"On a tort de parler en amour de mauvais choix, puisque, dès qu'il y a choix, il ne peut être que mauvais."
M.Proust
- "Putain ! Arrêtez ça !" Ma voix féroce les fait à peine sursauter.
- "Jaloux Niall ?" Louis rigole à la réplique d'Harry !
- "Certainement pas". Je nie comme je peux mais ils ne sont pas dupes.
- "Bien. Alors fous nous la paix et va te trouver une occupation". Je lance un regard noir à Harry qui me nargue en continuant d'embrasser la gorge de Louis qui gémit de bien être les paupières closes. Je me renfrogne, et au bout de 5 minutes de supplice supplémentaire, j'abdique et me tire en prenant bien soin de claquer la porte derrière moi. Je me trouve face à Zayn et Liam qui me regardent en se moquant clairement de moi. Je soupire et appuie ma tête contre la porte au travers de laquelle me parviennent les faibles gémissements de Louis et d'Harry qui sont sur le point de s'envoyer en l'air sur le canapé de notre appartement.
- "Putain ! Mais qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?" Un silence me répond et je fixe mes deux amis du regard qui me rendent tous deux un air blasé.
- "Tu n'attends tout de même pas qu'on te plaigne ?" Me balance Zayn avec un haussement de sourcil. Bien sûr que non je n'attends pas qu'il le fasse, je suis responsable de ce qu'il m'arrive mais même en admettant cela ça ne m'empêche pas de m'en mordre les doigts.
- "Non je crois qu'il attend qu'on réponde sincèrement et honnêtement à sa question stupide." Liam répond sans même lever le regard de son magazine de sport.
- "Oh... Pour faire court, quand on a qu'une queue on ne court pas après deux culs. Surtout quand les dits deux culs sont susceptibles d'être au courant parce qu'amis. On ne se plaint pas quand indécis que l'on est on ne parvient pas à choisir, on n'en veut pas au dit deux culs de se tourner l'un vers l'autre parce la queue est plus proche et bien plus accessible et parce que sérieux la queue de bouclette est vraiment du genre très appétissante..."
- "Zayn..."
- "Désolé bébé je m'égare. Oui donc je disais ? Je ne sais plus j'ai perdu le fil et tu m'excite quand tu fais ça Liam".
- "De toute façon il n'a rien compris à ton charabia et tes métaphores ridicules et très mal empruntées". Je lève les yeux au ciel parce que même si je sais ce que j'ai fait pour mériter ça, quand j'entends Zayn décrire la situation je me dis qu'il est vraiment tordu ce mec ; mais également que je suis le pire connard de cet appartement.
- "Ne te plains pas Niall. Zayn n'a pas tout à fait tort et eux non plus, même si je suis d'accord avec toi, tu n'as pas à en vouloir à Louis et Harry de sortir ensemble alors que ça fait plus de 6 mois que tu joues avec leurs nerfs à tout deux".
- "Mais.."
- "Il n'y a pas de mais Niall. Tu aurais du tout stopper si tu étais indécis et ne pas laisser ça arriver". Je serre les dents à sa réponse catégorique.
- "Tu devrais être fier de toi Nialler". Je tourne ma tête vers Zayn qui se lève pour venir se caler contre le torse de Liam.
- "Pourquoi ?"
- "Parce qu'au lieu de faire un heureux et un malheureux tu as fait deux heureux !" Liam se moque doucement face à l'absurdité de sa réponse tout en me balançant un regard de soutien et je me retiens de ne pas en coller une à cet idiot qui sert de mec à mon ami.
- "Et moi dans l'histoire ? Y'a un problème dans ton équation là".
- "Tu étais indécis, maintenant tu n'as plus à l'être. Tu avais un problème tu n'en n'a plus, je ne vois pas pourquoi tu te plains au final". Connard.
- "Bébé soit gentil tu vois bien qu'il est désespéré".
- "Je ne suis PAS désespéré".
- "Je le serais à ta place".
- "Tu fais chier Zayn !"
- "Tu me trouves chiant bébé ?" Liam me lance un regard noir parce que son bébé est vexé.
- "Pas du tout, Niall est juste dans une situation difficile".
- "Il l'a cherchée !"
- "Zayn... " Il se tait enfin au ton de reproche qu'emploie Liam. Je grogne et quitte la pièce en claquant à nouveau la porte le plus fort possible alors que le rire de Zayn me fait crisser des dents. J'ignore, ou du moins je tente d'ignorer Harry et Louis à moitié nu dans le canapé se dévorant la bouche. Je quitte notre appartement oubliant tout, jusqu'à mon portefeuille et même ma veste. Je n'ai que les clés de ma bagnole, j'hausse les épaules et m'assoit au volant. Je démarre en trombe sans but précis, je veux juste me barrer loin d'ici. Comme presque chaque fois qu'ils viennent passer la soirée chez nous.
POV Liam
Ça fait plus de trois heures que Niall est parti et je m'inquiète sincèrement parce que même si je participe aux taquineries je pense qu'ils exagèrent tous. Niall a mal agi selon eux et j'ai bien tenté de les raisonner en leur donnant mon point de vue mais je fais à chaque fois face à trois têtes de bûche bornées. Selon eux Niall a joué avec les sentiments d'Harry et de Louis mais je pense plutôt que pour Niall ça ne se résumait pas à choisir avec lequel sortir et débuter une relation, pour lui c'était un choix difficile, celui de choisir entre les deux personnes pour qui il s'était épris et qu'il appréciaient réellement, choisir une c'était briser l'autre et il n'aurait pu vivre en sachant qu'il aurait volontairement et consciemment fait du mal à quelqu'un qu'il aimait. Il en serait venu à s'auto détruire et la relation qu'il aurait entretenu avec celui qu'il aurait choisi se serait détériorée pour finir par se casser la gueule et donc faire mal à l'être aimé. Dans tous les cas il aurait fait mal aux deux. Je le comprends et je pense comme lui, je sais qu'il râle de les voir en couple, pas parce qu'ils semblent heureux mais parce qu'ils lui en veulent et qu'il souffre de leurs pics et leurs réflexions incessantes. Le pire est sans doute Zayn qui prend partie et ne manque pas une occasion de blesser Niall, il le fait sur le ton de la plaisanterie mais je sais qu'il est sincère, il a passé des nuits entières à consoler Louis alors il en veut à Niall. Harry et Louis sont diamétralement opposés et ne se connaissaient même pas avant toute cette histoire. Louis est le colocataire et meilleur ami de Zayn tandis qu'Harry est notre voisin et mon ami. Ils se sont rencontrés à plusieurs reprises lorsque Louis emmenait Zayn chez moi avant de devenir très amis, cette amitié fusionnelle a failli se rompre lorsqu'ils ont compris qu'ils aimaient la même personne mais surtout que Niall séduisait et se laissait séduire par chacun d'entre eux. Ils ont ralliés leurs forces et l'ont mis au pied du mur, ils s'embrouillaient souvent à cause de la jalousie mais au fil des semaines ils ont fini par devenir ami, par se trouver des points communs et créer un lien fort. Ils sont tombés amoureux avec le temps. Je sais qu'ils s'aiment vraiment maintenant, même si le début de leur relation amoureuse n'avait que pour but de blesser Niall, ils ont fini par s'aimer, néanmoins je crois pouvoir dire qu'ils aiment également Niall. C'est pas commun un couple à trois et pourtant Niall représente la donnée manquante à l'équation.
