La recette de l'amour (sous c...

By cathycat911

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La saga des Westhawk : Livre 11 Après un début d'enfance assez chaotique, Hope a enfin connu le bonheur d'une... More

Prologue
Chapitre 1

Chapitre 2

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By cathycat911

Conrad

Très sincèrement, je ne pensais pas tomber sur ce genre de personne dans une cuisine. Cette femme aurait plus sa place sur des podiums qu'à la plonge d'un restaurant.

Je dois reconnaître que lorsque je suis passé à côté de leur voiture tout à l'heure, je n'ai pas pu faire autrement que de la remarquer. Elle est vraiment sublime. Par contre, je me demande ce qu'elle peut bien faire avec le vieux croulant qui conduisait. Ils n'allaient pas du tout ensemble. Ça ne peut pas être pour son pognon vu la voiture qu'il conduisait. Une voiture familiale banale ! Je la verrais plus dans un magnifique cabriolet ! Ou sur une moto !

Je secoue doucement la tête, essayant de me retirer ses pensées dérangeantes du cerveau. Après tout, je me moque d'avec qui elle couche. À partir du moment où elle travaille comme il faut. C'est tout ce qui m'intéresse chez elle.

Et je dois reconnaître que lorsque je l'ai vue s'adosser à l'évier à attendre le travail, ça m'a légèrement mis hors de moi. Mais comment mon prédécesseur s'organisait-il ? Laissait-il vraiment des gens à rien faire ? Si c'est le cas, je comprends mieux que le restaurant soit en perte de vitesse.

Déjà, lorsque le patron m'a fait passer mon entretien d'embauche, j'avais tout de suite compris ce qui n'allait pas. La carte est trop volumineuse, et bien trop compliquée pour ce genre d'endroit. Ce qui fait que le service est lent. Et la nourriture pas forcément à la hauteur.

Vu où ce situe la gargote, elle devrait attirer les travailleurs le midi, mais les plats ne sortent pas assez rapidement des cuisines pour les attirer. Pour ce genre de gens, le temps, c'est de l'argent. Il faut donc que je refonde totalement la carte avant toute chose.

Mais déjà, il faut que je voie ce que vaut ma brigade. Le patron m'a laissé toute latitude afin de redresser son établissement. Je vais donc les tester les uns après les autres. Et me séparer de ceux qui ne feront pas l'affaire. Parce que très sincèrement, je me demande pourquoi il y a autant de monde dans cette toute petite cuisine. Mon prédécesseur ne faisait pas les choses en petit. Il y a presque un cuisinier pour chaque tâche.

Un saucier, un pâtissier, un boulanger, un commis aux viandes, un commis aux poissons, un commis aux légumes. Etc ... Je pourrais continuer toute la journée tellement cette cuisine est remplie.

Mais lorsque je l'ai vue s'affaisser nonchalamment sur l'évier, j'ai su qu'il fallait que je commence par elle. Je ne sais pas pourquoi, mais elle m'intrigue. Ce n'est absolument pas le genre de femme qu'on verrait à ce poste. Et je ne suis absolument pas sexiste en disant cela. C'est juste une intuition que j'ai. Et je fais toujours confiance à mes intuitions. Elles ne m'ont jamais fait défaut.

Comme celle que j'ai eu dix ans plus tôt. Je savais qu'il ne fallait pas qu'ils prennent la route, mais j'ai préféré me taire. Aujourd'hui, je me fie toujours à mes intuitions.

Cette femme serait franchement plus à son élément dans des soirées mondaines que dans les cuisines d'un restaurant de quartier. Il suffirait de lui faire revêtir une robe de soirée, et elle se fondrait dans la masse d'un cocktail haut de gamme.

Je me tourne alors vers l'apprenti dont j'ai hérité, et une colère noire monte en moi contre celui que je remplace. Je peux comprendre qu'un chef ne veuille pas partager ses petits secrets, mais ce n'est pas une raison pour laisser un jeune qui a envie d'apprendre à la plonge.

Il me paraît jeune, mais justement, c'est à cet âge qu'ils sont le plus malléable. Je prends donc un autre oignon, avant de le lui donner. Le petit le prend avant de l'observer sous toutes ses coutures comme si c'était la première fois qu'il en voyait un.

