- Eh bien... c'est mon père...
J'ouvre grand la bouche, n'en croyant pas un mot. Il inspire profondément et commence à me parler d'une voix fatiguer.
- J'ai vécu jusqu'à mes quinze ans... dans une famille de tueur à gage... Ils travaillaient tous pour... notre Chef... dès... mon plus jeune âge... j'ai été entrainé pour tuer des gens... mon père était fière de moi... Je t'ai mentis... mon père ne m'a pas que appris le self-défense... il m'a appris de toutes les manières possibles d'anéantir quelqu'un...
Il ferme les yeux, tout essoufflé de parler.
- Un jour... il a voulu m'emmener avec lui pour me montrer ce qu'était le boulot d'un tueur à gage... et il a tué ton père dans le noir, je ne l'ai pas aidé... je me suis juste roulé en boule dans un coin... j'avais peur...
- Mais... pourquoi l'a-t-il tué ?
- Mon père m'a raconté... qu'à travers ses livres... il donnait aux gens une envie de... se révolter... c'est pour cela qu'il fallait le tuer...
Il avale sa salive, ouvre les yeux et me regarde pendant que ses larmes coules le long de ses joues.
- Je suis vraiment désolé Milena... je n'ai jamais voulu qu'il meurt...
- Ce n'est pas grave... soufflé-je.
Il ouvre grand la bouche pendant que je baisse la tête. Maintenant que je sais qui est le meurtrier, je me sens... vide. Ce qui me fait mal, c'est de savoir que j'ai souhaité la mort de Bryan, que je me voyais déjà lui arracher sa tête par vengeance, alors qu'il n'a rien fait.
Mais maintenant que je sais qui est le vrai meurtrier, une envie de survivre arrive soudainement dans mon esprit.
Mais juste après, je me rappelle que, nous sommes venu ici pour mourir, pas pour vivre ou pour gagner, non.
Pourtant, au plus profond de moi-même, je me promets de le tuer, de venger mon père, même au prix de ma propre mort.
- Milena, souffle Bryan, tout ce que tu croyais savoir sur moi... c'était faux...
Je lève les yeux vers lui en fronçant les sourcils.
- Je ne suis pas celui qui se laisse faire quand je me fais taper... je ne suis pas timide... je ne bégaye pas... c'était juste une couverture... car si je serai moi-même... devant tout le monde... je peux te promettre qu'Anil, Jekaterina et leur bande... seraient déjà mort depuis au moins cinq jours...
Je m'écarte de lui et recule doucement. Pourquoi me raconte-t-il cela ? Veut-il me faire peur ? Veut-il que je le hais ? Je ne le comprends plus.
- Mais... pourquoi...
- Je pourrais facilement me libérer de ses liens, mais ce ne serai pas du jeu... un sourire machiavélique s'imprime sur ses lèvres, veux-tu que je suive à la lettre les règles du jeu ? ou préfères-tu que je tue tout le monde, comme ça nous gagnerons plus vite...
- Bryan, tais-toi, tu délire là.
- A ta place, je choisirai la seconde option... j'en ai marre de me laisser faire... laisse-moi au moins tuer Anil...
Je fais un pas vers lui et le gifle, en mettant le plus de sérieux possible dans mes paroles.
- Es-tu vraiment sérieux dans ce que tu dis ? tu vas vraiment tous nous tuer.
- Non... j'attends ton accord, et puis, je tuerai tout le monde sauf nous deux.
- Pourquoi.
Son sourire s'intensifie, il me fait peur maintenant, j'ai envie de retrouver le vrai Bryan, celui qui est gentil et souriant, mais un sourire gentil, pas comme celui qu'il a là, maintenant.
- Parce que je t'aime, et je tuerai n'importe qui qui oserai poser la main sur toi !
Je serre les poings et le regarde en secouant la tête.
- Bryan, si tu oses toucher à un cheveu d'Anil, où de tous les joueurs, je t'arrache la tête.
Il rit et me regarde, je peux lire de la folie dans son regard.
- Alors tu me déteste ?
- Oui.
- Donc je te tuerai toi aussi !
Il se met à rire comme un fou, en hurlant qu'il va tuer tout le monde, je lui tourne le dos et rentre dans ma chambre, la gorge serrée. Encore un jour et il sera libre.
Tiens bon Bryan...
Je m'allonge et ferme les yeux, j'arrive encore à l'entendre hurler des sotties.
Je me roule en boule dans mon lit et me bouche les oreilles.
Le jeu n'a même pas entièrement commencé qu'il se met déjà à devenir fou... comme quoi ça prouve que ce jeu n'est qu'un moyen de tous nous tuer en publique...
