Elle me regarda en levant lentement les sourcils et en étirant un large sourire.
Ca s'annonçait mal pour moi. Mon cauchemar recommençait.
Quelle ironie.
"Tu me donne des ordres ? T'as oublié que c'est moi qui t'ai donné la vie ma chérie ? , s'esclaffa-t-elle"
Ses deux mains poisseuses attrapèrent par poignées mes cheveux pour secouer ma tête dans tous les sens.
La douleur était toujours aussi vive mais je ne réagissait pas, mon regard devenait de plus en plus vide. Au moment où elle me lâcha je m'occupai d'elle comme d'habitude.
Je lui souffle sur le visage, je l'immobilise et je l'attache sur une chaise devant la télé.
Je lui mets aussi un torchon autour de la bouche pour lui évitais de crier.
La routine.
Je me réfugiais dans ma chambre, juste pour souffler deux minutes.
Je me mis à ma fenêtre et pus apercevoir un très grand rassemblement en bas des bat's: des filles voilées et des hommes vêtus de qamis. Plein de tapis étaient étalés à terre et tout le monde se positionnaient. Les hommes devant les femmes derrière. Le Frelon était celui qui dirigeait la prière. Il échangea quelques mots avec les personnes présentes et prit place.
"Allahou Akbar, avait il invoquer."
Un énorme frisson me parcoura tout le corps. Mes yeux ne lâchaient plus ce spectacle magnifique. Une multitude de fronts étaient plaqués par terre en signe de soumission. Ils étaient tous frères: des blancs, noirs, jaunes, des petits et des grands, des racailles et leur boucs émissaires. Tous s'étaient réunis pour une seule raison: Allah. À ce moment, ils étaient tous soudés, peu importait les torts de chacun. Je les enviais en quelques sortes, moi qui était âthée je n'avais personne vers qui me tourner pour livrer mes problèmes les plus inavouables. Je me rappelle que le secret de ma mère, je ne le racontais à personne. Pas même au Frelon.
~Flashback~
Je m'étais précipité vers chez moi. Non putain, non. Il était déjà 16h37.
7 minutes de retard.
À cause de Boubou.
Arrivée à mon palier, j'ouvrais la porte lentement. Mon visage se crispait en harmonie avec la porte qui grinçait. J'avais peur de ce que j'allais voir.
J'avançai doucement jusqu'à arriver à la commode du salon.
"Bonjour ma fille d'amour, m'interpella une voix horriblement calme, tu as 8 minutes et 37 secondes de retard. Raconte moi ta... Journée ?"
Mon sang se glaça, elle avait collé son corps derrière moi, enroulé un bras autour de mes épaules, et de l'autre elle glissait lentement une longue lame froide le long de mon visage. Je serrai les dents,
"Bien sûr, mère Jacqueline, j'ai passé ma journée à vous chercher, mentis-je,j'ai aussi tenter de me faire un peu d'argent pour que vous puissiez vous offrir ce que vous voudrez, pour finir je vous ai ramené un petit quelque chose."
Je sortis difficilement de ma poche un porte clé que m'avait donné boubou, en forme de cygne rose. Dommage, je l'aimais bien.
"Non c'était bien futile, affirma ma conscience, tu n'as pas besoin de cadeau. A vrai dire tu n'as besoin de personne."
Ma mère retira son emprise sur moi et lâcha lourdement le couteau à viande.
"Sors, rétorqua la blonde"
C'était le signal je devais partir prendre mes affaires et faire ce que je voulais. J'avais réussi.
Après m'être exécutée je me rendis à l'appartement de Barth' alias le frelon. Quel surnom ridicule.
"Eh le mioche, viens m'ouvrir"
J'entendai un bruit de pas en masse, la porte s'ouvrit pour laisser passer une foule de gars, tous plus impressionnants les uns que les autres. Je ne baissai pas la tête, je regardai toujours devant moi sans leur prêter d'attention.
Je me glissais dans l'appart' en voyant Barth' lécher une feuille pour souder son joint.
"Toujours à fumer, fake muslim ?
-Toujours à la rue sale clocharde, rétorqua-t-il.
-Ta gueule, je vais dormir chez quelqu'un et puis ton appart' est plus dégueu que toutes les caves de la cité, t'ose me parler de rue.
-Calma te, la malgache ratée je te force pas à venir moi, en tirant une latte.