Je fais une nouvelle tentative mais il filtre mon appel et je laisse un message sur son répondeur le priant de m'appeler. Je rejoins les autres dans le salon et les fixe méchamment parce que leur comportement m'énerve. Zayn me rend un regard noir et je ne plie pas. Ça fait trois mois que ça dure, trois mois qu'ils le narguent à venir se bécoter et étaler leur bonheur sur notre propre canapé. Même si au début c'était juste de la comédie, maintenant on le sait qu'ils s'aiment et c'est d'autant plus ignoble de faire subir ça à Niall. Oui il a fait des erreurs, mais pas consciemment, son but n'était pas de leur faire du tort.
- "C'est bon les gars vous pouvez rentrer chez vous ou aller squatter ton canapé Harry, on a le même fournisseur ça ne devrait pas vous dépayser".
- "Qu'est ce que t'as bébé ?" Je regarde Zayn et son air borné.
- "A ton avis ?!"
- "Oh ça va, arrête de prendre sa défense, il n'a que ce qu'il mérite. S'il les aime autant qu'il le prétend il n'a qu'à agir en conséquence".
- "C'est exactement ce qu'il fait !"
- "Je n'en ai pas l'impression non".
- "Qu'est ce qu'il devrait faire selon toi ?!" Ma voix est menaçante et je sens la dispute poindre. Je ne peux pas l'éviter cette fois.
- "Être heureux pour les mecs qu'il prétend aimer, c'est pas ce qu'il voulait ?!"
- "T'es tellement con et immature Zayn parfois que je me demande ce que toi et moi on peut bien foutre ensemble. Ça ne se résume pas à aimer, la vie ne n'est pas blanche ou noire, ouvre un peu les yeux et enlève tes œillères". Je regrette déjà ces mots que je pense à peine et me maudirais plus tard, mais je suis énervé et inquiet et le comportement de Zayn me blesse, il ne cherche pas à comprendre, il se mêle de ça et fait du mal à Niall qui ne mérite pas ça. Je ne dis jamais rien quand il est là et il en profite parce qu'il sait que je ne veux pas me disputer devant les autres, et aussi parce qu'il y a du vrai dans ce qu'il dit mais il dépasse les limites. Je n'aime pas la manière qu'il à de dénigrer mon ami, de parler de lui comme un être con et insensible. Niall est une personne fragile sous ses airs de durs, il a un vécu difficile et il a peur de blesser les gens, il préfère subir que faire subir mais je n'ai pas le droit de déballer tout ça aux autres, c'est sa vie privée, son passé.
Il serre la mâchoire mais ne se soustrait pas à mon regard et je ne le fuis pas non plus. J'ai été dur et Zayn est comme toute personne, sensible mais surtout la parole est son arme, et il ne supporte pas quand je remette en doute notre couple.
- "T'as raison Liam, parfois je me demande également ce qu'on fout ensemble toi et moi, je suis un gros gamin immature, et le gros gamin immature va se barrer et rentrer chez lui parce qu'il en a marre de toi ! Tu sais quoi, si tu trouves Niall si bien t'as qu'à te le faire. C'est peut être ça le problème, c'est peut être pour ça que toi et moi on ne fait plus l'amour !"
- "Ça n'a absolument aucun rapport, ne mêle pas nos histoires de couple à ça !"
- "Quel couple ?! Toi et moi, tu l'as dis on a rien à foutre ensemble. Je n'ai rien à faire avec un mec qui laisse son ami jouer avec les sentiments des autres, je n'ai rien a faire avec quelqu'un qui n'assume pas, qui au bout d'un an de relation n'ose même pas me tenir la main en public, ne me parle pas de sa famille. Toi et moi ? Tu as raison, il n'y a pas de nous ! Louis, Harry on se voit plus tard, j'ai besoin de prendre l'air et si au passage je rencontre quelqu'un qui me fait me sentir un tant soit peu désirable on se verra demain. Je suis peut être pas suffisamment bien pour toi Liam mais je crois qu'il yen a pas mal qui cracherait pas sur une nuit de plaisir avec moi."
- "Zayn..."
- "Ta gueule !" Il passe devant moi, je tente de le retenir mais il se dégage violemment et je vois son poing se serrer. Il quitte mon appartement sans même un regard et mon cœur se brise parce que je l'aime et que je viens de comprendre qu'entre lui et moi plus rien ne va.
Je me laisse tomber sur le canapé en proie à une peine immense.
-" Liam... Il ne le pensait pas". Je rétines un ricanement me contentant de soupirer.
- "Merci Louis mais je ne lui en veux pas."
- "Je vais aller le chercher avant qu'il fasse une connerie". Il pose un baiser sur les lèvres d'Harry et s'apprête à se lever.
- "Reste là Louis, il faut qu'on parle".
- "Mais.."
- "S'il te plait". Il se rassoit et je les fixe du regard, je suis fatigué.
- "Niall t'aime Louis, il est amoureux de toi".
- "Quoi ?! Ils parlent en même temps et je vois la douleur dans le regard d'Harry".
- "Il est également amoureux de toi Harry."
- "Quoi ?! Mais, mais-"
- "Et vous êtes amoureux l'un de l'autre". Ce n'est pas une question, pourtant ils se fuient du regard tandis que leurs mains, elles, ne se lâchent pas. "Louis, Harry, quand je vous vois, je suis persuadé que vous vous aimez mais j'ai besoin de l'entendre, vous avez tous les deux besoin de l'entendre. Si ce n'est pas le cas et que tout ça n'est qu'un jeu pour vous alors je vous demanderais de cesser de feindre".
- "Ce n'est plus un jeu, du moins pas pour moi". La voix grave d'Harry s'élève et son regard sur moi est franc. J'observe Louis, qui se mord la lèvre inférieure.
- "Pareil". Le soupire fort d'Harry le fait sursauter et je ne peux m'empêcher de les trouver attendrissant. Harry attire Louis à lui pour le serrer contre son corps, il lui souffle quelque chose à l'oreille, Louis y répond avec un petit sourire. Je trouverais la scène attendrissante si je n'étais pas moi même dans un tel état que la seule chose que je désire soit de fermer les yeux et fuir. Enfin ils reportent leur attention sur moi et je chasse mes pensées parasites.
