Je tournai mon regard face à Demi qui ne comprenait pas vraiment ou était le problème. Évidement, je ne lui avais pas expliqué. J'en avais eu l'occasion tout à l'heure, mais on avait été interrompu et puis j'avais surtout évité le sujet. Évidemment, je ne lui avais pas expliqué. Or, ce n'était pas le cas du tout pour moi.
"Il ne réagira peut-être pas si mal que tu ne le penses, c'est le moment ou jamais de le savoir !" Me fit-elle confiante.
"Non, non, tu ne comprends pas ! Je lui ai déjà dit hier soir !" Dis-je en panique, je sentais mon cœur s'accélérer dans ma poitrine et mes jambes trembler. "Rien que de me savoir lesbienne le dégoûte Demi, je suis foutue !!Je tournai mon regard face à Demi qui ne comprenait pas vraiment ou était le problème.
"Et mon cœur, calme toi !" Elle posa ses mains sur mes épaules comme pour me raisonner. "Tu veux que je vienne lui parler ?" Me proposa ma petite-amie en enlevant ses mains afin que je puisse ouvrir la portière de voiture.
"Non non non, surtout pas !! Je t'appelle ce soir !" Dis-je rapidement avant d'embrasser sa joue et de sortir en marchant tout droit en direction de mon père.
Plus la distance entre lui et moi se réduisait, et plus je tremblais. Il avait tout vu, c'était certain.
Il me faussa un sourire et me fit comprendre que je devais passer devant lui. Je montais les escaliers au ralenti, réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir lui dire pour ma défense, mais mes idées s'embrouillaient dans mon esprit, m'empêchant de réfléchir correctement. En toute sincérité, je ne pensais pas qu'un mensonge était crédible alors qu'il m'avait vu de ces propres yeux.
"Non, non. Je ne l'embrassais pas, nos lèvres se sont rencontrées par hasard et je me suis laissée prêter au jeu." Crédibilité, zéro. C'était même pas envisageable que je lui sorte un truc pareil.
Une fois rentré, je pris la direction des escaliers afin de monter m'isoler dans ma chambre, du moins, c'est ce que je m'apprêtais à faire avant qu'il ne m'attrape violemment par le poignet, m'arrêtant dans mon élan et ainsi donc m'obligeant à lui faire face.
"Tu ne croyais tout de même pas que j'allais laisser passer ça ?" Me fit-il plus durement. Il ne souriait plus du tout à présent, et mon angoisse grandissait de plus en plus.
"Je ne sais pas ce que tu as vu, mais il ne sait rien passer ! J'étais sortie pour un interview avec elle et-" Bafouillais-je à une vitesse surprenante. J'avais eu à peine le temps de finir ma phrase qu'il me gifla d'une force inimaginable. Des larmes commençaient a se formaient aux coins de mes yeux.
"Tu m'annonces que tu veux stopper tes études, pour au final faire le mur afin de coucher avec une FILLE dans sa voiture, en face de la maison en plus de ça ?" cria mon père, incapable de contenir sa rage.
Dit comme ça, cela ne me ressemblait pas du tout. J'avais toujours été la fille sérieuse et modèle pour mes parents. Bien qu'avec mon père, c'était plus compliqué et mes efforts n'étaient jamais assez, mais là, j'avais le sentiment de le décevoir plus que jamais, voir carrément le dégoûter. Et pour une raison qui mettait inconnue, je me sentais coupable. Mais ce qui me ramena à la raison était le terme "coucher" qu'il avait employé. Je n'avais absolument pas l'intention de coucher avec Demi, devant chez moi, et encore moi dans une voiture. Cela était vraiment très bizarre, surtout en pleine journée.
Je voudrais dire quelque chose, n'importe quoi pour me défendre, mais ma voix est éteinte. La seule chose que j'arrivais à faire était de rester planter là, face à lui et ces reproches, ces insultes et ces coups. Mon père profita de l'occasion pour m'envoyer une deuxième gifle plus forte que la précédente. Par réflexe, je me recula, mais sa main effleura tout de même mon visage. Par la même occasion, je ne préfère ne pas écouter les insultes qu'il me profère. Subir sa colère m'est déjà suffisante pour le moment.
