CHAPITRE 16 :
J'attrapais une casserole qui se trouvait par un heureux hasard sous ma main et la plaçais devant moi. Je reculais prudemment cherchant à imposer une distance respectable entre lui et moi. Il restait pétrifié devant la porte, sachant que c'était la seule issue et que tant qu'il restera là, je ne pourrai pas m'enfuir. Je vins me placer derrière le plan de travail et utilisait ma mère comme appât. Il fallait que j'utilise une distraction pour éloigner mon frère de cette porte.
-Maman, m'écriais-je. Ce n'est pas de la pâte à crêpe qu'il reste ici ?
Je pointais alors mon doigt vers un saladier qui se trouvait derrière ma mère. Il était bien évidemment vide, mais j'étais la seule à pouvoir le voir.
-DES CREPES ? hurla mon frère courant vers l'endroit que je pointais du doigt.
Je ne me fis pas prier et courais vers la porte que mon idiot de frère avait abandonnée. Je déposais au passage ma casserole et m'élançais dans les escaliers. Arrivée en haut de ceux-ci j'entendis les pas de mon frère se diriger vers l'entrée. Je courais m'enfermer dans ma chambre et allais m'allonger sur mon lit.
-ALISON JE TE DETESTE, hurla-t-il alors en frappant contre ma porte, comme si d'un coup de pied elle allait voler en éclat.
Seul Thor pouvait entrer dans ma chambre en détruisant ma porte, c'était le seul autorisé et dans une tenue particulière, bien évidemment. Un sourire pervers étira mes lèvres tandis que je m'imaginais très bien, mon super héros préféré torse nu, un simple short sur les cuisses et son marteau.
-ALISON !!! OUVRE CETTE PORTE ! criait mon frère en pleurnichant à moitié.
Je me relevais et allais m'installer à mon bureau, où malgré les hurlements et les cris incessant de mon frère je me mis à faire mes devoirs.
Au bout d'une heure et demie, ma mère vint s'interposer entre mon frère et ma porte de chambre.
-Connor, stop ! Le fait de crier ne fera pas revenir les crêpes, lui fit-elle remarquer.
-C'est pourquoi je veux ouvrir la porte pour aller ouvrir le ventre de ma sœur et récupérer les crêpes qu'elle a mangé ! aboya mon frère avant de se remettre à frapper contre ma porte.
-LAISSE TOMBER COCO, je vais rester dans ma chambre pendant toute la digestion comme ça, tu ne les récupéreras jamais ! l'informais-je en criant et en agrémentant ma tirade d'un rire sadique.
-Genre tu vas rester pendant 24 heures dans ta chambre.
-Bah ouais et je sortirais pour aller faire caca ! ajoutais-je. Comme ça je suis sûre que tu ne me feras pas de mal. Après, que tu ailles manger mes excréments ou non, ne me concerne pas, rigolais-je.
-MAIS T'ES IGNOBLE ALISON ! hurla Connor dégouté.
-C'est naturel mon coco ! remarquais-je.
Mon frère soupira et se remit à frapper contre ma porte. Au bout d'une dizaine de minutes je lui demandais, exaspérée.
-Non mais pourquoi tu continues de frapper ?
Un blanc me répondit.
-Connor ?
-Attends je réfléchis, m'annonça-t-il.
-Tu réfléchis par rapport à quoi ?
-Je suis en train de chercher une réponse à ta question, avoua-t-il perdu dans ses pensées.
-Attends ? Tu ne sais même pas pourquoi tu frappes sur ma porte ? lui demandais-je pour confirmation tout en m'empêchant d'exploser de rire.
-Oui... Je sais pourquoi je le faisais avant, mais pourquoi je le fais maintenant c'est une bonne question...
Cela en fut trop et j'explosais de rire, sentant les larmes couler le long de mon visage. Lorsque je me fus calmée j'entendis mon frère soupirer et s'asseoir contre ma porte.
-Tu comptes rester longtemps ?
-Tant que je ne récupérerais pas mes crêpes, me révéla-t-il.
-T'es totalement malade !
-Non juste affamé !
Je me replongeais dans mes devoirs sachant que nos dialogues de sourds n'allaient nous mener à rien. Mon téléphone sonna alors me coupant dans la rédaction de mes exercices de maths. Je décrochais sans même regarder le numéro, ni le contact qui était associé.
