Mystic Falls, 2012
Malgré l'heure avancée, je ne dormais pas. Je n'y arrivais pas. Ou peut-être que je ne le voulais tout simplement pas. Je ne pouvais détacher mes yeux de Kol. J'avais peur que tout ne soit qu'une simple illusion. Que ce ne soit qu'un rêve et que lorsque je me réveille, je me rende compte qu'il était toujours dans son cercueil, une dague enfoncée dans le cœur.
- Arrête de me regarder. Murmura-t-il en ouvrant brusquement les yeux.- Tu adores quand on te regarde.- Tu devrais être en train de dormir.- Toi aussi.
Il soupira bruyamment, alluma la lampe de chevet et se coucha sur le côté. Ses yeux trouvèrent les miens tandis que ses bras s'enroulèrent autour de moi pour me ramener contre son torse chaud. Il déposa un rapide baiser sur mes lèvres et posa son front contre le mien.
- Je connais ce regard. Qu'est-ce qui te préoccupe ? S'enquit-il.- Je n'arrive pas à croire que tu sois là.- Mais je suis là. Et dans quelques jours, tu regretteras qu'Elijah m'ait réveillé.- En fait, j'ai prévu de demander à ton frère qu'il me donne une dague, pour que je puisse te poignarder à chaque fois que tu m'énerveras.- Dans ce cas, je risque d'être mis dans un cercueil bien plus souvent qu'avec Nik. Blagua-t-il.- Je suis désolée, Kol. Murmurais-je.
Je m'échappais de son étreinte et m'assis en ramenant le drap sur moi, couvrant ma nudité. À son tour, il se releva légèrement dans une position mi-couchée, mi assise, le dos appuyé contre la tête de lit. Sa main trouva la mienne et nos doigts se nouèrent.
- Comment tu as su que j'étais réveillé ? M'interrogea-t-il.- Je ne le savais pas. J'étais à Chicago quand Elijah m'a appelé.- Qu'est-ce que j'ai raté ?
Il était tout à fait normal qu'il veuille savoir ce qu'il s'était passé pendant son absence. Mais je compris qu'il ne voulait pas simplement savoir ce qu'il m'était arrivé, il voulait également savoir ce que j'avais fait, si je l'avais attendu.
- Tu veux la version longue ou la courte ?- Je veux tout savoir.
Alors je lui racontai. Je lui dis comment je m'étais opposée à ses frères lorsqu'il avait été dagué, à quel point j'en avais voulu à Elijah de ne pas me soutenir, comment Mikael nous avait fait fuir la Nouvelle Orléans, la façon dont j'avais décidé de quitter sa famille parce que je n'arrivais plus à vivre avec eux non seulement parce que je savais qu'il était au sous-sol enfermé dans un cercueil, mais aussi à cause de toute la peine que je ressentais. Je lui racontais également la début de vendetta que j'avais engagée contre Nik, au milieu des années 60, peu de temps après notre nuit de liberté à New York, avant que notre relation ne s'arrange, fin des années 80.
- J'ai parcouru le monde à la recherche de sorcières. Expliquais-je. Je voulais tellement lui faire mal. Je voulais le briser. J'ai essayé de faire briser la malédiction de Marie Alice pour pouvoir récupérer la dague. Je voulais tellement qu'il paie pour tout ça.- Mais ça n'a pas fonctionné. Elle était intelligente.- Tu as toujours bien su t'entourer.
Il esquissa un sourire avant de reprendre une mine sérieuse et de m'inviter à continuer.
- J'ai essayé de te réveiller. Avouais-je. Plusieurs fois.- Avant ou après notre petite entrevue en 63 ?- Les deux.- Est-ce qu'il t'a blessé ?- Ça n'a aucune importance.- Ça en a pour moi.- Je suis toujours vivante non ?
Un éclat de fureur traversa ses yeux et avant que je n'ai pu l'en empêcher, il avait déjà enfilé son pantalon pour se précipiter vers le couloir.
- Kol !
Attrapant sa chemise, je l'enfilais et la boutonnais rapidement tandis que je le rejoignais. Utilisant ma vitesse, je le rejoignis dans ce qui me sembla être l'atelier de Klaus. Ce dernier, quitta sa toile des yeux pour nous lancer un regard profondément ennuyé.
