Les Chroniques Infernales- Le...

By LauraBrbnt

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Angleterre, Londres 1888. De nombreux meurtres étranges se succèdent dans les ruelles sombres de Whitechapel... More

Présentation
Trailer !
Le pouvoir d'une petite étoile ⭐️
Prologue (corrigé)
Chapitre 1 (1) (corrigé)
Chapitre 1 (2) (corrigé)
Chapitre 2 (1) (corrigé)
Chapitre 2 (2) (corrigé)
Chapitre 3 (1) (corrigé)
Chapitre 3 (2) (corrigé)
Chapitre 3 (3) (corrigé)
Chapitre 3 (4) (corrigé)
Chapitre 4 (1) (corrigé)
Chapitre 4 (2) (corrigé)
Chapitre 4 (3) (corrigé)
Chapitre 5 (1) (corrigé)
Chapitre 5 (2) (corrigé)
Chapitre 5 (3) (corrigé)
Chapitre 6 (1) (corrigé)
Chapitre 6 (2) (corrigé)
Chapitre 7 (1) (corrigé)
Chapitre 7 (2) (corrigé)
Chapitre 7 (3) (corrigé)
Chapitre 8 (1) (corrigé)
Chapitre 8 (2) (corrigé)
Chapitre 8 (3) (corrigé)
Chapitre 9 (1) (corrigé)
Chapitre 9 (3) (corrigé)
1K Merci !!
Chapitre 10 (1) (corrigé)
Chapitre 10 (2) (corrigé)
Chapitre 10 (3) (corrigé)
Chapitre 11 (1) (corrigé)
Chapitre 11 (2) (corrigé)
Chapitre 11 (3) (corrigé)
Chapitre 12 (1) (corrigé)
Chapitre 12 (2) (corrigé)
Chapitre 12 (3) (corrigé)
Chapitre 13 (1) (corrigé)
Chapitre 13 (2) (corrigé)
Chapitre 13 (3) (corrigé)
Chapitre 14 (1) (corrigé)
Chapitre 14 (2) (corrigé)
Chapitre 15 (1) (corrigé)
Chapitre 15 (2) (corrigé)
Chapitre 16 (1) (corrigé)
Chapitre 16 (2)(corrigé)
Chapitre 17 (1) (corrigé)
Chapitre 17 (2) (corrigé)
Chapitre 17 (3) (corrigé)
Chapitre 18 (1) (corrigé)
Chapitre 18 (2) (corrigé)
Chapitre 18 (3) (corrigé)
Chapitre 18 (4) (corrigé)
FAQ + réponses
Chapitre 19 (1) (corrigé)
Chapitre 19 (2) (corrigé)
Chapitre spécial Noël
Chapitre 19 (3) (corrigé)
Chapitre 20 (1) (corrigé)
Chapitre 20 (2) (corrigé)
Chapitre 20 (3) (corrigé)
Chapitre 21 (1) (corrigé)
Chapitre 21 (2) (corrigé)
Chapitre 21 (3) (corrigé)
Chapitre 22 (1) (corrigé)
Chapitre 22 (2) (corrigé)
Chapitre 23 (1) (corrigé)
Chapitre 23 (2) (corrigé)
Chapitre 24 (1) (corrigé)
Chapitre 24 (2) (corrigé)
Chapitre 24 (3) (corrigé)
Chapitre 25 (1) (corrigé)
Chapitre 25 (2) (corrigé)
Chapitre 25 (3) (corrigé)
Chapitre 26 (1) (corrigé)
Chapitre 26 (2) (corrigé)
Chapitre 26 (3) (corrigé)
Chapitre 27 (1) (corrigé)
Chapitre 27 (2) (corrigé)
Chapitre 27 (3) (corrigé)
Chapitre 28 (1) (corrigé)
Chapitre 28 (2) (corrigé)
Chapitre 29 (1) (corrigé)
Chapitre 29 (2) (corrigé)
Chapitre 29 (3) (corrigé)
Chapitre 29 (4) (corrigé)
Chapitre 30 (1) (corrigé)
Chapitre 30 (2) (corrigé)
Chapitre 30 (3) (corrigé)
Chapitre 30 (4) (corrigé)
Chapitre 30 (5) (corrigé)
NDA : et si on discutait ?
Des nouvelles ?
Les Chroniques se refont une beauté ?
100K ? Et si on fêtait ça ?
Projet édition ?