-Oui ?
-Alison, c'est Blake. Alors des nouvelles pour mercredi ? se pressa-t-il de me demander.
-Ouais, ma mère est d'accord. Quand je lui ai dit que c'était avec toi, elle a directement changé d'avis et m'a donné l'autorisation.
-Tu vois je te l'avais dit ! rigola-t-il fier de lui.
-J'aime pas les gens qui ont raison, lui annonçais-je.
-Oui mais tu m'apprécies pour autre chose, donc tranquille, rigola-t-il. Bon en vrai je dois aller déposer mon petit frère à son cours de badminton, je t'appelais juste pour savoir la réponse.
-D'accord, à plus Blake.
-Bisous Alison, me dit-il avant de raccrocher.
-Comment va Barbie ? m'interrogea mon frère derrière la porte, à la fin de ma discussion téléphonique.
-Tu te prends pour qui à écouter mes conversations, toi ? hurlais-je.
- Bah ce n'est pas de ma faute si tu parles fort, hein ! Sinon pourquoi il t'appelait ?
- Mêle-toi de tes affaires.
-C'est bien ce que je fais !
-Mais je ne suis pas une affaire de un et de deux je ne suis pas à toi !
-Ah bon ? Pourtant il me semblait que...
-Va te faire foutre Connor.
-Mais arrête je fais des efforts avec Barbie ? rouspéta-t-il. Tout le monde en fait ! Même papa hier pendant le dîner en faisait.
-Tu dis n'importe quoi ! m'écriais-je.
-Mais non ! Va lui demander si tu ne me crois pas ! me provoqua-t-il.
-Je n'ai même pas besoin de lui demander, je sais que tu as tort maintenant tais-toi je dois travailler !
**
J'avais passé le reste de la soirée enfermée dans ma chambre. Mon père était venu m'apporter à manger sur un plateau, après avoir dégagé Connor de devant ma chambre et lui avoir interdit de rentrer. Je l'avais alors remercié et l'avais laissé partir. Je m'étais enfin décidée à sortir de ma chambre, pendant la nuit. J'étais allée prendre ma douche avant d'aller me coucher.
La journée du mardi avait été longue, énormément longue ! Lorsque la sonnerie annonçant la fin des cours avait retentit, j'avais accouru vers la sortie, heureuse de retrouver Nick. Mais à mon arrivée, ce dernier n'était pas seul. Grayson se tenait à côté de lui et rigolait de je ne sais quoi. J'accélérais et saluais Nick en déposant un bisou sur sa joue.
-Ça va princesse ? me demanda ce dernier.
-Oui et toi ?
-Super ! J'étais en train de parler avec Grayson, m'annonça-t-il en me désignant le blond. Je lui ai proposé que l'on sorte mercredi soir, toi, lui et moi. Bon sans Blake parce qu'il ne m'a pas l'air très aimable. Tu en penses quoi ?
Qu'en pensais-je ? C'était une très bonne question ? J'étais partagée entre la peur, l'appréhension et leur réaction...
-Désolée... Mais demain soir je suis déjà prise, annonçais-je en regrettant de ne pas pouvoir m'enterrer sous terre.
-Quoi ? me questionna Nick.
-Quoi ? m'interrogea à son tour Grayson.
Les deux garçons se lancèrent un regard qui n'avait plus rien d'amical, mais plutôt complice en cas de meurtre.
-Oui ? fis-je.
-QUI ? m'harcelèrent-t-ils en même temps.
Je gémis doucement... Je passais nonchalamment ma main dans mes cheveux, plus par réflexe que par besoin. Puis je détournais mon regard et le posais sur mes pieds. Pourquoi fallait-il que ce futur rendez-vous en compagnie de Blake, m'attire autant de problèmes ?! Je n'aurais jamais accepté, si j'avais su !
-Ali ? m'interpella Grayson en posant sa main sur mon épaule.
Je plongeais mon regard dans les yeux bleu gris de mon ami. Un soupçon de trahison s'étendait dans la totalité de son iris et allait se perdre sans grand problème dans le noir intense de sa pupille.
-Blake ? me demanda-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.
J'hochais la tête, provoquant un soupir des deux garçons. Grayson ancra son regard dans le mien, comme s'il cherchait à analyser ce qu'il voyait, tandis que Nick baissa la tête.
