ÉCARLATE - sous la cendre [T1]

By Elisabeth_Koshava

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❮ Kyra, une jeune elfe au caractère volcanique, commence son apprentissage au Camp d'Elléadora. Entre les cou... More

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By Elisabeth_Koshava

     Quatre séraphins survolaient la région boisée d'un coup d'aile nonchalant.

Une brise aux relents de sapins caressait leurs plumes, rafraichissante, soutenant leur armature fatiguée. La nuit enveloppait leurs silhouettes d'une écharpe de nuages de sorte qu'ils avançaient de façon presque invisible à l'oeil inattentif. Pas de lune pour les trahir ; son demi-sourire restait coincé derrière l'amas de brouillard qui les accompagnait depuis l'Ouest.

     Le premier de la quadrature, un homme élancé aux ailes sombres, embrassa l'horizon d'un regard satisfait. En-dessous de son ventre s'étalait un océan vert de sylve, ses cimes vigoureuses perçant la brume. Les forêts de l'Est était aussi abondantes que lors de sa dernière visite, songea-t-il, quoique parsemées ci-et-là de quelques flaques de civilisation. Une ou deux clairières villageoises. Plusieurs chaumières isolées. L'ange remarqua même un petit bosquet de temples à trois lieues de leur position... Ruines perdues dans cette opulence de verdure.

Il s'étira les épaules. Non sans soulagement, sa troupe survolait enfin la destination de leur long voyage. Ici, quelque part sous la toiture de pins, vivait leur mission. Une personne. Une enfant.

     Le terrain vallonné se pencha brusquement vers l'avant. Ils purent alors voir au loin un mince ruban de plage : il s'agissait des côtes dorées de la mer Carteline, limite du continent et prémices des Îles Naïadiennes.

- Escadron de tergals à moins de cent mètres, avertit soudain l'un de ses sous-fifres. J'en compte à peu près cinquante. Armés.

Le Commandant arqua un sourcil. Il généra une petite rafale en éclaireur et, effectivement, quelques secondes plus tard, celle-ci lui rapporta une rumeur de lourdes foulées. Des foulées un peu désordonnées. Suivies d'une plainte répétitive et désagréable.

- Juste un gros peloton, corrigea-t-il.

Un sourire carnassier fleurit néanmoins sur son visage. Voilà plus d'un mois qu'ils sillonnaient l'ennuyeux ciel d'été sans aucune distraction de ce genre. Ils étaient presque arrivés... Impossible d'ignorer une telle aubaine.

- Que dites-vous d'une dernière escale ? lança le Commandant en redressant déjà ses ailes pour se mettre à planer.

- J'en dis qu'on va pouvoir s'amuser, répondit son Adjoint.

D'un geste fluide, tout les quatre replièrent leur ossature pour plonger vers l'avant. Ils suivirent la direction de leurs bourrasques et, chassant une nuée d'étourneaux indignés, s'engouffrèrent dans les sous-bois. Ici, le noir était pratiquement complet ; la voûte végétale était si épaisse que la lune s'y infiltrait à peine.

     Chaque séraphin se posta dans un arbre. Pas un tergal ne remarqua l'étau de prédateurs qui venait de se resserrer autour d'eux.

Les futurs cadavres avançaient entre les arbres d'un pas las, négligé. Ils n'étaient même pas en rythme ; le sol était martelé d'une cadence qui n'avait rien de martial. Et dans leur sillage gémissait par à coup le crissement de métaux rouillés. Un orchestre pénible, violant la quiétude forestière.

     À travers le feuillage, quatre paires d'yeux gourmands fixées sur eux. Le met n'était pas de choix, pensa le Commandant, mais l'occasion restait alléchante.

     D'un rapide coup d'oeil, il examina ses proies. Tunique ébène, cape de voyage. Le côté gauche du plastron frappé du sceau de la Reine. C'était un uniforme qu'il connaissait bien, à force de l'affronter dans le désert.

     Leurs semelles raclaient le sol, leurs épées se frottaient contre leurs hanches. Le dirigeant de la troupe, un petit Capitaine à l'air morose, marchait lui-même aux côtés de ses hommes. Ces soldats-là patrouillaient depuis visiblement fort longtemps.