Je me pose donc à côté de lui et lui remontre les gestes afin de l'éplucher correctement et le tailler comme je l'aime. Ses yeux ne quittent pas une seule seconde mes mains, enregistrant le moindre mouvement, et cela me fait sourire. Ça me rappelle mes jeunes années, lorsque tout comme lui je débutais comme commis.

Je repousse mon oignon émincé et en tend un nouveau à mon petit. Il le prend avant de refaire mes gestes, un peu plus lentement, mais le couteau sûr. Une fois qu'il a fini, il se redresse et plonge son regard anxieux dans le mien. Je lui fais un grand sourire avant de poser une main sur son épaule.

– Parfait, petit ! Maintenant, il va falloir apprendre à accélérer le mouvement. Mais t'inquiète, la rapidité s'acquière avec le temps.

Il me fait un grand sourire avant de prendre un autre oignon et de se mettre au travail. Je me tourne donc de nouveau vers elle et fait comme avec le petit. Je lui tends un oignon, lui faisant comprendre dans mon regard qu'elle doit faire de même.

La princesse lève les yeux au ciel avant de me prendre le légume des mains et d'essayer de le peler, mais de grosses larmes commencent à dévaler ses joues. Elle les essuie d'un geste rageur, et je ne peux m'empêcher d'exploser de rire. Il y a certaines personnes plus sensibles que d'autre. De toute évidence, elle fait partie de ceux qui ne peuvent s'empêcher de pleurer.

Elle relève vivement la tête et me fusille du regard et une fois de plus, je me demande si ce vert exceptionnel est bien la véritable couleur de ses prunelles. Parce que c'est la première fois de ma vie que je vois quelqu'un avec des yeux aussi incroyables.

On m'a déjà dit plus d'une fois que j'avais des yeux étonnants. Mais ces personnes n'ont jamais rencontrés la jeune femme. Sinon, ils ne m'auraient jamais dit ça.

Tout comme cette couleur de cheveux. J'ai une envie folle de découvrir si c'est naturel. Parce qu'une blondeur pareille est irréelle. Ses cheveux sont tellement blonds, qu'ils en paraissent blancs. Et c'est franchement du plus bel effet allié à ses yeux verts mystérieux.

Voyant que tout comme moi, elle est gauchère, je me place derrière elle, prends sa main gauche qui tient le couteau dans la mienne, et la droite qui tient l'oignon dans l'autre, et commence tout doucement à lui montrer les gestes à effectuer.

Mais mes mouvements sont beaucoup plus lents qu'en temps normal. Son parfum étrange sature mes narines. Je n'arrive pas à en déterminer la fragrance.

Mes papilles pourtant sur-développées du fait de mon métier, frétille sur ma langue, sans parvenir à découvrir de quoi il s'agit exactement. Et je dois avouer que ça commence à m'énerver. C'est la première fois qu'une odeur ou un goût se dérobe à moi de la sorte.

Mais ce n'est pas la seule chose qui me perturbe. Son petit corps pressé contre le mien ainsi, réveille une partie de moi, qui n'a pas servi depuis pas mal de temps. Et dont il va falloir que je m'occupe rapidement si je ne veux pas perdre mes moyens dans cette cuisine.

Une fois que j'ai terminé de lui montrer les gestes, je repose le couteau et me sépare d'elle, un peu à contrecœur. Je dois reconnaître que j'ai beaucoup apprécié de l'avoir contre moi de la sorte.

Ma bonne humeur fond comme neige au soleil en voyant son air furieux me faire face. Je hausse les sourcils, un peu déstabilisé par son comportement. Je me demande pourquoi elle est aussi en colère.

– Ce n'est pas parce que je n'ai pas eu le temps de me changer avant de devoir rappliquer ventre à terre pour plaire à Monsieur, que Monsieur doit me prendre pour une prostituée !

Une fois de plus, je ne vois pas du tout de quoi elle veut parler. Je n'ai fait que lui montrer les gestes comme je l'aurais fait avec n'importe quel autre commis gaucher. C'est vrai que je n'ai pas pu le faire avec le petit, mais il aurait été gaucher, je l'aurais fait !

