Le lycée des Surnaturels (tom...

By Herrade_Riard

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Tome 2. La lecture préalable du tome 1 est indispensable. Après les événements de la Tour Eiffel, Vivien fai... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27

Chapitre 14

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By Herrade_Riard


Le lendemain, j'ai mon premier cours de mathématiques. Après avoir fait l'appel, M. Markovitch lance soudain :

— Commençons tout de suite le premier exercice. M. Guyonvarc'h, venez donc le résoudre au tableau. Je dois avouer avoir été très satisfait de vos résultats à l'examen du premier trimestre. Faites bénéficier vos camarades de vos compétences.

Ma tête se met à tourner. Est-ce qu'il se doute que j'ai triché ? Mes résultats étaient sans doute trop semblables à ceux de Nour, et...

Non, je me fais sans doute juste des idées. Je dois arrêter de paniquer pour un rien. Du calme, Vivien, du calme.

Je serre un morceau de craie dans ma main. Et si je lisais de nouveau dans la tête de Nour, maintenant que nous faisons partie de la même équipe ? Non, ça reste mal.

Je me concentre sur le tableau vert pour relire l'énoncé de l'exercice. Ça ne doit pas être si compliqué. Je suis capable de... Non, j'en suis incapable ! Il faut que je lise l'esprit de Nour !

Toujours tourné vers le tableau, je ferme les yeux le plus fort possible. Bon, comment se branche-t-on exactement sur les pensées de quelqu'un ? Si seulement il me suffisait de composer un numéro, et...

Un son s'élève soudain directement dans mon cerveau.

Bon, il est temps d'agir.

Ça... ça marche ! Je perçois clairement la voix de la vampire en train de penser :

Je devrais peut-être y aller plus directement ? Il est mignon, ce triton, mais il a l'air sacrément timide. Je pourrais lui dire quelque chose comme : salut Jérémie, ça va ? Ou bien est-ce trop direct ?

Oh... On dirait bien qu'elle réfléchit à une stratégie pour séduire mon colocataire. Ne pourrait-elle pas, plutôt, se concentrer sur la façon de résoudre cet exercice ?! Je pensais Nour plus sérieuse que cela !

— Et alors, M. Guyonvarc'h ? demande le prof.

J'en perds ma concentration et la voix de la vampire disparaît.

Je me retourne, mon esprit à nouveau livré à lui-même.

— Et alors, je... euh... J'ai oublié comment il faut s'y prendre.

Le professeur hausse un sourcil.

— Les deux semaines de vacances ont suffi à vous faire tout oublier ?

Je me mordille nerveusement la lèvre.

— J'en ai bien peur...

M. Markovitch me fixe un long moment sans un mot. Tremblant, je suis sur le point de tout avouer, lorsqu'il finit par dire :

— Retournez donc à votre place, M. Guyonvarc'h, et tâcher de développer davantage votre mémoire. Nour, pouvez-vous vous charger de la résolution de l'exercice ? À moins que vous n'aviez vous aussi des trous de mémoire ?

La vampire se lève en disant :

— Non, monsieur.

Et elle résout l'équation, montrant qu'elle en est parfaitement capable, malgré sa propension bien cachée à courir après les garçons.

— Les professeurs de mathématiques sont toujours sadiques, m'affirme Auguste lorsque nous nous sortons de la cantine deux heures plus tard. Ça fait sans doute partie de leur formation.

Je lui jette un regard désespéré.

— Ce n'est pas lui qui est sadique. C'est moi qui suis nul.

L'alpha secoue la tête.

— Tu n'as rien d'un nul. Regarde la bonne note que tu as eue à l'examen !

Ce qui ne fait évidemment rien pour améliorer mon moral.

J'ai tout raconté à Auguste sauf le fait que je me suis retrouvé à tricher accidentellement. J'aurais sans doute dû. Mais... Je ne sais pas... Je ne voulais pas qu'il ait une trop mauvaise opinion de moi-même. Il est une chose de dévoiler le secret des créatures surnaturelles à l'humanité tout entière et de casser la tour Eiffel, par la même occasion. Il en est une autre de tricher lamentablement à un examen.

Pour achever la journée en beauté, j'ai cours de sport cet après-midi, c'est-à-dire en l'occurrence de vol puisque c'est ce que j'ai fini par choisir, et je sens que je vais encore une fois me ridiculiser devant tout le monde.

Auguste attrape ma main et me sourit.

— Au moins, aujourd'hui, nous avons tous nos cours en commun.

Mon estomac se noue. Je n'ai pas dit à mon petit ami que je m'étais finalement décidé pour le vol et non le football. Je voulais le faire, mais je craignais de le décevoir. Si je le déçois trop, il risque de se dire que, finalement, il n'a pas très envie de traîner avec un garçon fée et préférera sortir avec une louve plus douée que moi pour taper dans un ballon !

