Collaboration

By SachaOak

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Deux ans après l'arrestation du Tueur Cinéphile, le Commissaire se reconstruit. Encore traumatisé par sa séqu... More

Prologue
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX - Dernier Chapitre

Chapitre XII

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By SachaOak


Le Commissaire était allongé sur le dos, en sueur et le corps secoué de tremblements incontrôlables. Il serrait compulsivement le drap enroulé autour de lui en fixant le plafond comme s'il s'agissait de la plus monstrueuse des créatures.

- ça va ?

Le brun finit par répondre hargneusement au bout de quelque secondes de silence ;

- J'ai l'air d'aller bien ?

Son souffle saccadé commença à se calmer même si sa poitrine se soulevait toujours de manière irrégulière. Ses cheveux noirs étaient collés à son front par la sueur et ses mains tremblaient.

- Un cauchemar ?

Le Commissaire ne répondit pas et repoussa les draps au pied de son lit avant d'attraper la bouteille d'eau pour en boire une grande gorgée. Une fois calmée, il tourna la tête vers la rousse à ses cotés.

Tournée vers lui, à moitié assise, elle le regardait d'un air inquiet. Il soupira profondément et se laissa retomber en arrière, s'allongeant complètement sur le lit les yeux vers le plafond. Eléonore l'imita et un silence lourd s'installa alors dans la pièce.

- C'est l'enquête ? finit par demander la jeune femme.

Devant l'absence de réponse, elle continua ;

- Vous savez, je pense que vous êtes innocent. Ce salaud vous a piégé parce que vous avez arrêté son idole. -elle hésita et posa sa main sur celle du brun- Je crois en vous.

Le Commissaire lui lança un regard étonné avant de se détourner et de dire ;

- Bien. Y en a un de nous deux qui y croit alors.

- J'y croit suffisamment pour deux.

Il eut un léger sourire ;

- Vous êtes étrange.

La rousse lui souri puis reposa sa tête sur l'oreiller en fermant les yeux. Elle se rendormit rapidement, sereine sous le regard du Commissaire. L'homme remonta le drap sur eux, cachant leur nudité, et tenta de se rendormir. En vain. Dans sa tête tournoyait des dizaines d'images odieuses. Pourquoi...Pourquoi avait-il du penser a cela ?

Pourquoi lorsque ses mains avaient parcourut le corps d'Eléonore, ça avait été un autre corps qu'il s'était imaginé ? Son esprit s'était imaginé embrasser une autre bouche. Enlacer une autre personne. Plus brutalement. Plus sensuellement. Plus passionnément. Il devenait cinglé. Comment pouvait-il fantasmer sur un homme ? Un Tueur ? Un connard qu'il haïssait de toutes ses tripes.

Il inspira puis poussa un long soupire. Il n'était pas gay. Il avait aimé des femmes. Peut être pas avec passion et transcendance comme dans les films mais il les avaient sincèrement aimé. Alors pourquoi, d'un coup, ce type débarquait et foutait en l'air toute ses certitudes ?! Sa notion de Justice, son travail, et maintenant son orientation sexuelle ?!

Il avait l'impression de chuter dans un abyme. Sans fond. Sombre. Froid. Inquiétant. Horrible. Il n'était pas gay. Il n'avait rien contre eux, il s'en foutait en fait. Mais lui ne l'était pas. Il ne pouvait pas l'être. C'était impossible. Impensable. Alors putain, pourquoi il bandait en s'imaginant baiser avec ce criminel ?!

La honte le submergeât et il se leva en prenant garde a ne pas réveiller la jeune femme, profondément endormit a ses cotés. Il mit un boxer et un bas de jogging avant de se diriger vers la cuisine de chez lui et de se servir un verre d'eau. Le brun s'appuya contre le bar de sa cuisine ouverte et but lentement tout en réfléchissant.

Se pourrait-il qu'il soit...bi ? Il ne pouvait être gay, mais cette éventualité restait. Il raffermit sa prise sur le verre. Il s'en serait rendu compte bien plus tôt, s'il avait été attiré par les hommes. Il avait trente et un ans, merde ! Il l'aurait su bien avant. Il avait fait du judo durant onze ans et a aucun moment il n'avait reluqué ses camarades de vestiaires !