"Tu me répugnes Tess Stonbell. Je t'ai déjà rappelé à l'ordre à plusieurs reprises, c'était la dernière fois." Finissait-il par dire en serrant les poings.
Je grimace de douleur et il enchaîna par cette phrase qui résonna dans ma tête plusieurs fois.
"Tu vas changer, et maintenant. Autrement, je ne veux plus te voir ici. M'as-tu compris ?"
Mon père souris satisfait en voyant les larmes perler au coin de mes yeux et franchit les quelques centimètres qui nous séparaient pour me pousser violemment en arrière. Je heurta la barrière des escaliers ce qui m'arracha un cri de douleur avant de courir en direction de ma chambre tout en prenant soin au passage de fermer derrière moi. Je me positionnai en boule sur mon lit, serrant mon oreiller contre moi. Je ne m'étais pas sentie aussi mal depuis la fois ou Demi m'ignorerai pendant x factor, malgré la douleur physique qui était de plus pour cette fois çi. Je n'avais pas envie de pleurer, ni même de crier. Tout cela était de ma faute, je le savais. Je n'étais pas triste, mais plutôt sous le choc et légèrement chamboulée. J'étais en colère aussi. En colère contre moi-même pour avoir été aussi imprudente devant chez-moi.
Mon portable vibra dans ma poche, me sortant légèrement de mes pensées. J'avais activé les notifications pour être avertie à chaque nouveau tweet ou photos postées sur les réseaux par Demi. Comme ça, je ne manquais aucune des ces nouvelles, j'étais averti dans la minute qui suivait. Cette fois-ci, c'était pour son compte Instagram, elle avait posté 3 photos. Celle du nomakeupmoday qui était censé être mise hier. La photo de la semaine était une photo d'elle au réveil, dans un tee-shirt gris. Elle l'avait posté légèrement en retard, mais elle était toute pardonnée, vu sa bouille d'ange, impossible de ne pas le faire. Elle en avait profité pour faire un peu de pub pour sa marque Devonne by Demi. Ce qui me faisait rire dans un sens. La deuxième était son tatouage, elle disait enfin adieu au "vagina tatoo" comme elle l'appelait si bien. Et la dernière était le cliché que nous avions pris toutes les deux dans le salon de tatouage. Même si je me sentais mal et que pendant un court moment, ma relation avec Demi me paraissait complètement absurde et que j'avais l'impression d'enfreindre certaines règles qui n'existaient pourtant pas, la voir à mes côtés sur mon écran de téléphone me redonnait le sourire malgré les larmes qui tapissaient mes joues rougi. L'une par la gifle et l'autre par je ne sais quelle raison.
À bout de forces, je m'endormis sans m'en rendre compte, ce n'est que vers les coups de dix-neuf heures trente que ma mère me réveilla, s'inquiètent de l'altercation qui avait eu lieu plus tôt avec mon père.
Il avait dû lui raconter.
Ils avaient dû s'engueuler par ma faute.
Je m'en voulais d'autant plus maintenant. Quoi de mieux pour un réveil ? Tout, mais pas avoir ce sentiment de culpabilité qui vous ronge de l'intérieur chaque jour un peu plus. J'avais vraiment l'impression d'être la cause de toutes leur disputes ces derniers temps.
"J'aimerais que l'on parle de ce qu'il s'est passé avec ton père cette après-midi.." Commença ma mère alors que je venais tout juste de sortir des mes songes.
"Je n'ai rien à dire, c'est totalement de ma faute." Dis-je entre les couvertures.
"Tess. Il va falloir que tu aies une discussion avec lui."
J'étais prête à répondre, mais elle releva un doigt en ma direction, me stoppant dans mon élan. "Une vraie discussion."