- "Si vous n'êtes pas prêt à cesser tout ça, les bisous dans le canapé, les câlins face à lui, alors ne remettez plus les pieds ici. Je sais qu'il vous en a fait baver tous les deux, il le sait aussi, mais la situation est aussi difficile pour lui que pour vous. Il veut votre bonheur, il vous aime autant l'un que l'autre et il est heureux de savoir que vous l'êtes mais il souffre aussi de votre comportement". Je me tourne vers Harry. "S'il avait choisis Louis, tu aurais aimé assister à ça ? Chaque jour ? Dans ton propre appartement, sur ton canapé ?" Je me détourne ensuite vers Louis dont les yeux sont rendus brillants par des larmes retenues. "Et toi Louis ? Ça ne t'aurait pas blessé que Niall fasse ça ? Qu'il te renvoie son bonheur à la figure, qu'il s'affiche exagérément, tout le temps, avec Harry que tu aimes et apprécies ? Je ne vous demande pas de rompre ou de lui pardonner, seulement de cesser tout ça, ça fait trois mois qu'il subit, trois mois qu'il vous regarde être heureux, trois mois qu'il est fatigué malgré son sourire, qu'il ne sait plus où donner de la tête. Il vous aime autant l'un que l'autre et il a besoin de votre présence mais soyez juste plus discrets, parce que moi, ça me fait souffrir. Voir mon meilleur ami se faire rabaisser ainsi dans son propre chez lui, baisser la tête et abandonner, mettre son propre bonheur entre parenthèse ça me bouffe".
- "Pourquoi il n'a choisis aucun de nous ? Pourquoi il n'a pas admis nous aimer tous les deux".
- "Il ne l'a pas admis mais il vous l'a montré par son indécision, ce n'était pas pour vous faire souffrir et c'est peut-être en cela qu'il a tout brisé mais Niall est ainsi et il ne voyait qu'une issue à toute cette histoire, peu importe le choix qu'il ferait, c'était de vous rendre tous les deux malheureux. Niall ne pourra sans doute jamais choisir entre l'un de vous, même si l'un de vous disparaissait, son cœur n'est entier que lorsqu'il est uni aux deux vôtres. Mais si vous ne ressentez plus rien pour lui et que vous ne cherchez qu'à le punir, je vous demande de le laisser tranquille, s'il n'a ne serait-ce qu'un peu compter à vos yeux, laissez le passer à autre chose et se reconstruire, il en a besoin". Ils hochent tous les deux de la tête, je sais qu'ils ont enfin écouté ce que j'ai dit, je ne sais pas ce qu'ils feront mais j'ai d'autres choses à régler : retrouver Niall et parler à Zayn. C'est dans ces moments là que je comprend l'indécision de Niall. Moi même j'ai du mal à faire un choix ; l'homme avec qui j'ai envie de finir ma vie et fonder une famille ? La personne avec qui j'ai envie de tout partager, ma vie et mon lit ? Ou mon meilleur ami, ce gars que je connais depuis si longtemps, que j'aime tout autant et que je veux aussi à mes côtés pour l'avenir ? C'est un amour différent, et pourtant je ne pourrais faire un choix surtout quand je sais que Niall n'a personne d'autre que moi. Pourtant l'idée même que quelqu'un d'autre que moi ne pose ses mains sur le corps de Zayn me déchire. Ça fait plus d'un an que nous sommes ensemble et oui nous faisons l'amour, mais beaucoup moins souvent que lorsque l'on s'est connu, la dernière fois que nous nous sommes unis charnellement remonte à plus d'un mois et demi, et ce n'est pas l'envie de lui qui me manque.
- "Fermez à clé en sortant". Je me lève et quitte mon appartement, en passant dans la cuisine je remarque le téléphone de Niall ainsi que son portefeuille ce qui renforce mon inquiétude pour lui. Sur le parking je n'aperçois même pas sa voiture et je crains le pire. J'appelle Zayn à de nombreuses reprises, branchant mon kit main libre quand je suis au volant de ma voiture. Arrivé chez lui, les lieux sont vides. Je ressors de l'immeuble et flâne dans les rues, allant dans chaque endroit que nous avons pu fréquenter. Une heure et demie que je tourne en rond en vain, mais je me refuse à rentrer chez moi bredouille.
À Zayn :
Quoique tu penses et quoique je puisse te montrer, je t'aime Zayn. Je t'aime tant que ça me fait agir étrangement. Pardonne moi de n'avoir pas pris en compte tes doutes et tes craintes, pardonne moi de ne pas avoir su apaiser tes maux, je t'aime tant et la peur de te perdre et de me perdre m'a fait agir égoïstement et injustement. Il faut qu'on parle, laisse moi te donner toutes les cartes avant de déclarer forfait. Ne fais pas de bêtises, je t'en supplie. Je t'aime tant Zayn. Laisse moi une chance de te le montrer, laisse moi une chance d'être un meilleur petit ami.
De Zayn :
Tu as eu ta chance, c'est trop tard. Laisse moi.
À Zayn :
Ou es tu ?
De Zayn :
Ça ne te concerne plus. Mais ne t'inquiète pas je ne suis pas seul. Fais comme moi, passe à autre chose.
De Naïm :
Zayn est à l'atelier avec Josh.
Je grince, Josh court derrière Zayn depuis des mois, il reste discret quand je suis dans les parages mais je connais ce bar depuis de nombreuses années et m'y suis fait pas mal de potes qui n'hésitent pas à me faire savoir et me détailler les nombreuses tentatives du barman pour séduire mon petit ami.
POV Niall
J'ai abandonné ma voiture dans un parking désert, je n'avais plus de carburant et pas d'argent pour faire le plein. Il y'a des moments comme ça durant lesquels je me maudis d'être si con. Je me suis arrêté à l'Atelier, ce bar très fréquenté dans lequel j'ai bossé plus jeune à nettoyer les tables et récurer les toilettes pour me faire un peu d'argent de poche. J'ai vingt-six ans, célibataire, et toujours aussi seul qu'avant. Il n'y a pas de retour en arrière possible et même si on m'en avait laissé la chance, jamais je n'aurais pu choisir entre Louis et Harry. Tant pis, Zayn a raison, je n'ai pas à me plaindre, je dois subir les conséquences de mes actes et apprendre de mes erreurs même si jamais je ne trouve la bonne solution. Je suis attablé au fond de la salle depuis plus d'une heure, je n'ai bu qu'un verre, savourant le liquide ambré que m'a gentiment offert une jeune fille qui cherchait quelqu'un sur qui s'épancher. Je connais sa vie entière, comme une éponge j'ai absorbé tous ses problèmes, l'écoutant patiemment jusqu'à ce quelle se sente mieux et qu'elle puisse finalement trouver la clé de ses soucis seule. Parfois parler aide juste à se recentrer et voir la situation d'un nouvel œil. J'ai l'habitude, après tout c'est mon métier. Je suis psychanalyste et je travaille pour l'état, spécialisé pour les enfants et les adolescents. Je suis jeune, et même si ça m'a porté préjudice pour trouver du boulot c'est un atout avec les jeunes qui se sentent étrangement plus confiants en ma présence. Je suis comme eux. J'aime mon métier, il me permet d'aider les autres, et c'est le seul domaine dans lequel je suis capable de prendre des décisions sans avoir l'impression d'être mis au pied du mur. Je n'ai pas de choix à faire, et si c'est le cas je prends uniquement en compte le bien être et le désir de mon patient.