Eléonore avait raison. Cette enquête lui montait a la tête et cette attirance malsaine pour le criminel avait remonté de mauvais souvenirs. Ces trois jours durant lequel le Tueur l'avait maintenu prisonnier. Il regarda son verre d'eau et le but d'une traite avant d'ouvrir un placard et d'en sortir une bouteille d'alcool. S'il se remettait à penser à ça, il allait lui falloir une bonne dose. Pour se donner du courage. Le Commissaire versa le liquide mordoré dans son verre et s'assit sur une des chaises du bar.

Il regarda l'alcool d'un air morne. Depuis quand n'avait-il pas repensé a ce moment avec précision ? Il posa sa main libre sur son flanc et caressa du bout de l'index la cicatrice blanche. Ce moment. Juste avant qu'il ne se fasse poignarder. Il ferma les yeux et se remémora les jours précédents ce moment.

6 Septembre 2013, lieu inconnu

Il ouvrit difficilement les yeux. Il avait l'impression que sa tête allait exploser et des dizaines de petits points noirs voletaient devant ses yeux. Il avait mal. A la tête mais pas que. Partout. Tout son corps le lançait et un courant d'air le fit frissonner. Il remarqua alors qu'il était torse nu.

Et attaché à une chaise.

Il eut un peu de mal à se souvenir des événements précédents sa captivité. Il tenta de se rappeler mais son mal de crâne le rappela a l'ordre. Avec précaution, il tenta de bouger la tête, cherchant a discerner ou il se trouvait mais ne vit rien. Il était plongé dans le noir et seul une petite lampe de chevet éclairait le mur, de tel sorte qu'a part ce dernier, rien ne soit discernable.

Le brun senti une panique sourde croître en lui. Ou était-il ? Que lui était-il arrivé ? Il serra les dents et retint un gémissement de douleur ; ce mouvement lui avait cruellement rapeller que sa tempe était blessé. Il sentit avec un certain dégout le sang sécher collé a sa peau. Depuis quand était-il la ? Et où était ce là ? Il se souvenait avoir été au travail ce matin, frustré par le piétinement de l'enquête, puis il y avait eu un appel... Ils étaient allé près d'un lycée et IL était la... Avec des bombes et des otages. Il ne pouvait rien faire. Il ne pouvait pas les sauver. Il était impuissant et... Il s'était rendu. Il se souvenait du moment ou il avait été menotté par le Tueur et emmené dans la voiture. Puis...une détonation. Une bombe avait explosé. Et le néant. Son dernier souvenir était le rire malsain du criminel.

Le Criminel. C'était lui qui l'avait amené ici et dénudé. Il eut une nouvelle grimace de dégoût. Imaginer cet homme le déshabiller était trés dérangeant. Vraiment. Il préféra chasser cette vision et se focalisa sur le présent.

Il frémit en entendant une porte claquer et plissa les yeux, tentant d'apercevoir du mouvement. Une personne marchait vers la salle ou il se trouvait d'un air assuré et entra. Le brun ne discerna qu'une ombre mouvante le temps que cette dernière n'allume une deuxième lampe. La lumière blanche l'aveuglant et il poussa un faible gémissement de douleur. Il avait l'impression qu'on venait de lui brûler la rétine.

- Déjà réveillé, mon chou ?

Il aurait reconnu cette voix entre mille. Sans ouvrir les yeux, le Commissaire ordonna avec hargne ;

- Libère moi, connard !

- C'est gentiment demandé, mais je vais devoir te dire non.

Le brun finit par regarder son interlocuteur, clignant plusieurs fois des yeux a cause de la lumière violente ;

- Putain, on est ou ?

Le tueur ne répondit pas, se contentant d'un léger sourire en coin amusé. Il fit quelque pas et attrapa une sorte de mallette avant de se diriger vers le Commissaire. Ce dernier tenta vainement de reculer, scrutant le Tueur d'un air assassin. Le sourire du criminel s'accentua, devenant un rictus tordu et effrayant ;

- On va s'amuser un peu, tout les deux.

- Dégage de la !

- Si tu continu a gueuler, je te bâillonne ou je t'égorge comme un porc, compris ?!