— Je... Je... Eh bien oui, mais... mais...

— Mais ? m'encourage le loup.

— Mais... rien.

Je lui dirais tout à l'heure. Je ne veux pas gâcher sa bonne humeur.

Nous sommes arrivés devant les vestiaires répartis par espèces. Depuis le début de l'année, je squattais sans grande légitimité celui des magiciens mâles. Je sais maintenant que, en réalité, j'y suis parfaitement légitime. Même l'abominable Hector ne pourra rien y trouver à redire.

— À tout de suite ! me lance mon petit ami.

Je reste figé sur place. Il faut que je lui dise. Maintenant. Sauf que ma gorge est trop nouée et que rien n'en sort ! Le temps que je parvienne à produire un couinement, l'alpha est déjà parti.

Je pousse la porte du vestiaire, plein de mauvaise conscience. Hector, déjà présent, prend soin de faire comme si j'étais invisible, même si je vois sa main se crisper sur sa veste. Il craint peut-être que je la change à nouveau en essaim de guêpes. Ce que je pourrais bien faire, s'il m'embête encore. Et si j'arrive à me souvenir de la façon dont je m'y suis pris.

Je sors mes baskets. Faut-il d'ailleurs que je les porte pour le cours de vol ? Aucune idée. Sans doute que oui. Je ne vais quand même pas me balader pieds nus.

Pendant ce temps-là, Hector enfile son t-shirt, dévoilant les horribles boutons qui parsèment ses bras. Pour ma part, j'ai retrouvé ma peau toute lisse de fée grâce à la potion que m'avait remise M. Marlin, ce qui a été un vrai soulagement. Je sais, il ne faut pas accorder trop d'importance à la beauté extérieure. N'empêche...

Le magicien quitte le vestiaire aussitôt habillé. À aucun moment, il n'a pris la peine de me demander quand je voulais m'entraîner avec lui, nonobstant les instructions de M. Marlin. Cela dit, j'aurais sans doute été tenté de lui répondre "jamais", ce qui aurait été satisfaisant, mais peu productif.

J'étais prêt à sortir à mon tour lorsque je sens mon portable vibrer dans ma poche. C'est un SMS qui provient d'un numéro inconnu, ce qui provoque aussitôt ma méfiance. La dernière fois que j'ai obéi aux instructions d'un tel message, j'ai fini enfermé dans une horloge à voyager dans le temps. Le coupable était Hector, bien entendu. C'était une expérience intéressante, sans nul doute, mais je ne tiens pas plus que cela à la revivre.

Après un instant de réflexion, je clique tout de même sur le message. On ne sait jamais. Cela pourrait être important.

Bonjour Vivien. Je vous propose de venir prendre le thé dans mon bureau à 18 h. Armand Marlin.

Oh.

Je reste figé sur place. Voilà que le proviseur m'invite à prendre le thé ! Bon, il le fait parce qu'il est mon géniteur et s'y sent probablement obligé. Du moins, j'imagine. J'ignore la façon dont la paternité est supposée fonctionner. Je sais juste que Maman m'aurait invité à boire le thé tous les jours, si elle avait été professeure ici.

Je me demande soudain si M. Marlin a parlé de notre lien de parenté génétique à qui que ce soit. Je ne voudrais pas que quelqu'un d'extérieur à ma famille ou à Auguste l'apprenne. Hector ne paraissait pas au courant, en tout cas. Quant à Nour, elle semblait ne connaître que ma double nature. Tant mieux. Sinon, tout le monde va penser que ma bonne note en artéfacts est une simple preuve de favoritisme. Alors M. Marlin n'était même pas encore certain d'être mon géniteur lorsqu'il m'a mis cette note ! Je la dois donc à mon seul mérite (contrairement à l'épreuve de mathématiques, certes).

Je jette un œil dans le couloir. Aucune trace d'Auguste. J'espère qu'il n'est pas en train de m'attendre quelque part pour que nous allions ensemble sur le terrain de foot.

Avec un nouvel élan de mauvaise conscience, je me précipite vers le gymnase où se déroule le cours de vol. Je crois d'abord m'être trompé, car il n'y a personne. Puis je comprends que je suis simplement le premier prêt lorsque deux fées arrivent.

— Ooh, c'est vrai, tu peux suivre ce cours Vivien ! s'exclame l'une d'entre elles.

Puis elle pouffe de rire lorsque son amie lui chuchote quelque chose à l'oreille.

Tournant la tête, je fais de mon mieux pour les ignorer. Je me concentre à la place sur l'équipement du gymnase. Il y a toute sorte de... de trucs et de machins accrochés un peu partout. Je ne sais même pas à quoi ces installations diverses sont supposées servir. On dirait une salle de torture. Pour un peu, j'en viens à regretter le stade plein de boue sur lequel nous avons dû courir au premier trimestre. 