-A quoi tu joues ? murmura Nick désespéré.
Je me tournais vers lui, désorientée.
-Comment ça ?
-Je croyais que tout ça ne t'intéressait pas, que tu n'y croyais pas! Je ne m'attendais pas à ce que tu changes d'avis si facilement ! Et encore moins pour un petit connard qui se la joue parfait !
-Mais qui te dis que j'ai changé d'avis ? J'ai encore le droit de rencontrer et d'apprendre à connaître des gens non ? m'emportais-je.
-Mais bien sûr que tu as changé d'avis ! Tu t'es éloigné de moi. Ils sont toujours avec toi, toujours à parler de toi et ne me laisse plus t'approcher. Mise à part Grayson, d'ailleurs merci mec ! le remercia Nick en se tournant vers le blond. Parce que tu crois que lui veut simplement apprendre à te connaître ? Il veut plus Alison ! Il te veut toi ! Et ça je ne suis pas d'accord.
-Mais tu t'es pris pour qui, là ? m'énervais-je.
Je m'approchais de lui de façon à être à seulement quelques centimètres de son corps. Mon regard rivé au sien lui faisait comprendre que j'étais prête à en démordre physiquement.
-C'est quoi ton problème avec ça, Nick ? Tu es jaloux c'est ça ? Tu es énervé qu'il puisse m'avoir alors que toi tu ne m'auras jamais ? le questionnais-je laissant les mots sortir de ma bouche sans que je ne les contrôle. Tu es jaloux ? Mais tu sais, tu n'as pas à être jaloux. Ce qu'il se passera entre lui et moi, ou entre Grayson et moi, ou entre un inconnu et moi ne te concerne en rien ! T'es mon meilleur ami, Nick ! L'ami de mon frère et tu ne seras jamais plus ! C'est bien clair ?
Son visage s'était décomposé au fur et à mesure de ma tirade, me faisant prendre conscience de la portée de mes mots. Il ouvrit la bouche prêt à répliquer. Mais je le stoppais en levant ma main.
-Tu sais quoi ?! J'en ai marre ! Marre de ne pas être libre de mes choix, marre de ne pas faire ce que j'ai envie de faire, parce qu'une bande de personnes qui se considèrent comme étant mes amis ou ma famille ne cautionnent pas le fait que j'aime prendre des décisions. Je dois être irréprochable devant vous, je dois me planter un balai dans le cul pour vous ! Pour être un minimum la personne que vous aimeriez que je sois ! Mais bordel ! Ce n'est pas moi ça. Si tu n'es pas content, bah tu sais quoi ? Dégage de ma vie ! Je ne te retiens pas.
Je posais mon regard sur la pâleur de ses joues, ses yeux écarquillés et sur sa poitrine qui se soulevait d'une manière haletante, comme s'il avait couru un marathon. Mais ce n'était pas parce qu'il était mal que je devais m'arrêter. Non ! Bien sûr que non. Quand je commence un truc, je vais jusqu'au bout, c'est une sorte de rengaine que je me répète dans ma vie pour ne pas interrompre Quant à moi, j'avais chaud, je bouillonnais, j'avais mal à la tête et l'impression que ma colère était inépuisable.
-Faut mettre les choses au clair Nick. Tu es un ami, mais je ne sais même pas si dans quelques années tu le seras encore. Nous sommes trop différents ! Trop opposés... Et puis, nous ne sommes même pas d'accord sur ce qu'est notre relation. Moi je vois une relation amicale, alors que toi tu veux et tu espères bien plus ! Mais je ne t'aime pas Nick ! Je ne ressens ABSOLUMENT RIEN POUR TOI ! Finis-je par hurler.
Je sentis une main attraper ma taille et je me retrouvais rapidement soulevée du sol. La personne qui me portait se retourna, enlevant Nick de mon champ de vision.
-Je la ramène ce soir... Je pense que c'est ce qu'il y a de mieux. Rentre chez toi, Nick, lui conseilla Grayson.
Il me posa au sol, attrapa mon poignet et m'emmena loin de mon meilleur ami, enfin si je pouvais encore le considérer comme tel. Il nous dirigea vers le parking, tout en veillant à ne pas me lâcher et à ne pas m'adresser un mot. Plus je m'éloignais de Nick et plus je réalisais la portée de mes mots et les conséquences qu'ils avaient et allaient entraîner.