Il empoigna les cheveux du Commissaire et lui mit violemment la tête en arrière, dévoilant sa gorge. Un frisson de terreur le parcourut lorsqu'il planta son regard sombre dans les yeux verts du plus jeune. Violence. Démence. Folie meurtrière. Joie. Refusant obstinément de ravaler sa fierté et de se laisser dominer par le Tueur, il lui cracha au visage.

Surpris, le jeune homme écarquilla les yeux et s'essuya du revers de la manche avant de pousser un grognement bestial et de lui donner un violent coup de poing dans le visage. La tête du Commissaire parti sur le coté, et il se mordit la langue afin de retenir le gémissement de douleur. Le sang battait furieusement dans ses tempes et sa vue se brouilla un instant.

- Connard... Tu veux la jouer comme ça ? Ok. Tu me forces à être méchant, alors que je suis un gars...plutôt sympa.

- Sérieux ? J'avais pas remarqué...

Le commentaire ironique du brun eut un nouveau coup comme réponse. Dans la mâchoire. Ses dents claquèrent et le goût du sang emplit sa bouche. Ferrailleux. Acre. Il cracha au sol puis lança un regard noir au criminel. Ce dernier se massait le poing tout en le fixant d'un air prédateur. Quelques mèches de ses cheveux fous retombants devant ses yeux clairs, il avait un air effrayant. Ses lèvres se tordirent en un rictus et son regard brilla a la lumière de la lampe d'un éclat sadique. Le prisonnier n'eut pas le temps de faire une nouvelle remarque acerbe que les poings du criminel percutèrent son ventre.

Son souffle se coupa et il entrouvrit les lèvres, cherchant de l'air. A peine eut-il prit une petite inspiration qu'a nouveau, le criminel le frappa. Dans sa folie meurtrière, il cria tout en donnant ses coups ;

- C'est de ta faute ! T'avais qu'a pas me poursuivre, connard !!

Le Commissaire gémit de douleur et la chaise bascula. Sa tête se cogna contre le sol, l'assommant. Le criminel ne se rendit pas compte immédiatement que son captif avait perdu connaissance, s'acharnant a lui donner des coups de pied dans le ventre.

X

Lorsque le Commissaire se réveilla, il était a nouveau seul. Allongé au sol, toujours attaché à la chaise, il essaya de bouger mais le moindre mouvement le faisait souffrir. Il avait l'impression de n'être plus qu'un amas de chair douloureuse et sanglante. Pitoyable.

Il referma les yeux et fit mentalement l'inspection de son corps, tentant d'ignorer la douleur lancinante a l'arrière de son crane. La peau de ses chevilles avait était cisaillé par la corde rêche qu'avait utilisé le Tueur pour l'attacher. Il pouvait presque sentir les fibres être devenue poisseuses de sang. La brûlure lui donnait l'impression qu'on tentait de lui sectionner la chair. Un faible gémissement lui échappa. Continuant son inspection, il bougeât légèrement les genoux, qui devaient sans doute être le seul endroit de son corps qui n'était pas atrocement douloureux.

Son ventre lui sembla en feu. Le simple fait de respirer lui était douloureux, aussi il tenta de minimiser au maximum ses inspirations, espérant ainsi réduire un peu la douleur. Il n'était pas en mesure de voir l'étendue des dégâts. Ce qui était loin de le rassurer. Il avait l'impression qu'il était en train de crever de douleur. Putain.

Son visage était contre le sol crade de la salle. Sa bouche toujours pleine de sang, il passa précautionneusement le bout de sa langue meurtrie contre ses dents, vérifiant qu'il n'en avait perdu aucune. Le Commissaire cracha. Il reposa sa joue contre le sol, grimaçant en sentant le liquide poisseux. Son visage baignait littéralement dans son sang. Il ne devait certainement pas être beau a voir et préféra ne pas essayer d'imaginer a quoi il ressemblait après tout ça. Histoire de ne pas se faire encore plus peur.

Il espéra que le Tueur n'avait rien toucher de vital en lui frappant le ventre, mais si ça avait été le cas, il serait déjà en train de crever non ? A part quelques cotes fêlés, il ne devait rien avoir de grave. Même si ça faisait putain de mal.

Il avait si mal. Le Commissaire se sentit glisser lentement vers l'inconscience et n'opposa aucune résistance ; au moins, ainsi, il n'avait plus mal.

