La recette de l'amour (sous c...

By cathycat911

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La saga des Westhawk : Livre 11 Après un début d'enfance assez chaotique, Hope a enfin connu le bonheur d'une... More

Prologue
Chapitre 2

Chapitre 1

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By cathycat911

Hope

Je repose mon verre après le départ de ma mère, avant de finalement le reprendre pour m'en resservir un, et de l'avaler d'une traite. Je sais que ce n'est pas raisonnable avec tout ce que j'ai déjà bu. Surtout qu'en plus, je suis de service ce soir. Ça la foutrait mal d'arriver bourrée au boulot. Mais bon, ce ne serait pas la première fois pour moi.

Depuis que j'ai pris ce job deux mois plus tôt, ma vie ne s'est pas vraiment améliorée, mais en tout cas, je ne passe pas mes journées, enfermée chez moi à boire et à fumer comme c'était le cas avant.

Mes yeux se posent sur la bouteille de Vodka, et je sens mon ventre se tordre. Depuis quand ai-je absolument besoin de cette aide médicalisée pour avancer. Depuis quelques-temps déjà, je suis incapable de faire mes journées sans ce petit coup de pouce.

Ou d'autre ! Mais cela, c'est vraiment lorsque mon moral est au plus bas. Ce qui malheureusement arrive de plus en plus souvent.

Je pense que j'ai commencé à vraiment m'enfoncer lorsque mon frère est devenu l'associé de papy. À cet instant, je me suis rendue compte à quel point ma vie était vide de sens. Tout le monde autour de moi avait un objectif de carrière, un objectif de vie. Mais moi, rien !

Je suis vide à l'intérieur. Il n'y a rien en moi qui mérite d'être mis en lumière. Je suis une fille tout ce qu'il y a de plus banal, dans une famille extraordinaire.

Par moment, j'en viens à regretter que Rowan nous ait adopté Angel et moi, car je n'ai jamais vraiment réussi à m'intégrer à cette famille. Ils sont tous tellement fantastiques, et moi tellement nulle.

Je ne résiste pas plus longtemps et me verse une rasade de Vodka avant de l'avaler d'une traite. Le liquide transparent coule rapidement dans ma gorge, me brûlant au passage, amenant cette sensation de douleur au creux de mon ventre qui me fait me sentir vivante.

Je jette un coup d'œil sur ma montre avant de sursauter. Putain ! Je vais être en retard. Et ce n'est franchement pas le jour.

En réalité, aujourd'hui, je ne devais pas travailler, mais le restaurant étant en perte de vitesse ses derniers temps, le patron a décidé de se séparer de son chef pour en embaucher un autre. Et nous devons tous faire sa connaissance aujourd'hui. Tout ce que j'espère, c'est qu'il sera aussi aveugle que l'ancien, et que j'aurais toujours autant de liberté.

L'ancien chef, Roger, me laissait me servir un ou deux verres dans la soirée afin de m'aider à tenir le coup. Tout comme il acceptait que je fasse plus de pause que réglementaire afin de me déstresser avec une cigarette.

Mon boulot n'est pas excessivement dur, mais il est lassant. Toute la journée et la soirée, je dois remplir le lave-vaisselle, essuyer la vaisselle, la ranger, avant de récurer les grosses casseroles et de les ranger également. Avant de tout recommencer.

Après un mois de travail, j'en étais déjà lasse. Surtout que Norman ne m'aidait pas beaucoup. Mais il faut dire, il avait été embauché comme apprenti commis, mais qu'il était cantonné depuis le départ à la plonge. Le pauvre gamin commençait à être dégoûté par ce métier, alors qu'il était sa passion depuis tout gosse.

Je repose finalement mon verre, avant de me diriger vers ma voiture d'un pas rapide. Je suis en train d'insérer la clé dans le contact, lorsqu'une main se pose sur la mienne violemment. Je relève les yeux et soupire de découragement en voyant le regard furieux de mon père.

