L'île maléfique (BxB) (WATTYS...

By Carazachiel

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⚠ ADULTE ONLY ⚠ *Enemies to lovers* Cela aurait du être une croisière classique. Un bateau de luxe. Des pers... More

Preface
Bibliographie
Stop téléchargement illégal !
Prologue (v2)
Chapitre 1 (v2)
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 28
Épilogue
BONUS
Bonus #2 : Croisière
Une Romantasy queer de Qualité !
CONCOURS FYCTIA [fini]
177 K de vues !! 20/10/2021
Biographie
Les marques-pages du concours des 80 K
CONCOURS - RÉSULTATS
17 mai, IDAHO

Chapitre 27

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By Carazachiel

Téo

Ce matin-là, l'ambiance dans la taverne d'Okaasan avait quelque chose de particulier. Evan et Téo mâchonnaient leur petit déjeuné en silence, chacun dans un coin à observer attentivement tout ce qui se trouvait à portée de regard. Rapidement, Téo reposa l'espèce de galette sans saveur qu'il avait confectionnée et cuite la veille au soir. Il avait l'estomac noué. D'ici quelques heures, ils seraient peut-être en train de voguer sur les flots, vers l'inconnu. Peut-être vers une mort certaine. Ses yeux se posèrent sur son amant qui lui aussi avait laissé la nourriture de côté. Ils se dévisagèrent un long moment sans rien dire avant de se sourire timidement et de sortir de l'endroit, toujours dans le silence le plus total. La ligresse qui avait exceptionnellement passé la nuit dehors leur emboîta aussitôt le pas, restant pourtant en retrait. Sentait-elle qu'ils voulaient partir ? Téo n'en doutait pas une seconde...

Après quelques pas, il sentit la main fraîche d'Evan se glisser dans la sienne. Elle lui procura le plus grand bien. Tant que cet adolescent boudeur, mais charmant restait à ses côtés, il se sentait capable de tout. Ce qui, par malheur, n'empêchait pas une peur insidieuse de se nicher au creux de son ventre. Et en arrivant en vue de la plage, il fut submergé par cette peur. Dans quoi s'embarquaient-ils donc ? Allaient-ils seulement survivre à cette épreuve ? L'île les laisserait-elle fuir aussi « facilement » ? Il ferma les yeux, se laissant presque traîner sur le sable par son amant. Il n'osait les ouvrir, s'attendant presque à trouver leur embarcation réduite en miettes, mais il n'en fut rien. Elle était toujours là, au même endroit où ils l'avaient laissée la veille, attendant patiemment d'être mise à flot. Pourtant, il n'en fut pas soulagé. L'angoisse sourde qui lui nouait les entrailles augmentait à mesure que les minutes défilaient, et il devinait à la moiteur de la main de son compagnon que celui-ci partageait son anxiété. Ce qui lui fut bientôt confirmé de vive voix.

– Et si on coulait avant même de quitter l'île ?

– On... nagera jusqu'ici. Et on recommencera. On est déjà tombé à l'eau une fois, non ?

– Ouais. C'est vrai. Mais après, si on s'enfuit et que personne ne vient nous secourir ? On va crever de faim et de soif sur notre foutu radeau ! »

Il ne pouvait nier qu'il se posait les mêmes questions, néanmoins il refusait de laisser la panique les envahir tous les deux.

– Evan, si on commence avec ça, on partira jamais. On en a déjà parlé, on ne peut pas rester ici. Pour la faim et la soif... reste à espérer que nos petites réserves coulent pas. Et qu'on soit vite secouru. Allez viens, advienne que pourra.

– Ouais, tant qu'on est ensemble, on peut tout faire.