X

Une lumière violente le fit gémir, au travers de ses paupières. Il cligna plusieurs fois des yeux et posa son regard sur le Tueur. Ce dernier lui fit un petit sourire, amical, et s'assit en face de lui sur une autre chaise ;

- Bien dormi ? Tu m'en voudra pas de t'avoir réveillé, mais tu dormais depuis pas mal de temps déjà.

Le Commissaire lui lança un regard méprisant puis remarqua avec stupeur que son torse était bandé. Suspicieux, il haussa un sourcil et regarda le Tueur. Ce con l'aurait soigné ? Il ne voulait sans doute pas casser son jouet aussi vite. Connard.

- T'as faim ? J'aimerais évité que tu sois trop faible. C'est pas drôle sinon, tu comprends ?

Il lui répondit d'un regard noir mais le criminel ne se départi pas de son air affable et attrapa l'assiette qu'il avait posé par terre. Il se rapprocha du Commissaire d'un air assuré et s'assit impérieusement sur les jambes de ce dernier. Le prisonnier eut un mouvement de recul et serra les dents, indigné et dégouté par la proximité du Tueur ;

- Dégage !

- Je dois te nourrir. Allez, fais "aaaaah".

Le brun grogna et garda les lèvres obstinément closes. C'est que ça semblait le faire marrer, en plus ! Sans se départir de son sourire, le criminel attrapa le menton du Commissaire ;

- Ouvre la bouche.

Il haussa un sourcil en voyant que le flic n'obéissait pas et commença à s'agacer ;

- Je vois, on joue au récalcitrant. Pire qu'un gosse.

Il attrapa la cuillère et le Commissaire grimaça en voyant le contenue de l'assiette. Sérieusement ? Ce con voulait lui faire bouffer ça ? Il est encore plus con, tordu et cinglé qu'il ne le pensait. Hors de question qu'il mange de la nourriture pour bébé. C'était humiliant.

D'un geste, le criminel donna un coup de poing dans la pommette de son prisonnier, avant de redire en souriant ;

- Ouvre la bouche.

Devant l'aphasie du brun, le jeune homme s'agaça et mit sa main sur son nez, le forçant ainsi à ouvrir la bouche pour respirer. De force, il lui enfonça la cuillère entre les lèvres, percutant les dents du flic.

Le Commissaire recracha.

Enervé, le Tueur le regarda méchamment ;

- Tu comptes te laisser crever de faim ?

- C'est toujours mieux que se faire humilier par un connard.

Un grognement guttural échappa de la gorge du criminel et il posa sa main sur la bouche et le nez de son prisonnier, l'empêchant ainsi de respirer. Le Commissaire écarquilla les yeux et secoua la tête, tentant de se libérer de l'emprise du criminel qui tint bon.

- Bah crève alors !

L'air commença a lui manquer, et il leva les yeux vers le criminel qui lui souriait d'un air dément. L'assiette était tombée au sol. La prise du Tueur se fit plus forte, ses ongles s'enfonçant dans la joue du flic. Il ne pouvait respirer. Il ne pouvait repousser l'agresseur. Et ce dernier semblait avoir perdu toute mesure.

Les yeux sombres du Commissaire, qui était resté obstinément planté dans ceux du Tueur, vacillèrent. Ses poumons étaient en feu. Brulant. Et l'Autre souriait.

Le Commissaire réalisa alors qu'il allait sans doute mourir.

Des larmes de rage et de peur lui montèrent aux yeux. Il allait mourir. Là, maintenant...Des mains de ce putain de Tueur. Un sanglot étranglé secoua ses épaules alors que des points noirs apparaissaient devant ses yeux. Il vit flou. Trouble. Ses larmes brouillèrent sa vue. Le peu de conscience qui lui restait songea à Cora, qui allait être orpheline. La douleur du manque d'air eut raison de son esprit. Avant de sombrer, il regarda le visage du Tueur. Sa vision était brouillée, mais il lui sembla un instant qu'il pleurait. Puis ce fut le noir.

X

Fièvreux, il sentit vaguement que son corps était porté. Il aurait pu croire, un instant, qu'il était mort mais le tiraillement douloureux de ses plaies lui indiqua qu'il vivait encore. Il sentit qu'on l'allongeait sur un lit. Doucement. Un faible gémissement lui échappa lorsqu'il sentit de l'eau glacée sur sa peau. Il sentit dans un état de semi-conscience une main rassurante se poser sur son front, enlevant le sang secher de son visage.

