Collaboration

By SachaOak

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Deux ans après l'arrestation du Tueur Cinéphile, le Commissaire se reconstruit. Encore traumatisé par sa séqu... More

Prologue
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX - Dernier Chapitre

Chapitre VIII

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By SachaOak

Vendredi 18 Octobre 2013, forêt du Vercors

Le vent était glacé. En face de lui, le manteau volant au vent et le visage ruisselant de pluie, le Commissaire semblait frigorifié. Le jeune homme sentit un gout ferrailleux au coin de ses lèvres et lécha discrètement sa lèvre, récupérant le sang du bout de la langue. Son visage en était couvert, vestige de son dernier crime. Alors...ça allait se finir comme ça ? Dans cette forêt, sous une pluie diluvienne comme dans la fin d'un vieux film cliché ? Il était...déçu.

Dans sa main, sa camera tournait toujours, pointée vers le Commissaire. Il pensa un instant que c'était cool. La dernière fois qu'il avait filmé le brun, il était drôlement bien passé à la camera. Il avait ce truc qui faisait qu'il attirait le regard et qui ressortait bien à l'image. Il songea aussi que c'était sans doute la dernière chose qu'il filmerai avec l'appareil.

Il se redressa, ignorant la douleur lancinante sur son torse. Le mec dont il s'était servi pour son dernier Unknown Movies s'était mieux défendu que prévue et avait retourner son couteau de chasse contre lui même. La blessure n'était pas profonde, juste une entaille lui traversant le torse. Sa chemise était poisseuse de sang. Il planta son regard dans celui du flic.

Fier. Le criminel soutint le regard du Commissaire. Il ne voulait pas que ça finisse comme ça, que ça finisse ainsi... Bien trop cliché. Le "gentil" Commissaire qui arête le "méchant" Tueur. Trop manichéen. Trop faux. Trop cliché. Il renifla dédaigneusement, un gout amer dans la bouche.

- Alors, c'est fini ?

La voix du Commissaire sembla lointaine à ses oreilles lorsqu'il lui répondit. Tout comme sa propre voix.

- Tu es en état d'arrestation.

Il eut un rire sardonique et sans joie. Cette phrase sonnait étrangement. C'était surréaliste. Un sourire fleurit sur ses lèvres. Incongru.

- La partie est fini alors.

- C'était pas un jeu, connard !

- Vas-tu tirer ?

Il regarda le policier, se demandant sérieusement s'il allait tirer. Après tout ce qu'ils venaient de vivre ensemble. Cette Traque, ces trois jours durant lesquels il l'avait gardé pour lui. Il ne pouvait pas tirer. Impossible. Il s'ennuierait trop sans lui. Le Commissaire n'est rien sans son Tueur. La main du flic eut un tremblement. Infime. Léger. Presque invisible. Mais il ne passa pas inaperçu aux yeux du jeune homme.

Rassuré, le criminel sourit un peu plus. Au loin, il entendait les aboiements se rapprocher et ce n'était plus qu'une question de minutes à présent avant que les autres n'arrivent. Avant que la possibilité de tirer ne soit réduite à zéro.

Il planta son regard dans celui du Commissaire. Les secondes s'étirèrent.

Du bout des lèvres, le jeune homme demanda :

- Tu ne vas pas t'ennuyer, maintenant, sans moi ?

- ça m'étonnerai.

- J'en suis sur. Regarde toi, tu t'en veux déjà de m'avoir arrêté.

Un grognement lui répondit. Nullement impressionné, il continua ;

- Tu vas avoir du mal à vivre sans moi. Sans l'adrénaline.

- Ta gueule.

- j'ai le droit de garder le silence, je sais. Mais j'ai envie de parler. C'est peut-être notre dernier rendez-vous, tout les deux.

- Arrêtes avec tes conneries de rendez-vous !

- Tu t'y feras. Tu verras.

- Je prefere pas, non.

Il ricanna.

- Tu sais... Sans moi, tu vas vraiment te faire chier.

- C'est plutôt l'inverse. Remarque, en prison, tu pourras enfin l'écrire ce livre. Ce sera passionnant, j'en suis sur, railla le Commissaire.

Haussement de sourcil de la part du criminel.

- Tu le liras, si j'en fais un ?

- Aucune chance.

- T'es méchant. On peux pas discuter deux secondes entre gens civilisés ?

- Ah, parce que tu te considère comme civilisé ? Heureusement que tu précise, c'est pas évident au premier coup d'oeil.

- A ta place, je la ramennerai pas ; tu as l'air aussi dément que moi.

- NE ME COMPARE PAS A TOI !

