DIVORCE IMMINENT - Tome 1 [So...

Av LaurieEschard

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Roman édité chez Shingfoo Editions. Disponible en version numérique dès le 30 avril 2020 sur toutes les plat... Mer

DIVORCE IMMINENT
NDA
[CHAPITRE 01]
[ CHAPITRE 02 ]
[CHAPITRE 04]
[CHAPITRE 05]
DIVORCE IMMINENT- Tome 1
[WAOUH]
NOTE DE L'AUTEURE
MARIAGE IMPRÉVU
UN GRAND MERCI
MARIAGE IMPREVU - Tome 2
[LOVE NAKED]

[CHAPITRE 03]

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Av LaurieEschard

CHAPITRE 03

Alice

•••

3 avril 2020


— Eh ! Mais ne vous gênez pas surtout ! Je râle. C'est mon taxi !

Alors que l'homme d'affaires balance son attaché-case sur la banquette arrière du taxi, je jette un coup d'œil au chauffeur, espérant que celui me vienne en aide. Il ne dit rien, en a clairement rien à foutre et continue à mâcher vulgairement son chewing-gum sans dire un mot. Il se contente seulement d'hausser les épaules.

— Désolé ma petite dame, j'ai une réunion très importante à l'autre bout de la ville et je suis très en retard !

Et moi, je dois annuler mon mariage au plus vite !

— Mais je m'en fous ! C'est mon taxi !

Je retiens l'homme par le bras et il se dégage de mon emprise en quelques secondes.

— Ça va ! raille-t-il. Vous n'avez que ça à faire de votre journée ! Je travaille, moi, et vous, vous avez le temps pour votre séance shopping !

Mais quel mufle ! Face à sa réflexion si sexiste, je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit que l'homme m'a déjà claqué la portière au nez. Je l'insulte encore de tous les noms d'oiseaux que je connais alors que le taxi s'engage dans la circulation. Quel toupet ! Sous prétexte que je suis une femme, ma seule distraction est forcément le shopping. Il ne sait pas que nous ne sommes plus dans les années cinquante et que les femmes aussi, ont une activité professionnelle de nos jours ?

J'hèle un nouveau taxi, ma valise toujours à la main et dieu merci, personne ne semble se risquer à m'en voler un nouveau. Difficilement, je glisse ma lourde valise sur la banquette du taxi et essuie mon front. La chaleur du Nevada est étouffante et écrasante. Il est à peine midi qu'il doit déjà faire une trentaine de degrés. Dire qu'il y a plusieurs heures, j'étais en France, vêtue d'un manteau, à cause de ce foutu vent.

J'ai toujours aimé les Etats-Unis, hormis leurs longues heures de contrôle à l'aéroport et leurs facultés à perdre mon bagage à chaque fois que je foule leur sol. Heureusement, cette fois ci, ils me l'ont retrouvé assez rapidement, bien que j'aie perdu près de quatre heures de mon temps et que j'ai eu une sacrée envie de meurtre à cause de ce mufle en costard cravate.

— On va où ma jolie ?

— Au tribunal, s'il vous plait.

Je rêverai d'une bonne douche, afin d'éliminer ses onze heures de vol, sans compter les trois heures d'escale à Washington mais ma priorité est ce fichu mariage.

Le plan concocté avec Audrey et Clément, mon nouveau meilleur ami, est simple. Je fais ma demande d'annulation, je rentre à l'hôtel, je dors un peu avant de reprendre mon avion dès dimanche. Ça me laissera le temps de finir l'ordre du jour de ma réunion de mardi prochain.

Le chauffeur s'insère sur la chaussée et je pose ma tête contre la vitre de la portière en souriant, préférant oublier ce fichu épisode avec Monsieur « j'ai une réunion très importante ».

Alors que le taxi remonte le Strip jusqu'au tribunal de Las Vegas, je regarde le paysage défilé sous mes yeux. Cette ville m'a tout de même manquée. J'y ai passé un an de ma vie pour obtenir mon diplôme dans les finances, lors de mon Erasmus et je m'y suis même fait de nombreux amis. Je repense à mon ancienne colocataire, avec qui j'ai de nombreux souvenirs. Je ne sais même pas si elle vit toujours ici, je n'ai pas eu de nouvelles d'elle depuis quatre ans.