Doucement.

Il voulu ouvrir les yeux mais la main les lui garda fermés tandis que la voix familière et étrangement douce lui disait à l'oreille de se rendormir. Il obéit.

X

La sensation du drap contre sa peau était douce, presque aérienne. Il resta immobile un instant, appréciant la sensation de dormir dans un vrai lit. Lui qui avait passé les deux dernières nuitd soit allongé sur le sol, baignant dans son propre sang, soit attaché a une chaise qui lui cisaillait les chevilles et les mains.

Attaché a une chaise.

Enfermé.

Séquestré.

Le Tueur.

Il ouvrit brutalement les yeux et s'assit vivement. Ce mouvement violent lui fit tourner la tête mais il s'en foutait et ses yeux parcoururent fiévreusement la pièce, tentant de comprendre. Il était dans un lit. Un vrai. Un avec un matelas, un drap et un oreiller qui sentait l'assouplissant a la vanille. Ce n'était pas normal.

Il inspecta la chambre, minutieusement. Trois des murs étaient couverts d'affiches de films multiples et variés, il en reconnu quelques uns comme Avengers ou la grande affiche de Game of Throne, d'autre lui était inconnu tel que Moonrise Kingdom. Une d'entre elle attira son regard et il eut un rire nerveux. Les Muppets. Ce gars avait une affiche du film préféré de Cora dans sa chambre. Une étagère croulait sous les nombreux DVDs et un bureau était couvert de feuilles en désordre. Il vit également de nombreuses bouteilles de bière vides, trois cendriers pleins et une dizaine de canettes de Monster, vides aussi. Il remarqua une guitare au sol, entouré par plusieurs partitions.

S'il n'avait pas su qu'il était dans la chambre du Tueur, il aurait pensé être dans celle d'un étudiant en cinéma. Un jeune normal, ayanttt une passion pour le septième art, accro aux boissons énergisantes et qui sait jouer de la guitare. C'est tout. Il n'avait pas imaginé sa chambre ainsi. Il avait imaginé un lieu plus malsain, couvert de photo des victimes, d'affiches de groupes de métal, films d'horreur et de jeux vidéos violents. A la place, ce type avait une affiche des Muppets.

Au loin, il entendit soudain un éclat de voix. Les mots étaient étouffés et il essaya de se lever pour se rapprocher de la porte mais son poignet gauche était menotté aux montants du lit. Il pesta mentalement et tendit l'oreille, chercha a capter des bribes de conversation.

Une voix juvénile, sans doute un jeune dans les dix-sept ou dix-huit ans, et celle devenue bien trop familière du Tueur. Le Commissaire perçu quelques mots de leur conversation :

- ...je sais... émission...tueur........recherché.... Enlèvement...

- ...sais ...

- laisse...t'aider... suis capable !

Le dernier mot est presque crier par l'adolescent, à moins que cela ne soit une adolescente ? La voix semble grave mais cela pourrait bien être une fille. Le Commissaire se mordit la lèvre, refflechissant aussi vite qu'il le pouvait. Ce jeune parlait avec le criminel, c'était donc sans doute un complice. Il avait du mal a imaginer qu'il puisse s'allier a une personne aussi jeune, mais peut-être était-ce lui qui estimait mal l'âge de l'inconnu ?

- Non...sérieux...négociable...tard...

La voix du criminel était ferme mais pas dangereuse, bien qu'énervée. Le prisonnier entendit la porte claquer et se demanda brièvement qui était sorti. Il le sut rapidement, puisque l'instant d'aprés la porte s'ouvrait sur l'homme aux cheveux fou. Ce dernier le regarda avec stupeur, ne s'attendant visiblement pas a ce qu'il soit déjà éveillé ;

- On t'as reveillé, mon chou ?

- Qui était-ce ?

- On est jaloux ? Tu voudrais m'avoir pour toi tout seul ?

Le regard noir du flic le fit pouffer et il referma la porte derrière lui, et commença, railleur.

- Tu es drôlement plus résistant que je ne le pensais... J'aime ça. Tu es exactement comme un héro.

- Et toi un connard.

