Les filles étaient très attentionnées, chacune de mes informations données semblaient être bien sauvegardées. J'ai dû m'interrompre lorsque Shark est arrivé. Nous avons fait brièvement les présentations et nous sommes retourné aussitôt à notre premier sujet principal.
Shark — vous avez des questions?
Laura — lorsque nous serons sur le terrain on sera toutes sur le même? On bosse en équipe, en binôme ou en solo?
Shark — l'Alchimiste tu lui réponds?
- ouais, ça dépendra de l'événement... mais généralement vous serez en duo ou même en quatuor! Tout comme ça peut arriver que je vous envoie en mission seule, tout dépendra de la situation, du lieu. Mais ne vous inquiétez pas, pour vos débuts vous serez accompagné.
Sarah — et vous savez quand est-ce que sera notre toute première?
Shark — ça va arriver plus vite que prévu, la semaine prochaine y'a un gros coup à jouer, ça sera dans quelques jours
Brahim — va falloir vous préparer les filles... fini les dégaines de KADERA, vous devrez être classes et sexy! Avec Émilie vous irez acheter des tenues adéquates et les accessoires qui suivront.
Laura — on a jamais eu des dégaines de KADERA, on a toujours été présentable!
- il parle du langage, vous allez oublier les «wesh, frère» tout ce bordel! Vous devez être capable de bien manier la langue de Molière et faire parler votre culture. Ce n'est pas trop vous demander
Laura — pas du tout, bien au contraire
Sarah — euh faire parler notre culture? C'est à dire? Discuter de nos origines, de nos ancêtres avec les gens c'est ça?
- et bah dis donc... t'as vraiment signé sur la plus brillante des filles Brahim!
Shark — il a toujours été attiré par les plus légères d'esprit c'est son petit kiffe
Brahim — niquez vous! Non Sarah, quand il parlait de culture, il voyait par là vos savoirs, vos connaissances votre culture général quoi pour faire simple.
Sarah — ah ok d'accord, fallait dire directement culture G, puisqu'il y'a plusieurs signification pour le mot culture
- ouais mais tu ne vas pas non plus me dire quoi dire, hessoul! Dites-moi, vos situations. Je dois savoir si vous avez votre permis, si vous vivez seule ou non, et si vous habitez la capitale ou pas.
Laura — j'ai le permis j'suis véhiculée, j'habite la capitale en colocation...
- et toi?
Sarah — j'ai pas le permis, je vis aux alentours de Paris chez mes parents
- ok, laissez-moi le temps de vous trouver un appartement et vous vivrez en colocation, vous allez quittez vos domiciles fixes. Vous voulez savoir pourquoi ou ce n'est pas nécessaire?
Laura — bah je suppose que les raisons sont liées aux missions qu'on va avoir
- tout à fait
Shark — je pense qu'on a tout dit, la veille et le jour même on vous donnera encore quelques récapitulatifs d'accord?
Laura — ça marche
Sarah — c'est noté!
Shark — cool, elles sont où les deux autres en fait? Surtout Émilie elle est où?
Brahim — mhm, Émilie hein...
Shark — y'a quoi?
Brahim — rien
Shark — bah ferme là alors!
- Rita est malade du coup elle se repose et Émilie avait rendez-vous avec un gars.
Shark — t'es sérieux? Tu l'a laissé capter un mec alors qu'on avait réunion?
- t'es un malade toi, à la base la réunion n'était archi pas prévue pour aujourd'hui c'est ce trou du cul de Brahim qui s'est trompé. Et si j'ai envie de laisser Émilie voir un mec, il est où le problème?
Shark — anw ok, bah j'sais pas je pensais qu'elle était comme ta petite sœur et que tu l'empêcherait de côtoyer des gars
- bien-sûr je la considère comme ma petite mais elle est majeure, vaccinée c'est une vraie femme maintenant wesh je ne vais pas lui foutre des barrières!
Shark — ouais non tu as raison...