Chapitre 9 (2) (corrigé)

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By LauraBrbnt

Il lui avait fallu un certain temps pour se remettre de ses émotions. Elle n'avait de ce fait même pas cherché à en découvrir davantage, déboussolée par cette découverte glaçante. Nokomis avait vu juste, elle lui avait livré le nom de la victime. Comment ? Comment diable avait-elle su ? Et si Will avait raison, et si elle était impliquée de près ou de loin dans les affaires de l'Éventreur ? Mais il y avait plus inquiétant encore ; pourquoi, oui pourquoi, Jane avait-elle rêvé de la mort de Magdalena avant même qu'elle ne se produise ?

Elle enfouit sa tête dans ses mains, se remémorant sa conversation avec la médium. La divination ? Non, ce ne pouvait être vrai ! Cela n'existait pas ! Personne n'avait le pouvoir de connaître à l'avance ce qui allait se produire... Non, tout cela n'était qu'un hasard, un horrible hasard, une mauvaise farce que lui jouait le destin. Et pourtant... Elle ne put s'empêcher d'avoir la gorge nouée à la simple pensée que la dernière fois qu'elle avait vu cette femme elle était vivante, et que quelques heures plus tard elle agonisait sous les coups de l'Éventreur, sans que personne d'autre que Jane ne le sache.

Elle reprit ses recherches pour se changer les idées. Les quelques papiers qu'elle avait trouvé en fouillant les tiroirs ne lui apprenaient rien, il n'y avait là que notre illisibles, raturées et froissées. Parmi les feuilles volantes et les scalpels, Jane trouva un exemplaire du rapport de Thomas Bond sur une des victimes de 1888 ; au Mary Jane Kelly si elle comprenait bien. Ce qu'elle découvrit dans ce rapport suffit à lui glacer le sang : gorge tranchée jusqu'à l'os, le corps perforé par d'innombrables coups de couteau colériques, ses traits méconnaissables, organes prélevés et éparpillés autour d'elle, cœur manquant... Jane referma le dossier brutalement, incapable d'en lire plus. C'était sans nul doute le crime le plus sanglant de Jack l'Éventreur en 1888. Et voilà que l'horreur reprenait là où elle s'était arrêtée des années plus tôt, car les nouvelles victimes ne différaient en rien des anciennes. Sauf si on prenait en compte les lettres adressées à Judy Browler, à supposer qu'elles aient un rôle à jouer dans toute cette histoire...

La lumière de la pièce se mit soudainement à trembloter, un mauvais pressentiment envahit Jane qui décida d'écourter son exploration. Elle rangea pêle-mêle les documents et les scalpels et se dirigea rapidement vers la porte, elle posa une main sur la poignée et poussa mais rien ne se produisit ; la porte refusa de s'ouvrir. Jane inspira profondément et se promit de ne pas céder à la panique. « Elle doit être un peu bloquée c'est tout. » Se rassura-t-elle. Elle tenta de nouveau de l'ouvrir, sans succès.

Alors qu'elle s'acharnait sur la poignée la lumière grésilla, jusqu'à ce que la salle soit complètement plongée dans le noir. Une peur étreignit la jeune fille qui faisait son maximum pour empêcher ses mains de trembler. « Surtout ne panique pas. » Lui soufflait la petite voix en elle. « Rester calme dans toutes les situations est le maître mot. » Renchérit-elle. Toutefois ces jolis mots de réconfort ne l'empêchèrent pas de donner quelques coups d'épaule vigoureux contre la porte, ainsi espérait-elle attirer l'attention de quelqu'un. Pourquoi pas ce policier raide comme un piquet qui l'avait obligée à mentir sur son identité ?

