On est Lundi, autrement dit, nous sommes le début de la semaine qui rime aussi au cours.
Ce week-end est passé étrangement vite, samedi, après avoir dit qu'il était fier de moi, il a aussi compris que je ne voulais plus continuer pour aujourd'hui et m'a ramené chez moi, il n'a pas été en colère contre le fait que j'ai refusé de continuer, il a au contraire, continuer à m'encourager, et m'a dit qu'on continueras le week-end suivant, et puis nous avons rigolé, comme-ci que l'on se connaissait depuis toujours.
Et puis ce dimanche, ressemblait aux autres dimanches de ma petite vie ennuyeuse. Je reste dans ma chambre, à lire, ou regarder les gens défilés devant ma fenêtre, j'observe, je lis, je chantonne, je dessine, je descends pour manger, j'écoute de la musique, tout ce qu'il y a de plus banale. Mais ce qui m'a le plus étonné, c'est qu'Harry me manquait.
« Putain, mais regarde où tu vas merde ! » S'exclame une fille que je n'avais même pas vu.
« Pardon. » Je murmure.
« Pardon, pardon, tu fais ce coup la souvent, regarde droit devant toi petite conne. Tu mériterais une gifle. »
La fille me regarde de haut en bas avec un air que tout le monde a à ma vue, un air de dégout. Elle soupire d'agacement, se déplace sur le côté, pas trop loin, parce que quand elle se met à marcher de nouveau, elle me bouscule violemment, manquant de me faire tomber.
Je passe ma langue sur mes lèvres et soupire, je ne dois pas craquer dès la première récré, je ne dois pas craquer tout simplement.
Je marche de nouveau vers les bancs extérieurs de la cafétéria, faisant attention à où je marche. Je m'installe sur le banc libre qu'il y avait, et dépose mon sac à mes côtés. Je passe une main sur mes yeux, murmurant de ne pas craquer.
« Ne craque pas, ne craque pas pour ces imbéciles. » Je murmure à moi-même.
Je respire un grand coup, pose mes mains sur la table en bois et regarde autour de moi. Personne ne m'a encore remarqué, et c'est déjà un bon début depuis le début de l'année.
Je retourne ma tête vers les gens qui rentrent et qui sortent de l'intérieur du lycée. J'aperçois entre quelques filles, des yeux que je pourrais reconnaître entre milles. Ceux d'Harry. Je souris lorsque je le vois marcher jusqu'aux garçons de sa troupe pas très loin de moi. Et comme presque tout le monde, il tourne sa tête pour voir les lieux. Son regard croise les miens. Il y reste à me regarder, alors je lui faits un signe de la main, mais il baisse la tête et regarde de nouveau ses potes et se met à rigoler.
Je fronce les sourcils. Je ne comprends pas sa réaction face à ce que j'ai fait, je veux dire, nous nous parlons, je nous considère un peu comme des amis, alors pourquoi a-t' il eut cette réaction ?
La cloche se met à sonner, causant un brouhaha autour de moi, certains élèves se précipitent, d'autres prennent leurs temps, m'empêchant d'observer Harry.
Je soupire et me lève du banc en bois, saisit mon sac et marche jusqu'au couloir du lycée.
Quand je regarde en face de moi, je peux voir Harry à quelques personnes de moi.
« Harry. » Je cris.
Celui-ci se retourne et me regarde, mais comme il l'a fait quelques minutes plus tôt, il détourne son regard ailleurs. Il ne m'a même pas adressé un sourire.
« Tu te dépêche-toi devant ? Tu bouches le passage. » Lance un garçon derrière moi.
Je n'avais même pas remarqué que je suis restée planter là, devant l'encadrement de la porte. Je me pousse sur un coin et reste coller contre le mur, laissant les élèves passer. J'entends des murmures encore une fois à mon égard.
Et pour une fois, je n'y porte aucune attention.
Je pense juste à la réaction d'Harry. Pourquoi il a fait ça ?
« Mademoiselle ? » Je me retourne pour voir un professeur de littérature - Monsieur Druw je crois - devant moi, les mains croisés sur son torse. « Allez en cours, vous êtes en retard. »
« Oui - je» Je ne dis pas un mot de plus, voyant que je n'ai aucune excuse et que cela ne sert à rien de riposter et marche en direction de ma salle, confuse.
