SO Trevor (Édité : Oscula, La...

By boutchoupitchou

138K 1.4K 388

/!\ Spin-Off de mon autre histoire "Comme s'il pleuvait des anges". "Depuis ma plus tendre enfance, mon don... More

Petite entrée en matière + Couverture
Partie 2 : souvenir
Partie 3
Foire Aux Questions
So Trevor bientôt entre vos mains ?
Nouveau titre ? Chapitre supplémentaire ? Avancement du projet...
Cover reveal !
PARUTION Ebook et Papier : C'est le jour J !
OSCULA partie 2 : Précommandes !

Partie 1

3.2K 394 69
By boutchoupitchou


Je courais à en perdre haleine.

Peu importait la direction. Je ne prenais pas le temps d'observer mon environnement, je me contentais de courir. Loin. Loin de la violence de mes sentiments, loin de mes émotions qui se trouvaient inévitablement exacerbées en sa présence, loin de lui.

Le vent d'une fraîcheur hivernale venait fouetter mon visage ; mon cœur battait follement dans ma poitrine ; le contenu de mon estomac menaçait de remonter dans ma gorge à chaque nouvelle foulée ; un point de côté me tiraillait le ventre ; mais rien de tout cela n'avait d'importance. Tout ce que j'avais en tête était le visage de Trevor qui ne quittait plus mes pensées et dont je devais m'éloigner à tout prix.

Je ne comprenais pas.

Comment était-ce possible ? Il était censé être mort.

Pourtant, mes yeux ne m'avaient pas menti, mon don ne m'avait pas trahie, c'était bien sa signature que j'avais perçue.

Lui.

L'homme que j'avais aimé, l'homme pour qui j'aurais tout sacrifié. Le seul pour qui mon cœur battait, et ce, même après l'avoir cru mort. L'homme qu'on m'avait arraché de force.

En le voyant pénétrer dans la salle des fêtes, toujours aussi beau et fier que dans mes souvenirs, son éternel sourire au coin des lèvres, j'avais d'abord cru à un mirage. Puis ses yeux avaient trouvé les miens, et le doute n'avait plus été permis. Devant l'absence de réaction de mon cerveau, mon corps avait agi en conséquence, je m'étais évanouie.

Pour la première fois depuis des années, j'avais baissé ma garde, mes défenses étaient tombées. Sous le choc, je m'étais laissé envahir par les émotions extérieures et leur puissance était telle que j'en avais perdu connaissance.

Il fallait dire que la situation n'avait pas été des plus propices à un tel bouleversement. Au moment où c'était arrivé, je me trouvais entourée d'une cinquantaine d'individus tous plus énervés les uns que les autres. Certains pleuraient, d'autres criaient... mais nul n'était dans son état normal. Un trop plein d'émotions que je ne pouvais pas supporter sans un minimum de protection.

Pourtant, tout empathe qui se respectait savait très bien qu'abaisser ses défenses au beau milieu d'un combat était le meilleur moyen de perdre pied. La présence d'êtres surnaturels n'arrangeait rien, bien au contraire. Les émotions qui émanaient d'eux se révélaient bien plus intenses que celles des humains.

Lorsque j'étais enfin revenue à moi, tout était déjà terminé. Elemiah avait été vaincu, nous avions remporté cette victoire, et j'avais été soulagée d'apprendre qu'aucune perte n'avait été à déplorer à l'intérieur de nos rangs. Seul Keran était tombé, mais je savais qu'il ne tarderait pas à refaire surface. Aucune arme démoniaque n'avait été utilisée durant l'affrontement et elles étaient les seules à s'avérer fatales pour notre espèce.

Alors que je reprenais peu à peu mes esprits, le désespoir de Nae était venu me frapper en plein cœur. J'avais dirigé mon regard dans sa direction, et le sentiment de détresse pure qui l'enveloppait — et que je ressentais aussi ardemment qu'elle — avait manqué de me faire défaillir, une fois de plus. La souffrance qu'elle endurait ne m'était pas étrangère. Je l'avais vécue moi-même, quelques mois auparavant.

Je m'apprêtais à faire un pas vers elle pour la soulager de son affliction lorsque Trevor était réapparu dans mon champ de vision. Il s'était approché de Nae et l'avait transportée dehors pour tenter de la calmer et lui faire comprendre que Keran n'était pas réellement mort.

Je n'avais pas pu m'empêcher d'éprouver un bref élan de jalousie en le voyant poser ses mains sur une autre que moi, une réaction injustifiée et parfaitement déraisonnée en vue de la situation. Le plus dur restait de le savoir, là, à seulement quelques pas de moi, et de m'apercevoir qu'il m'ignorait totalement. Je l'avais vécu comme un véritable traumatisme.

Ma tête avait recommencé à tourner, mon sang me vrillait les tempes et j'avais profité du fait qu'il ait le dos tourné pour m'éclipser. Pour m'éloigner au plus vite de lui et de la vision douloureuse qu'il m'offrait.

Je ne voulais pas lui faire face. Je ne le pouvais pas. C'était tout simplement au dessus de mes forces. Le voir me regarder et ne lire dans ses yeux que du détachement et de l'indifférence à mon égard m'était insupportable. Il n'avait pas conscience de moi, de celle que j'avais été un jour pour lui.