Je n'ai jamais eu l'occasion de revenir à Las Vegas depuis que j'ai fini mes études et jamais je n'aurais pensé y revenir pour cette raison. Pendant quatre jours, je n'ai cessé de ruminer ma situation. J'ai vérifié les différents articles de lois américaines pendant mes nuits d'insomnie et il s'avère que Clément a raison. Je peux annuler ce mariage en quelques jours, à la condition que mes arguments devant le juge soit béton Mais je n'oublie pas les mises en garde de Clément sur la principale raison de ma demande d'annulation. J'ai peur que le juge à qui j'ai affaire ne soit pas très conciliant et refuse l'annulation du mariage. Avec ma chance, je vais tomber sur un ancien alcoolique anonyme qui ne supporte pas entendre le mot « alcool ».

Mais si la chance me sourit, je reviendrais en France en femme libre de tout engagement. Et je ne vois pas d'autres scénarios possibles. Je ferai tout pour retrouver ma liberté.

Et puis, le petit plus dans l'histoire est qu'avec ce maudit mariage annulé, il ne figurera même plus dans le registre de l'état civil. Ardoise effacée, il ne sera jamais rien passé ! Charles n'a donc aucune raison d'être au courant. Ça restera mon petit secret.

Bon, maintenant, Audrey, Clément et mon cher et tendre premier époux « bientôt effacé de mon état civil » sont au courant et je leur promets les pires sévices si l'un d'eux décident de parler. Pour Clément, je ne me fais pas de soucis, je le ne reverrais sûrement jamais ce petit serveur. Pour Raphaël, ça ne devrait pas poser de problèmes, à part s'il décidé de revenir en France.

Non, ce qui m'inquiète, c'est Audrey. Bien que j'ai eu sa parole d'honneur de garder ce petit secret, je connais bien trop ma meilleure amie. Elle ne sait pas garder sa langue et serait capable de faire une gaffe.

— On est arrivé ma jolie, me dit le chauffeur.

Je me tire de mes pensées, observe le tribunal et lui tend aussitôt des billets pour régler ma course. Je sors du véhicule, sans oublier de récupérer ma valise et pénètre dans le tribunal en souriant, pleine d'espoir et heureuse de savoir que dans quelques heures, ce maudit mariage sera annulé.

•••

Fini le petit sourire et l'excitation de redevenir une femme célibataire et libre de tout engagement ! Ça fait exactement dix heures que je suis sur le sol américain et plus de cinq heures que je poireaute comme une conne dans ce fichu tribunal. Sérieusement, même à la sécurité sociale, ils sont plus rapides.

Je souffle d'agacement et mon pied tapote le carrelage en marbre du couloir du tribunal.

À côté de moi, un vieil homme me toise du coin de l'œil. Je stabilise aussitôt ma jambe. C'est vrai que je dois être agaçante. Je lui souris pour m'excuser puis tourne ma tête vers ma gauche. Dans son cosy, un petit bébé de six ou sept mois, gazouille en tendant ses mains vers moi. Je lui souris à mon tour puis lève les yeux vers la mère.

— Il est mignon. Comment il s'appelle ? je demande.

Je ne sais pas pourquoi j'ai demandé ça, sûrement pour faire passer le temps qui est incroyablement lent. La femme me sourit avant de remettre la tétine dans la bouche de son bébé.

— Jayden. Et moi, je suis Nora

— Enchanté. Je suis Alice.

— Alice comme dans Alice au pays des merveilles ?

Mon sourire s'efface. Je déteste ce dessin animé rien que pour ça.

— Française ?

— Tout à fait.

— Je l'ai compris à votre petit accent. Vous habitez ici ou vous êtes en vacances ?

— Ni l'un, ni l'autre. Je suis venue pour annuler mon mariage.

— Et bien, bon courage, il parait que c'est une galère administrative.

Elle vient de me décourager en quelques secondes mais je ne compte pas me laisser abattre. Des arguments pour annuler ce mariage, j'en ai la pelle. Et je ferai tout pour ne plus être associer à Raphaël Beaumont.

— Je... Je pourrais vous demander un petit service ? reprend t-elle.

— Oui bien sûr.

— Vous pouvez me garder Jayden le temps que j'aille aux toilettes.

Je reste sans voix et incapable de dire ou faire quelque chose. Comment peut-elle confier son enfant à une parfaite inconnue ? Elle ne connait que mon prénom. Elle est inconsciente ?

Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle se lève aussitôt en me remerciant puis traverse le long couloir.

Toujours abasourdie, je la suis du regard avant de me concentrer sur le petit Jayden. J'aime bien les enfants... Mais des autres ! Je ne me vois pas du tout devenir maman et prendre autant de responsabilité.

Pendant quelques minutes, je m'amuse à faire rire le bébé, quand une assistante juridique appelle un nom.

— Madame Beaumont.

Je relève mon visage et observe les personnes dans la salle d'attente. Le couloir s'est vidé sans que je m'en rende compte, trop occupée à faire des papouilles au petit Jayden. Personne ne semble réagir.