Il est tard, je suis fatigué et pourtant je n'ai pas envie de rentrer chez moi dans l'immédiat, j'ai passé plus de deux heures à errer dans les rues avant de rejoindre l'Atelier. Je sais que Liam doit s'inquiéter mais je suis un grand garçon, je sais prendre soin de moi et là je n'ai juste pas envie de voir les autres.
- "Hey Niall ! Tu ferais bien de ramener ton pote, je ne crois pas que Liam apprécierait de le savoir dans cet état". Je lève la tête vers Carl en fronçant les sourcils avant de tourner la tête vers la salle et de la balayer du regard. Je suis surpris d'y découvrir Zayn. Un Zayn très entreprenant et un peu trop joyeux. Je soupire et hausse les épaules, ce n'est pas mon problème. Pourtant je ne peux m'empêcher de lui jeter quelques coups d'œil de tant à autre. J'apprécie Zayn, malgré ce qu'il paraît, lui et moi nous entendions assez bien avant toute cette histoire, c'est un gars taciturne et mystérieux mais loyal et entier. Il ne se cache pas derrière de fausses attitudes ou des excuses inutiles, il est franc, parfois trop, mais il est lui, sans vice, sans secrets. Et c'est la personne que Liam aime alors, j'ai aussi du m'acclimater à sa personnalité. Il se dirige vers le bar et je grince quand je vois Josh profiter pleinement de l'absence de Liam pour draguer ouvertement Zayn. Ça dure ainsi quelques minutes jusqu'à ce que Josh, par dessus le comptoir, claque un baiser sur les lèvres du brun. Quand je vois Zayn répondre à son baiser je me lève comme si j'avais le feu au cul, je me fraie un passage entre les corps et vire les mains baladeuses, d'une poigne ferme j'attrape Zayn et le force à me suivre à l'extérieur. Il ne proteste pas, ou peu, peut être qu'il ne s'est pas rendu compte de ce qu'il se passait. Une légère pluie nous accueille alors je nous réfugie sous l'abri de bus de la rue d'en face. Je l'ai sans doute un peu trop molesté car il se vide l'estomac a peine arrêté. Je m'assois sur le banc en soupirant et lui tends un mouchoir qui traîne dans ma poche. Il me rend un regard furieux et se tire un peu plu loin. Je suppose qu'il se barre, tant pis j'aurais essayé. Pourtant je le sens s'asseoir mes côtés quelques instants plus tard, du coin de l'œil je remarque son visage mouillé ; il a du aller se nettoyer la bouche et la gueule à la fontaine du parc a côté. On reste assis, le silence est perturbé par sa forte respiration et par le bruit de la pluie s'écrasant sur l'asphalte. Quelques voitures passent, sans nous voir, nous sommes cachés par la pénombre, le seul lampadaire n'éclairant pas suffisamment la rue. Son téléphone ne cesse de sonner dans la poche de sa veste mais il l'ignore et fini même par le balancer par terre avant de se tirer. Je soupire fortement avant de le ramasser et emboîter son pas, il marche étrangement, les épaules voûtées comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules, je n'ose pas le laisser seul et je vois que j'ai eu raison lorsqu'il glisse sur une plaque métallique et que je le rattrape de justesse. Il me repousse et s'assoit à même le sol appuyé contre la façade d'une boutique de farces et attrapes fermée à cette heure avancée de la nuit. La toiture du bâtiment nous offre un maigre abri et la lumière du lampadaire me permet de voir son visage, il semble au plus mal et bouleversé.
- "Pourquoi tu me suis ! Barre toi ! Rentre chez toi ! Je suis sur que Liam se fait un sang d'encre pour son pauvre petit protégé". Sa voix est lasse malgré le ton féroce qu'il emploie, empli de rancœur. J'hausse les épaules. "Et en plus il ne répond pas, c'est vrai j'avais oublié c'est la spécialité de Niall ça, écouter, laisser parler, subir et s'étonner. T'es un putain de lâche Niall". Je baisse la tête, lâche je le suis sans doute, je n'aime pas prendre des décisions difficiles et je déteste les responsabilités.
- "Pourquoi tu n'as pas choisis ?"
- "Parce que je ne peux pas choisir entre deux personnes que j'aime".
- "Alors tu préfères les faire souffrir ?"
- "Ils sont heureux ensemble".
- "Et s'ils ne l'avaient pas été ? Et s'ils n'étaient pas tombés amoureux l'un de l'autre ?"
- "Je n'aurais pas pu choisir".
- "Tu aurais continué a les laissé espéré ?"
- "Je ne sais pas. Non, je pense que je me serais tiré pour leur laisser une chance d'être heureux chacun de leur coté, j'aurais menti sur mes sentiments et dit que je n'en n'aimais aucun".
- "C'est ce que tu as fait".
- "Oui".
- "Je ne te comprends pas Niall, je t'aimais bien avant mais maintenant je te méprises. Parce que tu baisses les bras, tu souffres de cette situation et tu acceptes comme un pauvre gamin sans défense".
- "Les voir heureux me fait du mal mais je ne veux pas les empêcher de s'afficher et tu as raison, je mérite ça".
- "Tu es con".
- "Sûrement". Deux jeune passantes s'arrêtent face à eux, et leur offre deux cigarettes, Niall est tenté de refusé parce qu'ils ne sont pas des mendiants, mais Zayn se montre poli et allume les cigarettes avant de lui en tendre une. Niall ne fume, pas, la seule fois qu'il a testé il a cru mourir. "Et toi pourquoi tu es là ? Pourquoi tu as embrassé Josh ?" Zayn penche la tête en arrière comme fatigué.
- "J'ai quitté Liam."
- "Pourquoi tu l'as quitté ?"
- "Pour le faire réagir je suppose, j'avais besoin qu'il me prouve qu'il m'aime".
- "Il t'aime".
- "Aimer ne se résume pas à dire je t'aime Niall, ça se montre aussi par les actes. Oui il me dit je t'aime, il m'appelle bébé, il paie au resto et me tiens la porte mais il ne prend aucune initiative dans notre couple, on ne fait aucun projet, quand je croise des gens qu'on connait il dit qu'on est ami, on se tient pas la main, rien en public et au lit c'est le néant. J'ai besoin qu'il me montre que je suis important parfois. Quand je râle il hoche la tête, il ne me donne pas réellement son opinion et il fait comme toi finalement il se laisse porter par les événements, il veut me satisfaire et que je sois bien mais il ne comprend pas que ça ne suffit pas. Je préfère qu'on se dispute pour des conneries plutôt qu'il fasse un truc qu'il n'aime pas. Je veux qu'on fasse des concessions ; qu'on aime des choses ensemble, je veux qu'il me présente à ses parents et qu'il n'ait pas peur de me faire de la peine, je ne sais pas... je veux que ça soit vrai. Lui, il voit notre relation comme un putain de plateau d'échec dans lequel il faut toujours prévoir trois coups d'avance pour gagner la partie".