- Je t'en prie ne fait pas ça. Suppliais-je en lui barrant la route. - Ne reste pas là.
Attrapant son visage dans mes mains, je le forçais à baisser la tête vers moi. Son regard furieux trouva le mien et il me fit bien comprendre qu'il ne laisserait pas les choses comme elles étaient.
- Je viens à peine de te retrouver. Murmurais-je.- Il ne me mettra pas dans une boite. Pas cette fois.- Je ne veux pas te perdre à nouveau.
D'un geste rageur, il repoussa mes bras et s'écarta de quelques pas.
- Tu voudrais que je le laisse tranquille alors qu'il t'a blessé. Alors que je sais qu'il a levé la main sur toi ?! S'écria-t-il en désignant son frère d'un brusque geste de la main.- Je ne lui ai rien fait qu'elle n'ait pas apprécié mon frère. Intervint Nik, un rictus moqueur aux lèvres.
Posant mes deux mains sur le torse de Kol, je le stoppais dans son élan. Je savais pertinemment qu'il rêvait de pouvoir le faire souffrir. Pas seulement parce qu'il m'avait blessé, mais aussi parce que lui-même était affreusement blessé par son comportement et par celui du reste de sa famille.
- Je t'en prie Kol. Chuchotais-je. S'il te plait.
Son regard glissa vers moi tandis qu'il désignait Klaus du doigt.
- Je vais le tuer. Me promit-il en disparaissant.
Le ricanement moqueur de Klaus me fit faire volte face.
- J'ai toujours trouvé le pouvoir que tu avais sur lui fascinant. Le grand vilain Kol Mikaelson contrôlé par un simple petit vampire. C'est pathé...
Ma main s'écrasa sur sa joue sans que je ne puisse l'arrêter et le regard furieux qu'il me lança suffit amplement à me faire regretter mon geste. Un frisson parcouru l'échine de mon dos tandis qu'il fondit sur moi, ses doigts se refermèrent autour de mes poignets et il me ramena dangereusement à lui. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien.
- Ne t'avise pas de lever la main sur moi. Siffla-t-elle.- Qui crois-tu être pour me donner des ordres ?- Combien de fois crois-tu qu'il me faille appeler Elijah et Kol pour qu'ils viennent te mettre une raclée ?- Ce sont mes frères.- Peut-être, mais ils savent à quel point tu peux être instable.
Il relâcha mes poignets et retourna à sa toile. Il recommença à peindre comme si rien ne s'était passé. Par ce simple geste, je compris qu'il me congédiait. Mais alors que j'allais passer la porte, sa voix m'arrêta.
- Je croyais que tu étais d'accord pour enterrer la hache de guerre.- Je le suis Mais ça ne veut pas dire que je vais m'écraser face à toi ou te laisser blesser Kol sans opposer de résistance.- Je croyais que nous avions réussi à mettre notre rancœur de côté.- Et moi je croyais que tu m'avais enfin acceptée au sein de ta famille.- Je l'ai fait.- Vraiment ?
Sans surprise, je retrouvais Kol dans notre chambre. Les fenêtres ouvertes, laissait entrer un vent piquant qui me fit frissonner. Kol, lui, ne sillait pas. Debout dans la nuit, il regardait fixement un point imaginaire. Le plus silencieusement possible, je m'approchais de lui et déposais mes mains sur son torse. J'embrassais rapidement son omoplate avant de poser ma joue contre son dos.
- Sur une échelle de un à dix, à quel point es-tu en colère ? Murmurais-je.- Quatorze.- Parle-moi.
Il n'avait pas besoin de me parler pour que je sache ce qui le mettait dans cet état. Je savais pertinemment que la façon dont l'ensemble de sa famille le traitait le blessait profondément. Malgré les apparences, il souhaitait avoir la reconnaissance de sa fratrie. Il voulait être aimé.Derrière l'image du vampire originel sauvage et mauvais, il cachait des blessures profondément enfouies. Des marques indélébiles semblables à des brûlures dont il n'arrivait pas à se débarrasser.
- J'aime la façon dont tu lui as tenu tête. M'ignora-t-il en faisant volte face.- Il était furieux.