Grayson s'arrêta alors devant la portière passagère de sa voiture. Il m'ouvrit la porte, me fit asseoir et fit le tour pour venir me rejoindre. Il vérifia que j'avais mis ma ceinture et démarra. Son but était de m'écarter du discours haineux que j'avais prononcé quelques secondes, minutes auparavant et de mon Nick... Il sortit du parking et s'engagea sur la route. Il restait silencieux comprenant et respectant mon silence.
Je ne faisais que ressasser les paroles que je lui avais hurlées. Tout était sorti sous le coup de l'énervement... Même s'il y avait une part de vérité dans mes propos, j'avais été trop dure, trop directe dans mes pensées. Et j'avais, comme d'habitude, exagéré la situation.
Un sanglot résonna dans la voiture, me faisant prendre conscience que je pleurais. Je passais mes doigts sur mon visage trempé par les larmes. Je sentais le regard de Gray sur moi. Mais je n'en avais rien à faire. Je savais que je me ridiculisais devant lui. Faut dire se mettre à pleurer après avoir engueulé son meilleur ami et lui avoir dit qu'il pouvait partir car cela ne me ferait rien était vraiment une réaction paradoxale et particulière.
La voiture fit alors une brusque embardée et s'arrêta sur le bas-côté de la chaussée. Je me tournais perplexe vers Grayson. Il détacha ma ceinture et la sienne, posa ses mains autour de ma taille et m'attira contre lui. Je me retrouvais dans ses bras, le volant dans le dos, mes mains sur son torse et ma tête dans son cou. Il positionna mes jambes de part et d'autre des siennes. Il posa alors une main apaisante dans le bas de mon dos, et l'autre dans mes cheveux, qu'il s'empressa de caresser dans le but de m'apaiser.
-Déjà que je n'aime pas te voir pleurer. Mais alors, en plus dans ma voiture, pour quelque chose dont tu vas finir par te mordre les doigts, je déteste clairement, me fit-il remarquer en tentant de faire apparaître un sourire sur mon visage, mais cela fut en vain.
Ce contact, si différent de ceux que j'avais eu, auparavant, avec Gray, me perturbait. Pas dans le mauvais sens, mais dans le sens où je commençais à remarquer que je l'appréciais de plus en plus. Lui, le garçon qui, il y a une semaine me prenait la tête, me désespérait et m'énervait. Le sérum amorem !! C'était lui la cause de tout ce changement !
Sérum ou pas, subconscient ou pas, envie ou pas, besoin ou pas, je finis par glisser un de mes bras dans son dos, tout en laissant le droit contre son torse. Un sanglot secoua à nouveau mon corps, lui faisant resserrer sa prise sur moi.
-Ali... Chut.... Me consola-t-il en accentuant les caresses dans mes cheveux et en dessinant de cercles dans le bas de mon dos. Ne pleure pas ma petite sauterelle. S'il te plait...
Je gémis.
-Je ne suis pas une sauterelle, chuchotais-je dans son cou, mon souffle se répercutant sur la peau bronzée de sa nuque.
-Donc le fait que je dise que tu es à moi, ne te gêne pas ? me demanda-t-il faisant allusion au fait que j'avais contredit le surnom qu'il m'avait attribué et non son appartenance.
-Pas maintenant, soufflais-je. S'il te plait Grayson.
Il hocha la tête, compréhensif et m'écarta de ses bras.
J'eus un mouvement pour y retourner, mais sa main d'acier dans le bas de mon dos me maintenait dans la position qu'il souhaitait, me privant de tous mes mouvements.
-Ali...
Ses yeux couraient le long de mon visage descendant jusqu'à la naissance de mon cou, remontaient vers mes lèvres, puis vers mes yeux. La main qui remplissait un rôle de douceur dans mes cheveux, vint se positionner sur ma joue. Le contact de sa peau rugueuse contre ma peau abîmée par les larmes me fit frissonner.
-Chacune des larmes qui coulera de ses yeux, seront des baisers que tu me devras, scanda-t-il. Et tu peux être sure que je vais les compter !
Un sourire amusé vint étirer ses jolies lèvres pulpeuses.
