Le lycée des Surnaturels (tom...

By Herrade_Riard

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Tome 2. La lecture préalable du tome 1 est indispensable. Après les événements de la Tour Eiffel, Vivien fai... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20

Chapitre 10

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By Herrade_Riard

Je prends plusieurs grandes bouffées d'air en sortant enfin de cette tour. Il fait toujours froid, même si la neige a eu le temps de fondre depuis le 21 décembre.

Nous prenons le RER A pour gagner le centre de Paris. Je me laisse balancer par les secousses, l'esprit ailleurs. M. Marlin a raison, je m'en suis bien tiré. Le Grand Conseil aurait pu faire preuve de bien plus de sévérité envers moi. Heureusement, ses membres étaient trop occupés à se hurler dessus pour trop faire attention à moi. Et je n'ai même pas eu à sortir une vérité convaincante !

Je resserre mon poing contre la barre de maintien. À partir de maintenant, plus de mensonge. Je me contenterai toujours de la vérité vraie. Je n'ai plus rien à cacher, après tout.

— Vivien, chéri, nous descendons-là ! me dit soudain Maman.

Je sursaute et m'empresse de fendre la foule pour sortir du wagon.

Une fois bien au chaud dans un café, on ne me demande heureusement pas d'entretenir la conversation, car Maman et M. Marlin s'en chargent très bien tout seuls. Ils sont si occupés à se remémorer des souvenirs de leur scolarité qu'ils laissent refroidir leurs chocolats chauds. Je sirote le mien de mon côté en me sentant de trop.

Maman a la même expression radieuse sur le visage que lors de ses premiers jours avec un nouvel Envoûté. De son côté, M. Marlin ne cesse de passer une main dans ses cheveux pour se donner un air avantageux.

J'avale une part de brioche, un peu agacé par leur manège. J'espère quand même qu'ils ne vont pas vouloir se remettre ensemble. Ça serait vraiment bizarre. Et Morgane ne le prendrait pas bien du tout, la connaissant.

Cela dit, Maman est l'une des seules à accepter ma relation avec Auguste. Je serai donc bien ingrat de juger la sienne. Oui, je la soutiendrai quoi qu'il arrive, même si elle veut se mettre en couple avec mon proviseur (qui se trouve aussi être accessoirement mon géniteur).

Maman et M. Marlin continuent à jacasser tout au long du trajet vers le lycée. Je les suis en tirant ma valise qui est tout de même plutôt lourde. Heureusement, nous sommes à présent tout proches de l'Institut, et...

M. Marlin nous fait soudain signe de nous arrêter à un tournant. Surpris, je regarde par-dessus son épaule et ai un choc. Tout un attroupement se trouve rassemblé devant les portes du lycée. Et ce ne sont manifestement pas des élèves attendant de rentrer, vu les âges disparates. Certains d'entre eux semblent être des journalistes, à en croire leurs appareils photo et caméras. D'autres brandissent des pancartes. Je n'arrive pas à lire ce qui y est écrit, car elles sont tournées dans l'autre sens. Je suppose, néanmoins, qu'il ne s'agit pas de messages de sympathie. Des policiers sont positionnés un peu à l'écart, surveillant la foule.

— Ils sont là depuis quelques jours, explique le proviseur d'un ton léger. Apparemment, quelqu'un a reconnu l'uniforme de l'Institut sur la vidéo.

Je le savais déjà, puisque je suis un lecteur assidu des commentaires. Pour autant, je ne m'étais pas imaginé les répercussions que cette révélation a entraînées.

— Comment allons-nous rentrer dans le lycée ? je m'inquiète.

Je n'ai pas la moindre envie d'être filmé et de finir à nouveau sur TikTok. Une fois m'a suffi. Je suis assez célèbre comme cela.

— Nous allons utiliser le trou dans le mur latéral, répond tranquillement le proviseur.

Je sursaute, surpris.

— Je pensais que les professeurs ne connaissaient pas l'existence de ce trou, j'avoue.

M. Marlin me sourit.

— Peut-être pas les plus vieux. Mais ce passage existait déjà du temps où votre mère et moi étions élèves ici, puisque c'est moi qui l'ai créé.

Je le regarde avec de grands yeux.

— Quoi ?

— Nous voulions sortir en ville plus souvent que simplement le week-end, admet Maman en gloussant.

Elle échange avec le proviseur un regard complice.

Je suis scandalisé. Certes, j'ai moi-même utilisé ce trou pour sortir en douce du lycée. Mais je n'aurais pour autant jamais eu l'idée d'en créer un moi-même. M. Marlin était un vrai délinquant ! Comment a-t-il pu devenir proviseur ?

Nous contournons le mur tous les trois et jetons un regard méfiant tout autour de nous. Personne en vue. Il ne manquerait plus qu'un journaliste nous filme en train de disparaître dans le trou !

Maman s'arrête.

— Je vais te laisser là, Vivien chéri. Je suppose que les parents d'élèves ne sont pas autorisés à l'intérieur de l'institut.

Le proviseur toussote.

— Cela pourrait s'arranger.

Je fronce les sourcils.