– Qu'est-ce que votre tenue a à voir avec l'épluchage des oignons ?

Je regarde ses petits poings se serrer le long de ses jambes nues et mon sang se met à bouillir dans mes veines. C'est vrai que j'avais oublié qu'elle était si peu vêtue. Ce short lui cache à peine les parties importantes de son corps, laissant à la vue de tous sa peau parfaite, et ce haut laisse à découvert une grande partie de son ventre, me montrant le petit diamant qui orne son nombril.

La salive emplit ma bouche toute entière en me rendant compte du tableau que l'on devait montrer tous les deux, et je comprends enfin sa colère. Effectivement, ça pouvait prêter à confusion. Mais ce n'était pas du tout ça dans ma tête. Est-ce ce à quoi elle a pensé ?

Rien qu'à cette idée, mon membre tressaute dans mon pantalon, et je fronce les sourcils. Depuis quand une telle chose ne m'est-elle pas arrivée ? Tellement longtemps que je n'arrive même pas à m'en souvenir.

En fait, si ! Ça remonte a à peu près dix ans. Au moment où mes parents ont trouvé la mort dans un accident de la route, laissant ma petite sœur paralysée. Ce jour macabre où j'ai dû prendre des responsabilités qui étaient trop lourdes pour mes épaules, mais que j'ai tout de même accepté pour ne pas perdre de vue le seul membre de ma famille qui me restait.

– Je comprends votre colère, mini-pouce, mais je ne m'excuserais pas pour autant ! Je ne m'excuse jamais. Surtout que je n'ai absolument rien fait de mal. Je n'ai fait que vous montrer les gestes adéquats !

Cette flamme passe une fois de plus dans ses prunelles vertes et me mets le feu au sang, faisant davantage gonfler mon membre dans mon pantalon.

Est-ce parce que les fourneaux viennent d'être allumés que j'ai aussi chaud ? J'ai beau travailler dans des cuisines depuis dix ans, et m'être habitué à la chaleur des cuisines, je sais que ce n'est pas à cause des feux que ma chaleur corporelle est montée de la sorte.

– Maintenant que ce point est réglé, je vous laisse à vos oignons !

J'arbore alors un grand sourire, fier de mon jeu de mot. Mais de toute évidence, ça ne fait rire que le petit.

Il va vraiment falloir que j'arrive à me souvenir de leur prénom. Oh et puis, pourquoi faire ? Je vais faire exactement ce que je faisais dans mon ancienne cuisine. Ils auront tous leur surnom !

J'ai déjà le petit commis et la plongeuse. Ne me reste plus qu'à tester les autres et leur trouver le nom qui va leur aller comme un gant.

Je les laisse tous les deux occupés à couper leurs oignons, avant de me diriger vers l'arrière de la cuisine où sont alignés des casiers. Depuis que je suis arrivé, je n'ai pas eu le temps de me changer, et ma combinaison de cuir, parfaite pour la moto, n'est pas adéquate dans une cuisine surchauffée.

Je m'en défais rapidement avant d'ouvrir le sac que j'ai emmené avec moi et de sortir un tee-shirt, avant d'enfiler ma tenue réglementaire.

Un sentiment de puissance s'empare de moi alors que je referme les boutons de ma veste où mon nom est brodé sur le cœur. Depuis dix ans que j'ai commencé à travailler dans les cuisines, je ne pensais sincèrement pas arriver aussi haut si rapidement.

Il y a quelques années, je n'étais que comme le petit commis, assigné aux tâches les plus ingrates. Mais j'avais rapidement pris du galon, et un chef plus talentueux que les autres, avait su remarquer mon talent. J'avais une aisance particulière pour mélanger les saveurs avec gourmandise, faisant des plats d'exception avec trois fois rien.

Je retourne dans les cuisines et observe de loin l'ensemble de ma brigade. Je dois reconnaître qu'ils semblent tous travailler très bien ensemble. Leurs gestes sont sûrs, et ils ne semblent absolument pas se gêner les uns les autres.