-C'est pas juste, geignis-je sentant une larme rouler sur ma pommette.
-Et d'une ! se réjouit-il en venant l'essuyer avec son pouce.
Je laissais mon visage se reposer sur sa main. Laissant les mouvements de son pouce m'apaiser. Les yeux fermés, notre dispute de tout à l'heure se rejouait. Allait-il me pardonner ? Là était la question.
-Deux. Trois. Quatre. Cinq, décompta-t-il.
Je secouais la tête négativement. Ce qui le fit rire doucement.
-Ali... Ne pleure pas... Il va te pardonner. Il tient trop à toi, pour ne pas le faire. Et puis il aurait trop peur de se prendre un patin par ton frère s'il voyait dans quel état tu es.
-C'est de ma faute et non de la sienne. Connor n'aura rien à dire, répliquais-je.
-Qui te dit que je parlais de Connor, commença-t-il.
-Non tais-toi. Pas lui. Chut, le priais-je en ouvrant les yeux.
Mon regard embué ne me permettait pas de voir son visage nettement. Je ne voyais simplement que ses traits, sa mâchoire, ses yeux, ses lèvres...
-Comme tu veux. En tout cas, Nick te pardonnera, me promit-il.
J'espérais.... Mais vraiment de tout mon cœur. Et si le cas contraire venait à exister, je ne serais vraiment plus qui je suis. Il avait toujours été là depuis deux ans. Je m'étais toujours reposée sur lui, et quoi que j'aie pu dire plus tôt son départ de ma vie serait trop horrible et insupportable. Je ne voulais pas le perdre lui aussi... Pas lui... Je ne voulais plus perdre personne...
Une rafale de larmes apparut sur mon visage, empêchant Grayson de les compter. Mes pleurs s'étaient mutés en un flux d'eau salée sans prendre le temps de former de jolies petites gouttes.
-Oh et puis merde ! Tu me devras des baisers à l'infini ! me révéla-t-il avant de m'attirer violemment dans ses bras.
Je m'agrippais à lui, ne voulant pas le laisser s'éloigner moi, le laisser partir aussi.
-Dis-moi à quoi tu penses, Ali, me pria-t-il.
Ma main droite resserra son étreinte sur son tee-shirt, je ne voulais pas qu'il parte, lui non plus.
-Ali ? Il faut que tu arrêtes de pleurer... Sinon on ne pourra jamais partir d'ici. A quoi penses-tu bordel ? me supplia-t-il sentant mon corps se secouer à cause de mes sanglots.
-J'ai l'impression d'être une salope... Je n'avais pas à me comporter comme ça avec lui et encore moins me comporter comme ça avec toi. Je ne devrais même pas être là. Je devrais être avec lui, entrain de profiter de mon meilleur ami. Mais tout ça c'est à cause de cette putain d'étude, à laquelle ma mère m'a inscrite avant que je naisse ! Vous ne me comprenez pas que cela soit toi, mes parents, mon frère, mes frères pardon, Nick... Vous ne comprenez pas pourquoi je ne me réjouis pas du fait de pouvoir connaître mon âme sœur, ni d'ailleurs d'en avoir deux. Non pour moi tout ça c'est inhumain. L'amour est inhumain. Son but est juste de trouver une raison de pouvoir perpétuer la race humaine. Les hommes ont inventé l'amour pour donner un prétexte à la reproduction. Non... Non Grayson. Je n'aime pas cette idée. Je n'aime pas l'idée d'être destiné à quelqu'un. Ça enlève tout but à la vie, toute notion de liberté ! Je ne conçois pas l'idée que je ne puisse pas prendre mes propres décisions. Lorsque j'ai su que je faisais partie de l'étude, j'ai eu l'impression que l'on m'attachait que l'on m'empêchait de bouger et de vivre. J'ai horreur de donner du pouvoir aux gens et pourtant c'est ce qu'il se passe dans cette étude ! Je leur donne le pouvoir de contrôler ma vie, mon futur...
-Tu es libre de tes choix Alison. Tu nous le répètes tous les jours et tu nous le montres très bien aussi, me contredit Grayson.
-Mais bien sûr que non Gray ! C'est une image, une facette que je montre aux gens qui m'entourent. Je les berce dans l'illusion que je suis libre et que je me battrais pour le rester. Mais je suis loin de l'être.