– Il est hors de question que je te laisse conduire dans l'état dans lequel tu es Hope !

Je dégage ma main avant de sortir de la voiture. Je n'ai franchement pas le temps pour ce genre de connerie. Il faut absolument que je sois à l'heure à ce rendez-vous. Le patron nous a bien prévenu que ce nouveau chef était seul juge des personnes avec qui il travaillait. Dès ce soir, certains d'entre nous allaient se faire virer. Et je ne voulais pas faire partie du train.

Bien que je n'apprécie pas ce boulot, j'en avais besoin. D'ici quelques jours, mes parents découvriraient que je n'étais plus inscrite à l'université, et ils arrêteraient de me payer mon loyer. Mais je ne voulais pas retourner vivre chez eux. Pas à mon âge. Ce serait tout de même malheureux. Et puis je me suis bien habituée à vivre seule.

– Écoute papa, je n'ai vraiment pas le temps. J'ai un rendez-vous, il faut que j'y aille.

– Ça, je veux bien, mais il est hors de question que tu conduises cette voiture.

– Dois-je te rappeler que je ne suis plus une gamine, et que j'ai mon permis depuis des années !

Rowan souffle bruyamment avant de me pousser pour récupérer la clé sur le contact et fermer ma voiture. Je commence à paniquer légèrement. Lorsque mon père à quelque chose dans la tête, il ne l'a pas ailleurs.

Il me prend alors le poignet et me tire derrière lui jusqu'à la voiture familiale. Je lève les yeux au ciel avant de soupirer. Il a dont l'intention de m'emmener.

– Je suis tout à fait capable de conduire papa. Je n'ai plus cinq ans !

Il s'arrête en plein milieu du chemin, me faisant face, pour me fusiller du regard. À cet instant, j'ai vraiment le sentiment d'être revenue plus de quinze ans en arrière et d'avoir réellement cinq ans.

– Je peux te dire que j'arrivais mieux à te comprendre lorsque tu avais cinq ans, justement. Tu semblais moins stupide que maintenant.

Je prends ses mots comme une claque, et je sombre doucement dans les miasmes de ma dépression. Comme un peu plus tôt dans le petit salon, je bloque mes larmes pour que mon père ne les voit pas, et relève la tête pour planter mon regard dans le sien.

Je sais qu'il déteste que je le défie de la sorte, mais je n'ai pas le choix. Il doit me laisser. Il ne faut plus qu'il s'inquiète pour moi. De toute façon, je ne mérite pas son amour.

– Désolée de te décevoir, mais c'est ainsi que je suis. Alors si tu veux bien me rendre mes clés pour que je puisse aller à ce rendez-vous de la plus haute importance pour moi, je t'en serais reconnaissante.

Mon père me lâche enfin le poignet et fait un pas en arrière comme si je venais de le frapper. Ses yeux reflètent l'incompréhension que je lui procure.

– Tu ne m'as jamais déçue, Hope. Bien au contraire. J'ai toujours été fier d'avoir eu la chance d'être ton père. Mais aujourd'hui, tu n'es absolument pas capable de prendre le volant. Tu crois que je n'ai pas vu le nombre de verre que tu as bu depuis deux heures ? Je ne suis pas aveugle Hope, et je sais que si je te laisse prendre le volant maintenant, tu vas droit dans le mur. Peut-être pas toi, mais il y a des chances pour que tu causes un accident. Et si tel est le cas, je m'en voudrais toute ma vie de t'avoir laissée partir de la sorte. Parce que je me sentirais coupable.

La honte s'insinue sournoisement en moi. Encore une chose à laquelle je n'avais pas pensé. Bien sûr je me sens tout à fait capable de prendre le volant. Mais je sais également que je ne suis pas au mieux de ma concentration. Avec l'alcool qui coule dans mes veines, je ne devrais pas prendre le volant.