— Madame Beaumont Alice ! répète-t-elle ; irritée.

Quand j'entends mon prénom, je me reprends. Et merde ! C'est censé être moi. Mes oreilles saignent, rien que d'entendre son nom et mon prénom dans la même phrase. Hésitante, je me lève puis regarde à droit et à gauche, à la recherche de la mère de Jayden, qui n'est toujours pas revenue.

— Madame, s'il vous plait. Vous êtes la dernière pour l'état civil et nous aimerions bien partir en week-end.

— J'arrive.

Résignée, je saisis l'anse du cosy et prends le sac à langer laissé par la mère aux pieds de la chaise que je fourre sur mon dos. Je suis la femme jusqu'à un petit bureau où une femme d'une cinquantaine d'années est assise derrière son bureau.

— Très bien, Madame Beaumont, asseyez-vous.

Je grimace. Je ne suis pas Madame Beaumont. Je suis la très bientôt Madame Delvincourt.

— Votre demande d'annulation de mariage a été rejetée, me dit-elle sans détacher ses yeux de mon dossier.

Quoi ? Elle n'est pas sérieuse ? Mon cœur cesse de s'arrêter quelques secondes. Je sens que je vais faire une crise cardiaque. Je tente de reprendre mon souffle et de calmer mon rythme cardiaque. Je suis sûre qu'elle essaie de me faire une petite blague. C'est forcément ça ! Je me mets à rire, nerveusement.

— Je peux savoir ce qui vous fait rire, Madame Beaumont ?

— Je... Attendez, vous êtes sérieuse ?

— Je ne suis pas connue pour être comique...

Tu m'étonnes. Elle est carrément flippante avec son chignon serré, ses petites lunettes et son tailleur emprunté à Madame Doubtfire.

— Et je pourrais savoir pour quelle raison ?

La femme baisse les yeux sur son dossier puis relève la tête en retirant ses lunettes.

— Il est écrit qu'une demande de retranscription de l'acte de mariage a été fait auprès du Consulat de France de Las Vegas le 29 avril 2016, dit-elle en remettant ses lunettes.

Une demande de retranscription ? C'est quoi ce truc ?

— Attendez, je ne comprends pas. Qui a fait la demande ?

— Monsieur Beaumont.

— La garce ! Je souffle.

La femme m'interroge du regard, d'un air sévère.

— Je suis désolée. Je parlais de lui, bien sûr. Et qu'est-ce que ça signifie ?

— Que votre mariage ne peut être annulé. Vous devez faire une demande de divorce que vous, comme votre mari, devez signer.

Je me fige. Non mais ce n'est pas possible. Je ne peux pas divorcer, je dois annuler ce mariage ! Il a vraiment tout fait pour m'emmerder jusqu'au bout.

— Et dès que la demande de divorce a été déposée, ça prendra combien de temps ?

— Quel est le problème exactement, Madame Beaumont ? dit-elle, agacée.

— Je... Je me marie en septembre. Le voilà mon problème.

Elle me fixe, agacée.

— Et qu'est-ce qui vous a empêché de faire une demande de divorce plus tôt ?

Je soupire d'agacement. Cette femme est aussi chieuse que mon pseudo mari.

— Madame Beaumont... se radoucit-t-elle.

Madame (très bientôt) Delvincourt ! Bordel ! Ce n'est pas si compliqué !

— Quel est le problème ?

Je ne réponds rien. Hors de questions que je raconte ma vie à cette vieille peau.

— Ecoutez, je me mêle sûrement de ce qui ne me regarde pas mais vous pouvez peut-être essayer d'arranger les choses entre vous.

— Arranger les choses ?

— Rentrez chez vous Madame Beaumont et essayez de régler votre problème avec votre mari. Faites-le pour votre bébé.

Mon bébé ? Je fronce les sourcils jusqu'à ce que ses yeux descendent vers le petit Jayden qui joue avec son jouet. Je l'avais complétement oublié.

— Il n'est pas très vieux. Et vous pourriez peut-être faire quelque chose pour que ses parents restent ensemble.

— Quoi ? Je... Non, attendez ! Ce n'est pas ce que vous croyez. Le bébé n'est...

Fatiguée, je finis par me pincer l'arête de mon nez. Je soupire. Je ne vais pas lui raconter ma vie, surtout maintenant que je dois passer par une procédure de divorce. Et si je veux me marier en septembre, comme prévu, je ne peux pas perdre de temps.

— Je... Pourrais avoir l'adresse de mon cher mari ?