- "Mais pourquoi aujourd'hui ?"
- "Parce qu'il allait me quitter Niall".
- "Il t'aime Zayn même si t'es un connard lunatique et excentrique".
- "Merci".
- "Ce n'est pas un compliment selon moi.
- "Je crois que si, après tout tu es bien amoureux de Louis et de Harry, quand t'assemble les deux c'est un peu moi qu'on retrouve."
- "..."
- "Arggg je n'arrive pas à croire que j'ai dis ça ! Je suis unique. Et Liam est trop parfait pour moi, il est juste trop, je veux qu'il soit normal, qu'il soit heureux et il ne l'est pas avec moi".
- "Tu te trompes Zayn. Liam t'aimes, mais il est maladroit, il a peur de mal faire, et il a peur pour toi. Il a 6 ans de plus que nous, il a vécu pas mal de relations qui se sont mal terminées ; il veut juste éviter de répéter les erreurs qui l'ont envoyées directement dans le mur. Parle lui, il est très ouvert d'esprit, il pense juste que tout ça te convient. Tu ne lui a jamais montré que tu voulais autre chose, toi aussi tu te laisses aller la dedans et c'est toi qui a enclenché ça, tu es en partie responsable Zayn".
- "Quoi ?" Il me fixe du regard, et j'hésite à lui révéler ce que je sais, mais je crois qu'il le faut.
- "Quand il est venu chez toi l'an dernier tu as dis "je vous présente Liam un bon ami", ça faisait trois mois que vous sortiez officiellement ensemble."
- "C'était il y'a longtemps ! Depuis je le présente toujours comme mon copain". Zayn s'insurge, et je retiens un sourire parce que sa moue boudeuse m'a toujours attendri même si c'est un emmerdeur de compétition. Mais je garde mon sérieux, parce que je suis malgré tout lasse de tout ça.
- "Il y'a cinq mois, tu... Tu lui as reproché de n'être avec toi que pour le sexe".
- "On s'était disputé Niall ! Je me suis excusé, c'était des conneries ! Je ne peux pas croire qu'il t'a raconté ça ! Je ne le pensais même pas !!"
- "Il y'a environ deux mois tu as bu a une fête, tu étais complètement torché, c'était à la soirée qu'Harry et Louis avaient organisé, Liam n'allait pas bien depuis quelques temps, parce que beaucoup de tes potes ne croient pas en votre couple et cette nuit la, on t'a retrouvé au lit avec ton ex. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans cette chambre Zayn mais le fait est que quand nous sommes arrivés vous étiez bien partis pour coucher ensemble ou vous l'aviez déjà fait."
- "Quoi ? Non je... n'aurais jamais pu faire ça." Son désarroi est sincère, je le sais.
- "Là n'est pas la question. Zayn tu es beau, intelligent, drôle, complètement taré et schizophrène, tu es sorti avec un nombre incalculable de gars, tu es connu pour ton tableau de chasse impressionnant, et Liam n'a pas toujours confiance en lui, il est doux et gentil mais il a une vie difficile. Mais je suis sur d'une chose Zayn il t'aime, vraiment. Et je sais que c'est réciproque. Néanmoins, aimer ça ne suffit pas, ça n'excuse pas tout. Tu lui en veux de ne pas prendre en compte tes envies mais tu ne le fais pas non plus. Je suis important pour lui, on l'est l'un pour l'autre, une sorte d'équilibre tu vois et quand tu me blesses, c'est lui qui en souffre, tu l'as vécu quand j'ai fait pleurer Louis non ? Moi je m'en fiche, tu peux me gueuler dessus, m'insulter, me frapper, ça m'est égal mais ne le fait pas devant lui."
- "Pourquoi tu es gentil avec moi ?"
- "Je ne suis pas gentil, je suis sincère."
- "Tu l'aimes toi aussi ?"
- "Liam ?"
- "Ouais."
- "Bien sur Zayn."
- "Il t'aime aussi."
- "Je sais. De la même manière que tu aimes Louis. Ne mélange pas tout Zayn. Tu es très doué pour analyser le comportement des autres et y voir des failles la où la plupart des gens ne verraient que des petites choses sans importance mais tu ferais bien de te remettre un peu en question".
Le silence s'installe à nouveau, sa tête est baissée et je sais qu'il réfléchi à mes propos, même si on s'engueule souvent et qu'on donne l'impression de se détester, Zayn et moi éprouvons une grande confiance l'un envers l'autre. La confiance qu'on ressent envers les gens honnêtes et sincères, qui vous cracherons dessus quand c'est nécessaire mais qui interdiront les autres de le faire à votre place. Parce qu'il n'y a pas cette crainte de blesser l'autre, on s'en fout de ça entre nous, on veut juste être vrai. Zayn est l'être le plus fiable que je connaisse, je peux lui dire mes secrets, il ne les répètera pas, estimant qu'il est bien plus intéressant de les garder pour lui que de les partager. Zayn est un savant mélange de noir et de blanc, deux couleurs qui se côtoient sans jamais se toucher ou se mêler pour former du gris.