Je baisse la tête avant de me diriger d'un pas lent vers la voiture de mes parents. Sans dire le moindre mot, je m'installe sur le siège passager, attendant que mon père me rejoigne. À son tour, il monte dans le véhicule, avant de le démarrer et de sortir de la propriété. Pendant plusieurs minutes, un silence pesant emplit l'habitacle, avant que papa ne décide de le rompre.

– Qu'est-ce qu'il t'arrive lutin ? Je sais que ça ne va pas en ce moment. Pourquoi ne veux-tu pas nous en parler ?

Je tourne les yeux vers la fenêtre, la larmes montant lentement en moi. C'est le désavantage d'appartenir à une famille comme la nôtre. Tu ne peux absolument pas avoir de secret. Tous le monde veut être au courant de tout.

Pourtant, comme à chaque fois, j'arrive à retenir mes larmes et me tourne vers mon père avec un sourire commercial sur les lèvres.

– Ne t'inquiète pas pour moi, papa. Je vais bien.

– Si tu souriais véritablement, je serais peut-être plus enclin à te croire.

Je prends ça comme une claque. J'aurais dû me douter que mon père ne tomberait pas dans ce panneau. Il doit être un des seuls hommes à connaître mon véritable sourire. Il sait donc que celui que je leur sers depuis des mois n'est qu'un sourire de façade.

Je regarde de nouveau au-dehors, mes pensées partant vers ce jour où j'ai rencontré cet homme pour la première fois. Un petit sourire tendre étire alors mes lèvres alors que je revois son grand corps se glisser sous la table où je m'étais réfugiée pour boire ma toute première gorgée de champagne.

Il m'avait paru tellement grand, et tellement beau. Et lorsque j'ai compris qu'il était amoureux de maman, j'ai ressenti une violente jalousie, avant de comprendre que de toute façon, il ne pourrait jamais m'aimer comme moi je pensais l'aimer.

Et puis le temps avait passé, et je m'étais aperçue que je l'aimais comme un père, et non pas comme une femme doit aimer un homme. Ce qu'il était très exactement.

J'avise la rue du restaurant où je bosse depuis deux mois, et demande à mon père de stopper la voiture. Il se gare sur le bas-côté, et regarde autour de lui.

Ce n'est pas le meilleur quartier de New-York mais ce n'est pas le pire non plus. Je le remercie du bout des lèvres avant de poser la main sur la poignée. Mon père attrape mon autre poignet, et je me tourne vers lui, toujours mon sourire commercial aux lèvres.

– Je te l'ai déjà dis un nombre incalculable de fois, lutin, mais je vais une fois de plus te le dire. J'ai beau être ton père, tu peux me parler d'absolument tout ce qui te concerne. Même si tu es dans cet état à cause d'un homme, je pourrais l'entendre. J'irais le tuer ensuite, mais je pourrais entendre ta confession. Ne reste pas seule Hope. Nous avons tous besoin d'un confident.

J'avale la boule qui s'est formée dans ma gorge avant de hocher doucement la tête. Papa me fait un petit sourire tendre, et je dois une fois de plus retenir les larmes qui montent en moi.

– Je te ramène ta voiture ce soir.

Une fois de plus, je hoche la tête avant de me pencher sur lui pour déposer un baiser sur sa joue. À cet instant, une moto passe à toute allure à côté de la voiture, me faisant sursauter comme une débile. Le pilote s'arrête dans la ruelle donnant sur le restaurant, et mon ventre se tord d'anxiété. Je ne sais pas pourquoi, mais je le sens mal sur ce coup.

Le motard descend de son engin avant de le mettre sur la béquille et de tourner son regard vers notre voiture. Un long frisson me parcourt toute entière, pourtant, je ne peux absolument pas voir son regard caché derrière la visière de son casque.