Son sourire s'efface. Elle se penche une nouvelle fois sur son dossier. Elle retranscrit l'adresse de Raphaël sur un post-it, qu'elle fait glisser jusque moi.

Tusayan, Arizona.

•••

Je suis à deux doigts de la crise de nerf. Ce petit périple pour me débarrasser de mon cher mari est le pire voyage que j'ai pu faire. Moralement, je suis extenuée. Mon plan si simple est en train de s'effondrer comme un château de cartes. Je n'ai pas le choix : je vais devoir divorcer. Et dire à Charles que j'ai été mariée. Autant, avant, je détestais Raphaël mais maintenant, je le hais. Dès que je l'aurais face à moi, je lui tordrai son petit cou et lui briserai les noix en souriant sadiquement. Il m'a mise dans une merde encore plus noire en faisant retranscrire ce pseudo mariage au consulat de France. Et je suis sûre qu'il a fait ça pour me faire chier. C'est bien son style. Il a toujours été un emmerdeur de haute compétition.

Cela fait quatorze heures que je suis arrivée à Las Vegas que je n'ai qu'une hâte : Prendre mon vol de retour. Vol que j'ai dû repousser d'une journée afin de retrouver Raphaël pour qu'il signe la demande de divorce. Je peux dire adieu à ma journée détente au SPA de l'hôtel.

En sortant du bureau de cette vieille bique de Doubtfire, j'ai été accueilli par deux agents de sécurité loin d'être amicaux et une mère en panique, qui criait au kidnapping d'enfant. Une fois que j'ai réussi à calmer tout ce petit monde, au bout d'un bon moment, je suis sorti du tribunal avec une demande de divorce en main, déterminée à faire signer mon cher mari dans les plus brefs délais.

J'ai dû trouver un moyen de rejoindre Tusayan au plus vite et après des renseignements auprès de l'aéroport, j'ai pris un vol interminable dans un vieux coucou, où j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux à chaque turbulence.

Arrivée dans le petit aérodrome de Tusayan, je n'ai pas trouvé de taxi et a dû attendre une navette, que j'ai mis plus d'une demi-heure à trouver, afin d'arriver enfin à destination.

Et quelle déception, maintenant que je suis dans cette petite ville !

Autour de moi, hormis quelques bâtiments délabrés, il n'y a rien. Ils appellent ça une ville ? Ville, c'est un bien grand mot. Je suis clairement dans le trou du cul du monde ici. Bienvenue à Plouc-Ville, Alice ! Et il n'y a personne dans la rue. Un frisson court le long de ma colonne vertébrale. Et en plus, il commence à faire nuit.

Je regarde autour de moi. Je ne sais même pas par où commencer. Je remonte l'anse de mon sac à main sur mon épaule et commence ma marche en tirant ma lourde valise.

Bon ma priorité : manger ! Je suis affamée et je ne serais pas contre un bon cheeseburger. Ensuite, je dois me trouver de quoi dormir. Est ce qu'il y a des hôtels ici ? J'espère que oui car je ne me vois pas dormir à la belle étoile. Je n'ai d'ailleurs jamais fait de camping de ma vie.

Mon téléphone se met à sonner dans mon sac à main et je l'extirpe rapidement. Le visage de ma meilleure amie s'affiche sur mon écran et je m'empresse de décrocher.

— Allo ?

— Alice ?

Qui d'autre ?

— Alors ? Ça y est ? Tu es une femme libre ?

Je soupire d'agacement. Si seulement...

— Ne m'en parles pas ! Tu ne sais pas ce qui m'arrive.

— Bah non, mais tu vas me raconter.

Elle pouffe. Mais moi, je n'ai pas envie de rire.

— Audrey, cet enfoiré a fait une demande de retranscription au consulat de France. Je ne peux pas annuler le mariage.

— Pardon ?

Elle semble choquée, mais ce n'est rien à ce que j'ai ressenti quand j'ai appris cette « merveilleuse » nouvelle. J'ai frôlé l'AVC.

— Je ne peux pas annuler le mariage. Je vais être obligé de divorcer. Et tout dire à Charles.

— Et merde !

— Ça va prendre des mois.

— Oh ! Je suis désolée, Alice. Il n'y a pas une autre solution ?

— Non. Cette conne au tribunal m'a dit, mot pour mot, « Rentrez chez vous Madame Beaumont et essayez de régler votre problème avec votre mari. Faites-le pour votre bébé ».

— Le bébé ? Mais quel bébé ?

— Longue histoire. Je t'expliquerai plus tard. Attend un instant ma belle.

J'aperçois un homme sur un vélo, à quelques mètres de moi. Super ! Je vais lui demander où je peux trouver un hôtel en ville. Il passe près de moi sans me lâcher du regard.