Dès lors il sembla faire plus froid dans la pièce. Après vive réflexion cela n'enchantait pas vraiment Jane d'être renfermée dans le noir complet avec deux cadavres. Le dos pressé contre la porte, elle pressa ses bras contre sa poitrine pour apporter un peu de chaleur à son corps frissonnant. Un bruit de métal claquant contre le sol la fit sursauter. Le bruit venait de l'intérieur de la pièce, elle en était certaine. Elle avait dû mal ranger un scalpel voilà tout. Ou peut-être pas... « Le pouvoir de l'imagination... » Se disait-elle en boucle en repensant au calme olympien de Will dans ce genre de situation. « Il n'a jamais été enfermé avec des morts lui au moins ! » Un autre bruit interrompit ses réflexions qu'elle souhaitait réconfortantes. Un bruit de drap cette fois-ci. Elle eut tout à coup la vague impression qu'elle n'était pas seule. Un son désagréable de respiration lui parvint. Elle frissonna de plus belle, une sueur froide coulant le long de sa colonne vertébrale. Son cœur battait tellement fort dans ses oreilles qu'elle aurait presque cru être privée de son ouïe. Un souffle léger voleta dans son cou. Angoissée par les délires de sa peur qui prenaient des proportions énormes, elle s'écrasa contre la porte en espérant passer à travers, son esprit complètement vidé de ses brillantes idées.

Quand la porte à l'improviste s'ouvrit dans son dos, elle ne s'attendait pas à tomber dans les bras d'un vieil homme aux favoris blancs comme neige.

– Miss Blancksfair ? s'étonna-t-il.

– C'est bien elle ! confirma le policier moustachu au fichu calepin. C'est cette jeune infirmière que le docteur Ross a soit disant fait mandé de Winchester pour l'enquête.

– Le docteur Ross ? Je ne savais pas, il m'en aurait touché un mot me semble-t-il.

Jane se releva maladroitement des bras du docteur, encore toute désorientée.

– Miss Blancksfair ? Êtes-vous sûre que tout va bien ? Vous êtes pâle... S'enquit une nouvelle fois le vieil homme en blouse blanche.

– Oui, docteur Ross ! Je-je vous cherchais justement ! dit-elle précipitamment.

– Mais... Je ne suis pas le docteur Ross ! protesta l'homme en réajustant ses lunettes sur son nez. Je suis le docteur Harrison, légiste et collègue du docteur Ross ! Veuillez nous excuser milady, ce petit cachottier a dû omettre de nous informer de votre venue. Moi-même je n'en savais rien. (Il jeta un coup d'œil dans la chambre froide.) Seigneur que s'est-il passé là-dedans ?

– Je ne saurai le dire, annonça Jane perplexe. La lumière s'est brusquement éteinte et je n'ai pu sortir, la porte était verrouillée.

– Ça par exemple ! C'est étrange, cette porte n'est jamais fermée à clé pour la bonne et simple raison que je suis le seul à en posséder la clé que je remets au gardien le soir quand je quitte les lieux, expliqua le docteur Harrison.

– Eh bien apparemment des clés fantômes doivent circuler dans votre dos docteur, répondit-elle encore secouée.

Un homme surgit au détour d'un couloir, le nez plongé dans ses notes, une blouse blanche, des yeux noirs comme l'encre, mal rasé et une chevelure brune hirsute tandis qu'il ajustait ses lunettes sur ses yeux cernés.

– Docteur Ross ! bondit le gardien. Cette jeune personne prétend être une infirmière que vous avez demandée pour vous assister ! Elle se présente sous le nom de Julie Blancksfair. Impossible de la trouver dans le registre et le docteur Harrison ne peut confirmer ses dires. Peut-être pourriez-vous m'éclairer sur le sujet ?

Le docteur Ross en question, ouvrit la bouche et fronça les sourcils. Il examina Jane de la tête aux pieds et renifla bruyamment, visiblement agacé par toute cette histoire abracadabrante avant de secouer la tête.

- Je regrette, je ne connais pas cette personne.



– Et que je ne vous reprenne plus à roder près d'ici ou la prochaine fois c'est direction la prison!

Alors que le gardien venait de pousser Jane avec violence dans la rue et qu'il refermait brutalement la porte de la morgue, la jeune fille fit volte-face et cria de manière fort peu distinguée :

– Cela ne se passera pas comme ça ! Vous allez regretter de m'avoir jetée dehors comme une vulgaire malfamée ! Vous entendrez encore parler de moi, je vous le promets !

– Que de beaux mots, que de bravoure et tant d'inconscience... Contre qui vociférez-vous donc très chère ?

Jane se raidit, si cette réplique aurait eu parfaitement sa place dans la bouche d'un individu particulièrement désagréable qu'elle connaissait bien, elle aurait mille fois préféré qu'il s'agisse de Will plutôt que de l'inspecteur Adrian McColl.

– Inspecteur ! Quelle bonne surprise ! lança-t-elle avec une fausse joie en lui faisant face.