Je remercie une fois de plus mon père avant de finalement sortir de la voiture et de lui faire un dernier signe de la main en voyant le véhicule s'éloigner. Je ne voulais pas qu'il me voit entrer dans ce restaurant. Surtout par la porte de service.

Connaissant Rowan, il n'aurait pas mis longtemps à comprendre que je leur mens depuis des mois. Et je ne veux même pas savoir ce qu'il penserait de moi en sachant que je fais la plonge dans un restaurant de quartier.

J'ajuste mon sac sur mon épaule, ouvre la porte de service, et tombe directement sur mon poste de travail. Norman est adossé au lave-vaisselle, les bras croisés sur sa poitrine, le regard fixé sur un point devant lui. Je pose mon sac, à côté de lui avant de lui donner un petit coup de coude pour attirer son attention. Le jeune homme tourne la tête vers moi, et me fait un petit sourire, avant de se pencher sur moi pour me glisser à l'oreille.

– Tu es en retard. Il est déjà là !

Il fait un mouvement de tête vers le fond de la cuisine, et je me décale pour voir ce qu'il me montre. Mon souffle se bloque dans ma gorge en voyant l'homme qui se tient à l'autre bout de la salle.

Il est grand, presque autant que mon père, avoisinant par là les deux mètres. Des cheveux noirs comme la nuit, légèrement bleutés, coiffés artistiquement vers l'arrière de sa tête, lui donnant un air rebelle absolument sexy.

Mais pas autant que la barbe de plusieurs jours qui orne le bas de son visage. De là où je suis, elle me semble bien taillée et bien entretenue. Ce qui veut dire qu'il est le genre d'homme qui prend soin de lui.

Son corps moulé dans sa combinaison en cuir m'amène la salive à la bouche. Des jambes longues qui se terminent sur des cuisses fermes, un ventre plat qui je suis certaine recèle des abdominaux en béton, et des épaules larges musclées comme il faut.

Je relève alors la tête et plonge dans un regard tout à fait incroyable. Je crois que c'est la première fois de ma vie que je vois des yeux de cette couleur. D'un orange ambré tout à fait stupéfiant.

Un long frisson parcourt mon corps alors que je me rends compte qu'il a le regard fixé sur moi. Mais de toute évidence, ce qu'il voit ne lui plaît pas vu la contraction sur sa mâchoire. Très franchement, je crois que ce que je craignais le plus est sur le point d'arriver. Je vais perdre mon boulot.

Pourtant, je me redresse et plante à mon tour mon regard dans le sien pour bien lui montrer qu'il ne me fait pas peur, même si je suis terrifiée à l'intérieur.

– Bon ! Et maintenant ? Est-ce que tout le monde est bien arrivé ?

Toutes les têtes se tournent vers moi, et je sens la rage bouillir dans mes veines. Il était obligé de faire remarquer que j'étais à la bourre ?

Mais je crois que ce qui m'irrite le plus, c'est le petit sourire narquois de Rebecca. Depuis le tout premier jour, cette garce ne peut pas me blairer et fait tout pour me rabaisser à chaque fois qu'elle en a l'occasion. Mais ce n'est pas très grave, parce que c'est réciproque. Elle est tellement imbue de sa personne, que ça en est risible.

La pauvre fille se croit irrésistible avec ses cheveux blonds décolorés et ses yeux bleus dus à des lentilles. Rien n'est vrai chez elle. De sa coiffure à la couleur de ses yeux, en passant par sa poitrine refaite, tout comme son nez d'ailleurs.

Je lui rends son sourire, et ai le plaisir de la voir se crisper aux côtés du nouveau chef des cuisines. Parce que ce n'est pas parce que je suis blonde que je suis con. J'ai bien compris de qui il s'agissait. Il ne faut pas avoir fait math sup' pour le comprendre.

– Et puis-je savoir qui vous êtes et votre rôle dans ma cuisine ?