- "Mes parents ont divorcé lorsque j'avais douze ans, ils m'ont demandé de faire un choix, papa ou maman. Avec qui je voulais vivre, qui j'aimais le plus. Ils se disputaient sans cesse pour savoir qui m'aurait ; ils m'aimaient, et c'était à moi de trancher. Je suis parti avec papa, parce que maman avait un nouveau mari et une nouvelle famille, alors j'ai choisis avec mon cœur, en me disant que mon père était seul et qu'il aurait besoin de moi, qu'il aimerait m'avoir avec lui. Je me suis trompé bien sûr, je n'étais qu'un boulet, un gamin qui lui rappelait chaque fois que sa femme l'avait trompé avec un autre. Il a sombré dans l'alcool et je suis devenu son défouloir. Il souffrait et moi je subissais en silence. Malheureusement un secret ne se garde jamais longtemps quand les voisins sont curieux et que le gamin de l'alcoolique du coin aborde une gueule étrange et des marques sur le corps. Quelqu'un a prévenu les assistantes sociales et on m'a envoyé chez ma mère, j'étais trop jeune pour refuser, de toute manière je ne savais même plus ce que je voulais, j'avais juste peur. Je ne voulais pas retourner chez cette femme qui n'avait daigné se soucier de moi, qui avait préféré son égo et sa fierté à l'intérêt de son enfant, elle m'a laissé tomber. Mais je n'avais plus le choix, et je suis allé chez elle mais ce n'est pas ma mère qui m'a ouvert la porte. Ce jour là j'ai rencontré Liam réellement pour la première fois. Son visage m'était familier et je me suis rappelé plus tard que je l'avais déjà vu dans les couloirs du commissariat, mais également à l'hôpital dans lequel j'avais été faire des radios quelques mois plus tôt et même une fois dans un bar. Liam avait dix-neuf ans, c'était le fils du nouveau mari de ma mère. Il ne vivait pas avec eux, ayant déjà son propre appartement et son père était bien trop occupé par ses affaires que pour se soucier du boulet que je représentais. Liam était autonome mais renfermé à l'époque mais il s'est montré gentil avec moi, il m'a aidé à m'installer dans ma nouvelle chambre et je me sentais bien qu'en sa présence. Ma mère m'ignorait, quand elle préparait à manger, il n'y avait rien pour moi, le père de Liam m'adressait quelques mots et Liam devait souvent venir en pleine nuit pour calmer mes cauchemars. Mon père est décédé d'une overdose quelques mois plus tard et ma mère m'a foutu à la porte me traitant comme un objet de malheur. J'ai erré dans les rues durant cinq mois environ avant que Liam ne me retrouve. Il a accusé son père et ma mère, les reniant et sans que je ne sache comment ils ont passé un accord, il prendrait soin de moi même si aux yeux de l'état je vivais toujours chez eux. J'avais quinze ans, il m'a forcé à continuer l'école et je travaillais à l'Atelier le week-end pour participer financièrement. Il m'a aidé à vivre, à grandir pendant que moi je l'aidais a mûrir et représentait pour lui une certaine stabilité. Et si j'avais choisis ma mère ? Peut-être que je n'en serais pas là aujourd'hui, mon père serait mort et la culpabilité m'aurait bouffé. Le mieux aurait été de ne pas choisir. A quoi bon choisir si dans tous les cas l'issue est désastreuse ? J'ai choisis entre deux personnes que j'aimais et les deux ont fini par me détester et m'abandonner. Ma mère a mit fin à ses jours il y a deux ans maintenant. Et moi je suis là, je continue ma route."
- "Je suis..."
- "Il n'y a rien à dire, c'est du passé, je ne m'apitoie pas sur ça, je vis avec et j'apprends de mes erreurs. Je suis un homme accompli avec mes qualités et mes défauts. Il y a des choses que je ne pourrais jamais faire ou même envisager, j'ai peur de plein de choses ; l'idée même de construire une famille me terrifie, et choisir entre Harry et Louis était pour moi une épreuve de force, de celles qui te montrent que tu es juste un homme faible avec des démons. Les voir heureux me conforte dans l'idée que j'ai bien agis. Même si je dois en souffrir je ne regrette rien. Mais ça fait mal et ça me brise parce que je sais qu'ils m'en veulent et je voudrais qu'ils soient pleinement heureux et je gâche tout ça."
- "Tu te trom-"
- "Zayn !" On relève tous deux la tête dans un sursaut et je souris quand je reconnais la silhouette de Liam et sa foutue casquette Marvel, il n'a vraiment pas l'allure d'un super héros à l'instant même, quoique le t-shirt blanc mouillé semble beaucoup plaire à Zayn ainsi qu'aux passants qui regarde cet éphèbe de l'autre côté de la rue. Il traverse la route au pas de charge entraînant de nombreux coups de Klaxons pour enfin arriver devant nous.
- "Zayn je ... Niall ? Mon dieu ! Niall tu.."
- "Je vais bien. J'allais rentrer. À plus les gars." Je me lève et je me tire pour les laisser seuls.
- "Niall attend !"
- "T'inquiète tout va bien."
- "Tes clés, idiot !" Il me les balance, je les rattrape au vol avec un sourire contrit et m'enfonce dans la nuit pour rejoindre notre appartement les épaules voûtées. Je n'aime pas parler, je préfère écouter, ça me coûte trop de m'épancher sur ma vie chaotique.
POV Liam
Je regarde Niall s'en aller et mon regard revient sur Zayn. Ça fait des heures que je les cherche, l'eau fraîche apaise le feu qui bouillonne en moi. Je suis soulagé de les avoir retrouvés et pourtant je suis anxieux.
- "Zayn il faut qu'on parle".
- "C'est fini Liam."
- "Quoi ?"
- "Toi et moi c'est fini."
- "Putain Zayn je t'ai dis que j'étais désolé, j'étais en colère et ..."
- "Arrête Liam. Arrête de t'excuser ! Arrête de cautionner mon comportement. Ce n'est pas uniquement à cause de toi."
- "Pourquoi ?"
- "Liam... Je t'ai trompé et tu n'as rien dit ! J'ai sans doute couché avec un autre mec et toi, tu es juste resté avec moi ! Tu ne m'as fait aucun reproche ! Rien !"
- "Tu étais soul, tu ne t'en souvenais même plus."
- "Ce n'est pas une raison Liam ! Si tu m'avais fait ça je t'aurais étripé ! J'aurais gueulé, peut être même que je t'aurais envoyé mon poing dans la tronche avant de tuer l'autre gars et toi.. Toi tu t'es tu."
- "Je t'aimais."
- "Ce n'est pas sain Liam ! Tu ne te rends donc pas compte ?!"
- "Je ne veux pas te perdre Zayn, je voulais juste oublier ça."
- "Oublier ça ? T'as tellement zappé ça que tu ne m'as rien dit et que depuis le "ça" tu ne me touche plus ?!"
- "Je..."
- "Je ne t'en veux pas et je comprends enfin. Mais tu nous fais souffrir inutilement Liam. Je suis la cause de tout ça et toi tu n'as fait qu'amplifier le problème en ne disant rien. Je suis un idiot, je t'ai fait du mal et toi tu as subit, et aujourd'hui je me rends compte qu'on s'est perdu Liam. On n'est même pas un couple."
- "Bien sur que si, on peut en parler maintenant."
- "C'est trop tard Liam." Son soupire me brise. "Je ne peux pas, je n'y arriverais pas. J'ai commis la pire des erreurs en te trompant et savoir que tu as accepté ça me fait douter encore plus qu'auparavant même si ça me permet de comprendre plein de choses". Je ne parviens même pas à regarder Zayn, assis là au sol, tous les deux. Si proches et pourtant. Je n'en veux pas à Niall de lui avoir parlé de ça, j'en ai fait pareil ou presque avec Louis et Harry. J'aurais du lui dire tout ce que j'avais sur le coeur à l'époque.
- "Je t'ai haï ce jour-là Zayn, tout autant que je m'en suis voulu, je pensais qu'on était bien ensemble, je pensais te combler et te rendre heureux. Je doutais souvent auparavant bien sur mais te voir avec ce mec m'a détruit. Ça a brisé quelque chose en moi mais quand j'ai compris que tu ne te rappelais plus j'ai profité de ton amnésie parce que je craignais trop de te perdre. Tu peux me traiter d'idiot, ça ne changera rien, Niall l'a fait pour toi, il m'a dit de te parler, de te quitter s'il le fallait mais il y avait trop en jeux. Et je sais que personne n'est à l'abri d'une erreur. Alors je t'ai pardonné".