-N'as-tu jamais pensé que si tu te posais avec ton âme sœur tu deviendrais libre ? Que tu pourrais enfin vivre comme tu le souhaites ?
-Je ne serais pas libre, puisque je serais avec quelqu'un qui m'a été imposé.
-Pourquoi tu t'en es prise à Nick ? me demanda-t-il abruptement.
-Parce que cela me tuait qu'il ne me comprenne pas. Lui ! Celui qui m'a toujours comprise. Qu'il me considère aussi pour autre chose. J'ai brisé ma promesse... Je ne devais pas le blesser. Je ne devais pas lui faire de mal, pas à lui. Il est tellement important pour moi, Gray... Mais vraiment c'est probablement la personne à laquelle je tiens le plus après ma famille, lui révélais-je en m'écartant de lui et en le dévisageant.
-Et tu penses que c'est à moi, qu'il faut le dire ? m'interrogea-t-il en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille.
J'hochais négativement la tête, ce qui fit retomber la mèche, qu'il venait de replacer derrière mon oreille, devant mon visage. Ses sourcils se froncèrent, tandis qu'il venait la remettre à sa place.
-Qu'est-ce que tu fais encore là, alors ? me fit-il remarquer. Je pense qu'il faut t'empresser d'aller lui dire. D'accord ?
Un sourire étira alors mon visage, à l'idée d'aller voir Nick. Je voulais m'excuser et lui dire vraiment ce que j'avais sur le cœur à son sujet. Je me détachais de Grayson et allais me remettre à ma place, lorsque je me réalisais que je ne l'avais pas remercié.
Je me repositionnais à l'identique, ce qui eut le loisir de le surprendre.
-Ali ?
Je m'avançais davantage vers lui et venait déposer un baiser sur sa joue.
-Merci Gray. Merci pour tout.
Je me décalais de lui et retournais à ma place. Il était toujours tourné vers moi, le regard lointain et le visage surpris. Il finit tout de même par se ressaisir au bout de quelques instants et démarra sa voiture. Il s'engagea instantanément sur la route. Le chemin jusqu'à chez moi se fit rapidement. A peine s'était-il arrêter devant chez moi que je descendais de la voiture, en le remerciant à nouveau pour tout. Je traversais ma rue et me précipitais à la porte de la maison de Nick. Je sonnais et attendais impatiente, sentant malgré tout une boule d'angoisse dans mon ventre. Une jolie femme brune vint m'ouvrir.
-Alison ! s'écria-t-elle en m'attirant dans ses bras, son parfum m'enveloppa rapidement me rappelant les nombreux moments que je passais dans cette maison. Si tu viens voir Nick, il est dans sa chambre. Il semble assez contrarié... J'espère que toi, tu arriveras à le faire sourire, moi j'ai essayé et c'était en vain.
Je lui souris poliment, n'osant pas lui dire que tout était de ma faute. Je grimpais les marches des escaliers, m'arrêtant devant les nombreuses photos accrochée. Il y en avait une de mon frère, Nick et moi, montrant l'un des derniers jours où mon frère avait été présent. Je me détournais de cette image, voulant éviter de ressasser d'anciens souvenirs et me décidais à vite rejoindre Nick.
-Non maman ! Je ne suis pas de bonne humeur, je te l'ai déjà dit ! Laisse-moi s'il te plait, répondit-il après que j'aie frappé à sa porte.
Je décidais malgré tout de l'ouvrir et d'entrer. Il releva la tête de son oreiller prêt à hurler à sa mère de sortir de sa chambre, mais à ma vision il se figea.
Je refermais la porte derrière moi et ne le laissais pas parler. Je déblatérais instantanément le discours, aussi foireux qu'il puisse être, que j'avais préparé dans la voiture.
-Nick... Je suis sincèrement désolée. Tu ne sais pas à quel point je m'en veux. Tout ce que j'ai dit... C'était horrible. Je n'avais pas le droit de te dire ça comme ça et encore moins te gueuler dessus comme je l'ai fait. Je pourrais te dire que je ne pensais pas du tout ce que j'ai dit. Mais c'est faux. Enfin si ! Il y a des choses que je ne pensais pas, me repris-je. Comme le fait que si tu partais cela ne me ferais rien. Nick... Ça me ferait hyper mal, si tu partais. Je... Tu es trop important pour moi, Nick. Tu es mon pilier, ma base. J'ai besoin de toi.
