomber à l'eau pour moi, et ça je ne me le pardonnerai pas.
- Mais...c'est... notre amour est bien plus fort que tout ça, ne crois-tu pas ? Je m'en fou de cette couronne, c'est avec toi que je veux être... s'il te plaît ne me rejette pas, je ne pourrais pas le concevoir...
- Je suis désolé Avalon mais...
- Non ! Ne le dis pas je t'en supplie Dan ! Pour l'amour du ciel ne prononce pas ces mots ! Tu ne gagnera rien en essayant de faire tout ton possible pour que je te déteste parce que ça ne marchera jamais ! Je t'aime et je ne veux pas épouser un autre que toi...
- Je rompt avec toi Avalon, lâcha-t-il plus froidement qu'elle ne l'aurait pensé.
Les larmes brouillèrent sa vue. Elle entendit comme un Crac. Ceci devait être le bruit de son cœur lorsqu'il s'était brisé sur un amour parfait qui avait volé en éclat à cause d'une simple lettre. Maintenant elle en était sûr, ce prince, quel qu'il soit, elle le détestait. Oui, s'il n'était pas naît peut-être qu'elle serait encore avec lui à l'heure qu'il est ! Tout était de sa faute. De la faute de ses Rois de pacotilles qui détruisaient la vie des gens quand bon leur semblait !
Elle posa une main sur sa bouche lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait souhaité la mort du prince, elle aussi par pure égoïsme. Elle n'était pas mieux qu'eux en fait... elle préférait ne pas voir la naissance de quelqu'un pour son propre compte, c'était absurde, c'était cruel de penser ainsi. Elle se rendait peu à peu compte à quel point son amour pour Dan était pur, à quel point elle serait prête à mourir pour lui s'il le fallait. Mais puisqu'il avait décidé de la quitter, tout ça n'avait plus aucune importance dès à présent.
Elle lança un regard remplit de haine à Dan avant d'entreprendre de s'en aller. Celui-ci la retint par la bras en serrant la mâchoire.
Elle regarda la puissante main qui l'avait tant de fois serrer fort puis secoua la tête pour chasser ses pensées à ne pas ressasser.
- Dan, tu me fais mal, lâcha-t-elle amer.
- Je t'aime Avalon, ne l'oublie pas d'accord.
- Je...quoi ? Ce que tu dis n'a pas de sens.
Elle voulut se dégager mais il était trop fort.
- Gagne cette compétition, fais-le pour moi, pour notre amour...aime...aime le prince autant que tu m'a aimé moi, et bien plus encore s'il le faut.
Il relâcha son emprise pour qu'elle puisse s'en aller.
Avalon serra les dents pour que les mots qui voulaient sortir de sa bouche ne lui échappent pas, mais trop tard, ils avaient déjà filé comme des voleurs prient en flagrant délit.
- Embrasses-moi une dernière fois.
Dan ne pipa mot mais s’exécuta. Tout deux, savourèrent pleinement ce long et doux baiser mêlé de passion, de tristesse, d'amour,de joie, de mélancolie, de désespoir, d'amertume, de crainte, et de bien plus encore. Toutes ces émotions réunies en un seul baiser, un baiser qu'Avalon trouva le plus beau et le plus terrible à la fois, le dernier baiser qu'elle pourrait goûter de la part de Dan.
Ils eurent tout deux un grand mal à se décrocher l'un l'autre. Comme deux aimants qui s'attirent et qui se repoussent, ils furent contraints de sortir du bonheur qu'était ce supplice.
- Je te déteste Dan...mais je t'aime bien plus, alors... j'accepte de rompre avec toi mon très cher ami.
Ces mots furent difficiles à traverser ses lèvres, mais ils conclurent leur liens.
Elle s'en alla la première, ne laissant pas sa curiosité lui souffler de regarder une dernière fois son ex compagnon.
Elle entra dans les bois sombres et lorsqu'elle fut assez loin, elle laissa libre cour à son état d'âme du moment.
Il fallait qu'elle dévide un bon coup tout ce flux d'émotion soudain et qu'elle se calme, sinon, elle risquait de tuer quelqu'un. Même avec un corps aussi frêle qu'était le sien, elle en serait capable en cet instant, elle en était persuadée.
Elle sécha ensuite ses larmes et rentra chez elle avant qu'il ne fasse nuit.
Maintenant, il était temps de passer un peu de temps avec sa famille avant son départ de demain.