Je repose mon regard sur l'homme sexy, et un nouveau frisson me parcourt alors que ses yeux passent lentement sur mon corps. C'est alors que je comprends les raisons de la joie de Becky. Je n'ai pas eu le temps de me changer avant de venir ici. Ce qui fait que je suis toujours dans mon mini-short qui s'arrête juste sous mes fesses, et mon débardeur court qui laisse voir le piercing qui orne mon nombril.

Mais quelle conne ! Super comme première impression ! Ça ne m'étonne pas qu'il me regarde de la sorte.

Je ne suis pas imbu de ma personne, loin de là, mais beaucoup de monde m'a déjà dit à quel point mon corps était harmonieux. Certains photographes de l'école m'ont même déjà dit que si je n'avais pas été aussi petite, j'aurais pu faire une grande carrière en tant que mannequin. Malheureusement, mon petit mètre soixante m'empêchait de briguer ce genre de carrière.

Je redresse la tête et le buste, faisant ressortir ma poitrine, qui elle, est cent pour cent naturelle, et plante mon regard dans celui de notre nouveau chef. Une lueur passe dans l'ambre de ses prunelles, me déstabilisant quelques secondes. Mais je reprends vite mon air défi. Il ne faut pas qu'il sache qu'il m'intimide.

– Hope Rowling. Plongeur.

En prenant ce poste, je ne voulais pas associer le nom de ma si prestigieuse famille à ce poste si bas dans la hiérarchie. Dans notre famille, nous sommes normalement dans les plus hautes sphères de la société. Ça ne colle pas du tout avec le métier de plongeur.

Le nouveau chef, dont je ne connais toujours pas le nom s'appuie sur une jambe avant de croiser les bras et de renifler bruyamment.

– Ça me rassure ! Durant un court instant j'ai eu peur de m'être fait avoir et d'être devenu le chef d'un bordel.

Quelques rires se font entendre autour de moi alors que je me mets à rougir comme une bécasse. Je serre les poings, prête à lui sauter dessus pour lui en mettre une.

Mais il s'est déjà désintéressé de moi et questionne Norman à côté de moi. Je tourne la tête vers lui, le remerciant d'un regard d'avoir été le seul à ne pas rire de moi.

Depuis deux mois que nous travaillons de concert, j'ai appris à le découvrir. C'est un gamin intéressant, et j'aurais aimé être comme lui au même âge. Ça fait des années qu'il sait qu'il veut devenir chef, qu'il ne se sent bien que dans une cuisine des ustensiles dans les mains.

Personnellement, j'ai beau chercher depuis des années, je ne sais absolument pas quoi faire de ma vie. Et il est bien là le problème.

– Donc, vous avez été embauché comme apprenti, mais depuis vous êtes cantonné à la plonge, c'est bien ça ?

Je vois mon ami hocher la tête la nuque raide. Je sais que cette situation lui pèse depuis le départ. Et il espère beaucoup de ce nouveau chef.

– À partir de maintenant, vous serez comme mon ombre. Je ferais ce que mon prédécesseur n'a pas su faire et vous apprendrais les techniques de base. Et puis, je ne pense pas que ce soit nécessaire d'avoir deux personnes à la plonge.

Il dit ça avec un sourire supérieur au coin des lèvres qui me fait me tendre d'un coup. Je sais qu'il se moque de moi et de ma tenue. Mais je m'en moque. De toute façon, au départ, je ne devais pas travailler aujourd'hui, alors il peut se moquer de mes vêtements, je m'en fou.

Il continue à faire le tour de la salle afin de découvrir sa nouvelle équipe et je perds le fil. L'alcool ingurgité plus tôt dans la journée commence à me donner envie de dormir. Je me frotte les yeux avant de reporter mon attention sur la jeune femme qui ouvre la bouche à cet instant.

Étrangement, je déteste le sourire qu'elle adresse à notre nouveau boss. Je sens qu'elle va tenter quelque chose avec lui pour avoir une petite promotion.