– C'est exactement ce que j'allais dire, répondit l'homme au chapeau melon alors qu'il tirait une longue bouffée de tabac sur sa pipe en bois.

– Je dois admettre que c'est une belle coïncidence, n'êtes-vous pas de cet avis ? continua-t-elle.

McColl haussa un sourcil, vraisemblablement irrité par ces fausses politesses.

– Je ne crois pas au hasard Miss Warren, déclara McColl. S'il faisait bien les choses, vous ne seriez pas ici.

La jeune fille esquissa un sourire crispé. Son cerveau s'agitait dans tous les sens, se démenant pour trouver une solution afin de ne pas s'embourber davantage dans la toile d'araignée de l'inspecteur.

– Alors dans le cas présent il faut croire que certaines choses lui échappent, plaisanta Jane.

Elle croyait s'être débarrassée du bonhomme mais c'était sans compter la perspicacité de l'inspecteur qui ne comptait pas la lâcher de sitôt.

– Pour être tout à fait honnête avec vous Miss Warren, je ne suis guère étonné de vous trouver ici. J'imagine qu'il est inutile de vous demander ce que vous faites là.

– Je... Je me promenais et... Et j'ai dévié de ma trajectoire, dit-elle simplement.

McColl émit un petit rire qui ne laissait présager rien de bon.

– Il est tout de même très étrange pour une dame de votre condition de se retrouver devant une morgue, tout à fait par hasard bien sûr, à brailler contre un gardien qui accomplit simplement son travail sur mes ordres, non ? poursuivit McColl.

– Oui, cela est très étrange en effet, affirma Jane sans ciller. Mais je trouve d'autant plus étrange qu'un gardien de Scotland Yard ayant de si hautes responsabilités soit tout bonnement incapable d'empêcher une intrusion au sein d'un lieu important comme celui-ci, railla-t-elle.

« Touché vieux schnock ! Alors on rit moins à présent ! » Un sourire triomphant suspendu à ses lèvres, la jeune fille ne baissa pas sa garde devant l'inspecteur qui scrutait attentivement ses moindres mouvements, à l'affût d'un soudain indice qui lui donnerait l'occasion de faire taire la jeune imprudente.

- Est-ce que vous vous foutez de moi Miss Warren ? demanda-t-il tout à trac.

- Non inspecteur.

- Je me doutais bien que je finirais par vous trouver sur mon chemin, mais ne m'insultez pas. Vous êtes encore plus sotte que je ne l'imaginais si vous pensez que je ne vois pas clair dans votre jeu.

Il la jaugea du regard encore un instant, puis il se contenta simplement de replacer sa pipe entre ses lèvres fines. Il s'approcha alors de Jane qui se raidit devant cette promiscuité.

– Je vous demande de faire bien attention à vous Miss Warren, vous vous aventurez sur un terrain glissant.

– Que dois-je comprendre inspecteur ?

– Simplement de vous montrer prudente. Après tout ne dit-on pas que prudence est mère de sûreté ? Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite agréable journée.

Il toucha son chapeau en guise de salut et, sans plus de considération pour la jeune fille, il pénétra dans la morgue, chantonnant la même comptine du bout des lèvres que Jane l'avait déjà entendu fredonner lors de leur toute première rencontre. Lissant les pans de sa robe pour se redonner un peu de sa dignité envolée, Jane jeta un dernier regard mauvais dans son dos.


Le dîner s'écoula lentement, seul le bruit des couverts en argent tintant contre la porcelaine rythma en une symphonie mesurée le repas. Julie paraissait particulièrement pensive, quant à tante Helen, elle semblait fort concentrée sur son assiette, si bien qu'elle ne remarqua même pas que son fils se tenait presque avachit sur sa chaise. Jane ne pipait mots, bien trop occupée à mettre en place les pièces du puzzle qui n'avaient jusque-là aucun sens.

– Jane ? Jane tu m'écoutes ?

La jeune fille lâcha abruptement sa cuillère en même temps qu'elle quittait ses pensées. Sa tante la fixait avec attention, Jane ne l'avait pas entendue.

– Pardon ? J'avais l'esprit ailleurs, se justifia cette dernière en baissant les yeux sur son dessert.

– J'avais remarqué, répondit Helen. Il te faudra éviter ce divertissement à l'avenir, il vaut mieux que tu restes attentive lorsque l'on te parle.