Le Commandant ne se croyait pas lâche au point d'attaquer une brigade dans un tel état. Il allait envoyer le signal de retraite lorsqu'il remarqua autre chose : un chariot brinquebalant était tiré en queue de la troupe, produisant cet horrible bruit de ferraille qui suivait la marche. Il portait transportait une large cage de noirceur. Et détenait environ quinze personnes à l'intérieur.

- Foroï'zal, marmonna le Commandant dans sa barbe.

L'Armée Noire recrutait, encore et toujours. Tout foyer se préparait à devoir un jour ou l'autre céder son membre fort aux soldats. Même si le Commandant voyait mal ce que la Reine pouvait embrigader de plus, vu l'ampleur actuelle de son armée. Et de fait ; derrière les barreaux, il ne distinguait qu'une majorité de femmes, plutôt dans la fleur de l'âge, ainsi que quelques vieillards.

Puis il remarqua les enfants. Deux garçons, touchant à peine les douze printemps.

- On attaque, murmura-t-il dans le vent.

Ses hommes reçurent le message. Un battement de cil plus tard, tous jaillissaient des fourrés. Cris de guerre et fracassement d'armes retentirent explosèrent instantanément dans la nuit.

- Des Indomptés ! hurla le chef de brigade. Tuez-les tous, ils ne sont que quatre ! Exterminez-moi cette verm...

L'un des séraphins l'empala de son javelot d'un geste vif. Sa bouche se crispa dans une moue disgracieuse puis il glissa le long de la lame.

     Le Commandant se farcissait une demi douzaine de tergals à la fois. Comme une ombre, il valsait au-dessus du sol tout en abattant ses adversaires un à un. C'était le plus brutal des quatre. Chacun de ses gestes était propre et impitoyable, amenant la mort avec une telle violence que certains en restaient pétrifiés de fascination. Un sourire flottait sur ses lèvres. Et si l'ennemi avait eu le temps, avant de mourir, de plonger ses yeux dans les siens, il aurait pu y lire la profonde cruauté qui y couvait.

     Il fallut à l'ennemi plusieurs minutes pour le reconnaître. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas venu ici ; les tergals de l'Est n'étaient plus habitués. L'un d'eux finit cependant par écarquiller les yeux. Horrifié, il lâcha ses armes dans la mousse.

- Le Fléau ! hurla-t-il. Il est dans l'Est ! Le Fléau est ici !

Cet accès de panique transforma l'amusement du commandant en rire. Hilare, il fit basculer le soldat d'un coup de hache sous les genoux, puis l'acheva violemment dans le ventre.

- À votre service, susurra-t-il.

Il récupéra sa hache d'un geste brusque, faisant sursauter le corps inerte.

La terreur qui envahit alors le reste du peloton les fit hésiter à attaquer. Lentement, ils reculèrent. Puis lorsque l'un d'eux prit carrément la fuite, le Commandant replongea aussitôt dans un vif ennui.

Il déploya ses ailes et expédia une violente rafale aux alentours. Les tergals qui se trouvèrent dans son champ de ciel se virent projetés en arrière, fracassés contre les troncs d'arbres. Leurs vertèbres se brisèrent dans un concerts de craquements sourds.

- Si notre cher Fléau pouvait nous laisser en déguster un peu, ce serait fort aimable, s'irrita l'Adjoint.

- Le Fléau te fait remarquer que nous avons des invités, répliqua le Commandant en désignant le chariot de prisonniers. Achevez-moi tout ça. Mais laissez un survivant, il faudra un éclaireur pour déplorer les pertes.

Les deux sous-fifres se chargeant de cette tâche, l'adjoint rejoignit son Commandant près du chariot. Il était soutenu par deux vieilles juments, bêtes de sommes si fatiguées qu'elles ne levèrent pas même la gueule.

Ni les chevaux ni la cage n'étaient faits pour transporter quinze personnes.

- Ils sont morts de peur, fit l'adjoint en rengainant ses deux rapières. Peur de nous.

Effectivement, les regards que les prisonniers leurs jetaient étaient tout sauf charitables. Ils se terraient, tremblotants. Les femmes semblaient horrifiées. Les enfants, choqués. Ils avaient dû reconnaître le Fléau, aux aussi... Cependant il y avait autre chose.

     Le Commandant s'approcha du chariot, provoquant un mouvement de recul précipité. Il planta son regard violent dans celui du vieillard en face de lui, un homme pleins de rides et dont la barbe remontait jusqu'aux sourcils.