"Je le sais ! Mais il ne m'accepte pas comme je suis, et ça me brise maman.." Ma voix craqua à la fin de ma phrase, une boule se forma dans ma gorge.
"Laisse-lui du temps ma puce. Il sera bien obligé de faire avec, tu sais.. On n'a pas vraiment le choix.." Elle caressa le haut de mon crâne afin de m'empêcher de craquer devant elle. "En attendant, plus de Demi."
Mes yeux s'ouvrirent en grand. L'évocation du prénom de ma petite-amie était un électrochoc pour moi.
"Quoi ?? Comment ça ?"
"Tu dois lui montrer que malgré tes préférences qui ne sont peut-être qu'une passade, qui sait, tu restes la même. Et là, tu pourras parler de ... Petite amie.. Avec lui."
Même si ma mère m'avait toujours soutenue dans chaque chose que j'avais pu accomplir dans ma vie, celle-ci était bien la plus dure pour elle, qu'elle ait dû accepter. Voir son unique enfant devenir homosexuel, cela ne devait pas être facile à accepter, je le conçois totalement. Surtout elle, qui s'attendait toujours a ce que je lui donne des petits enfants.
"Je l'aime maman." Dis-je le plus sincèrement possible.
"Tess enfin, c'est une célébrité ! Tu veux vivre ta vie en une des journaux de presse toute ta vie, c'est ça que tu veux ??"
"Je m'en moque, tant que je suis avec elle."
Elle souffla et se releva de mon lit, laissant un léger creux arrondi sur mon matelas.
"Tu es vraiment têtue quand tu t'y mets."
Après quoi, elle sortit de la chambre, me laissant seule dans mon lit face à tout ça. J'avais l'impression que mon père retournait le cerveau de ma mère. Je savais très bien à quel point ma relation avec Demi était d'une complexité immense, mais c'était le "prix" à payer pour être avec la personne qui fait chavirer notre cœur.
Je ressaisi mon portable et remarqua une étrange chose dans la réflexion de celui çi. J'approcha un peu plus mon téléphone et remarqua une couleur rougeâtre, voir presque violette sur ma joue gauche. Ma mère n'avait pas dû la voir étant donné que j'étais restée contre mon oreiller depuis le début. Cela me dégoûtait et me ramenait à la raison. Tout cela c'était réellement passé.
Je composai ensuite le numéro de ma copine afin de lui expliquer, j'avais besoin d'être épaulé par quelqu'un qui pouvait me comprendre, comprendre ma situation et qui avait assez de recul sur les choses pour pouvoir me donner de réels conseils.
"Allô ? La voix mielleuse de Demi résonnait comme un écho à travers le téléphone.
- Je te dérange ? Je me pinçais la lèvre inférieure de peur de la déranger.
- Non, absolument pas ! Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai besoin de te parler..
- Oula, je ne le sens pas. Sa voix devenue plus sérieuse d'un coup. Comme si elle se concentrait un peu plus pour écouter ce que je voulais lui annoncer.
- Je ne sais pas par quoi commencer.. J'ai parlé à mon père pour moi.. Et pour nous en quelque sorte.. Et il l'a très mal pris. Je l'entendais avoir un hoquet de surprise, mais je repris la parole rapidement. Ma mère a bien réagi sur le coup, mais elle a l'air d'avoir du mal à l'accepter depuis qu'elle réalise que c'est du sérieux, et que je suis avec toi alors elle m'a demandé de .. De ne plus te voir pour un moment.
Je m'arrêtai quelque instant, l'idée même de me séparer de Demi m'était insupportable.
- Donc, tu veux me quitter si je comprends bien ? Me demanda Demi, avant même que je ne continue mon récit.
- Non ! Absolument pas ! Mais ma mère pense que cela ne me rendra pas heureuse, Parce que tu es une célébrité, et que tu as des obligations et tout ça..
- Je ne t'ai jamais forcé à te mettre avec moi, c'était de ton plein gré Tess.
Elle avait totalement raison, j'étais celle qui lui avait couru après de longues semaines.