Evan releva la tête pour le regarder d'un air bravache, sans parvenir à empêcher sa lèvre inférieure de trembler. Sans parler de ses doigts humides ; ils ne parvenaient pas à défaire le nœud qui retenait le radeau à une étrange racine à fleur de sable. Téo ferma les yeux un moment, prit plusieurs profondes inspirations. Il avait toujours aimé cette odeur auparavant, une odeur de sel, d'algue et d'embrun. Sa mère était une grande fan de yoga sur la plage et, bien qu'il n'ait jamais participé aux séances, il l'accompagnait et s'installait à ses côtés pour lire un livre dans un état proche de la béatitude. Quand il se sentit serein, il battit des paupières, posa ses mains sur celle d'Evan afin de stopper les gestes maladroits et infructueux du jeune homme. Celui-ci leva les yeux vers lui. Ensemble, ils défirent le cordage avant de pousser l'embarcation dans les flots. Lorsque l'eau atteignit ses genoux, Téo se tourna vers la ligresse, laquelle les observait depuis la plage.

– Tu viens ma belle ?

Mal à l'aise, il ne savait pas trop s'il devait poser la question ou non. En réalité, il se doutait de la « réponse » silencieuse que lui ferait Okaasan, et comme il s'y attendait, elle resta assise là ou elle était, sans bouger d'un poil, sans émettre le moindre son. Il en avait le cœur serré, mais il ne pouvait décemment pas forcer l'animal à les suivre. Il n'était même pas sûr d'en avoir réellement envie. Quel avenir aurait-elle avec eux ? Cette question le hantait depuis des jours, mais même en se doutant qu'elle resterait là, cela ne l'empêchait pas d'avoir le cœur serré à l'idée de ne plus jamais voir cette adorable compagne. Un raclement de gorge le sortit de ses pensées et il recommença à pousser le radeau, aidé d'un Evan remonté à bloc. La plage descendait en pente douce, les vagues venaient caresser mollement le sable, le ciel était bleu azur, tout semblait se dérouler à la perfection jusqu'à ce qu'Evan pousse un hurlement de douleur et ne s'effondre dans l'eau en se tenant le pied.

– Qu... quelque chose m'a piqué le pied ! C'était enfoui dans le sable !

Téo ne prit pas la peine de réfléchir, il l'attrapa par le bras et le releva avant de le saisir par la taille et de le hisser sur les rondins avant d'inspecter la plante du pied de son amant dont le visage se baignait de larmes et se tordait de douleur.

– Tu as dû marcher sur une sorte de vive.

– Je me sens pas très bien..

– Ouais, j'ai entendu dire que ça faisait mal et que certains s'évanouissaient. Mais j'espère que t'es pas allergique, sinon on est mal...

Le jeune homme observait le membre de l'autre sans rien faire. il devait s'avouer un peu perdu. Il n'avait jamais eu affaire à ce genre de blessure. Ce n'en était même pas une à proprement parler, il s'agissait plutôt de petites piqûres, et la zone touchée était légèrement rouge. Elle ne suintait pas, ne gonflait pas et ne se colorait pas étrangement. C'était déjà un bon point.

– Euh, sincèrement Evan, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il faut faire.

L'autre grogna en s'allongeant, remettant son pied dans l'eau chaude ce qui sembla le soulager quelque peu.

– Je te préviens, si tu me pisses dessus, je te tue !

– Aha, c'est une idée reçue ça, je pense. Tu sais quoi ? Tu vas rester tranquillement sur le bateau, de toute façon, maintenant qu'il est à l'eau, ce sera beaucoup plus facile de le pousser.

Il se pencha pour cueillir les lèvres de son amant dans un baiser léger avant de se remettre à pousser les rondins. Plus il avançait, plus il devait lutter contre le courant.

– Ça marchera pas, constata-t-il après quelques minutes.

– Comment ça ?

– On ne passera jamais la barre des vagues, elles nous repousseront sans arrêt vers le bord. Il nous faut des rames !

– La barre des vagues ?

– Oui, l'endroit où les vagues font des rouleaux avant de venir rouler sur la plage... L'océan nous repoussera vers la plage...

– Mais si on a des rames, on peut se casser hein ? Pitié, Téo, me dit pas qu'on va rester ici, j'en peux plus de cette île !

– Mon cœur, je te promets que c'est ton dernier jour ici.

– Promis ?

– Je ferais tout ce que je peux pour, promis oui.