...
Tout le monde part s'assoir sur les troncs.
Il fait presque nuit, dans quelques heures, mon rôle prendra enfin "vie".
Le Maître du Jeu s'avance, la hache à la main et libère Bryan de ses liens. Celui-ci tombe à terre sans se relever.
Un sentiment de panique apparait chez chacun, est-il mort ?
Personne n'ose le relever, le Maître du Jeu le regarde, avec un sourire cruel.
- Si dans cinq secondes tu ne te relèves pas, annonce-t-elle, je serai dans le devoir de te décapiter.
Il ne répond rien, ne bouge même pas un doigt pour nous montrer qu'il est en vie.
- Cinq.
Quelques personnes détournent la tête, pensant déjà au pire.
- Quatre.
J'entends Alice exploser en sanglot en suppliant son cousin de se relever.
- Trois.
Je me lève pour l'aider à se relever, mais le Maître du Jeu me lance un regarde qui me fait comprendre que je dois me rassoir.
- Deux.
Je la vois lever de plus en plus sa hache, en visant sa tête.
- Un.
Au même moment où sa hache s'abat, Bryan rassemble toute son énergie pour rouler sur le côté et se relever à l'aide du poteau. La hache se plante à l'endroit même où se trouvait sa tête il y a maintenant quelques secondes.
Quelques personnes pousse un soupir et sourient, trop content de ne pas avoir vu une scène gore. Je me lève et aide Bryan à s'assoir sur son tronc, même au prix de quelques regards désapprobateurs.
- Tu l'as échappé bel, rit le Maître.
Les caméramans arrivent au même moment et commence à filmer, le Maître du Jeu se tourne vers l'une d'elle et commence à faire son speech habituel.
Je regarde discrètement Bryan du coin de l'œil, il a un peu maigris, ses poignets sont en sang et je crois même qu'ils sont infectés. Il tremble comme feuille, j'ai honte de l'avoir laissé se dénoncer à ma place... Dès que le Soir de Concertation sera terminé, j'irai dans sa chambre pour m'excuser. Et savoir s'il me mentait pour son père... car ça se voyais dans ces yeux qu'il pétait un câble, donc il racontait peut-être n'importe quoi à ce moment...
Le Maître à terminer et tout le monde se lève, Bryan traine des pieds jusqu'à sa chambre et rentre lentement à l'intérieur.
J'allais courir jusqu'à sa maison quand quelqu'un m'attrape par le poignet, je me retourne en voyant Galya, elle a la tête toute rouge et n'ose même pas me regarder.
- Je... Je peux te parler en privé ?
J'hoche la tête et me tourne une dernière fois vers la maison de Bryan, je le rejoindrai plus tard.
On s'assoit sur un banc, assez loin des autres.
- Qu'y a-t-il ? demandé-je gentiment.
- Eh bien...
Elle se mord la lèvre sans me lâcher la main.
- Je...
Elle lance un regard derrière moi, comme pour observer quelque chose. Intrigué, je commence à tourner la tête mais Galya pose ses mains sur mes joues et se met à m'embrasser. Je la repousse en fronçant les sourcils.
- Je t'aime Milena ! dit-elle, le feu aux joues. J'aimerai que tu ne regardes que moi ! et personne d'autre !
Je la regarde bouche bée, juste parce que je l'ai embrassé pour rire, elle tombe amoureuse de moi ? Elle soutient mon regard, presque en tremblant, en se retenant de pleurer, je n'arrive pas à savoir si ce qu'elle dit est vrai, et je préfèrerai qu'elle mente, je n'aimerai pas lui dire que moi, je ne l'apprécie pas autant qu'elle...
- Euh... Galya... dis-je le rouge aux joues, tu m'aimes vraiment ?
- Oui !
- Mais... je suis désoler de te dire cela... je ne t'aime pas...
- Pourquoi ?
Et je dis la seul réponse la plus stupide que j'aurai pu me retenir de dire :
- Tu es gentilles mais... je préfère qu'on reste amie...
Je me souviens une fois, un garçon avait répondu ceci à Eva quand elle lui avait demandé de sortir avec lui, Eva s'était mis à pleurer et, même si ce n'était pas moi qui m'avais pris ce râteau, j'avais ressentie une grande douleur... C'est la pire des réponses qu'on puisse dire à une fille.
Elle se met à pleurer.
- Non ! ne pleure pas ! je suis sûre que tu vas trouver une fille bien mieux que moi...
Elle ne répond rien et regarde derrière moi, d'un coup, comme-ci quelqu'un lui avait fait un signe, elle s'arrête de pleurer et un grand sourire apparait sur son visage.