- Tu veux que je m'énerve a nouveau ? demanda le criminel en haussant un sourcil, il ajouta en voyant le Commissaire frémir, c'est bien ce que je pensais. Bon, t'as faim ? Il reste deux-trois trucs a bouffer dans le frigo.

Le Commissaire aurait voulu l'envoyer paître et continuer de jeûner. Mais il devait se rendre à l'évidence ; s'il voulait tenir et trouver un moyen de s'échapper, il lui faillait des forces. Et présentement, il ne savait même pas s'il arriverait a se tenir debout sans défaillir. Avec répugnance, il hocha la tête. Le visage du criminel s'illumina ;

- Tu deviens coopératif, c'est cool. Par contre, c'est quoi le mot magique ?

Le brun manqua de s'étouffer et lui lança un regard incrédule qui se mua rapidement en regard plein de colère. Comment osait-il lui demander de le supplier ?! Jamais. Il ne s'abaisserait jamais a le supplier !

L'air joyeux du criminel s'effaça, ne laissant place qu'a celui qu'il arborait les jours précédents ; un visage de prédateur. Toute sympathie avait quitter ses traits et le Commissaire sentit la panique l'envahir ; qui sait si cette fois il ne le tuera pas vraiment ? Ses principes valaient-ils vraiment mieux que sa vie ? Il fixa le Tueur approcher lentement, comme un prédateur devant sa proie prise au piège. Il serra les poings, s'enfonçant les ongles dans la chair. Il sentit l'épiderme se déchirer et du sang coula sur sa paume.

Et le Tueur avançait. Lentement. Comme s'il calculait parfaitement la distance, pour faire monter la pression dans les veines de son prisonnier.

Il était affaiblit, seul, menotté et blessé. Le criminel était en pleine forme. Il se défendrait de tout son corps mais il savait qu'il ne pourrait rien. Ses valeurs étaient-elles plus importantes que sa vie ?

Le Tueur tendis la main et caressa la joue du Commissaire qui subit cette intrusion avec dégout. Le brun se retint de justesse de lui envoyer son poing dans le nez, sachant très bien que cela ne ferait qu'aggraver son cas. Le Tueur le savait. Evidemment. Le flic était piégé, à sa merci. Et tout deux en avaient conscience.

Douloureusement conscience pour l'un, délicieusement conscience pour l'autre.

La main du Tueur descendit avec une lenteur maitrisée dans son cou et un frisson remonta le long du dos du Commissaire. Le regard du Tueur se fit railleur et il attrapa l'épaule du Commissaire pour le forcer a s'allonger sur le lit. Le regard du brun se fit paniqué lorsqu'il comprit où le criminel voulait en venir. Il leva le poing pour le frapper mais, trop faible, il se fit maitriser par le Tueur qui bloqua son avant bras avec le sien.

Le flic releva les jambes, bien décidé a ne pas se laisser faire et donna un coup de genoux dans le ventre du plus jeune, le faisant tomber du lit.

- Putain ! M'approche pas, connard !

- Putain ! T'es sérieux ?

Ils s'exclamèrent en même temps et se fusillèrent du regard. Le criminel se releva, renversant quelques canettes vides au passage et se jeta sur son prisonnier en grognant. Ce dernier, bien que faible, se défendit comme il le pu et réussit a éclater la lèvre du plus jeune d'un coup de tête. Le criminel essuya sa lèvre avec sa manche et son poing percuta le thorax du Commissaire. Il gémit de douleur et se laissa retomber sur le lit, haletant. La douleur de ses nombreuses blessures le tiraillait et un nouveau gémissement plaintif franchit ses lèvres. Il n'avait jamais eu aussi mal.

Le Tueur profita de sa faiblesse pour s'assoir sur son bassin, le bloquant avec ses jambes et appuyant sa main sur son épaule afin de le maintenir allongé. Un sourire étira ses lèvres ;

- J'ai gagné...

- Contre un gars blessé et menotté, bravo. Tu veux une médaille ?

Son sarcasme fut accueilli par un ricanement et le Tueur se pencha au dessus de lui tout en posant son autre main autour de son cou ;

- Une médaille non, j'ai trouvé une récompense bien plus amusante.

- Vas te faire...

- Non désolé, ça c'est toi.