Pourtant, j'en remarque deux ou trois qui ne savent pas trop quoi faire et qui attendent bien sagement leur tour. Tout comme mini-pouce tout à l'heure. Je me dirige donc vers eux et leur demande leur rôle. Les deux hommes semblent surpris avant de se regarder dans les yeux et de revenir vers moi. Je le sens mal. Et j'ai eu raison. Encore des postes qui ne servent à rien.

Comme si un restaurant comme celui-ci avait besoin de son propre boulanger. Il y a des boulangeries très bien tout autour, et ça permettrait de renforcer la solidarité entre commerçants du quartier que de se fournir chez eux.

– Nous attendons pour la mise en place des assiettes.

C'est bien la première cuisine où j'ai des gens spécialement payés pour faire les assiettes. C'est au chef de faire ce genre de choses. J'en viens à me demander ce que pouvait bien faire mon prédécesseur de ses journées. Parce qu'avec le travail abattu par les gars, j'ai largement le temps de me tourner les pouces.

Je hoche la tête avant de continuer mon inspection. C'est alors que je vois une tignasse blonde passer devant moi avec son parfum si étrange et se ruer sur l'évier. Je tourne la tête vers la plonge et remarque que les gamelles s'amoncellent dans le bac.

Au moins une qui prend son travail à cœur !

Mes yeux passent sur son corps parfait, et ma température grimpe en flèche. Je me mets à trembler violemment alors que la salive emplit ma bouche à la vue de son postérieur des plus appétissants. Je me passe une main devant les yeux avant de me détourner pour retourner faire mon inspection.

Il ne me faut guère de temps pour savoir qui doit nous quitter, et qui doit rester. Déjà, le boulanger va pouvoir rendre son tablier. Les deux gars préposés au dressage des assiettes également. Tout comme l'autre qui est en charge des viandes, mais qui ne sais même pas faire une entrecôte grillée saignante.

Au fur et à mesure que les postes tombent, je fais la liste dans ma tête. Ma brigade va considérablement se réduire, mais nous devrions pouvoir travailler tous ensemble, côte à côte. Il va juste falloir qu'ils s'habituent à moi, et mes méthodes de travail qui vont nettement différer de leur ancien chef.

Après trois heures de travail intensif, je demande à tout le monde de ranger son poste de travail et je pars dans les vestiaires afin de faire le bilan. Il n'est pas très bon pour eux. Certains ont vraiment de l'or dans les doigts qu'on ne met pas en avant. Alors que d'autres ont carrément un poil dans la main. Je ne leur en veux pas, ils ont juste profité de l'aubaine qui s'offrait à eux.

Après avoir pris une grande inspiration, je ressors des vestiaires et me pose face à ma brigade. C'est le genre de chose que je déteste faire. Je préfère sincèrement embaucher du monde que de devoir en virer. Mais si je veux faire le job pour lequel je suis payé, il faut que certains partent.

Je les regarde tour à tour, plantant mes yeux dans chaque prunelle, finissant par elle. Bien que d'après ce que j'ai compris, elle soit la dernière arrivée, je pense la garder.

Elle ne s'en est très certainement pas rendue compte, mais elle a de l'or dans les doigts. Sa façon de tenir son couteau alors qu'elle épluchait ses oignons, était sûre et bien menée. Tout comme sa dextérité à émincer ses bulbes. Elle était même meilleure que le petit. Je pense que je pourrais la mettre à un autre poste comme cet après-midi le temps que la plonge ait besoin d'elle.

Je relève les yeux et regarde le premier de ma liste que je vais virer. Déjà, avant même de commencer l'inspection, je savais qu'il allait partir. On a pas besoin d'un boulanger sur place. Surtout que le pain qu'il m'a fait goûter était dégueulasse.

Les visages défaits défilent devant moi, me causant quelques remous au creux du ventre, malgré tout, je me dis que ce son des surnoms en moins à trouver. Les gars sortent les uns après les autres, la tête basse. Je leur assure que leur salaire du mois leur sera versé normalement. C'est le moins que je puisse faire.

Ayant fini avec les cuisines, je me dirige donc vers la salle. Je me doute que je vais devoir faire quelques remaniements également. De la manière dont était dirigée la cuisine, je me doute que la salle ne doit pas être mieux.