Il s'avançait peut-être un peu avec cette promesse, mais il était bien décidé à faire tout ce qu'il pouvait pour son Evan. Il revint rapidement sur ses pas, enfonçant ses orteils dans le sable chaud de la plage. Une fois sur la terre ferme, il porta son regard aux alentours surveillant le radeau du coin de l'œil. Il était doucement ballotté par les flots, et comme il l'avait redouté, la marée le ramenait lentement, mais inexorablement vers lui. Toujours assis dessus, Evan semblait observer les flots, perdu dans ses pensées. Il soupira, reportant son attention sur la grève en se parlant à voix haute.

– Alors, des rames, des rames... avec quoi je vais bien pouvoir faire des rames...

Il ne pouvait certainement pas les tailler dans un tronc, il n'avait pas les compétences pour et même s'il les avait eus, il lui manquerait toujours les outils nécessaires au travail du bois. Et cette fois, leurs haches de fortune ne lui seraient d'aucun secours. Pas plus qu'Okaasan qui baillait à s'en décrocher la mâchoire en l'observant de son œil doré et tendre. Il devait trouver une autre solution. Celle-ci lui vint quand il se tourna de nouveau vers Evan et qu'il le vit triturer distraitement la tente de fortune faite de roseaux tressés. S'il ne pouvait sculpter des rames, alors il fabriquerait des pagaies en s'inspirant de la méthode qu'utilisait sa vieille nourrice pour tresser ses paniers en osier. Sans trop s'éloigner, par peur que l'île ne redevienne virulente, il commença à fouiner à la recherche de brindilles longues et souples qu'il entassa entre ses bras.

Quand il fut tellement chargé qu'il ne pouvait ajouter de branche sans en faire tomber plusieurs autres, il retourna au radeau, ce qui fut plutôt rapide puisque celui-ci s'était échoué sur une petite dune à quelques mètres à peine de la limite eau/sable. Il déposa le tout aux pieds d'Evan et entreprit d'aligner les petits bouts de bois, les brisant pour qu'ils fassent la même taille. Evan le regardait faire, mi-fasciné mi-moqueur, riant même par moment, le perturbant légèrement et lui faisant louper le début de son tressage. Il se reconcentra donc avec peine et réussit rapidement à former un tressage serré et résistant. En tout cas, il résisterait assez longtemps pour les pousser hors de la barre des vagues. En tout cas l'espérerait-il. À ses côtés, Evan, qui s'était calmé, l'observait en silence, puis posa le menton sur son épaule.

– Tu sais, moi aussi j'ai réfléchi à une solution, en plus de tes rames. Si on attend que l'océan se retire, ça devrait être plus facile, non ? On dit souvent qu'il faut pas se baigner en marée descendante pour pas être happé vers le large non ?

– Punaise, t'as raison. C'est d'un basique, dire qu'on y a pas pensé avant.. On aura peut-être même pas besoin de ces trucs, s'exclama Téo en agitant ses pagaies !

–On va quand même les garder, au cas ou.

Les gloussements d'Evan étaient contagieux, et Téo le serra fort dans ses bras avant de l'embrasser dans le cou, rangeant soigneusement les toutes nouvelles pagaies sous la petite tente de fortune. Il vérifia ensuite le pied de son amant, qui malheureusement était toujours aussi douloureux.

– Tu m'impressionnes, tu sais ?

– Comment ça ?

– Et bien, tu as mal, mais tu souris et tu ris quand même...

– Ça me fait oublier un peu la douleur. Et puis, je pense à l'avenir ! Hey, regarde, l'océan redescend ! Faut qu'on se magne !

Evan lui indiqua les vagues qui régressaient rapidement découvrant à chaque vague un peu plus de sable doré, menaçant de laisser le radeau définitivement ensablé. Au bout de quelques minutes, Téo se mit à rire.

– Bon, on va peut-être le désensabler quand même, parce que là, jamais on ne partira si on ne se bouge pas un minimum ! Enfin, si JE ne me bouge pas, parce qu'avec ton pied...

– Je viens de te le dire. Et ouais, je vais pas vraiment pouvoir t'aider, je crois... J'ai l'impression que toute la plante est en train de cramer..

– Je vais me débrouiller seul, ne t'en fais pas !