Faudrait être débile pour ne pas voir que Shark a un petit faible pour Émilie. Va-t-il réussir à l'atteindre? Cette fille, c'est moi au féminin! Ce n'est pas gagné d'avance, il va devoir sortir les rames le pauvre. J'ai aussi remarqué que Laura n'arrivait pas à regarder Shark, dès que son regard croisait le sien elle baissait aussitôt la tête, elle semble gênée face à lui. Ce bâtard à la peau livide et aux yeux bleus ne laisse jamais les filles indifférentes.
Nous avons échangé nos cordonnées avec les nanas, ce qui est purement professionnel pour qu'on puisse se contacter à tout moment. Je les ai équipé d'un vieux bigo qui limitera nos chances d'être tracé. Tout a été dit maintenant il ne reste plus qu'à briefer Émilie et Rita.
Brahim a raccompagné Laura & Sarah, j'étais donc toujours à la planque avec Shark, en train de peaufiner nos affaires.
Shark — elles sortent d'où ces gadjis?
- c'est Brahim
Shark — putain ce sont vraiment des canons! Mon petit doigt me dit que nos plans vont très bien marcher frère.
- sah espérons!
Shark — ouais, sinon pour Émilie faut la prévenir rapidement le bail va vite arriver, c'est la semaine prochaine quoi faut qu'on soit tous bien vif et bien préparé
- bah ouais je sais gros, je vais la voir ce soir façon! Et l'autre meuf j'irais demain. Toi, t'apprécies bien plus Émilie que ce que tu veux nous laisser croire en fait.
Shark — quoi? Mais jamais! C'est trop une migraine cette meuf, son insolence me les brisent, t'es fou je la supporte pas.
- ma bite arrête ton cinéma kho, je dirais rien, t'es rodave! Et de toute manière moi je m'en bats carrément les couilles.
Nous les mecs dès qu'il s'agit d'assumer ses sentiments on se met automatiquement à parler mandarin, nous sommes pas serein avec ces genres de registres là. Il aura beau nier les faits, je sais pertinemment qu'il en pince pour elle, ça se sent rien qu'en les voyant se chamailler et se clasher en permanence.
Nous sommes resté entre nous un bon moment puis j'ai décidé de quitter les lieux. Sur le trajet, j'étais pensif, la musique résonnait à l'aide des basses installées dans ma caisse. Dear Mama de Tupac était en train de jouer et un tas de souvenirs et questions sont venu m'envahir l'esprit. Ma vie va donc se résumer à cela? Le seul moteur que j'ai est l'envie d'être quelqu'un de grand, un millionnaire, voilà ce qui me pousse à me lever tous les matins mais cette motivation s'échangera t'elle en quelque chose de plus humain et de plus sentimentale? Jusqu'à présent le papier fut ma seule enthousiaste source, actuellement j'ai soif de nouvelles expériences. Le bonheur sonnera t'il un jour à ma putain de porte? Osera-t-il porter ses couilles et franchir mon palier?
Ce morceau me rappelle à quel point je suis seul, un solitaire aigri, un bâtard sans parents, sans famille, sans réel attachement à la vie. Et tu as des arrivistes qui ont le culot de me demander pourquoi je mets toute mon énergie dans ce business... parce que je n'ai que cela!
Arrivé chez moi, je réalise que j'ai un vide à combler, un manque à nourrir, je dirais plutôt que j'ai du liquide à évacuer.
C'est vrai qu'Émilie doit venir tout à l'heure mais ce n'est pas pour autant que je vais me priver, si il le faut elle patientera. J'ai premièrement pensé à appeler Lina mais après mûres réflexions j'ai réalisé que ce n'était pas une si bonne idée que ça. Alors j'ai composé le numéro d'une autre nana dont je ne m'en souviens plus du nom cependant ce n'est pas vraiment un problème pour moi.
**
Conversation téléphonique
- allô Mohamed?
- hein?
- wesh Moha!
- Jaffar tu t'es trompé là je crois...
- mais attends comment ça j'me suis trompé, c'est bien le numéro de Moha ça, c'est quoi le délire ?!
- non, non c'est Maëlys
- jure? Ah putain j'suis con!
- tranquille ça arrive à tout le monde
- ouais, mais vas y tu sais quoi ça tombe bien que je sois tombé sur toi aussi comme on dit y'a pas de hasard t'as vu.
