Donna POV
Nous nous sommes longuement fixés, puis, j'ai couru jusqu'aux toilettes afin de profiter pleinement de la phase deux de l'alcool : les vomissements. Oui je sais, on se passera des détails. J'étais dans une des cabines, à genoux devant la cuvette, et je pouvais entendre Luke m'appeler. Je ne pouvais pas lui répondre, vu la situation dans laquelle je me trouvais. La bruit de la grande porte des toilettes, qui en passant étaient mixtes, se fit entendre.
« Putain mais qu'est-ce que je suis con, mais pourquoi j'ai fait ça, ça a dû la faire fuir, elle a dû penser que je suis un mec facile... Ou alors j'embrasse trop mal... C'est ça, je dois embrasser comme un crapaud.... » puis plus rien à part un petit boum. Il a dû frapper légèrement le mur.
Après avoir tiré la chasse, détail important, je suis sortie de la cabine. Je m'avançais près de l'évier, lavai ma bouche et mes mains pour éviter d'effrayer Luke quand j'irai le retrouver dans le bar. Je me retournai et mon cerveau fit tilt quand je l'aperçut, Luke, le poing sur le mur, la tête baissée.
« Luke ça va ? » demandais-je me rappelant ses paroles à son entrée dans les WC.
Il leva la tête, les yeux humides ? Puis il se releva complètement et me regarda intensément.
« Hum..Oui, enfin je crois... Et toi ? Pourquoi tu as couru ? J'embrasse si mal ? » finit-il par répondre, géné.
Je gloussai.
« Nan pas du tout ! J'ai juste abusé de la vodka et je l'ai payé. Je suis pas vraiment dé-saoulé d'ailleurs. Luke ne t'en fais pas tu embrasse très bien. Désolé si je t'ai fait pensé le contraire. » répondis-je mal à l'aise de la situation.
Il se rapprocha de moi, l'air rassuré et caressa ma joue du dos de sa main. Je regardais ses yeux océans, dans lesquels je me perdis, et j'avoue, ses yeux sont les plus beaux que j'ai jamais observés. Ses actes et ses paroles me donnaient l'impression d'être en sécurité, protégée.
« C'est rien je me suis juste fais des films pour rien haha » lança-t-il en ricanant de façon très mignonne.
La fin de la soirée fut plus calme, j'ai bu du café pour chasser l'alcool tout en discutant et faisant connaissance avec Luke, j'ai appris beaucoup de chose sur lui, comme le fait qu'il va dans le lycée pas loin du mien, mais je suis restée assez vague sur moi. Un jour peut-être je pourrais lui faire assez confiance pour lui parler ouvertement de moi.
Il m'avait ensuite raccompagnée chez moi avant de prendre mon numéro de portable.
Luke POV
J'avais raccompagné Donna devant son immeuble, et pris son numéro de téléphone. J'avais envie de la connaître, elle n'est pas comme toutes ces pimbêches qui ne pensent qu'au maquillage et à elles. Elle ne m'avait pas vraiment parlé d'elle, mais plutôt de son lycée, des profs mais je devais apprendre à la connaître, elle me rendait dingue. Elle avait un côté Badgirl très attirant et, même si elle était bourrée à ce moment là, elle embrassait comme une déesse. Je voulais la consoler quand elle serait triste, la protéger du danger, la serrer contre moi et ne plus la lâcher.
« Merci de m'avoir raccompagnée, et à une prochaine j'espère » s'exclama-t-elle accompagné d'un petit sourire avant de déposer un doux baiser sur ma joue.
« Je suis sûr qu'il aura une prochaine fois, Au revoir Donna . » répondis-je en la regardant monter les marches puis s'engouffrer dans son immeuble.
Je suis rentré chez moi ensuite, le cœur battant, impatient de savoir quand je la reverrais. Demain, j'irais parler de ma rencontre auprès de ma mère, à l'hôpital.
Les gens me prennent pour un fou mais je pense qu'elle m'entend, même dans le coma, car parfois j'ai l'impression qu'elle réagit à mes paroles. Les médecins m'encouragent à venir la voir régulièrement, au cas ou il se passerait quelque chose.
Ellipse de la nuit
Mon réveil se mit à sonner, il était 9h du matin. Je devais me lever afin d'aller à l'hôpital voir ma mère. J'enfilais un skinny jeans noir, pour changer ( notez l'ironie ) et un débardeur blanc. Je pris vite fait mon petit dej' et me dirigea vers ma voiture, la veste en cuir sur les épaules.