Le tueur eut un mouvement de recul, levant instinctivement sa main devant son visage en craignant que le coup de feu ne parte. Protection bien dérisoire face a une arme a feu. Il observa le Commissaire, surpris par la violence soudaine qui avait remplacé le cynisme mordant de l'homme. Il avait touché une corde sensible. Sa réplique ironique resta coincée dans sa gorge lorsqu'il vit la multitude de flic qui approchait et qui les entouraient, le tenant en joug. Remit de sa surprise -il les pensait plus loin-, le jeune homme sourit et mit ses mains en évidence ;

- Tout ça pour moi ? Vous me gâtez.

Son regard se reposa sur le Commissaire. Ce dernier avait baissé son arme et s'approchait lentement de lui avec des menottes. Le plus jeune grimaça ;

- Ah, je suis pas fan de menotte. Le sadomasochisme c'est pas trop mon truc, désolé. En plus j'ai les poignets vachement sensibles.

- Tais toi. T'es pas vraiment en position de la ramener.

- Tsss, rabat-joie.

Le flic le menotta violement, serrant les bracelets de métal au maximum arrachant une grimace au tueur. Le jeune homme replongea son regard dans les yeux noir du commissaire et dit d'une voix a peine audible ;

- Je pensais ce que j'ai dit, ce jour-là.

Le visage du Commissaire resta impassible mais ses yeux se troublèrent légèrement, perturbés. Il finit par le pousser ;

- Allez, avance.

X

- "... Nous condamnons l'accusé à la prison à perpétuité, et demandons a ce qu'il suive des soins psychiatriques."

Le criminel sentit son sang bouillir dans ses veines et s'agrippa à pleines mains aux barreaux devant lui. Sa respiration s'alourdit tandis qu'il dardait son regard meurtrier sur la juge, éructant de rage ;

- Je ne suis pas malade, salope !

Elle ne daigna pas le regarder et il renifla dédaigneusement. Salope frigide mal baisée et inculte à l'art cinématographique. Il n'était entouré que de connards incultes de toute façon. Et dire qu'il avait fait ça pour eux... POUR EUX ! Il refusait de s'excuser ou d'admettre qu'il aurait pu se tromper. Il était dans son droit. Il avait fait cela à sa façon mais...sérieusement, qui ne l'aurait pas fait pour le cinéma ? Il n'était pas dans l'erreur. Les autres l'étaient mais pas lui. Seul contre tous. Martyr dévoué à sa cause. Qu'importe qu'il finisse crucifié, tant que son message était entendu.

Son seul regret était que personne ne reprendrait le flambeau. Qui allait continuer son œuvre ? Si lui n'était plus là pour le faire... Il serra les dents. Qui ? Qui allait faire vivre les Unknown Movies ? Son regard erra dans la foule et se figea dans un regard noisette. Compréhension. Soutient. Le criminel souri. Il hocha la tête, rassuré. Lui, reprendrait. Il le savait. Après tout, n'était-il pas son plus grand fan.

Le criminel se fit emmener brutalement par les flics mais il se laissa faire. Même s'il aurait bien aimé leur casser le nez, ou un os. Ou plusieurs. Surtout plusieurs. Au marteau. Putain, il fallait vraiment qu'il arête d'imaginer des meurtres et autres pulsions sordides ou il allait bander et ça le ferait pas.

Le Tueur sentit soudainement un regard et se tourna vivement. A quelques mètres de lui, entouré par son équipe, le Commissaire le regardait fixement. Leurs regards s'accrochèrent un instant. Aucune haine dans leur échange muet, juste de l'amertume. Alors, c'était fini ? Tout ça... Cette Traque, cette cavale, ce jeu du chat et de la souris aux rôles flous et interchangeables...Ce frisson, cette adrénaline, cette envie de prouver a l'autre qu'on était le plus fort, le meilleur.

Le Héro.

Finalement, peut être qu'ils l'étaient tout les deux. Ou bien aucun. Quelle importance, à présent ?

Le criminel fut forcer de détourner le regard, poussé par un des flics. Il sentit longtemps la brulure du regard de Commissaire sur sa nuque.

X

Il était stressé. Le jeune homme regardait les autres prisonniers autour de lui se déshabiller sans pudeur, mal a l'aise. Il resserra ses doigts sur ses genoux et se vouta un peu plus. Il haïssait les douches communes. Son corps était parcourut de léger frisson, et il poussa un profond soupire.

Il commença a se déshabiller, un peu a l'écart des autres. Dos au mur et le regard fuyant, il se sentait vulnérable. Tellement vulnérable. Et les coups d'œil des autres prisonniers vers lui ne l'aidait guère a se sentir rassuré. Le criminel tenta d'ignorer les moqueries qu'il entendait de la part de ses...camarades de prison. Parcourut de frisson, il avança lentement et se mit sous le jet d'eau glacé.

Il glissa et manqua de tomber au sol lorsqu'un des prisonniers le bouscula. Vulnérable. Le jeune homme tituba un instant, cherchant a retrouver son équilibre et fusilla du regard l'importun. Ce dernier le regardait du haut de son mètre quatre vingt-dix, un sourire cruel placardé aux lèvres. Dangereux et stupide furent les premiers mots qui vinrent a l'esprit du Tueur pour le définir.