- ah bon? J'te manque? Attention à ce que tu vas me répondre hein...
- j'vais pas te mentir ce sont plutôt tes fesses qui me manquent
- je m'attendais à ce genre de réponses, au moins ça a le mérite d'être clair!
- tu me connais je suis du genre franc
- et c'est donc pour ça que tu m'as fait le coup du je me trompe de destinataire mhm «allô Mohammed, wesh Moha»
- ah ouais, merde c'est donc pas la première fois que je te fais ce coup?
- c'est la troisième fois si je ne m'abuse
- c'était juste dans le but d'avoir ton prénom puisque je l'avais oublié sans vouloir te vexer bien-sûr. Sinon j'avais quand même prévu de t'appeler.
- du Jaffar tout craché. Heureusement que j'ne suis pas susceptible.
- en effet, donc logiquement tu dois pertinemment savoir ce que je...
- oui bah oui bien évidemment, c'est cool parce que ça faisait quand même un bail, tu veux qu'on se voit quand?
- écoute si ça ne tenait qu'à moi j'aurais répondu maintenant!
- Mais ? Qu'est-ce qui t'en empêche?
- rien du tout, j't'attends
- t'es sérieux?
- à ton avis?
- on se voit où?
- passe chez-moi, tu connais l'adresse
- vas y!
J'ai raccroché, elle en a autant envie que moi c'est une bonne nouvelle. En y repensant je ne sais même pas comment j'ai fait pour ne plus me souvenir de son prénom cette gonzesse est incroyable. Je mange un petit encas avant de filer à la douche. J'en ressors tout clean. En attendant je m'allume un pétard, puis deux, puis trois puis ça part en vrille jusqu'à ce je reçoive un appel de Mimi.
- ouais?
- Jaf j'aurais un peu de retard ce soir...
- non tranquille au contraire prend bien
ton temps meuf!
- ah ouais?
- ouais
- pourquoi?
- c'est pas ton problème
- mais putain dis-moi Jaffar
- non vire
- et?
- quoi?
- ce soir je passe avec Rita hein
- c'est mort
- pourquoi?
- elle vient pas chez moi cousine
- mais tu dois nous...
- j'en ai vraiment rien à foutre Émilie ne la ramène pas jusqu'ici w'Allah
- quoi? Parce que tu ne veux pas qu'elle te croise avec une autre c'est ça?
- Tu chies par la bouche ou quoi? À quelle heure je lui dois des comptes? Et je m'en cale de sa vie! Elle n'a pas à venir chez-moi, est-ce que Laura & Sarah ont déjà mis leurs pieds chez moi? Non jamais! Alors je ne vois pas pourquoi Rita devrait être l'exception, elle n'est pas privatisée, ce n'est pas ma pote.
- Non je ne chie pas par ma bouche mais j'aimerais bien chier dans la tienne!
- je t'en prie essayes donc seulement
- j'suis pas assez sadomasochiste quand même! Du coup on fait comment?
- comme j'ai dit depuis le départ, ce soir tu passes chez-moi je t'expliquerais tout et le lendemain tu pourras aller à ton tour expliquer les faits à Rita
- mais qu'est-ce qui s'est passé entre vous? Entre elle qui ne veut plus entendre parler de toi puis toi qui cherche à l'esquiver je comprends rien
- ça tombe bien puisqu'il n'y a rien à comprendre bon on a sonné j'te laisse
- t'attends qui?
Je lui raccroche au nez volontairement, elle pose trop de questions. Maëlys venait de sonner, elle a été rapide, faut dire qu'elle habite aussi la capitale mais au 16ème arrondissement nous ne venons pas de la même classe sociale. Outre ces barrières nous séparant que la société infligent, nous allons très vite nous rapprocher à nouveau par le biais d'une escapade charnelle. J'ai été lui ouvrir, elle était en beauté. Ses cheveux châtains clairs détachés, ses yeux verts pétillants... elle était visuellement appétissante.
- Jaffar! Alors tu vas bien ?
(demande-t-elle en me faisant la bise)
- tranquillement et toi?