En arrivant à l'hôpital, j'étais optimiste, joyeux, mais lorsque je vis l'expression du visage de l'infirmière de l'accueil, je me refroidis, elle me regardait avec pitié, compassion.
« Je suis vraiment désolée de vous apprendre ça, Monsieur Hemmings, mais votre mère à fait une crise cardiaque ce matin, elle est mieux là-bas... » je n'entendais plus ses mots, j'ai lâché mon café, le laissant se projeter sur le long couloir blanc. Mes jambes ne me tenaient plus debout, elles tremblèrent un peu avant de succomber et de me faire tomber à genoux. Je pleurais, hurlais et mes joues étaient inondées de larmes. Je me releva, plein de haine et pris l'infirmière par le col.
« C'est de votre faute ! Vous auriez dû la sauver ! Vous n'avez rien fait !! Je vous déteste ! Vous l'avez tuée !! » criais-je à pleins poumons en secouant l'infirmière, impuissante.
La sécurité de l'hôpital arriva et me retenu par les bras pendant que je fulminait en insultant l'infirmière.
« C'est de votre faute ! MA MERE EST MORTE DE VOTRE PUTAIN DE FAUTE ! Elle était ma vie et vous me l'avez arraché froidement ! Je n'ai même pas pu lui dire adieu ! Je vous hais ! » je ne me contrôlais plus et je n'avais plus la force de me battre contre ses sentiments. Les larmes coulaient librement le long de mes joues, mes jambes tremblaient ainsi que mes poings maintenant tellement serrés que mes jointures étaient blanches. Je haïssait le monde de m'avoir enlever le seule être à qui je tenais sur cette foutue planète. Dans ma tête les souvenirs en balayaient d'autres, ma mère me tenant la main dans le parc, mon treizième anniversaire où ma mère m'avait offert mon skateboard chéri, le jour où nous avons appris sa maladie cardiaque, tout me revenait en tête rendant la douleur insoutenable. Il fallait que je m'en aille. Loin de cette souffrance, loin des souvenirs. C'est à se moment là que je me souvenu de la raison pour laquelle j'étais venu à l'hôpital.
Mon cœur saignait, mais je devais la voir une dernière fois, lui dire adieu, lui parer une dernière fois. Je me tournai vers l'infirmière.
« Excusez-moi, je.... Puis-je la voir une dernière fois ? » demandai-je, honteux.
Elle resta silencieuse mais me montra du doigt la porte de la chambre de ma mère.
Je m'avançais à présent d'un pas hésitant vers cette porte, les joues humides. Mes pieds se plaçaient l'un devant l'autre légèrement, pour ne pas faire de bruit. Quand j'atteignis cette porte, ma main se leva mais resta figée sur la poignée. Ma mère, morte, reposait derrière ces murs. Ma main poussa la poignée. La porte s'ouvrit, sur une pièce sombre, froide. Au fond je pouvais distinguer un lit couvert d'un drap, je devinais que ce drap était posé sur le corps inanimé de ma mère. Je restais longuement dans cette position, la porte ouverte derrière moi sur cette pièce sombre, sans lumières.
J'enfonçai l'interrupteur, la pièce s'illuminant désormais. Mes pieds hésitant avançaient lentement vers le lit. J'étais en face de lui maintenant, le surplombant de ma taille. Mon bras, lourd, souleva le drap. Et là, ce fut le choc, je ne pouvais contenir mes émotions plus longtemps, mes jambes cédèrent, mon corps tomba lourdement au sol, ma tête se posa contre le lit. Les larmes coulaient à flot, mes poings se formaient désormais des poings lâches autour du drap que je venais de tirer. J'ai vu ma mère, pale, ses cheveux blonds, foncés trop foncés, étalés vulgairement sur l'oreiller, ses lèvres violettes et gercées, ses joues creuses. Cette vision était trop froide, trop dure.
Sans réfléchir, j'ai sorti mon téléphone et je l'ai appelée.
« Allo?Luke?Ça va ? » sa voix retenti à l'autre bout du fil.
« Luke ? T'es là ? »
« Donna... Dis moi que c'est faux... Je t'en pris dis moi que ce n'est pas elle mais quelqu'un d'autre sur ce lit. Aide moi Donna » ma voix tremblait, les larmes ne cessaient de couler.
« Luke t'es où ? Je viens te chercher » elle semblait inquiète,vraiment.
« A l'hôpital.. » lançai-je.
« J'arrive ne bouge pas »
Et elle raccrocha.