Ça fait des années que Becky essaye d'obtenir une place plus élevée dans la hiérarchie, mais Roger l'a toujours cantonnée au bar. Selon ses propres mots, ses gros lolos faisaient consommer les clients.

Je suis légèrement soulagée en voyant que ses tentatives de séduction ne semblent pas fonctionner avec le nouveau. Au moins un qui s'est rendu compte que tout était faux chez elle. De son corps à son âme.

– Si je vous ai tous fait venir aujourd'hui, c'est pour me rendre compte de vos compétences. Je dois avoir une entière confiance en ma brigade. Donc, nous allons passer la journée à travailler tous ensemble afin que je vois vos qualités et vos défauts.

– Oui chef !

Un petit sourire étire ses lèvres, et je ne peux m'empêcher de frissonner face à son visage heureux. Et étrangement, il me paraît plus jeune ainsi.

Il tape alors dans ses mains et tout le monde se met en mouvement, retrouvant son poste. J'ai toujours trouvé ça absolument fascinant l'ordre qui régnait dans une cuisine. Chacun sait ce qu'il a faire, et le fait bien.

Même si je ne vais pas être sollicitée tout de suite, je fouille au fond de mon sac pour trouver l'élastique que j'y garde toujours pour le boulot et enroule mes cheveux en un chignon strict.

Roger a toujours demandé aux femmes travaillant dans sa cuisine de garder leurs cheveux pour elles. Ce qui voulait dire que les femmes devaient attacher leurs cheveux ou les couper. C'était aussi simple.

Je m'adosse à mon évier, attendant les premiers ustensiles qui ne devraient pas tarder à arriver, regardant avec bonne humeur le ballet des cuisiniers.

– Vous comptez vous tourner les pouces ?

Je me fige contre mon plan de travail avant de tourner les yeux vers lui. Je suis presque obligée de me démonter la nuque afin de le regarder dans les yeux tellement il est grand.

– J'attends juste qu'on ait besoin de moi, monsieur !

Une flamme passe dans ses yeux ambrés et je frissonne une fois de plus. Il serre les lèvres avant de me prendre par l'avant bras et de me mener devant le poste de découpe où se trouve déjà Norman. Je fais un petit sourire à mon ami avant de reprendre la même position que tout à l'heure, mon dos contre le plan de travail, les bras croisés.

Le nouveau chef amène alors des oignons et les pose devant nous avant de nous fournir des couteaux. Je fronce les sourcils, me demandant ce qui lui passe par la tête. Je n'ai absolument aucune base en cuisine.

– Première chose à apprendre en cuisine, savoir éplucher et tailler les légumes. Nous allons commencer avec les oignons, car ils sont à la base de presque toutes mes recettes. J'ai toujours plus ou moins besoin d'oignon.

Il prend alors un couteau, et d'un geste précis se met à l'éplucher, lui retirant sa peau avant de le poser sur une planche et de l'émincer en deux temps trois mouvements.

Je dois reconnaître qu'il m'épate sur ce coup. Même Roger n'allait pas aussi vite. Et je vois la même fascination dans les yeux de Norman. De toute évidence, il est heureux d'être tombé sur un chef aussi doué que lui. Parce que j'ai bien l'impression que nous sommes face à un petit génie de la cuisine moderne.

– Avant toute chose, j'ai un énorme problème avec les prénoms, donc dès l'instant où je vous en donne un, que ce soit le vôtre ou pas, vous répondez « oui chef ! ». Je me suis bien fait comprendre ?

Norman démarre au quart de tour en lui criant un retentissant « oui chef », mais je me contente de lui sourire narquoisement. Il se prend pour qui lui ? Ce n'est pourtant pas compliqué de retenir un prénom !

– Un problème mini-pouce ?

Je me fige à l'entente du surnom, et serre les dents. J'ai toujours été complexée par ma taille. Ce qui est normal lorsque vous faites à peine un mètre soixante les bras levés, et que vous venez d'une famille où tout le monde dépasse le mètre quatre-vingts.