Je regarde plus attentivement la décoration, et les tons ocres et rouges me sortent par les yeux. Pas étonnant que personne ne vienne manger ici. Je trouve ça lugubre et beaucoup trop sombre. Je note donc dans un coin de mon esprit de demander une petite enveloppe au patron afin de refaire la décoration.

Je m'attelle ensuite à la vaisselle, qui elle aussi est d'un ancien temps. La moitié des assiettes sont fendues ou ébréchées. Les couverts sont ternes à force d'avoir été lavés sans être essuyés à la sortie du lave-vaisselle. Encore une petite note dans ma tête pour en parler à la plongeuse. C'est son job normalement.

Je regarde ensuite la ligne de serveur qui me fait face, et soupire de découragement. Là encore, il y a beaucoup trop de monde pour le travail à effectuer.

Pourquoi y a-t-il un sommelier ? Dans ce genre d'endroit, de simples connaissances en œnologie suffisent. Pas besoin non plus de servir des grands crus millésimés. Je lui donne donc d'ors et déjà son congé. Pas besoin de faire durer le suspens.

Ensuite, vu le nombre de serveurs par rapport au nombre de table, cela me semble disproportionné. J'ai presque l'impression qu'il y a un serveur par table. Même dans les restaurants très haut de gamme, ce n'est jamais arrivé. Et je ne parle pas des deux chefs de rangs. Un seul serait largement suffisant. Il faut donc que je me sépare d'un.

Je mets donc en place une scénette afin de savoir quel serveur garder, et quel chef de rang. Je les fais tourner, prenant la commande d'un client imaginaire, joué par un des cuistots de la brigade. Je prends tout en note. De leur façon de sourire, à leur manière de répondre au client, en passant par leur écriture des menus sur les bordereaux passés en cuisine. Tout est important dans ce métier.

Si le serveur prend mal la commande, la cuisine ne va pas exécuter le plat demandé par le client, et l'assiette va revenir à sa case départ, même pas entamée. Non seulement, le restaurant aura perdu de la nourriture à faire une assiette erronée, mais en plus, cela amènera un surcroît de travail aux cuisines.

Finalement, vu la taille de la salle et le nombre de tables, je ne garde que trois serveurs et un chef de rang. Tous les autres se voient signifier leur renvoi.

Une fois terminé, je me dirige alors vers le bar, ou la poupée Barbie m'attend avec un grand sourire aguicheur sur les lèvres. Je garde une mine impassible, ne voulant pas la vexer. Parce que très franchement, son corps refait de partout ne me donne absolument pas envie d'aller voir plus loin.

Je la teste sur les différents cocktails les plus connus, avant de lui demander d'associer la viande de veau avec un rouge, puis un blanc. Je vois également ses connaissances au niveau de la caisse et de l'encaissement.

Barbie répond à mes questions et bien que certaines ne soient pas excellentes, je me dis qu'elle pourra faire l'affaire si elle travaille un peu sur l'association des vins. Peut-être que le petit serveur que j'ai retenu pourra le lui enseigner l'art de l'œnologie. Il semblait calé sur le sujet.

Une fois ma sélection faite, je rassemble tout le monde dans la salle afin de leur faire part des changements que je compte opérer. Ils doivent comprendre que tout va changer à partir de maintenant. La décoration, la carte, et la façon de travailler également.

Je suis peut-être jeune, mais je ne me laisse pas marcher sur les pieds facilement. Ils ont plutôt intérêt à rentrer dans le rang rapidement s'ils ne veulent pas perdre leur place.

Lorsque j'en ai terminé avec eux, je les laisse rentrer chez eux. Une fois que tout le monde est parti, je me rends en cuisine et j'examine les frigos. Au moins, tout est propre, c'est déjà ça. On ne risque pas de voir débarquer les services sanitaires.

De nombreuses idées de plat me viennent en tête et je m'installe aux fourneaux afin de faire quelques expériences qui pourraient être intéressantes pour le restaurant. Je suis en train de finir une purée de pois cassés au fenouil lorsque mon nouveau patron débarque.