-La malgache t'ordonne de la laisser tirer."
Ses yeux châtains me regardèrent en coin, suspicieux.
Il avais compris.
"Je dois m'inquiéter ?
-Je vois pas pourquoi c'est pas la première que tu me fera fumer. Me fais pas rire en me faisant croire que tu t'inquiète pour moi je vais commencer à te prendre pour un fragile.
-Nan c'est juste que quand tu me demande ça t'es pas au mieux de ta forme. Je m'inquiète pas je suis curieux.
-Tu te fais des idées p'tite tête , hassoul, passe le pilon.
Il soupira.
- Sheyma t'as trop rebeutisé, manque plus que tu te convertisse.
Je ris.
-Elle est bonne celle ci.
~Fin flashback~
Pourtant maintenant à les voir comme ça j'en avais envie. À la fin de la prière, tout le monde avait formé un très grand cercle . Ils riaient, se racontaient des histoires islamiques.
Je voulais les rejoindre. Mais je ne serais pas à ma place. Je voyais Sheyma rire aux larmes, son frère aussi. J'avais honte d'être moi, et plus je me découvrais, plus je me détestait.
Barth' me lança un regard il m'avait fait un très grand signe de main accompagné d'un sourire de gamin. Pratiquement tout le monde suivis le chemin de son regard pour finalement me fixer.
J'avais envie de fondre sur place.
La plupart me regardaient avec de la haine, du dégoût, mais je n'avais même pas remarqué les regards accompagnés de sourires sincères que certains m'accordaient. Je ne voyais que le mauvais. Et je pense que le regard qui m'a le plus marqué et celui de Shahid le frère de ma meilleure amie.
Il m'avait anéanti.
Je fermai la fenêtre rapidement et me cachai sous mes couvertures.
Mon téléphone vibra.
"Allo, demandais-je.
-C'est ton amour viens m'ouvrir ou je rentre seul, je suis devant ta porte.
Je n'avais pas vraiment envie de le voir mais s'il rentrait tout seul, il tomberai directement sur ma mère.
-Non, criais-je, euh.. J'arrive de suite.
J'arrangeais légèrement ma coupe bouclée. Tout en dévalant le couloir.
Oh non.
Je voyais la porte s'ouvrir. Mon coeur battait si fort que j'ai cru qu'il allait me lâcher.
Le temps semblait ralentir, je tournais la tête vers ma mère qui avait le foulard desserré.
Non. Non.
À tout moment elle pouvait crier mais je n'avais pas le temps je devais fermer cette foutue porte.
Bordel.
J'accourus vers la porte pour la fermer brutalement. Je pouvais souffler.
"Aie, gémit il"
Quand je compris mon erreur, j'ouvris lentement la porte, ne laissant apparaître que mon visage.
"Excuse moi, tu veux quelque chose ?
-Non pas vraiment mais j'ai le droit de venir voir ma... petite amie non ?
-Ah.. Euh oui, balbutiais-je, mais on peut se voir un autre jour."
Ma mère gémit bruyamment. Il fronça les sourcils.
"Oui maman ? Me dis pas que c'est encore une araignée, riais-je nerveusement.
Il sourit finalement.
"Tu veux pas qu'on se pose dans ta chambre ? Je pourrais...
-Sale con, sale pd, fils de pute, ah ah ! Elle est bonne celle la ! Fils de pute, c'est le cas de le dire. "
Je fixais le salon, le sang glacé.
"Ta mere à un problème elle a l'air nerveuse la
-Non pas du tout ! Criais je un peu trop fort, c'est.. Sa série télé, elle insulte les acteurs ah ah !
-Alliyaaaaaah, tu veux bien venir me détacher ? "
Il me fixais, et sans me laisser le temps de réagir il me poussa d'un geste simple.
Non ! Ne vas pas voir.
Je t'en prie.
Je le voyais observer ma mère en état de folie. Ce jeune homme était littéralement effrayé et il me lançait furtivement un regard désolé.
"Qu'est ce qui se passe ici, Alli' ? "
Mon souffle était coupé. Je suffoquais.
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Je tiens à vous rassurer, si pour l'instant rien n'est gai les beaux jours arrivent pour Alliyah. Je ne compte pas la martyriser plus longtemps.
Faites tourner ma chronique si vous aimez et prenez soin de vous.
Bisous.