L'embarcation n'était pas si lourde que ça, et même s'il eut un peu plus de difficulté que le matin, il parvint sans trop de peine à remettre le radeau à flot alors même qu'Evan restait installé dessus. Il le poussa jusqu'à avoir de l'eau à la taille, puis se hissa aux côtés de son homme avant de saisir une rame pour les éloigner davantage de la plage, jusqu'à ce qu'une vague plus forte que les autres fît bondir le petit bateau en avant. Ils s'éloignaient rapidement de la grève ou Okasaan s'était rassise, les observant de son regard impénétrable.

– On a réussi Téo ! On se casse ! Adieu île maudite ! On a réussi !

Evan n'avait pas plutôt prononcé ces mots que le radeau fut stoppé net dans sa fuite. De longues algues s'enroulaient autour des rondins, le retenant fermement. Sans hésiter, le blondinet sortit son canif et s'empressa de les sectionner. Il n'allait tout de même pas laisser ces choses gluantes se mettre en eux et la liberté. Mais à peine l'eut-il fait que d'autres s'enroulaient déjà de toute part, ne permettant au radeau de progresser que centimètre par centimètre. Découragé, le brun gémit.

– On y arrivera jamais en fait. Ces foutues algues nous retiennent ! Cette foutue île nous retient, on a été fou de croire qu'on y arriverait, qu'elle nous laisserait partir !

– Tais-toi. J'ai dit que je ferai tout pour que ce soit ton dernier jour ici, je tiendrai promesse !

Il cessa momentanément de couper les algues pour observer le phénomène. Seuls les deux rondins du bord étaient concernés. Leur radeau serait certes plus petit, mais au moins ils seraient libres s'il les détachait. Ce qu'il fit le plus rapidement possible, espérant ainsi flouer l'île. Sitôt libre, l'embarcation bondit en avant, gagnant plusieurs mètres cette-fois avant d'être stoppée de nouveau, faisan hurler Téo de frustration.

– Mais c'est pas possible, quelle merde !

– Laisse tomber... faudrait les arracher pour s'en débarrasser, c'est impossible... on est foutu Téo...

– Impossible ?

– Ouvre les yeux, on est en plein milieu d'un banc de méduse maintenant, on ne peut même plus mettre les mains dans la flotte !

Téo se mordit la lèvre en observant les flots. Evan disait vrai, les mollusques s'agglutinaient autour d'eux, de plus en plus nombreux. Et connaissant l'île, il ne faisait aucun doute que ces spécimens étaient venimeux. Avec lenteur, il se tourna vers son amant, une étrange lueur de détermination mêlée de tristesse dans le regard avant de saisir doucement les joues d'Evan.

– Je t'aime, tu sais ? Plus que tout. Comme jamais je n'aurais pensé aimer un jour.

Il lut aussitôt la peur dans les yeux du garçon, mais il ne lui laissa pas le temps de parler ni de le retenir. Il plongea, essayant d'oublier l'amas gluant que formèrent aussitôt les corolles autour de lui. Il ne put, en revanche, oublier les filaments qui se collèrent à son corps. La douleur explosa, une douleur comme il n'en avait jamais connu. Il crut s'évanouir quand le venin se diffusa dans son corps, mais il tint bon et nagea jusqu'au fond sans même essayer de décoller les filaments. Il ne pensait plus qu'à une chose, arracher chacun des pieds d'algues avant de s'évanouir. L'air commençait à lui manquer quand il s'attaqua au dernier, mais il lutta encore, même si sa conscience s'échappait. La souffrance devenait insoutenable, le manque d'oxygène lui faisait tourner la tête. En levant les yeux, il vit l'ombre du radeau s'éloigner à vive allure, signe qu'il avait réussi.

Alors il sourit. Il n'arriverait jamais à remonter, mais il s'en fichait, il l'avait compris avant même de sauter à l'eau. Il se sacrifiait pour l'homme qu'il aimait, pour qu'Evan, au moins, bénéficiât d'une chance même infime de revoir les siens. Ce garçon en valait la peine, vraiment. Serein, il se laissa emporter dans la douceur de l'inconscience.


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