*
J'enlève mon pack lunch que m'a préparer ma mère de mon sac. Les cours ont été quelque peu calme par rapport à d'habitude, je veux dire, à mon égard. Le professeur ne m'a pas interrogé, je n'ai donc pas parlé et je me suis faite la plus discrète possible et personne ne m'a lancé de boule de papier sur ma tête ou des choses dans le genre. C'est devenu un moment de paix aujourd'hui et c'est tellement rare tout ça.
Je me lève après avoir refermé mon sac convenablement. Je prends mon pack lunch et marche le long du couloir presque vide, parce que presque tout le monde est partis mangé. Certains trainent toujours dans les couloirs malgré cela, parce qu'ils n'ont pas faim ou parce qu'ils n'aiment pas aller dehors, il n'y a pas un seul endroit où je pourrais me poser sans avoir quelqu'un dans les parages pour m'embêter.
« Hey Diana. » Et voilà.
Je ne regarde même pas la personne qui m'adresse la parole.
« Je n'aime pas ça, genre je parle à quelqu'un et elle me regarde pas - wow je te parle. »
Je ne fais toujours pas un geste, mon regard est toujours rivé vers mon paquet lunch.
« Wow. » Le garçon qui m'adresse la parole s'approche de moi, et redresse mon visage. « Je - te - parle. » Il voit que je ne réponds pas et soupire d'agacement. « Tu vas me donner à manger, j'ai faim. »
« Tu - tu n'as pas d'argent pour acheter - acheté à manger ? » Je demande essayant d'être la plus agressive possible.
Le garçon rigole, ses camarades que se sont fait silencieux jusque-là, se mettent à rigoler.
« Je te demande à manger, c'est justement parce que je n'ai pas de déjeuner. »
Je prends confiance en moi. « Et bien tu devras t'en faire un la prochaine fois. »
Je me retourne, mais le garçon brun rigole de nouveau et me retourne violemment pour prendre mon sachet des mains et se mettre à fouiller à l'intérieur.
« Salade, tomate, œuf, pain, wow, madame fait un régime ? » Le brun fait. « Je ne vois pas la différence. » Il fait en me regardant de haut en bas.
Il me tant mon sachet alors que mon sandwich se trouve dans sa main.
« Du coup, si je prends ton sandwich ça ne feras pas de grand changement n'est-ce pas ? »
Et puis il se met à rigoler et à crier fort que je mets à faire un régime, attirant du monde autour de nous. Les rires se font de plus en plus nombreux, quand à mon cœur ? Il se met à battre de plus en plus vite, alors que mes mains se mettent à trembler et que mes larmes son prêtent à déborder.
« Vas te faire foutre. » Je réussis à dire.
Je n'en reviens pas de ce que j'ai dit, mais je ne fais pas plus d'attention.
« Oh la la, madame est fâchée. » Marmonne le brun en faisant une mine triste.
Je prends mon sac et me faufile à travers la foule. Quand je lève ma tête pour voir les gens qui m'entourent, j'aperçois les amis d'Harry, je ne peux décrire leurs émotions sur leurs visages.
Certains me lancent des choses affreuses à la figure comme chaque jour, moi qui croyais qu'aujourd'hui allait peut-être être une meilleure journée.
Quand je regarde à ma gauche, je vois Harry me regarder, ses yeux sont un peu plissés, il essaie de s'avancer vers moi, mais je l'ignore, et me dirige vers mon endroit préféré du lycée, les toilettes. Je me déteste tellement, je les déteste tellement.
Si je suis triste ? Je le suis certes, mais la colère prend le dessus.
J'ouvre la porte principale des toilettes à grande vitesse, dépose mon sac près de l'encadrement d'une des portes, rentre à l'intérieur, ferme la porte à clé et colle mon dos contre le mur. Je respire un grand coup et passe la paume de mes mains sur mes yeux.
« Diana ? »
Une fois masculine. Harry.
« Diana je sais que tu es là, répond moi. »
« Monsieur Styles, vous n'avez pas le droit de rentrer à l'intérieur des toilettes des filles. » Fait une voix féminine.