- "Alors pourquoi toi et moi nous ne faisons plus l'amour ? Je te dégoute ?"
- "Non, bien sur que non. Tu es le plus bel homme qu'il m'a été donné de voir Zayn, je n'étais même pas gay avant toi. Mais...je me suis dit que si t'étais allé voir ailleurs c'est que je n'étais pas à la hauteur et il y'a depuis comme un blocage. J'ai la trouille à chaque fois que ça ne te satisfasse pas et que tu t'en ailles. J'aime le sexe mais pas autant que toi ; tu es un coureur Zayn et j'avais besoin de me sentir différent à tes yeux, je voulais être celui que tu aimes pas celui avec qui tu as uniquement des relations sexuelles, pas comme au début".
- "Je ne sais pas pourquoi j'ai couché avec ce gars ou même si je l'ai fait parce que je ne me rappelle de rien et ce n'est pas une excuse ; mais je te jure Liam que tu n'a pas à douter de toi, personne ne m'a aussi bien fait l'amour que toi, pas uniquement parce que tu es le seul avec qui je faisais l'amour et parce que je t'aimais ; mais pour tout, même quand c'était sauvage et plus torride tu as toujours assuré. Mais il n'y avait pas que ça Li', on n'avait rien d'un couple à l'extérieur de ton appartement, on ne faisait aucun projet commun, tout était au feeling et au coup de tête". "Je t'aimais".
- "Tu parles au passé". Un petit rire triste m'échappe et je me mords les lèvres pour ne pas craquer.
- "Je..."
- "Non je comprends. L'amour ne suffit pas toujours de toute évidence. J'ai commis des erreurs en me taisant et en agissant ainsi. Mais sache que je t'aime Zayn même si tout notre relation me semble reposer sur une illusion je comprends que tu veuilles arrêter tout ça et à vrai dire je crois que c'est mieux ainsi. Tu m'as reproché de ne pas m'investir dans cette relation, c'est vrai. Je ne dis rien et abdique parce que je n'ai pas confiance en moi, en nous et en toi. Pourquoi je ne te montrais pas mon affection en public ? Parce que tu étais le premier à rire des couples niais qu'on croisait dans la rue, de ceux qui s'embrassaient ou se tenaient par la main. Je ne te présente pas comme mon petit ami parce que tu m'as dit avoir quitté ta première copine parce qu'elle était trop collante et possessive, et qu'elle te revendiquais sans cesse. Je ne fais pas de projets parce que je ne veux pas être un frein à tes ambitions, je ne veux pas que tu t'empêches de vivre pour moi. J'ai trente-deux ans Zayn et je me sens parfois vieux à tes côtés, alors oui je fais tout pour ne pas te gêner, pour ne pas être celui que je suis mais plutôt celui qu'il te faut. Moi, ce que j'aimerais c'est qu'on passe nos soirées devant la télé à regarder une film bidon ou une série policière, pouvoir passer mon bras sur ton épaule et te serrer contre moi. J'adorerais aller me promener le dimanche au parc main dans la main. Je pourrais crier au monde entier que tu es l'homme avec qui je veux finir mes jours, j'aurais voulu pouvoir t'inviter au resto, qu'on aille ensuite dans ce square pourri et mal entretenu, cet endroit où on s'est rencontré, j'aurais voulu m'agenouiller au sol et te demander si tu voulais devenir mon mari. Quand je pensais à toi Zayn ce n'était pas en tant que mon petit ami, mais en tant que l'homme que j'aime, celui avec qui j'aurais voulu pouvoir construire ma propre famille. Et même si j'ai mal maintenant je me dis que tout ça arrive a temps, qu'on aurait fini par se prendre un mur bien plus imposant. Je suis désolé Zayn, tellement désolé, nous nous sommes fait du mal parce que nous n'avons pu passer au dessus de nos doutes, parce que je n'ai pas su te dire ce que j'avais sur le cœur et parce que je ne suis pas celui qu'il te faut".
Mon regard fixe le ciel, cette immensité qui me fait me sentir ridiculement petit et insignifiant. Mon téléphone vibre dans ma poche mais je ne prends même pas la peine de regarder qui cherche à me joindre, je me relève doucement enfonçant mes mains dans les poches de mon jean. Ma peau frissonne et je sens que demain la crève viendra me saluer comme il se doit, je l'ai mérité.
- "Laisse moi au moins te ramener chez toi Zayn. Il est tard et je sais qu'on va sans doute s'ignorer pendant un long moment ; tu ne mettra plus les pieds chez moi et inversement mais laisse moi faire les choses correctement, à ma manière". Je suis sûrement un peu trop ridicule mais je préfèrerais te savoir en sécurité qu'ici à trainer dans la rue à plus d'une heure de ton appartement. Je ne vois pas ses yeux car il baisse la tête mais je remarque ses doigts tremblants. Il se lève à ma suite, il semble un peu ankylosé, je dois me faire violence pour m'empêcher de lui venir en aide, de le serrer contre moi et plonger ma tête au creux de son cou pour inspirer son odeur à pleins poumons. J'avance d'un pas déterminé vers ma voiture délaissée à deux rues de l'Atelier. Ses Rangers claquent sur le sol humide, ça me met mal à l'aise. Quand nous arrivons enfin à la voiture je retiens un soupir de soulagement, j'actionne l'ouverture automatique des portes avant de m'installer au volant de ma bagnole et que lui prend place sur le siège passager. Le trajet se fait rapidement et en silence, il a posé sa tête contre la vitre et ses yeux sont clos. J'ai envie de caresser son visage et l'attirer à moi pour poser mes lèvres sur les siennes que je sais si avides. Ce matin encore je l'accueillais chez moi avec un baiser tentant de réfréner le flot de paroles qui sortait de sa jolie bouche. Et ce soir, on semble être arrivé à la fin de notre chapitre et ensemble nous allons fermer la couverture de cette histoire. Ça me fait mal mais c'est nécessaire, nous ne pouvons plus continuer ainsi, je l'ai compris aujourd'hui seulement. Je le perds peut être mais je vais me retrouver moi et qui sait, j'ai beau aimer Zayn je sais qu'un cœur n'est pas à l'abri d'aimer quelqu'un d'autre même si une place lui sera toujours dédiée, mon premier amour. On ne dit pas premier pour rien il faut croire, j'aurais voulu déroger à la règle Etre son premier et dernier amour.