- Je sais bien, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, excuse moi..
- Je ne t'en veux pas, ne t'inquiète pas !
- Mon père ne veut presque plus me voir à la maison, c'était limite s'il voulait que je dégage de chez-moi. Et après être rentrée ce midi, il m'a giflé en me disant que je le dégoûtais. J'ai tout perdu Demi..
Je m'effondrai en larme au téléphone après la fin de ma phrase. Répéter à voix haute ce que ma consciente me répétait depuis plusieurs jours me faisait prendre conscience que tout cela était bien réel et que j'étais vraiment sur la voix de perdre tous mes proches petit à petit. Ce n'était décidément pas ma soirée.
- Il faut que je parle a tes parents Tes, . On ne va pas rester dans l'interdit toute notre vie.
- Je suis.. bien d'accord.. Affirmais-je entre deux sanglots.
- Et arrête de pleurer mon ange. Ajouta-t-elle tout bonnement.
Cela me faisait sourire malgré l'état pitoyable dans lequel je me trouvais.
- Je t'aime tellement, si tu savais. Dis-je.
- Je t'aime aussi. Entendis-je à travers le téléphone. Maintenant, pour ce qui est de ton père, laisse-lui du temps. Je vais consulter mon agenda afin de venir rencontrer tes parents, cela les rassure peut-être un peu plus de savoir que je sais ce que je fais.
Un silence se fit pendant deux ou trois minutes, le temps que Demi regarde sur son calendrier. J'attendais patiemment.
- Alors, vendredi il y a la finale de x factor, ensuite, je dois me rendre en Nouvelle-Zélande pour moins de 48h lundi, et j'ai plusieurs interviews de prévus dans la semaine.. Ça va être compliqué de se voir pour le coup.. L'entendais-je souffler.
- Oh non ! Je vais faire comment sans toi moi ?? Dis-je attristée.
- Ne t'inquiète pas, tu es invitée à la finale vendredi, et au faite, je t'ai organisé une interview mardi prochain pour démarrer ta carrière disons.
- La dernière interview que j'avais faite, s'était tellement mal passée, que l'on a fini en une de tous les tabloïds du mois Demi.. Soupirais-je.
- On révisera ensemble ce que tu diras un peu avant, ne t'en fait pas, je ne vais pas te laisser te débrouiller toute seule. Je suis quand même ta manager, non ?
C'était une question rhétorique évidemment. Puisque à aucun moment, je n'étais au courant que Demi allait se porter volontaire pour être ma manager.
- Tu.. Tu veux dire que Demetria Devonne Lovato est ma petite amie et en plus de ça, ma MANAGER ??? Répétais-je presque au bord de l'hystérie.
- Surprise ?? Répondit-elle en rigolant légèrement, mais je n'y prêtais presque pas attention tellement j'étais heureuse en ce moment même. J'avais pensé te le dire vendredi, mais tu as l'air d'avoir besoin de bonne nouvelle là maintenant, alors voilà.
- J'ai tellement hâte de travailler avec toi, de composer mes chansons et de sortir un album oh mon dieu !!!
J'étais à deux doigts de sauter sur mon lit comme une enfant qui venait d'apprendre qu'elle allait à Disney Land. Mais je m'abstenue, premièrement parce que mon lit se serait effondré sous mon poids et mes sauts. Deuxièmement parce que j'étais bien trop fatiguée pour le faire.
Je souriais tellement que j'en avais mal à la mâchoire. Après ce court moment de bonne nouvelle, la discussion se recentra sur mes parents, ainsi que notre relation. J'en profitais aussi pour m'allonger dans mon lit, en prenant soin d'éteindre ma lampe de chevet et de poser mon téléphone sur mon oreille, de façon à ce que je n'aie plus besoin de le tenir avec ma main. Le son de sa voix m'apaisait tellement, elle canalisait mes pleurs et mes craintes. Et pour cette fois ci, elle me permettait de m'endormir dans de bonne condition, malgré qu'il n'était qu'à peine 21h.