« Laissez-moi Claire. »
« Monsieur veut sauver la fille la plus horrible du lycée ? »
« Le monsieur en question te dit d'aller retourner voir tes copines surfaites et de laisser la fille naturel tranquille. »
« Hmmf, vas te faire voire Styles. »
Puis plus rien, juste des bruits de talons qui s'éloigne de la porte.
« Diana? C'est moi - Ha - Harry »
« Laisse-moi tranquille. » Je murmure, collant mon front contre mes bras.
« Diana. » La porte s'ouvre. « Je - »
« Pourquoi tu ne fais pas comme tout à l'heure Styles ? Continue à m'éviter comme ce matin. »
« Oh - je » Il soupire. Ses pas se font de plus en plus proches. « Je ne voulais pas - pardonne-moi. »
« Pardonnez ? - je - je pardonne trop. »
« Je ne voulais pas te contrarier. »
« Harry ? Je comprendrais - je comprendrais si tu me disais juste que tu ne veux pas que tes amis se moque de toi parce que tu me fréquentes, je comprends que ça soit une honte, regarde-moi. »
« Je ne peux pas te regarder actuellement - il y a une porte qui nous sépare - vois-tu ? »
Un petit rire s'échappe de mes lèvres, mais je me retiens aussitôt.
Il rigole à son tour. « Rigole si tu en as envie. »
« Non - non pas avec toi. » Je murmure. « Harry je t'apprécie bien, dit - dit moi juste que tu m'évites quand tu es avec tes potes parce que je te causerais la honte, regardes-toi tu es beau et gentil, et des filles sexy à tes pieds tu es populaire, et - et il y a moi, la fille ni sexy ou quoi que ce soit dans ce genre qui - »
« Veux-tu que je te raconte ce que j'en pense ? »
« Non. » Je dis.
« Temps-pis, tu vas devoir écouter. » Je sens quelque chose glisser contre la porte, jusqu'à ce que je voie - avec le petit espace libre entre la porte et le sol - qu'il s'est assis.
« Ce que je pense c'est qu'il y a ces filles à l'école, qui sont sexy et qui le savent, mais il y a aussi cette fille qui est belle, magnifique, mais qui ne le sait pas. » Il y a quelque seconde de silence. « Et ça ? Diana Chloé Lewis, je trouve ça sexy. »
Je ne réponds toujours pas. « Allez Diana, ouvre cette porte. »
« Je veux juste rester seule. »
« Tu ne vas pas rester seule tout le long de ta vie. »
La cloche se met à retentir, et le son des voix des filles qui viennent dans les toilettes tous les midis se fait entendre.
« Merde. » Jure Harry.
Je l'entends se relever, ouvrir une porte et la refermer à clé.
« Que fais-tu ? »
« Chut. » Il murmure.
« Ah mon dieu. » J'entends une fille dire en rigolant. « Elle aurait dû rester. »
« Mais non, elle se fait humilier tout les jours, qu'elle reste ou non, ne changeras pas grand-chose, elle recevra de la honte le lendemain. »
Je serre mes mains en poing, mais ne fait rien, j'écoute juste. J'ose à peine bouger.
« Les filles, arrêtez. »
« Quoi ? »
« Elle souffre. » J'entends une fille dire.
« Gemma voyons, tu vas bien ? Tu n'as pas de fièvre chérie ? »
« Je n'ai rien du tout. » Fait-elle agacer. « Franchement ? Toute ces histoires m'énervent, va-t-il avoir quelqu'un de bon dans ce lycée pour arrêter de la rabaisser ? »
« Va à l'infirmerie chérie. »
Une fille rigole, mais ce n'est certainement pas Gemma.
« Vous m'agacez, toute les deux. Je dois y aller, j'ai cours. »
J'entends la porte s'ouvrir et se refermer en un claquement qui fait résonner toute la pièce.
« Eh bien, je crois qu'elle rejoins le côté de cette pauvre Diana. Elle commence à me saouler ces derniers temps. - Honnêtement, qu'elle s'en aille, je m'en fous d'elle. » Marmonne une des deux autres filles.