Mon stress monte d'un nouveau cran. Pourquoi ai-je voulu suivre ce cours ? Il n'est sans doute pas trop tard pour courir sur le terrain de foot, et...

Mais, quand je me retourne, je découvre que les lieux sont désormais envahis de fées qui me bouchent la sortie. La prof de vol est d'ailleurs parmi elles.

— Commençons par l'exercice de l'anneau pour nous remettre en forme, ordonne cette dernière. Mademoiselle Guyonvarc'h, voulez-vous bien donner l'exemple ?

Ma sœur s'avance aussitôt pendant qu'une file se forme derrière elle. Je lève les yeux et découvre un anneau assez large accroché au plafond. Oh, sommes-nous supposés passer à travers ?

Je regarde Morgane s'élancer la première. Ses ailes vombrissent tandis qu'elle fonce droit devant elle avec détermination. Juste avant de pénétrer dans le cercle, elle tend les bras en avant et fléchit ses ailes avant de ressortir de l'autre côté à toute allure. Elle fait alors demi-tour et se pose sur le sol en prenant l'air qu'elle a lorsqu'elle essaie de cacher à quel point elle est contente d'elle-même et n'y arrive pas très bien.

— Suivante ! crie la prof depuis l'autre côté du gymnase.

Titania passe la seconde, un peu moins à l'aise en raison de ses ailes de papillon moins mobiles. Elle parvient cependant parfaitement à réaliser l'exercice.

Je me mets tout au bout de la queue, espérant que le cours sera terminé avant que mon tour ne vienne. Sauf que la file ne cesse d'avancer. Plus que deux personnes devant moi. Plus qu'une. Plus qu'aucune.

— À votre tour, M. Guyonvarc'h, est obligée de me dire la prof en voyant que je reste figé sur place, tétanisé.

Désormais désœuvrées, toutes les fées du cours tournent leur attention vers moi. J'aurais préféré qu'elles regardent toutes ailleurs.

Je prends une grande inspiration et fais sortir mes ailes, provoquant quelques chuchotements chez mes camarades qui ne les avaient encore jamais vues (enfin sauf sur la vidéo Tiktok).

Au début, tout se passe plutôt bien. Je m'élève dans les airs à peu près correctement. Puis j'arrive en face de l'obstacle à traverser. De loin, il paraissait assez large. De près... beaucoup moins ! Est-ce que mon corps va seulement réussir à y passer ? Toutes les autres avant moi l'ont fait, mais...

Pendant que je réfléchis, je m'approche de plus en plus, car je ne maîtrise toujours pas le vol stationnaire que je suis censé pouvoir pratiquer. J'avance, j'avance... et je me retrouve face à l'anneau ! Plus d'autre choix : je dois le franchir.

Pang ! Mes ailes se prennent dans les bords, m'arrachant un cri. D'ailleurs, je me suis immobilisé. Pas parce que j'ai enfin découvert la technique du vol stationnaire, non. Parce que je suis coincé, l'anneau sous mon ventre, les jambes d'un côté et les bras d'un autre ! Sans doute traumatisées de leur entrée en contact brutale avec le métal froid, mes ailes se sont repliées et refusent de sortir à nouveau. Je me retrouve donc à me balancer sur cet anneau à une dizaine de mètres du sol, le derrière en l'air.

— Euh... au secours ?

Inutile d'espérer de l'aide de Morgane. En cet instant, elle doit certainement se donner beaucoup de mal pour faire oublier notre lien de parenté tant je dois offrir un spectacle ridicule.

La prof se met à voler à mon niveau.

— Que faites-vous donc, M. Guyonvarc'h, veut-elle savoir, comme si elle s'imaginait que je me balançais à une telle hauteur par plaisir.

— Je... je n'arrive plus à sortir mes ailes ! Et si je tombe, je vais certainement mourir, et...

J'entends un soupir.

— Je vais créer une bulle d'air, M. Guyonvarc'h. Vous n'aurez qu'à sauter. Vous survivrez.

Et elle redescend en m'abandonnant à mon triste sort. Je m'agrippe encore plus fort à l'anneau. J'aurais dû écouter Auguste et faire du foot avec lui. J'aurais été nul, certes, mais je ne me serais pas retrouvé dans une telle situation.

Je jette un coup d'œil vers le bas. Il me semble percevoir un léger chatoiement.

— Sautez M. Guyonvarc'h, me crie la prof depuis le bas.

Après trois secondes de pure panique, je lâche l'anneau et me laisse tomber dans le vide en poussant le hurlement de ma vie. Pong ! Moins d'une seconde plus tard, je m'enfonce dans quelque chose de mou. J'y rebondis et en suis expulsé. J'atterris à plat ventre sur le sol du gymnase, le souffle coupé.

Je me redresse, les joues en feu.

Au moins, je ne suis pas mort. À moins que la honte ne me tue d'ici quelques secondes. 

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