La réplique du brun mourut dans sa gorge lorsque le criminel appuya lascivement son bassin contre le sien. Un frisson remonta le long de son dos. Un frisson de dégout. Le Commissaire serra les dents et tenta de se dégager de l'emprise du criminel.

Il savait ce qui allait se passer. Il avait déjà arrêté des violeurs et prit les dépositions des victimes. Dégout. Douleur. Honte. Impuissance. Soumission. Peur. Il senti une pointe glacé transpercer sa poitrine. Non. Il ne voulait pas. Il ne pouvait pas lui faire ça.

Non. Pas a lui. ça ne pouvait pas lui arriver a lui. C'était impossible. Non. Pas à lui. C'était les autres qui subissait ça. C'était les filles. Ce ne pouvait pas lui arriver. Non. Pas à lui. Impossible. Le souffle chaud contre sa peau n'était pas réel. Ce n'était même pas sa peau. C'était qu'lqu'un d'autre. Pas lui. Tout comme ses mains qui parcouraient impérieusement son torse. Non. Pas son torse. Ce n'était pas le sien. C'était celui d'une poupée. Il n'était pas une poupée.

Le brun ne prit réellement conscience de ce qui arrivait que lorsqu'il sentit qu'on lui enlevait son pantalon. Il était dégouté. Il avait l'impression de n'être qu'un objet. Un putain d'objet. Il n'était pas un objet. Il laissa rouler quelques larmes, brulantes. Il n'était pas un objet. Les mains s'étaient aretté avant de descendre son boxer et il sentit qu'on lui essuyait doucement la joue ;

- Toi, tu pleures ? murmura le Tueur.

- Arêtes...S'il te plait...

La main qui avait essuyé sa joue le força a regarder le criminel. Il était prés. Bien plus qu'il ne l'avait jamais été. Le brun, les yeux brillants de larmes qu'il tentait de retenir par excés de fierté, tenta de fuir le regard clair et inquisiteur du plus jeune. Ce dernier répéta, toujours en murmurant ;

- Tu pleures.

Le Commissaire ne répondit pas, le regard fuyant, et le criminel sembla reflechir, comme surpris par les larmes du flic. L'expression indéchiffrable, il dévisageait le brun qui tremblait de peur, malgré lui.

Le Tueur se redressa, s'éloignant du flic. Il sortit sans un mot. Une vingtaine de minute plus tard, le Commissaire avait une assiette de nourriture sur la table de chevet.

X

Le Commissaire but son deuxième verre cul sec et un frisson le parcourut. Aujourd'hui seulement, il comprenait pourquoi le Tueur s'était arrêté, ce jour-là. Pourquoi il ne violait ses victimes qu'après leur mort. Il ne voulait pas revoir cette peur la dans leur yeux. Il ne voulait pas se reconnaitre dans leur yeux. Lui. Reconnaitre le regard qu'il avait lorsqu'il n'était qu'un gamin terrifié et abusé, ne pas être vu comme lui voyait son père.

Il avait eu peur, ce jour la. Peut-être même plus que lorsqu'il avait cru mourir. Bien plus en vérité. Il avait failli être violé par l'être qu'il haïssait le plus. Et maintenant, tu éprouves du désir pour lui marmonna sa conscience. Il se mordit la lèvre. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Il était malade...

X

Il ne savait pas depuis combien de temps il était dans cette chambre. Une heure ? Un jour ? Une semaine ? Il n'y avait aucune horloge et la fenêtre aux volets fermés étaient masquée par un épais rideau. Etait-ce le jour ? La nuit ? Il n'en savait rien. Le Tueur lui avait apporté à manger, un sandwich au poulet et une bouteille d'eau. Il en avait mangé la moitié et but moins d'un tiers de l'eau. Il ne savait pas quand le criminel lui redonnerait de la nourriture convenable et il préférait l'économiser.

Il avait peur de devenir fou. Enfermé, sans aucune notion du temps et avec pour seule compagnie un criminel psychopathe qui passait occasionnellement vérifier qu'il été encore en vie. A intervalle irrégulier, pour qu'il ne puisse pas en déduire le temps qui passe. Alors, pour garder son esprit en alerte, le flic se trouvait des occupations. Il se répétait les tables de multiplications, récitait des passages entiers du code civil, les horaires d'ouvertures du commissariat et de l'école de Cora. Il faisait tout pour ne pas penser à ce qui allait lui arriver.