Un silence s'installa entre nous. Il me regardait mais ne réagissait pas, ce qui fit augmenter la taille du nœud dans mon ventre.
-Mais merde, qu'est-ce que j'ai été conne, de te gueuler dessus ? m'emportais-je alors en passant mes mains sur mes joues pour les rafraîchir. T'es la personne qui me comprend le plus, qui m'aime vraiment pour la personne que je suis. Je peux être moi-même avec toi ! m'exclamais-je en posant mon regard sur les murs qui m'entouraient. C'est une sensation géniale d'être soi-même et de ne pas avoir peur d'être jugée, dis-je en posant ma main sur son bureau. On a eu de ses délires, de ses histoires, de ses souvenirs tous les deux, ajoutais-je en passant ma main sur les photos de nous deux qui s'y trouvait. Et j'ai failli casser tout ça parce que j'en veux à tout le monde. Je suis énervée contre le monde entier pour une purée d'étude qui n'a aucun rapport avec toi. Et le comble c'est que je m'énerve contre toi ! J'ai honte, bordel. J'ai honte. Je suis désolée, Nick, terminais-je en posant mon regard sur lui.
Pendant ma tirade, Nick était venu s'asseoir sur le bord de son lit. Il ne m'avait pas lâché des yeux et son regard en disait long sur ce qui allait se passer, là, maintenant, tout de suite.
Il ouvrit ses bras, m'implorant du regard de les rejoindre. Je ne me fis pas prier et allais me nicher contre son torse.
-Notre relation, Alison, comment veux-tu qu'elle soit ? m'interrogea-t-il.
Je posais mon regard sur son visage afin de décrypter la réponse qu'il attendait.
-Sois franche, Alison, s'il te plait, me supplia-t-il.
-Amicale, fraternelle, répondis-je.
Il hocha la tête, compréhensible.
-Mais toi ?
-Moi, Alison.... Je n'aurais pas ce que je veux avec toi. Ça fait longtemps que je le sais. C'est juste très dur à réaliser et accepter. Cela me passera, un jour, je te le promets, mais pour l'instant je ne peux pas faire autrement. Alors si cela ne te gêne pas d'attendre et de comprendre que je ferais de mon mieux mais que cela restera pendant un certain temps compliqué...
-Non ça me va, Nick ! J'ai eu trop peur de te perdre, le coupais-je.
Il rigola et resserra son étreinte autour de moi.
-Alors comme ça tu vas à un rendez-vous avec Blake ? me demanda-t-il pour changer de sujet.
-Nick.
-Je te promets de réagir en tant qu'ami. Okay ?
-Oui, il m'a invité demain soir, acquiesçais-je.
-Où ça ?
-Nick, le prévins-je.
-C'est juste pour savoir, où je peux venir te chercher si cela se passe mal, me provoqua-t-il.
Je rigolais et renchéris :
-Mais pourquoi cela se passerait-il mal ?
-On ne sait jamais... Tu as tendance à t'attirer des ennuis, me fit-il remarquer.
-Mais non ! me moquais-je.
**
Le reste de la soirée s'était déroulée dans une ambiance détendue et apaisante. J'étais retournée chez moi pour le dîner et avais croisé Grayson qui m'avait demandé si tout c'était bien passé. Je lui avais offert un grand sourire en guise de réponse et étais partie me préparer pour aller me coucher. Mon père était venu dans ma chambre pour m'énoncer les règles à respecter pour le lendemain soir. Je devais dormir ici, rentrer avant minuit et surtout restée joignable. J'avais approuvé et je m'étais allongée dans mon lit.
La journée du lendemain avait été, quant à elle, extrêmement rapide. Les moments où j'aurais pu harceler Nelly pour savoir ce qui n'allait pas, avaient été quasiment inexistants. Nous étions toujours entourées par la bande et surtout par Hugo. Nelly avait revu de loin Jason et l'avait évitée. Je ne savais pas encore pourquoi. Après tout, tant qu'elle ne serait pas disposée à m'en parler, je resterais dans le noir.