Mrs Blancksfair coula un regard vers ses mains et l'alliance qui brillait à son annuaire. Elle admira la lueur qui dansait sur l'anneau d'or, les souvenirs affluèrent aussi beaux et douloureux soient-ils. Sous le regard inquiet de sa fille et de sa nièce, Helen cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les larmes qui étaient sur le point de déborder. Jane et Julie échangèrent un regard préoccupé, soucieuses de la soudaine faiblesse de cette dame d'ordinaire si impassible.

Tout à coup, il leur sembla que Mrs Blancksfair se réveillait, elle releva le menton et secoua la petite cloche en argent pour appeler les domestiques. Quand Béatrice surgit, un plateau d'argent entre les doigts, Helen retint son souffle, Béatrice porta le plateau à Jane sur lequel un petit livre aussi épais qu'une brique et à la couverture verte se présentait sous son nez. Intriguée par cet étrange présent, elle lança un coup d'œil méfiant à sa tante.

– Prends-le, lui indiqua-t-elle. Ce n'est qu'un livre.

Justement, ce n'était qu'un livre et c'était bien ce qui inquiétait Jane. Un livre avait le pouvoir de bien des enchantements, ou au contraire, de quelques maléfices, cela dépendait dans quelles mains innocentes il tombait. Tante Helen avait une idée bien arrêtée sur les livres, en tant que source de savoir elle les tolérait, mais en tant que distraction du monde réel et tentation à la débauche (ceux-ci ayant une influence particulièrement néfaste sur les esprits imprudents des jeunes demoiselles), certainement pas. Surtout quand cet esprit était romanesque comme celui de sa nièce. Précisément, c'était en connaissance de cause que Jane s'inquiétait, sur le qui-vive quant à une plausible entourloupe. Avec méfiance elle se saisit du petit bloc de papier à la reliure abîmée avant d'en déchiffrer le titre « Mrs Beeton's Book of Household Management ».

À la lecture du titre Jane tiqua et ses sourcils se froncèrent automatiquement. Ses doigts décidèrent de jeter plus que de poser le livre sur la table napée comme si l'objet l'avait brûlée. Elle lança un coup d'œil furibond à sa tante qui commençait déjà à se retendre sur sa chaise par un fil invisible qui la tirait vers le haut. Carl qui s'ennuyait quelques secondes auparavant, trouva le repas bien plus divertissant maintenant qu'une électricité presque palpable crépitait dans l'air d'un coup saturé du salon. Même Julie avait été tirée de ses pensées et examinait la petite brique sur la table, le regard brillant d'impatience. Jane rompit le silence la première :

– Qu'est-ce que cela veut dire ?

Helen hésita puis à l'aide d'une profonde inspiration se lança.

– Qu'il est grand temps que tu apprennes à répondre à ce que ton devoir exige de toi.

– Avec un livre qui explique comment être la parfaite petite maîtresse de maison n'est-ce pas ?

Jane était loin d'être idiote et il ne lui fallut pas plus de quelques secondes avant de tirer les conclusions qui s'imposaient. Conclusions qui lui hérissèrent le poil, qui lui tordirent l'estomac, qui la firent suer de colère.

– Par pitié ma tante soyez franche avec moi. Expliquez-vous, que veut dire cela ?

Tante Helen pinça les lèvres pour gagner du temps.

– Ceci, est un ouvrage très important pour nous autres les femmes. Je l'avais déjà lu à ton âge. Cette lecture te préparera au futur rôle que toute jeune femme de bonne famille est destinée à tenir un jour ou l'autre. (Les yeux de Jane s'agrandirent et son pouls s'accéléra). Celui de maîtresse de foyer. Mon enfant, cet objet te prépare à ton mariage imminent.

La réaction de la tablée ne se fit pas attendre. À commencer par le petit Carl qui regardait tour à tour sa mère et sa cousine l'air ahuri. Puis ce fut au tour de Julie de lâcher sa cuillère en argent qui alla s'écraser contre le sol dans un grand fracas. En ce qui concerne Jane elle bouillait, littéralement, le choc de cette révélation l'avait complètement paralysée, pendant ce temps la colère s'était lentement rependue dans ses veines, comme un venin abject, tremblante d'une rage intérieure qui menaçait de la faire bondir à l'autre bout de la table sur sa tante à tout moment. Helen croisait ses doigts nerveusement et sentait une certaine crainte picoter ses joues criblées de tâches de rousseurs. Combien de fois avait-elle redouté ce moment ? Autant de fois que nécessaire, bien qu'elle s'y soit préparée près d'un million de fois en vue du désastre à venir.