J'étais devenue une étrangère à ses yeux, ses souvenirs lui avaient été arrachés... nos souvenirs. Rien ne serait jamais plus pareil. Et cette soudaine prise de conscience se révélait plus dévastatrice encore que tout ce que j'avais déjà pu endurer par le passé.

Je savais pourtant ce qu'il en était, mais le découvrir en vie alors que je le croyais mort m'avait fait espérer que, peut-être, je m'étais également trompée sur le reste. Ou plutôt qu'on m'avait trompée. Peut-être qu'il ne m'avait pas oubliée... 

Malheureusement, ma bonne étoile — si j'en avais eu une un jour — m'avait quittée depuis longtemps.

Je ne savais pas comment réagir, j'étais complètement déboussolée. La joie et le désespoir se disputaient la place dans mon esprit. D'un côté, le savoir en vie me comblait de bonheur, et de l'autre la dure réalité de la situation revenait me frapper de plein fouet pour me consumer de l'intérieur.

Il n'y avait plus rien à attendre de notre histoire, elle s'était terminée il y avait de cela des années. Et j'étais impuissante.

Il vivait, et je mourais à petit feu.

Alors, j'avais choisi la fuite, parce que je ne voyais pas d'autre alternative. Rien n'aurait pu me soulager de mon tourment. Je pouvais atténuer la douleur des autres mais pas la mienne.

J'étais condamnée à aimer un homme qui m'était inaccessible. Et si je faisais le choix de tout lui révéler, je le perdais définitivement.

Le savoir si près de moi et en même temps si loin était un véritable supplice. Je ne voulais pas risquer de le recroiser, d'avoir à lui parler... Il n'aurait qu'à ouvrir la bouche et m'offrir ses mots pour achever le peu de raison qu'il me restait encore.

Alors, oui, j'avais fuis. Et je continuerais de le faire jusqu'à ce que cette douleur intolérable finisse par s'atténuer à défaut de pouvoir disparaître.

Après avoir couru pendant ce qui me paraissait des heures, je finis par ralentir. J'ignorais complètement où je me trouvais mais je m'en fichais. En quittant mon monde démoniaque, j'avais plongé dans l'inconnu une première fois, cela ne m'effrayait plus dorénavant. Je me laissais porter par le vent, vivant au jour le jour, sans avoir à me soucier du futur.

Je regrettais simplement de ne pas avoir attendu le retour de Keran pour partir. J'aurais aimé pouvoir lui dire au-revoir mais je me consolais en me disant qu'il aurait eu de toute façon bien d'autres sujets de préoccupation en tête. Il avait retrouvé Nae. La vie avait finalement souri à l'un de nous deux, il connaîtrait une fin heureuse avec celle qu'il aimait, c'était tout ce que je lui souhaitais.

Keran m'avait parlé de son frère à de nombreuses reprises durant ces neuf mois passés en sa compagnie. Je l'avais souvent entendu mentionner le nom de Trevor, mais jamais je n'aurais imaginé qu'il s'agissait en réalité du seul homme que j'avais jamais aimé.

Connaitre le vrai nom d'un démon donnait du pouvoir sur lui à son interlocuteur. Alors nous changions tous d'identité une fois sur Terre. Aucun de nous ne voulait risquer de se retrouver mêlé à un rituel d'invocation et d'être ainsi lié à un humain converti aux Arts de l'Occultes. Bien que ces derniers ne soient pas des plus courants en ce monde.

Ignorant que Trevor était le nom par lequel il se faisait appeler sur Terre, je n'avais absolument pas fait le rapprochement entre le frère de Keran et cet homme qui m'avait offert son amour bien des années auparavant. Un homme supposé être mort.

Le destin avait sans doute trouvé très drôle de le remettre sur mon chemin en de pareilles circonstances.

J'étais bouleversée. Mes yeux me piquaient et un bourdonnement incessant menaçait toujours de faire imploser mes tympans.

La barrière d'énergie qui entourait Svatantria disparut soudain sous mes yeux, mes pieds m'avaient portée à quelques mètres de la frontière de la ville, mais je n'y prêtais pas réellement attention. Mon esprit était ailleurs, j'étais perdue dans mes pensées, me remémorant les prémices de mon histoire avec celui qui m'avait initiée aux plaisirs de la vie. Celui qui m'avait fait découvrir le véritable sens du mot amour.

Des souvenirs auxquels je m'étais raccrochée un nombre incalculable de fois au cours des années précédentes... parce que si lui avait oublié, ce n'était pas mon cas. Le fantôme de notre histoire était tout ce qu'il me restait de lui. 


Continue Reading

You'll Also Like

171K 8.9K 20
Angleterre 19e siècle, La belle, l'infirme et la bâtarde. C'est ainsi que l'on surnomme les filles de lord Kent, le marquis de Shrewsbury dans la bon...
5.1K 670 40
Rose est une jeune fille qui mène une vie normale jusqu'au jour de son 16ème anniversaire où son ami d'enfance, son premier amour réapparait. Elle v...
1.9M 141K 109
Ruby est une jeune orpheline elle ne connaît rien de son passé rien de ses parents de sa famille ni de ses origines. Elle n'a pas connue que la joie...
77.1K 2.2K 30
Que se passerait il si Harry avait une sœur ? Sa sœur cadette TP âgée d'un an de moins que lui est rentrée à Poudlard. Suivait son aventure entre tra...