La fin des cours était arrivée aussi rapidement qu'arrive Noël quand on est grand. J'étais retournée chez moi en prenant ma voiture et étais allée me préparer. Blake m'avait demandée d'être habillée décontractée et passe-partout. J'avais opté pour un jean slim noir et un tee-shirt blanc à l'inscription NYC. Les lettres du nom de cette ville magnifique, étaient remplies par des images de la ville pendant la nuit. Pour agrémenter le tout et surtout éviter que j'attrape froid j'avais ajouté une veste en jean dont les épaules étaient recouvertes par de mini clous, donnant un effet assez gothique à la tenue. Pour les chaussures, j'avais décidé de mettre des escarpins noirs, ultra confortables.
J'inspectais mon reflet, afin de réajuster ma tenue. Puis j'allais dans la salle de bain et traçais un trait de crayon dans ma muqueuse. Mon maquillage sobre faisait ressortir mes yeux et éclairais mon visage.
Vers 18heures, Blake se présenta devant chez moi. Je descendis les escaliers suivie de mon frère. Avant de le saluer, je dus laisser Connor prendre la parole. Ce dernier s'était placé devant Blake et lui avait lancé :
-Je te confie ma sœur, mais à la première erreur que tu ferras, tu t'en mordras les doigts. Si tu tentes quoi que ce soit avec elle, sans son accord, je te ferais bouffer tes couilles et je te ferais ravaler ton petit sourire à la con. Ma sœur c'est la prunelle de mes yeux, tu lui fais du mal, tu en fais à moi. C'est clair ?
Blake hocha la tête, amusé.
-Interdiction de la lâcher une seule seconde. Elle doit toujours être en ta présence.
-Même si je vais aux toilettes ? le questionna-t-il. Parce que dans ces cas-là, elle risque de voir...
-Tu vas pas aux chiottes ! Tu te retiens, le coupa-t-il.
-Bien monsieur, que dois-je faire d'autre ? se moqua Blake, en considérant mon frère des pieds à la tête.
-Elle rentre à la maison, ce soir et avant minuit.
-Je sais ta mère me l'a déjà demandée, lui fit-il remarquer.
-Tu as parlé quand avec ma mère, toi ? s'énerva Connor.
-Bon Coco, on va y aller. Appelle les gars, sors, va t'éclater, lui conseillais-je pour éviter une nouvelle confrontation à ce sujet.
Mon frère se retourna vers moi et souffla.
-Sois prudente, me chuchota-t-il en s'écartant de mon passage, pour que je puisse rejoindre Blake que je saluais d'un bisou sur chaque joue.
Nous sortîmes de ma maison, sous le regard inquiet de mon frère et grimpâmes dans la voiture de Blake.
-Comment vas-tu Alison ? me questionna ce dernier.
-Bien et toi ?
-Super ! Pas trop inquiète ?
-Non juste excitée et pressée de savoir où tu m'emmènes, lui révélais-je.
Un sourire de malice s'afficha sur son visage, apportant un nouveau charme à son visage.
-Un rendez-vous classique...
-Classique ? répétais-je.
-Enfin cela dépend de la notion que tu accordes au mot classique, me taquina-t-il en m'offrant un sourire en coin. Je t'avais promis quelque chose de surprenant. Voyons voir si tes espérances seront satisfaites, évoqua-t-il en démarrant la voiture et s'éloignant de ma maison.
Premier rendez-vous. Première soirée avec Blake. Premier effort pour cette étude...
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Bonjour, Bonsoir!!
J'espère que ce chapitre vous aura plu.N'hésitez pas à commenter et voter si c'est le cas.
Personnellement je n'en suis pas fière mais pas du tout.
Bref bref bref...
Je souhaite bon courage à toutes les personnes devant passer des examens. Travaillez bien, ne perdez pas espoir et réussissez! Je crois en vous.
Pour les autres, profitez de notre merveilleux temps... *ironie*
J'ai tellement hâte d'être au 3 juillet. Le lieu de rendez-vous a été modifié. Le meeting se déroulera dans le jardin du Luxembourg à Paris. Pour plus d'informations, n'hésitez pas à aller sur le compte de SpiritOfYourSoul pour en savoir davantage.
En média Jessey Stevens, notre cher Nick, qui pardonne trop facilement à mon goût... Mais si tout cela cachait quelque chose?
Bonne continuation!
Morgan.xx