Un silence inconfortable régnait en maître absolu dans la pièce, les domestiques cachés écoutaient indiscrètement, aussi attentifs que s'ils assistaient à une pièce de théâtre fort bien jouée. Malheureusement la scène qui se déroulait sous leurs yeux curieux n'avait rien d'amusante ; elle ne représentait rien d'autre que le monde d'une jeune fille qui venait de s'écrouler aussi vite que ses projets de liberté. Étonnamment Julie prit la parole la première.

– Je veux des explications.

– Julie ? s'étonna tante Helen.

– Oui, je veux que l'on m'explique cette histoire rocambolesque de mariage, ordonna Julie.

– Je suis du même avis, renchérit Jane.

Piégée entre les regards inquisiteurs des deux jeunes filles, Helen ne devait pas lâcher prise.

– J'en ai convenu qu'il était temps pour toi de te marier. Tu es en âge d'accomplir ton devoir, et pour cela je t'ai choisi un prétendant qui saura t'assurer une vie paisible.

Ce fut les paroles de trop. À ces mots, Jane se leva brusquement renversant sa chaise au passage. Une colère indicible faisait trembler ses poings et constellait son visage si pâlichon d'ordinaire d'un rouge vif.

– Mon devoir ?! De qui vous moquez-vous ma tante ? explosa-t-elle. Je ne veux pas d'un mari aussi riche soit-il. Je préfère mille fois vivre une vie de misère, sans mari ni fortune, plutôt que d'être attachée à un homme que je n'aime pas et que je n'aimerai jamais !

– Je t'interdis de dire cela, intervint Helen sur le même ton. Quand comprendras-tu que l'amour n'est pas un critère de choix ? Ce qui compte c'est...

– Qui vous parle d'amour ? Il est question de ma liberté ici ! la coupa sa nièce. Qu'importe le nombre de richesses et de biens qu'il possède, je n'en ferai jamais partie !

– Je te trouve bien sotte pour te permettre de refuser une telle offre ma petite ! trancha la maîtresse de maison. Quelle impolitesse et manque de bon sens ! Ta réaction me déçoit énormément. Qui es-tu donc pour t'accorder le droit de contester ce que je t'impose ? Dois-je te rappeler que tu n'es rien sans moi ? Cesses donc d'agir comme une enfant gâtée, fais preuve d'intelligence et de sagesse pour une fois, lui conseilla-t-elle.

Sans dire un mot, Julie quitta abruptement la table en prenant soin d'éviter les regards braqués sur elle. Le départ précipité de la jolie rousse avait interrompu toutes négociations virulentes du côté de la tante et de sa nièce. Alors qu'Helen la suivait du regard, perplexe, Jane s'élança à la poursuite de sa cousine, interloquée par son comportement inhabituel.

Helen expulsa un long soupir de lassitude et posa ses yeux fatigués sur son fils qui se mordillait la lèvre, anxieux de ce combat entre les femmes de cette maison.

- J'espère que tu ne me feras pas subir la même chose que ces deux-là... dit finalement Helen.

Voilà la suite ! Je posterai bientôt le dernier segment de ce chapitre et nous passerons ensuite au suivant. Pour l'instant je n'ai pas trop de mal à refaire mes coupes dans les chapitres. Je pense que vous avez remarqué que du coup c'est nettement plus court. J'espère que cela vous convient ainsi, en tout cas moi ça ne me dérange pas de vous poster en plusieurs sous-chapitres. Faites-moi part de vos avis !

Nous y sommes, les ennuis s'accumulent pour notre chère Jane et voilà une de la série de longue dispute qui va suivre avec Julie... J'ai hâte d'avoir vos avis sur cette altercation et ce projet de mariage qui se profile à l'horizon... ;)

A ce sujet vous m'avez demandé un dessin pour fêter les 1K. Alors je m'exécute il arrivera bientôt !

Ceci est la version corrigée.

*Petite anecdote, le docteur Ross que vous apercevez brièvement ici est le protagoniste d'une histoire que je vais sans doute commencer d'ici peu Scalpel, vous trouverez le résumé dans mon Rant Book si ça vous intéresse.

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