Arrivés en bas de son immeuble je ferme les yeux, la douleur me submerge, c'est dur d'être fort et de tourner le dos à un an de relation et à l'homme que j'aime. Il ouvre la portière et le froid s'infiltre dans ma chaire glaçant mes os, il se tourne vers moi et je prend mon courage à deux mains pour le regarder à mon tour. Nos yeux plongent l'un dans l'autre, je parcoure son visage, imprimant chaque détail de sa personne, sa jolie bouche, ses traits sculptés par les dieux, son regard ambré si hypnotisant, ses cheveux sombres et désordonnés, ses sourcils si biens dessinés, sa barbe qui lui donne un air rebelle et mystérieux, ses longs cils qui accentuent l'intensité de son regard, ses oreilles percées, sa gorge, ses clavicules, le reste m'est caché par ses vêtements et pourtant je le connais parfaitement.
- "Je suis désolé pour tout Liam."
- "Ne dis rien, c'est assez difficile comme ça". Il hoche la tête et se pince les lèvres, ses jolies lèvres que j'aime tant mordiller entre mes dents pour lui soutirer des gémissements, ses jolies lèvres qu'il aime employer pour marquer ma peau aussi souvent qu'il le peut comme il l'a fait quelques heures plus tôt.
- "Sois heureux Zayn". Je baisse les yeux et démarre la voiture lui indiquant implicitement de s'en aller. Il referme la porte doucement et je l'observe avancer sous la pluie jusqu'à ce qu'il disparaisse dans le hall de son immeuble, c'est fini. Je t'aimerais toujours Zayn.
Deux semaines plus tard
POV NIALL
Je rentre à l'appartement d'un pas trainant, légèrement déboussolé, je me sens triste un peu, ça ne m'est pas arrivé depuis longtemps, cette sensation de vide, de froid intense. J'ai l'impression qu'aujourd'hui sonne le tournant de quelque chose mais j'ai du mal à comprendre quoi. Je ne sais pas ce qu'il va se passer pour Liam mais ça me fait mal de l'avoir vu si perdu, lui qui est si fort. J'ai subi sa perte de moral et de poids, ses remises en questions et ses nuits blanches. Cette rupture était nécessaire afin qu'ils repartent sur de bonnes bases, seuls ou ensemble, car ça ne rimait plus à rien, ils souffraient tous les deux et si je me refusais à m'en mêler au départ, plusieurs fois j'ai tenté d'ouvrir les yeux de Liam. Je sais qu'ils s'aiment, mais leur relation est assise sur des fondations qui étaient à deux doigts de s'écrouler. Ça aurait pu marcher bien sur mais je n'en mettrais pas ma main à couper, je ne sais pas s'ils se retrouveront, le destin nous le dira.
Je me réveille le lendemain fourbu, fatigué, les yeux lourds, je me suis endormi sur le canapé et je grogne à cause du mal de dos que cela va m'engendrer. La porte d'entrée s'ouvre sur un Liam transpirant qui revient de son jogging matinal, son teint est cireux et ses yeux sont rougis. Qu'il pleuve ou qu'il neige et peu importe son état de santé, Liam s'oblige à aller courir le matin, il dit que ça lui permet de se remettre les idées au clair et de se donner un bon coup de fouet ; personnellement je préfère me prendre un café et m'abrutir devant une émission bidon mais chacun son mode de fonctionnement. Je le laisse prendre la salle de bain en premier parce qu'il pue et que je ne suis pas pressé. Une nouvelle journée commence, comme d'habitude, et pourtant non, aujourd'hui comme depuis 16 jours, Zayn ne viendra pas avec son sourire arrogant, Louis et Harry ne débarqueront pas squatter le canapé, et je ne verrais pas le bonheur atteindre les yeux de Liam. Je cogne contre la porte de la salle de bain quand je vois le temps tourner et l'horloge de l'entrée indiquer 10:00, je dois me rendre à l'hôpital dans moins d'une heure pour la première consultation de la journée et Liam n'a toujours pas déserté la salle d'eau. La porte n'est pas fermée alors je me permets d'entrer, et je grimace quand je vois l'état de mon ainé, assis sur la cuvette la tête entre les genoux, l'eau de la douche s'écrasant contre la porte en verre masque le bruit de ses sanglots et ça me brise. Je retourne dans le salon récupérer mon portable et appelle mon chef pour repousser le rendez-vous au lendemain. Ça me laisse toute la matinée pour m'occuper de Liam. Même si je sais bien que cela ne sera pas suffisant, mais j'ai le mérite de bien connaître mon boulot.
Pour ma part, je ne peux pas dire ne plus penser à Harry ou Louis, ça serait mentir, ils font partie intégrante de ma vie, car ils l'ont marquée. Tout comme l'ont fait mes parents et Liam. Ce n'est pas parce que les gens partent qu'ils cessent d'être ; ils sont là rien que par les souvenirs, par les mots, les photos, et les actes qu'on répète, les valeurs transmises. Ils restent ancrés et il n'y a plus qu'à veiller que ce qu'ils sont ne s'estompe pas. Harry est sans doute celui que j'ai aimé en premier inconsciemment, puis il y a eu Louis pour qui je suis tombé. C'est un amour équivalent et pourtant différent. Je n'étais même pas sûr de savoir comment distinguer ce sentiment d'un autre. Je pensais qu'Harry jouait avec moi, que je n'étais qu'une cible potentielle ; il est notre voisin depuis deux ans, et s'il a tout de suite sympathisé avec Liam, il m'a à peine remarqué durant la première année. Les six mois suivants, il m'a dragué et nous avons entretenus une relation ambigüe pendant près de neuf mois. On ne sortait pas vraiment ensemble, on se charmait, nos doigts se frôlaient au détour d'un couloir ou dans la cage d'escalier, c'était léger, comme deux écoliers et pourtant si excitant. Pas d'étiquettes, pas d'avenir commun, juste des moments spontanés. Il m'a déjà embrassé, à plusieurs reprises, et plus parfois, mais nous étions sous l'effet de l'alcool dans ses moments-là. Il est parti pour le boulot à l'étranger pendant cinq mois et Zayn a débarqué avec Louis. J'ai craqué pour Louis, même si Harry faisait déjà à l'époque battre mon cœur, rien qu'avec ses « bébé » et ses caresses. J'ai flirté avec Louis, ce n'était pas volontaire et c'est là ma seule excuse. J'étais intrigué et intéressé par ce garçon et je me suis laissé allé à lui envoyer les mauvais signaux et l'image qu'il m'a renvoyée m'a plu. Harry est revenu et Louis n'est pas reparti, j'ai du jongler entre les deux, entre Harry et son regard vert, sa prestance et sa puissance, sa tendresse et ses baisers ; et Louis, son humeur et sa joie de vivre, sa délicatesse et son franc parler digne de son meilleur ami. Ils ont sympathisé, se sont apprécié étrangement rapidement, il étaient deux mecs bien différents, et moi j'étais là au milieu comprenant que mon cœur, lui, les aimait déjà tous les deux.
TBC...
Voilà... première partie de l'OS, je ne sais moi-même pas quoi en penser, mais je pense que si je continues à travailler dessus je risque de l'empirer ... ah oui et je mets énormément de dialogues, je ne sais pas si ça peut gêner...
La seconde partie arrive très vite