« Monstre ! » semblaient cracher ses yeux, pleins de répulsion.

- Ils ne sont pas apeurés, dit doucement le Commandant. Ils sont en colère.

Ce dernier n'oubliait pas que, avant d'être tergals, ceux qu'ils venaient de massacrer étaient aussi passés par cette cage. Par ce recrutement forcé. Lui et ses hommes venaient probablement d'amputer quelques innocentes familles de leur patriarche. Non, il n'oubliait rien de tout cela ; il le rangeait dans un tiroir de ses pensées, le refermait et ne l'ouvrait plus jamais.

     Se détachant du combat visuel avec le vieillard, il généra une nouvelle rafale de vent et expurgea les barreaux. La magie résista un instant puis glissa le long de la cage.

L'adjoint arracha d'un coup sec quatre barreaux. Il y eut cependant un moment d'hésitation : les quinze prisonniers observaient les deux anges d'un air méfiant. L'adjoint poussa un soupir exaspéré ;

- Vous êtes libres de partir, précisa-t-il comme si ce n'était pas assez clair. On ne va rien vous faire. (Puis, ajoutant à l'adresse de son supérieur) : Je vais jeter un oeil au reste de la cargaison.

Le Commandant acquiesça, puis ramena son attention sur le vieillard. Son arrogance le perturbait. Son regard l'accusait. Agacé, l'ange haussa un sourcil, le mettant au défi de sortir.

     Les enfants furent les premiers à se décider : un petit blond sauta à bas du chariot et adressa au Commandant un courageux salut de tête. Le contraste entre ses traits poupins et son expression de raide gravité était frappant. Impressionné, l'ange inclina la tête.

Le reste des prisonniers succédèrent le mouvement et, bientôt, tous détalèrent ensemble comme des lapins.

- Bande d'ingrats, renifla l'un des deux autres séraphins.

Le Commandant ne répondit pas. Se retourna pour examiner le travail. Chacun des tergals avait un sourire à la gorge, imbibant la mousse d'une épaisse couche de sang. Un tableau de fine boucherie.

- Bien, dit le Commandant en essuyant la lame de sa hache sur un corps. C'est propre.

Il constata que plusieurs gouttelettes rouges avaient giclées sur sa tunique. Une tunique propre, qu'il venait juste d'enfiler après des semaines de voyages.

 -Crâshtva, grommela-t-il.

- Yvar, l'apostropha son adjoint qui revenait à grands pas de derrière le chariot. À part les recrues, ils ne transportent rien. Ce n'est qu'une simple patrouille.

Yvar rengaina, désintéressé.

- Tant mieux. Cela signifie qu'ils attendaient des renforts.

 -Sans rire ! ricana un des anges. Ils ont tenu, quoi, cinq minutes ?

- Ne sois pas prétentieux, Dagsal, ce ne sont que des terrestres. Et tu n'en as tué que cinq.

- Parce que tu as eu le temps de compter mes morts ? Voilà qui en dit long sur tes occupations.

- Cela suffit, vous deux, coupa net l'adjoint. Yvar, tes ordres ?

- Ne tardons pas, fit l'intéressé. La volée d'apprentis doit avoir dépassé Yakova, à présent.

Yvar se caressa la mâchoire, étudiant sa barbe drue d'un air songeur.

- Il va falloir se raser, remarqua-t-il. Et virer nos tuniques pleines de sang, avant de se fondre dans la masse. Histoire d'éviter une esclandre.

Les officiers rirent de bon coeur.

- Il ne faudrait pas effrayer la petite dar'yn, se moqua Dagsal. Combien de temps nous reste-t-il ?

- Environ une heure. Le faucon ralentira la cadence près du vieux temple. Tzi dulaar lead'Ora, conclut le Commandant.

Tzi dulaar lead'Ora, répétèrent les autres.

Sans plus un regard pour l'hécatombe, insolite au milieu de cette paisible forêt, ils redressèrent tous leurs ailes. Un à un, ils rejoignirent l'encre du ciel. 

Vocabulaire séraphin

[Foroï'zal] - sacré fils (juron)

[Crâshtva] - fiente (juron)

[dar'yn] - arme

[tzi dulaar lead'Ora] - longue vie au Phénix

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