Parce qu'il allait mourir. Il le savait.

Et ça le terrifiait.

X

Sa main effleura sa cicatrice. Petit souvenir laissé par le Tueur, avant sa fuite.

X

Le Tueur entra dans la chambre. Il avait l'air préoccupé et agacé. Il ne regarda même pas le Commissaire, qui s'était recroquevillé a sa vue, et attrapa un sac de sport dans lequel il fourra pêle-mêle des DVDs, un lecteur de film portable, quelques fringues, un déo et son matériel pour tourner les vidéos. Une fois quelques provisions ajouté dedans, il se tourna vers le Commissaire et le regarda d'un air presque triste.

- J'aurais bien voulu qu'on passe plus de temps ensemble, mais tes clebs m'ont retrouvé. Faut croire que quand ils ont une bonne motivation, ils sont plus doués...

Il se passa une main dans les cheveux, les ébouriffant d'une manière grotesque. Ses yeux furetèrent dans la pièce, s'attardant sur les affiche de film d'un air mélancolique. Sans doute car il ne pouvait pas les prendre dans sa cavale. Son regard finit par se reposer sur le Commissaire et il s'en approcha d'un air peu assuré.

Une fois devant le lit, il se balança un peu sur ses pieds, semblant chercher quoi faire. Il avait étrangement l'air d'un gamin perdu et timide. ça avait quelque chose de malsain.

- Tu sais, je voulais pas te tuer. Enfin pas tout de suite. J'voulais juste que tu comprennes que mon travail a un intérêt.

- Rien ne justifiera jamais de tuer des gens.

- Si !! Justement. Ma cause justifie tout ! J'agit pour le bien commun et la fin justifie les moyens.... ce que je fais a un intérêt. Y a des gens qui regardent. Y a des gens qui apprennent en m'écoutant. Je leur donne une leçon !

- Tu n'es rien d'autre qu'un minable Tueur !

- Non !

Le jeune homme attrapa le couteau de cuisine qu'il avait dissimulé dans la poche de sa verte et le leva. Il marqua une seconde d'hésitation, cherchant quelques chose dans le regard sombre du Commissaire, puis il abaissa impitoyablement son arme sur lui. Il transperça la chair. Le brun hurla de douleur.

Le Tueur se pencha et murmura a l'oreille du flic, qui tentait de respirer tout en gémissant de douleur ;

- Comprends moi, s'il te plait. J'ai besoin que tu me comprennes. Tu es spécial. Spécial. Comprends moi. Commissaire. Mon Commissaire. Tu me comprends, hein ? Tu es spécial. Tellement...

Il semblait plus se parler a lui même qu'au Commissaire et une fine pellicule de sueur brillait sur son front, collant quelques unes de ses mèches.

La plaie saignait abondamment et un hoquet de douleur agita le brun qui regardait le Tueur avec Peur. Il ne voulait pas mourir. Il remarqua avec étonnement que les joues du Tueur étaient couvertes de larmes. La douleur l'empêcha d'y songer.

Les yeux clairs se plantèrent dans leurs homologues sombres. La seconde suivante, le Commissaire sentait avec stupeur les lèvres du Tueur sur les siennes. Le baiser ne dura que quelques secondes. Tremblant et violent.

Quand on le retrouva, peu de temps après, il était inconscient et au bord de la mort. Le Tueur était parti déjà. Loin. Le brun s'en sorti miraculeusement.

X

Il regarda le verre vide d'un air désabusé et un bruit étranglé sorti de sa gorge, mélange entre le gémissement plaintif et le rire cynique. Le brun rangeat l'alcool et le verre puis retourna dans sa chambre et se recoucha en tentant de ne pas reveiller Eléonore.

Il eut un soupire et regarda le plafond blanc. « On est pareil ».

- Peut-être...

Son murmure brisé sonna comme une confession. Le brun étouffa un sanglot. Il ne comprenait plus. Il ne se comprenait plus. Et son regard se posa sur l'armoire, tremblant. Non. Ces taches sombres qu'il devinait dans la pénombre. Ce n'était pas du sang. Ce n'était pas du sang sur ses chaussures de ville.

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