Noémie
La porte se ferme derrière nous.
Nous allumons vite nos lampes torches.
Je ne suis venue qu'une seule fois ici avant.
C'était quand Jenny était venue pour obtenir la nourriture.
Et je ne n'étais même pas vraiment entrée.
Une chaise est au centre face au mur du fond, blanc.
D'après ce que nous ont dit les autres, Max projette des trucs dessus.
J'espère qu'il ne s'allumera pas pour nous.
Nous ne sommes pas venus pour ça.
Nous regardons plutôt autour.
C'est un peu un dépotoir.
Il y a toutes sortes d'objets.
Des chaises cassées, des vieilles radios, des jouets usés...
Tout ça entassé au quatre coins de la pièce.
Je pense que ça ne sera pas facile de trouver la clé là-dedans.
On se sépare pour chercher plus vite.
Je m'approche de la pile avec appréhension.
Je ne sais pas ce que je peux y trouver.
Je jette un coup d'œil rapide au mur blanc mais pas de signe inquiétant.
Je m'attaque donc à la pile.
J'attrape un à un les objets.
Je les examine avec soin.
Je ne vais pas très vite avec ma lampe torche qui m'occupe une main.
Quand je suis sûre que la clé n'est pas accroché à l'objet ou caché à l'intérieur je le pose derrière moi.
Un petit tas commence à se former.
Des objets plus étranges les uns que les autres passent entre mes doigts.
Je n'ose même pas me demander ce que c'est.
Je préfère ne pas savoir.
Certains me font froid dans le dos.
De temps en temps, je jette un coup d'œil à Aaron.
Il est très concentré et ne semble pas plus apeuré que ça.
À un moment donné, je tombe sur une petite boîte à bijoux.
Elle me rappelle une que j'avais eue au collège.
Je l'ouvre pour être sûre que la clé n'est pas à l'intérieur.
Elle n'y est pas mais il y a des photos.
Je les prends délicatement.
La première montre un couple de gens qui ont l'air assez riches.
Je pense qu'ils sont en vacances vu leur teint bronzé et la mer derrière eux.
Ils ont l'air heureux.
La photo est datée.
Elle a été prise il y a seulement deux jours !
Je passe à la suivante.
Des larmes me montent aux yeux en voyant l'horreur de celle-ci.
Une petite fille blonde est allongé par terre.
Des larmes coulent sur son visage tuméfié.
On dirait qu'elle a été torturée.
Comment peut-on être aussi cruel ?!
Je passe aussitôt à la suivante.
Un couple est ligoté et eux aussi pleurent.
Je ne comprends pas.
Qui a pris ces photos ?
Pourquoi ?
Est-ce qu'elles nous sont destinées ?
Je sens une main qui se pose sur mon épaule.
Je sursaute.
- C'est moi, chuchote Aaron.
- Tu m'as fait peur ! Ne refais plus ça ! je m'exclame en essuyant mes larmes rapidement.
- Désolé, je voulais voir ce que tu faisais. T'as trouvé quelque chose ?
- Oui, des photos. Elles ont été prises il y a deux jours. Je ne connais pas les personnes qui sont dessus. Regarde, peut-être que tu les connais.
Je lui tends les photos.
Il les regarde avec horreur.
- Comment peut-on faire ça à des gens ?!
Soudain, il s'arrête sur une des photos.
C'est la photo du couple en vacances.
Il commence à pleurer.
- Tu les connais ? je demande timidement.
- Ce sont mes parents.
Je ne comprends pas.
Pourquoi pleure-t-il ?
Ils ne sont pas torturés, eux.
Je n'ose pas lui poser la question.
Je ne voudrais pas le vexer.
Mais il remarque vite mon incompréhension.
- Je sais que ça peut paraître égoïste, dit-il entre deux sanglots, mais ça me fait mal au cœur de voir qu'ils sont heureux alors que moi je suis ici. Ils devraient me chercher, s'inquiéter ! Mais non, ils continuent leur vie comme si je n'avais jamais existé...
Je le prends dans mes bras tout en repensant à mes parents.
J'espère qu'ils vont bien et qu'ils me cherchent, qu'ils n'ont pas perdu espoir.
Aaron a raison, je pense que je ne le supporterai pas si mes parents m'abandonnaient, s'ils tiraient un trait sur moi.
Je lui reprends les photos et regarde rapidement la dernière.
J'ai peur d'y voir mes parents.
Mais non, ce n'est pas quelqu'un que je connais.
Je mets les photos discrètement dans ma poche.
Peut-être que les autres reconnaîtront quelqu'un de leur famille.
Aaron sèche ses larmes et se remet au travail.
Je décide d'aller plus vite, au risque de louper la clé.
Je commence à avoir vraiment peur.
Je ne veux pas tomber sur quelque chose d'autre d'horrible.
Et le noir commence à m'oppresser.
- Noémie ?!
Je me retourne immédiatement vers Aaron.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande inquiète.
- Je crois que je l'ai trouvée.
Déjà ?!
En fait, ça a été rapide.
Mais il ne faut pas que je crie ma joie trop vite.
- Fais voir !
Il me tend une clé dorée, qui a l'air assez ancienne.
En même temps, c'est normal, la maison aussi est ancienne.
- Parfait ! Sortons vite d'ici, j'en peux plus de cet endroit.
Nous nous dirigeons vite vers la porte, slalomant entre les objets que nous avons éparpillés un peu partout.
Heureusement, la porte ne nous pose pas de soucis et s'ouvre.
Les autres nous attendent derrière.
Ils sont soulagés de nous voir sains et saufs et nous prennent dans leurs bras.
Après cette effusion de joie, Aaron leur montre la clé d'un air victorieux.
C'est à ce moment que je décide de prendre Tanya à part pour lui montrer les photos.
C'est le meilleur moment, pendant que Jenny et Teddy s'extasient devant la clé.
Je préfère en parler à elle avant, on ne sait jamais.
- Qu'est-ce qu'il vous est arrivé là-bas ? me demande-t-elle.
Je hausse les sourcils.
- Comment tu sais qu'il nous est arrivé quelque chose ?
- Le contraire aurait été étonnant.
- On a trouvé des photos. Je pense que c'est les membres de nos familles. Enfin, je ne suis pas sûre parce qu'il n'y en a aucune de ma famille.
Je lui tends les photos.
Elle les regarde une à une.
- Effectivement, c'est bien nos familles.
C'est bizarre, elle n'a pas l'air aussi perturbée que nous tout à l'heure.
- Et... Il y a quelqu'un de ta famille ? je demande timidement.
- Oui, mais si Max pensait m'atteindre avec ça, c'est raté.
Elle les range dans sa poche.
- Merci de m'avoir prévenue, tu as bien fait. Surtout n'en parle pas à Jenny et Teddy. S'ils peuvent ne jamais voir ça, c'est mieux pour eux.
Je hoche la tête.
Je ne suis pas vraiment d'accord.
Je pense qu'à leur place, j'aurais voulu savoir ce qu'il était advenu de ma famille.
Mais je comprends le point de vue de Tanya et je l'accepte.
Elle veut leur éviter de souffrir encore plus.