Je ne lai rencontré que deux fois, mais à chaque fois, il ne m'a pas fait une grande impression. J'ai le pressentiment qu'il ne s'est lancé dans cette aventure que pour dire qu'il était patron d'un grand restaurant. Mais il s'est fait avoir par son ancien chef.

– Vous avez pris vos marques ?

Je décale ma casserole du feu, pour ne pas que ma purée se fige et me tourne vers lui, les bras croisés sur le torse. Je hoche la tête pour répondre à sa question.

– Vous savez Conrad, je compte énormément sur vous. On ne m'a dit que du bien de votre travail, et de votre façon de faire.

Une fois de plus, une fierté énorme s'insinue en moi. Je ne suis chef que depuis seulement trois ans, mais ma renommée est grimpée en flèche rapidement. J'espère juste ne pas retomber comme un soufflé aussi rapidement.

– Je vous remercie monsieur. En attendant, j'ai déjà opéré des changements. J'ai dû me séparer d'une quinzaine de personnes.

Je le vois ouvrir de grands yeux étonnés, avant qu'il ne s'adosse au plan de travail derrière lui. Ne se rendait-il vraiment pas compte que son restaurant comptait plus d'employés que de clients ?

– Elles ne faisaient pas l'affaire ?

– Pas uniquement. Elles n'avaient surtout rien à faire ! Je n'ai pas besoin d'autant de monde pour faire tourner cet endroit, tout simplement.

C'est à son tour de hocher la tête, avant de se détourner pour regarder autour de lui. Il semble un peu perdu dans cet endroit, et pas du tout à sa place. Un peu comme mini-pouce.

À peine ai-je pensé à elle, que son image s'imprime sur ma rétine, faisant lentement remonter ma température corporelle. Je me passe une main devant les yeux pour effacer son image avant de planter mon regard sur mon patron.

Depuis que je suis entré dans une cuisine, mon plus grand rêve est de pouvoir un jour ouvrir mon propre restaurant. Mais j'ai beau faire des économies, ce ne sera pas pour tout de suite. Les soins pour ma sœur coûtent une fortune, et les dépenses de la vie courante grève notre budget, même si Crystal fait des efforts pour m'aider.

Dernièrement, elle a réussi à trouver un travail à domicile. Elle est devenue correctrice pour une grande maison d'édition. Son boulot semble lui plaire énormément. Elle qui a toujours adoré lire, se retrouve souvent avec les avants-premières de ses auteurs préférés.

– Avant toute chose monsieur, si vous voulez voir votre restaurant décoller, il va falloir repenser la décoration. Elle est beaucoup trop lugubre. Même moi, avec les plats que je peux faire, je trouverais ma cuisine à chier si je devais manger dans ce genre d'endroit.

Je le vois accuser le coup et me doute que ça doit être lui qui a donné son feu vert pour les tentures ocre et rouge.

– Ensuite, il va falloir renouveler votre stock de vaisselle et de couverts. Les verres devraient encore tenir, mais la plupart des assiettes sont à mettre à la poubelle. Tout comme les couverts qui sont ternes, et même en sortant du lave-vaisselle, ils semblent sales.

Une fois de plus, je vois son visage s'allonger. Je me doute que pour un restaurant en difficulté comme le sien, faire des investissements ne doit pas être facile. Mais c'est en investissant qu'on va pouvoir le faire remonter.

Il finit par hocher la tête avant de s'approcher de moi pour me serrer la main. Alors que j'essaye de me dégager de sa poigne, il m'attire à lui, et plonge son regard dans le mien.

– OK ! Je vais vous donner ce que vous me demandez. Mais vous avez plutôt intérêt à être aussi bon que vous le prétendez.

Un sourire supérieur étire mes lèvres. Il ne sait vraiment pas à qui il a à faire !

– Ne vous inquiétez pas. Vous regretterez le jour où je partirais.

Il rigole doucement avant de me lâcher et de sortir de la cuisine. Je pousse un soupir de soulagement en le voyant quitter mon territoire. Parce qu'il a beau être le patron de l'établissement, je suis le seul maître à bord de ma cuisine.

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Hello mes poulets ! Et voici le premier point de vue de Conrad ! Qu'en pensez-vous ?
Personnellement, je m'éclate à écrire cette histoire !
Haut les coeurs les amis !

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