« Ouais. » Le bruit de l'eau s'ouvre puis plus rien. « Ça lui passeras, elle fait juste sa crise. »
La porte s'ouvre de nouveau, et puis plus aucun bruit de leurs parts. J'entends juste un bruit venant des toilettes d'à côté, comme un poing qui vient de se cogner contre le mur.
« Comme osent-elles ? » La voix d'Harry est presque tremblotante de colère.
« Harry ? »
« J'avais pourtant dit à Gemma d'arrêter de traîner avec elles. »
« Tu connais Gemma ? » Je demande en me relevant.
« C'est - c'est ma sœur. »
« Je - oh, Harry - je suis désolée pour ce qu'elles disent à propos de ta sœur. »
« Ce n'est rien, je n'ai qu'à aller parler à Gemma, elle finira par cesser de les fréquenter, ces filles cherchent à se faire remarquer en trainant avec ma sœur. » Il soupire. « Bien - c'est du passé, c'est juste une histoire entre elle et moi, ça se terminera à la minute ou j'irai lui parler - je suis désolé pour les choses horribles que ces filles ont dîtes. »
« Ca va aller. » J'entends un cliquetis puis une porte s'ouvrir. « J'ai l'habitude. »
« Tu n'as pas l'habitude de pleuré. »
« Mais si. » Je murmure. « C'est comme quand quelqu'un te demande si ça va, et que tu réponds oui, parce que tu as l'habitude de le dire, et non pas parce que c'est vrai. Tu pourras être anéanti intérieurement, tu diras toujours oui. »
« Il faudra savoir, que si je te demande ça et que tu me dis oui automatiquement, je vais m'énerver - et ouvre cette porte s'il-te-plaît. »
« Non. »
« Pourquoi ? »
Je regarde le plafond et serre mon poing de nouveau.
« J'ai pleuré, je ne veux pas que tu me vois dans cet état, je ne veux pas que tu me vois tout court. »
« Allez, ouvre cette porte. » Il murmure. « S'il-te-plaît. »
Je sais que si je n'ouvre pas la porte, il continuera d'insister.
« Vas en cours Harry. » Je murmure, posant mes doigts autour de la poignet.
« J'irais en cours quand tu partiras en cours. Allez Diana. Laisse-moi te parler face à face. »
Je soupire et tourne la serrure lentement, un cliquetis se fait entendre, et j'ouvre la porte légèrement. Je passe une main sur mes yeux et ouvre la porte en grand cette fois-ci.
Harry est là, avec son visage neutre et ses yeux verts qui me scrutent, ses bras recouvert de sa chemise à carreaux blanc et rouge pendent le long de son corps.
« Viens là. » Il me dit tendant ses bras vers moi.
Je m'avance timidement, avant d'enfouir ma tête contre son torse et d'écouter son cœur battre. Ses bras m'entourent à présent, et son menton est coller contre le haut de mon crâne. Il me caresse le dos lentement. Je me sens tellement bien dans ses bras musclés, je veux dire, je suis comme protégée de toute insulte, c'est tellement bizarre, parce que je le connais à peine.
« Je me sens tellement différente, laide et de trop Harry. »
« Chuuut. » Il me dit à mon oreille. « Tu es différente, et c'est ça que j'aime chez toi, et tu n'es pas laide, tu es une magnifique jeune fille. »
« Comment peux-tu me dire ça Harry ? Le penses-tu vraiment ? »
« Bien-sûr, je serai incapable de mentir la dessus. »
Les larmes coulent le long de mes joues. Je tourne ma tête vers sa chemise et ne bouge plus, mes larmes s'écrasent contre le tissus blanc que porte Harry, mais il ne dit rien.
« Tu crois en moi ? » Je demande entre deux sanglots.
« Croire en toi ? »
« Tu crois que je pourrais atteindre mon but ? »
« Bien-sûr que tu pourras, donne toi la possibilité de le faire, et tu verras que ton but sera atteint. » Il me dit.
Il s'éloigne de moi et relève ma tête vers lui, posant ses deux grandes mains sur mes grosses joues rougis, il essuie de son pouce mes larmes qui coulent encore et me fait un sourire.
« Je crois au fait que tu puisse croire en toi, princesse. »