— Excusez-moi, je...

Le cycliste m'ignore totalement. Charmant ! J'espère qu'ils ne sont pas tous comme ça ici.

— Allo ? Allo ?

Je me rappelle alors que mon amie est toujours en ligne.

— Non mais tu ne vas pas le croire. Il y a un mec, je voulais juste lui demander un renseignement, m'a carrément snobé.

— Pas cool ! Demande a quelqu'un d'autre !

— Il n'y a personne ! Je suis dans un petit bled paumé et ...

— Mais, qu'est-ce que tu fous dans un bled paumé ? Tu n'es pas à Vegas ?

— A ton avis ? Je dois divorcer et je devais retrouver l'autre, pour qu'il signe la demande. Alors je suis à Plouc-Ville.

— Attends, ça veut dire que tu vas revoir ce boulet ?

Malheureusement ! Mais je n'ai pas le choix ! Connaissant ce mec, il serait bien capable de laisser trainer cette demande de divorce pendant des mois et finir par me l'envoyer l'hiver prochain. Et je dois régler le problème avant de repartir à Paris.

Au loin, j'aperçois une enseigne lumineuse d'un petit restaurant. Merci mon Dieu ! J'étais à deux doigts de bouffer mes chaussures.

— Audrey, je vais te rappeler, ok ?

— Ça marche, appelle-moi vite.

Je raccroche sans rien ajouter et accélère le pas jusque le petit restaurant. Bon, je voulais un burger mais une pizza ou un fish and chips fera l'affaire. Et un bon coca bien frais. Je suis assoiffée.

Quand je rentre dans le petit restaurant désert, je regarde tout autour de moi. C'est très pittoresque ici, j'ai l'impression d'être en plein dans les années soixante-dix et que le temps s'est figé dans ce restaurant mais j'aime l'ambiance qui y règle. On s'y sent bien.

— Je peux faire quelque chose pour toi, ma jolie ?

Je me retourne et voit une vieille femme, une soixantaine d'années, affublée d'un tablier qui mériterait un bon nettoyage.

Je m'approche d'elle en souriant tout en la détaillant. Elle n'a pas l'air bien méchante.

— Euh bonsoir. J'aimerai diner s'il vous plait.

— Toi ? Tu n'es pas d'ici ?

Et non ! Et heureusement !

— En effet !

— Allez, je vais te trouver un petit truc à manger. Tu bois quelque chose ?

— Un coca bien frais.

Elle me sourit, se retourne puis sort un coca du frigo et un verre qu'elle dépose sur le comptoir. Je me sers aussitôt ma boisson et la descend d'une traite.

— Vous pouvez m'en remettre un autre ?

— Bien sur ma jolie. Niels ? braille-t-elle soudainement, en direction des cuisines. Tu nous fait ta spécialité ?

Je sursaute devant son ton et j'entends une réponse au loin.

— Pas de problème.

La femme se retourne vers moi et me sourit.

— Alors ma belle ? Qu'est ce qui t'amène à Tusayan ?

— Je cherche quelqu'un.

— Dis-moi, c'est une petite ville ici. Je connais sûrement.

— Raphaël Beaumont, vous connaissez ?

— Le français ? Bien sûr. Tout le monde le connait ici. Un garçon charmant.

"Charmant" n'est pas le terme que j'emploierai. Crétin, emmerdeur, bon à rien et très bientôt décédé seraient des termes qui le qualifierait mieux.

— Vous savez où je peux le trouver ?

— Il n'habite pas la ville. Il vit à quelques kilomètres, sur la route 814

— Oh ! Très bien ! Vous avez le numéro d'un taxi ?

— Un taxi ? À cette heure-ci ? Déjà qu'on n'en trouve pas ici la journée, alors la nuit...

Bah oui, ça aurait été beaucoup trop simple, voyons. Raphaël a sûrement dû se planquer dans le trou du cul du monde pour que je ne le retrouve jamais.

— Si vous pouvez m'indiquer le chemin, j'irais à pied.

Avec mes talons et ma valise, ça risque d'être compliqué mais je n'ai pas vraiment le choix. Je dois retrouver ce crétin au plus vite.

— Avec les coyotes ? Non, ça ne serait pas très prudent ma jolie. Niels va t'accompagner après ton diner.

Je ne sais pas qui est ce Niels mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de faire sa rencontre. Je ne le connais pas après tout. Elle se déplace vers la cuisine et revient avec une assiette remplie de frites et de saucisses bien grasses.

— Mange ma jolie, ça va être froid !

•••

Fortsätt läs

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