Un éclat de rire secoua sa poitrine et il agrippa l'arrière de mes cuisses pour me soulever du sol tandis que je nouais mes bras autour de son cou et mes jambes autour de sa taille. Ses deux mains quittèrent progressivement mes cuisses, un de ses bras se noua autour de ma taille alors que sa main libre repoussa mes cheveux pour dégager mon cou.
- J'aurais donné n'importe quoi pour te voir le gifler. Murmura-t-il, le nez plongé dans mon cou.- Il m'aurait arraché le cœur s'il avait pu.- C'était à la fois amusant et terriblement excitant.
Il déposa une myriade de baiser sur ma gorge avant que ses crocs ne s'enfoncent dans ma chair tendre. Prise au dépourvu, un gémissement surpris m'échappa mais bien vite, la douleur s'estompa pour laisser place au plaisir. Il se délectait de chacune des gorgées qu'il buvait. Il suçota avidement la plaie jusqu'à ce qu'elle ne se referme et un sourire se forma sur ses lèvres.Son regard s'ancra dans le mien tandis qu'il relevait légèrement la tête pour me présenter sa propre gorge. Ma soif s'éveilla soudain et je sentis mon visage se transformer alors que je m'approchais de sa peau. Lorsque mes crocs s'y enfoncèrent, je sentis sa main se poser sur ma nuque et me maintenir fermement contre lui. D'un geste rapide, il s'allongea sur notre lit, m'entraînant à sa suite. Il se délectait presque autant de me sentir boire son sang que de boire le mien. Le partage de sang entre vampire était quelque chose de fort, d'intense. Jamais je ne boirais le sang d'un autre vampire que Kol et bien que j'en doutais, j'espérais qu'il me serait fidèle sur ce point là.
- Je t'ai manqué ? S'enquit-il quelques minutes plus tard.- Tu n'imagines pas à quel point.
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Offrant quelques caresses à la jeune femme dont la tête reposait sur sa poitrine, Kol écoutait attentivement ce qu'elle lui racontait sur les inventions de ce siècle.
- Tu vas adorer les boites de nuit. Assura-t-elle. Et je suis sûre que tu aimeras les voitures, la musique, les jeux vidéos, la télévision.- Je crois qu'il va me falloir des années pour m'habituer à tout ça.- Tu apprends vite. - J'aurais un excellent professeur.
Ils échangèrent un bref sourire avant que la jeune femme ne dépose un baiser sur son torse.
- Tu ne m'as pas parlé de ce que tu avais fait. Murmura-t-il.- Je viens de tout te raconter.- Je ne parle pas de tes activités.- Tu parles des hommes ?
Un éclat amusé traversa le regard de la rouquine. Un siècle s'était écoulé et bien que l'idée ne lui plaisait que très peu, il se doutait qu'elle avait croisé la route de nombreux hommes.
- Combien ?- Tu veux un chiffre ? Pouffa-t-elle en se relevant légèrement.- Je veux savoir combien d'hommes ont partagés ton lit et combien ont réellement comptés pour toi.- Je n'arrive pas à savoir si tu es sérieux ou non.- Je suis très sérieux.- J'ai rencontré beaucoup de monde, de notre espèce, des sorciers, des loups-garous, des humains. Je me suis liée à certains d'entre eux. Beaucoup ont voulu me séduire, parfois je les ai laissé faire. Mais je ne t'ai jamais trompé. Jamais.- Jamais ?
Ses yeux se teintèrent de prétention tandis qu'un sourire étira ses lèvres.
- Aussi pitoyable que ça puisse paraître, je te suis restée fidèle.- Ce n'est pas pitoyable. Ça me prouve juste à quel point j'avais raison sur toi.- C'est pitoyable à partir du moment où je sais que si ça avait été moi dans ce cercueil tu n'aurais pas été aussi fidèle que je l'ai été.- Tu n'en sais rien. - Je te connais Kol. Je sais que tu aimes les femmes.- Tu ne peux pas t'imaginer ce genre de chose sans même que nous l'ayons vécu. Ne te tourmente pas avec ce genre de chose. Tu es la seule femme que je désire. Tu es la seule dont j'ai besoin. Tu es la seule qui me connaisse vraiment. Tu es la seule qui connaisse mes faiblesses, mes peurs et mes blessures. Tu es la seule qui puisse me faire oublier ma famille et leurs coups bas. Tu es la seule.- Je t'aime Kol Mikaelson. Pour toujours et à jamais.