- En fait, annonce-t-elle en se levant, j'ai changé d'avis moi aussi, restons amie !
Elle s'en va en trottinant jusqu'au groupe de Jekaterina, elles se mettent à rire comme des gamines en me regardant.
Alors comme ça elle se moquait de moi ?
Ça me prouve une chose : ne plus jamais croire Galya. Ce n'est qu'une très bonne actrice, rien d'autre.
Et puis, ça me plaisait un peu que je puisse plaire aux deux genres, autant aux garçons qu'aux filles. Mais à ce que je vois, je me suis trompé.
Le Maître du Jeu nous annonce qu'il est l'heure d'aller se coucher. Je frissonne et la regarde dans les yeux où je peux y lire une lueur d'amusement.
- Prête ? me demande-t-elle.
- Non. Répliqué-je toujours en l'affrontant du regard.
- Oh... arrête de faire ton arrogante, dans tous les cas, tu vas mourir !
Elle s'en va en riant et rentre dans sa maison.
Je ressens dans cette phrase qu'elle m'a rendue la monnaie de ma pièce pour les fois où je l'avais énervée. Et puisque là, je ne peux rien faire, elle en profite pour m'énerver.
Et bien je me promets à moi-même que demain, quand je devrais nettoyer ses haches, je vais la faire chier mais à un point ! Elle va s'en mordre les doigts cette sale... !
Je rentre dans ma chambre et pousse un hurlement en voyant dans cet état.
Tout est saccagé, mon lit est retourné, tous mes vêtements sont à terre et j'ai même l'impression qu'ils ont étés piétinés, et le pire, c'est la photo de mon père et moi, il ne reste presque plus rien, ils ont tout brulé, le seul souvenir visuel qui me restais, est partie en fumée...
- Galya... grogné-je.
C'est elle... elle m'a mis à l'écart pour que son groupe s'amuse à rentrer dans ma chambre et à y mettre le bordel...
Je me mets à pleurer en voyant le magnétophone écrasé... ils ont osés le faire... ils ont osés me prendre la chose la plus importante pour moi...
Je sors de chez moi, reste sur le palier pour hurler :
- Et vous vous croyez marrant en faisant ça ?! vous pensez qu'en rentrant dans ma chambre j'allais rire en voyant que tout ce qui me restait de mon père a disparu, par votre faute !
Je pousse un long hurlement de tristesse, de désespoir et de folie pendant qu'un long silence s'abat sur les autres, je sais que tout le monde m'a entendu, mais personne n'ose m'affronter.
- Bande de faible ! hurlé-je, vous n'avez aucun cran ! aucun courage !
Personne ne me répond, j'en vois même quelques-uns qui tirent leurs rideaux pour se sentir encore moins concerné.
- Je vais tous vous tuer ! explosé-je, vous allez tous mourir ! tous ceux qui ont saccagé ma chambre, attendez-vous à souffrir !
Je m'enferme dans ma chambre et ferme les yeux en respirant doucement.
Je me rends compte que je tremble de la tête aux pieds. Je serre les poings et essaye de me concentrer, il faut que je trouve une bonne cachette pour ce Soir de Concertation.
Je sors par l'arrière de ma chambre et pars me cacher dans un buisson, assez loin du Maître du Jeu, mais pas trop pour reconnaître le visage des joueurs et entendre les conversations.
En attendant que ça commence, je ferme les yeux et fait le vide dans ma tête.
J'essaye de m'imaginer dans un transat, au soleil dans ma propre maison, avec un mari et beaucoup d'argent. Ça, c'est assez facile à imaginer, mais le plus dur, c'est de m'imaginer heureuse dans cette vie.
Peut-être que je suis faite pour souffrir, aussi non, mon père ne serai pas mort, ma mère n'aurai jamais trompé mon père avec son frère, et je n'aurai jamais été choisi pour jouer dans ce jeu minable... peut-être que je suis faite pour être le fou du roi, mais là, ce qui l'amuse c'est de me voir pleurer.
Oui, ce doit être ça, ce qui intéresse cet Enfoiré, ce n'est pas le Loup-Garou, c'est la tristesse de chacun. Oui, il s'amuse de nous voir nous entretuer, ce gros porc veut nous voir verser des larmes, il veut qu'on comprenne qui est le chef ici... Oui, ce doit être ça...
Voici la triste réalité... et malheureusement, on ne peut rien y faire...
Hey ! J'ai posté cette partie en avance, mais ne vous inquiétez pas, j'en publierai une autre samedi !