- cool, j'étais impatiente de te revoir
- vraiment?
- ouais honnêtement!
- mhm, ça fait plaisir à entendre
- arrête tes mensonges j'sais très bien que c'est faux! Tu n'es pas de ceux qui aiment lorsqu'on leur dit des choses agréables.
- t'insinue que je préfère surement entendre des mots vexant à mon égard
- non je n'ai pas dit ça non plus
- bref on est pas là pour discuter
- ah bon?
- si toi et moi voulions vraiment parler, nous aurions pu le faire à distance
- c'est vrai mais c'est toujours plaisant de pourvoir le faire entre quatre yeux
- on ferra autre chose que discuter Maë
Je n'ai pas voulu perdre de temps, les formules de politesses, les préventions, faire mine de s'intéresser à l'autre pour au final être concentré sur un seul désir commun ce n'est pas pour moi. Je préfère aller droit au but et je sais d'avance qu'elle est prête à encaisser mes frappes sans y mettre de gants de gardien.
Je me suis empressé de la dévêtir avec soin et expertise, pendant ce temps-là, Maëlys était attachée à moi, comme si sa vie dépendait de mes moindres mouvements. Elle m'agrippait tout en m'embrassant la nuque, des baisers de feu, les flammes de la passion venaient de nous ouvrir les portes de leur royaume, ses chaudes lèvres sur les plus sensibles coins de ma peau avaient l'allure de braises. Elle s'est arrêtée en me regardant avec ses yeux de lynx. $h!t
- qu'est-ce qui y'a?
- tu vas pas me prendre dans le couloir quand même? Pas au premier round.
- putain tu m'as interrompu pour ça?!
- oui, je trouve ça kiffant de couper un homme dans son enthousiasme...
Si ce lieu ne lui convient pas tant que ça, je vais la ramener dans mon pieux, c'est vrai c'est par-là que j'aurais dû commencer mais j'ai été bien trop pressé et gourmand. Je l'ai porté jusqu'à ma chambre. Elle semblait y être plus à l'aise. La pulsion du désir ne patiente jamais trop longtemps, elle s'est jetée sur moi...
**
Maëlys a prit sommeil dans mon lit, j'ai peut-être dû trop l'épuiser moi qui pensais qu'après cela elle serait rentrée chez elle. Tant pis, je ne vais pas la réveiller, après nos ébats elle mérite quand même de dormir paisiblement. Mais il est hors de question que je dorme à ses côtés, j'ai quitté la chambre pour me plonger dans le sofa du salon. 03h39 du matin, Émilie se pointe chez-moi.
- désolée, j't'ai pas réveillé j'espère
- t'as vu l'heure?
- oui, la soirée a tardé je...
- tu quoi?
- bah laisse-moi terminer Jaffar, t'es chiant avec ta manie de couper les gens.
- bref je t'écoute, t'as été chez le mec?
- oui...
- t'as bu?
- non pas même une goutte et il n'y a rien eu t'inquiète, c'est un gars respectueux
- bsartek et tu crois que moi je vais discuter avec toi à 4h du mat? Fallait même pas venir dans ces cas là
- j't'assure à chaque fois que je voulais partir il me retenait, il voulait pas me lâcher. Je sais que j'ai abusé c'est vrai mais on peut quand même parler sérieux
- tu te fou de ma gueule là? Ma série vient de se terminer je vais DORMIR!
- Jaf'
- y'a le clic clac dans la chambre qui t'attends. Bonne nuit Émilie!
- wesh pourquoi tu dors ici? Va dans ta chambre non? Sinon moi je prends ton lit.
- Mais va seulement alors! Tu vas trouver une belle surprise là-bas.
- c'est une blague!? T'as quand même pas laisser une pute dormir dans ton lit?
- Émilie w'Allah t'es pas en position pour parler avec moi à cette heure ci, j'suis claqué me casse pas les couilles
Elle a soupiré en ramassant son sac ainsi que sa veste et s'est dirigée vers la deuxième chambre. Aujourd'hui les affaires sont passées en second plan. Demain va falloir rattraper notre retard.