- Alors comme ça c'est toi le fameux tueur en série qui a terrorisé la France ?

Le ton du prisonnier était banal, mais le criminel percevait très bien la menace latente. Il remarqua du coin de l'œil que les autres s'étaient sensiblement rapprochés. Vulnérable. Il frissonna. Malaise. Il se sentait mal, démuni et vulnérable. Tellement vulnérable. C'était a vomir. Il n'était plus le chasseur, il était la proie. Et il n'aimait pas la sensation paralysante de peur qui se diffusait dans ses veines, comme du poison.

- Je m'attendais a plus impressionnant quand même. Je suis déçu, pas vous les gars ?

Des exclamations lui répondirent. Son sourire plein de fiel s'accentua. Le plus jeune chercha furtivement une issue, une faille dans cette chaine humaine l'entourant. Le gitan continua ;

- Le "Tueur Cinéphile", le "Tueur à la camera", ça en jette, c'est vrai. Et finalement t'es rien qu'un petit gros terrorisé et tremblant. Une loque. Une tafiole.

Il accompagna sa dernière insulte d'un coup dans le thorax. Le Tueur haleta, le souffle couper.

- On aime pas trop les violeurs par ici, tu sais ?

Nouveau coup, plus violent. Suivit par d'autre. Le jeune homme leva les mains pour protéger son visage et recula. Vulnérable. Il sentit des mains agripper sa nuque et glisser sur son cou, le faisant suffoquer, d'autres attrapèrent ses bras, ricanant sur son manque d'exercices physiques. Tenu ainsi, le moindre mouvement étaient entravés, il regarda, tremblant, l'homme avancer vers lui et murmurer vicieusement a son oreille ;

- Tu sais ce qu'on leur fait, aux violeurs ?

Il attendit un instant, savourant la tension qu'il faisait naitre chez le plus jeune avant de répondre lui même a sa question

- On leur rend la monnaie de leur pièce.

Brusquement, un nouveau coup percuta sa mâchoire et il se fit brutalement plaquer contre le mur, le visage écrasé contre les carreaux sales. Vulnérable. Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur lorsqu'il comprit. Vulnérable. Son sang se glaça. Vulnérable. Non. Pas encore. Il ne voulait pas subir ça a nouveau. Des larmes brulante de rage et de peur dévalèrent ses joues. Non. Pas encore. Il n'était plus ce petit garçon. Il ne l'était plus. Il s'était débarrassé de son tortionnaire. Il n'était plus faible.

Il n'était plus vulnérable.

Un déclic sembla se produire dans sa tête et il s'arracha violement au prises de ses tortionnaires en hurlant de rage. Comme dans un état second, il attrapa les cheveux du plus proche prisonnier et lui éclata violement le visage contre le mur carellé. Furibond, i se jeta sur le leader du groupe et écrasa sauvagement ses poings contre son visage hébété. Ignorant les coups qu'il se prenait lui même, ne se concentrant que sur la haine bouillonnante en lui. Le dégout qu'il ressentait pour eux. Il continua de frapper avec un sourire dément sur les lèvres ;

- Et la ?! Tu veux toujours t'en prendre à moi, connard ?! Tu veux encore me baiser ?!

Il ne sut combien de temps il le frappa avant d'être arrêté par trois gardiens et leurs tasers. Le visage ensanglanté du gitan, réduit en une masse informe de chair et de sang, imprimé dans sa rétine.

Il n'était pas la proie. Il n'était pas vulnérable, n'est-ce pas ?

X

Le jeune homme réussit à se défendre et à échapper aux représailles durant quelques semaines. Evitant les contacts avec les autres prisonniers. Bête apeuré et traqué, se terrant dans un coin, dissuadant quiconque de l'approcher. Sauvage. Malade. Dément. Malheureusement, il ne pouvait fuir éternellement.

Quatre contre un, qu'aurait-il pu faire ? Il tenta d'appeler les gardiens. En vain. Après tout, qui viendrait en aide au "Tueur Cinéphile" ? Ce tueur en série, violeur et nécrophile, massacrant en l'honneur du cinéma et n'éprouvant pas le moindre remord ? Personne.

Il avait frappé, mordu, hurlé, griffé jusqu'a ce que, excédé et couvert de blessure, un des détenus ne lui cogne l'arrière du crâne contre le sol en béton. La douleur lancinante et la sensation du sang poisseux le long de sa nuque l'avait comme anesthésié. Un voile passa devant ses yeux. Une question. Pourquoi ? Pourquoi devait-il subir cela a nouveau ? N'était-il bon qu'a cela ? Dégout.

Les ombres étaient revenues, ressuscitées d'un lointain souvenir enfantin. Terrifiantes. Et putain, ce que ça faisait Mal.

Il avait envie de vomir. Et de crever. Bordel.

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