– Puis-je retourner à mon poste maintenant ?

Il plonge son regard dans le mien, et une fois de plus cette couleur si particulière me déstabilise. Mais je me blinde. Il ne faut pas qu'il voie qu'il me perturbe.

– Mais vous êtes à votre poste. À partir de ce jour, lorsque vous arrivez le matin, vous vous mettez à la découpe. Vous rejoindrez la plonge lorsqu'on aura besoin de vous là-bas ! Ai-je été assez clair mini-pouce ?

– Arrêtez de m'appeler de la sorte ! J'ai un prénom, ou même un nom. Servez vous en !

Un sourire supérieur se dessine sur ses lèvres, et une fois de plus, je dois me retenir pour ne pas le frapper. Je pense que ça ferait mauvais genre dès le premier jour. Mais j'ai énormément de mal à me contenir. Surtout lorsque je croise le sourire de victoire de Becky.

Le nouveau chef tourne la tête dans le sens de mon regard avant de revenir vers moi.

– Ne vous inquiétez pas de Barbie, elle n'est pas importante ! En revanche, ce que je vous dis, oui ! Avez-vos compris ce que je vous ai dit, mini-pouce ?

Je prends une grande inspiration, faisant un bruit énorme alors que l'air passe par mes narines pour me calmer au maximum, tandis qu'il accentue le ton sur le surnom qu'il veut absolument me donner. Je pense que je ne vais pas gagner avec lui. Surtout qu'il a tout pouvoir sur mon job. Il est le chef de cette cuisine maintenant.

Je hoche donc la tête d'un mouvement raide, et doit de nouveau me retenir en voyant la lueur de victoire dans ses yeux.

– Dites-le !

J'avale la boule de colère qui obstrue ma gorge et ferme les yeux quelques secondes pour retrouver un semblant de calme. À cet instant, je rêve d'un énorme verre de Vodka. Je pense qu'il n'y a que ça qui pourrait me calmer. Mais il va falloir que je fasse sans pour le moment.

Je rouvre les yeux pour les planter dans ceux, si curieux de mon nouveau boss avant de dire d'une voix tendue de colère :

– Oui, chef.

Son sourire ne fait que s'accentuer sur ses lèvres alors qu'il me dit :

– Chef qui ?

Cette fois-ci, c'est à moi d'avoir un sourire supérieur.

– Pas la moindre idée ! Je ne me souviens pas que vous me l'ayez dit !

Il rigole doucement avant de se pencher sur moi. Un parfum viril, subtil mélange de gel douche et du cuir de la combinaison qu'il porte toujours, s'insinue violemment dans mes narines, me troublant plus que de raison. Je bloque ma respiration, mais rien à faire, j'ai le sentiment qu'il fait à présent partie de moi.

– Vous le sauriez si vous n'aviez pas finassé avec votre petit copain.

– Connard !

Je crois que ce qui m'énerve le plus à ce moment, c'est son sourire qui s'est élargi sur ses magnifiques lèvres. Je l'insulte, et lui se marre.

– Presque ma belle, presque ! En fait, c'est Conrad !

Une fois de plus, l'air fait un bruit de folie dans mes narines alors que je prends une grande goulée d'air pour me calmer et éviter de lui en mettre une.

Je sens que ce boulot va devenir un véritable enfer sur terre !

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Hello les poulets ! Et voilà le premier véritable chapitre de cette nouvelle histoire ! Et nos deux héros se rencontrent déjà ! Qu'en pensez-vous ?
N'hsitez pas à me donner vos impressions !
Et merci à tous les lecteurs de longue date de me rester si fidèles, ainsi qu'aux petits nouveaux ! En 2 semaines de repos, j'ai gagné presque 50 nouveaux abonnés, alors un grand merci à tous !
Haut les coeurs les amis !

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