— Non, répond cependant ma mère avec un sourire. Il faut que j'aille attraper mon TGV et récupérer mes deux filles cadettes. Oriande est encore un bébé et Mélusine peut parfois être... un peu destructrice, si on ne la surveille pas correctement.

— Je vous précède, Vivien, me dit M. Marlin dans un effort manifeste pour nous laisser un peu d'intimité. À une prochaine fois, Gwendoline.

— À bientôt, Armand.

Et le proviseur se met à quatre pattes pour disparaître à travers le trou. Trou qu'il a lui-même créé. Je n'arrive pas à m'en remettre.

Maman me presse dans ses bras.

— Les vacances passent toujours beaucoup trop vite, se plaint-elle. Comment vais-je tenir jusqu'à février sans mes deux grands ?

— On se téléphonera, je grommelle. J'aurais beaucoup de temps libre le week-end, puisque je suis privé de sortie.

L'étreinte se resserre encore davantage.

— Profite-en pour bien étudier et devenir un garçon magicien fée très savant.

Je soupire.

— Oui oui.

Et il est vrai que je n'aurais rien d'autre à faire.

Je fais d'abord passer ma valise, ce qui n'est pas si facile. M. Marlin aurait quand même pu créer un trou un peu plus grand, tant qu'il y était.

Je me retourne une dernière fois. Maman m'envoie des baisers de là où elle est.

Mon ventre se creuse et je m'en veux. Être triste lorsqu'on quitte sa mère est acceptable en maternelle. Cela commence à l'être beaucoup moins lorsqu'on est au lycée. Je ne suis plus un petit garçon.

Je me faufile à travers le trou. Comme à chaque fois que je l'ai fait, je me sens enveloppé par des sortes de crépitements qui proviennent probablement de la barrière. Ni Morgane ni Auguste n'ont jamais paru les ressentir. Je me demande soudain si c'est le fait d'être un magicien qui me fait percevoir un tel phénomène. Sans doute que oui. Il faudra que je pose la question à M. Marlin.

Mon inquiétude latente est soudain remplacée par un élan d'enthousiasme. Je vais apprendre la magie ! Et une magie que je parais maîtriser, contrairement à la féerique. Du moins, je l'espère. Si ça se trouve, je suis en réalité plutôt nul.

Mon ventre se tord, tout enthousiasme envolé. Oui, c'est malheureusement bien possible ! À mon âge, M. Marlin était manifestement capable de créer des trous dans des barrières magiques sans doute très puissantes. Moi, j'en serais bien incapable. La chose la plus impressionnante que j'ai faite jusqu'à présent a probablement été de transformer la veste d'Hector en essaim de guêpes. Et, encore aujourd'hui, j'ignore tout à fait comment je m'y suis pris. Oh, et j'ai tout cassé sur le sommet de la tour Eiffel, mais je préfère ne pas trop y penser.

Arrivé au bout du trou, je me relève en époussetant mes vêtements. Ici, on n'entend plus un bruit de la rue. Pénétrer à l'intérieur de l'enceinte de l'Institut revient un peu à se télétransporter hors de Paris. Je me retrouve au milieu d'un vaste parc arboré. Le corps principal du lycée - un ancien hôtel particulier du XIXe siècle - s'élève en arrière-plan.

La fonte des neiges a transformé le sol en champ de boue. Je dois soulever ma valise pour en épargner les roues.

Je rencontre de plus en plus d'autres élèves au fur et à mesure de mon avancée. Tous les regards se tournent vers moi sur mon passage. J'ai l'habitude d'attirer l'attention, bien sûr, en tant que seul garçon fée jamais né. Mais cette attention a toujours été empreinte de curiosité. Celle-ci m'est manifestement hostile.

J'avance dans l'allée centrale en faisant mine de ne rien avoir remarqué.

Mes camarades sont en droit de m'en vouloir. À cause de mes actions, notre existence est menacée. La présence des manifestants devant les portes du lycée en est une preuve manifeste.

Les loups - et en particulier les louves - sont ceux au regard le plus noir. À mon premier crime, s'ajoute celui d'avoir privé l'une des leurs d'Auguste.

En parlant du loup, j'aperçois soudain ce dernier juste en face de moi.

Mes ennuis disparaissent en un claquement de doigts. Mon petit ami est là.

Oubliant ma valise qui se casse la figure dans une flaque, je me précipite en avant. Auguste en fait de même et nous entrons en collision un peu plus vite que prévu. Je me sens poussé par l'arrière du fait du poids supérieur du loup (à cause de tous ses muscles). Ce dernier parvient cependant à nous stabiliser en me pressant contre lui.

J'ai l'impression que tout va instantanément mieux lorsque mon visage se retrouve collé contre son torse. Je m'enivre de son odeur que je n'avais pas pu respirer depuis deux interminables semaines. Je crève d'envie de l'embrasser, mais je n'ose pas le faire devant tous ces regards hostiles.

— Comment s'est passée ton audition ?

Je soupire en me calant contre lui.

— Pas trop mal. Je suis juste privé de sortie, je lui explique. Même le week-end.

Auguste entreprend de me caresser doucement les cheveux. Cette perspective ne paraît pas autant l'horrifier que je ne le craignais.

— Et bien, nous resterons au lycée, alors.

Ma gorge se serre.

— Mais cela nous privera de beaucoup d'expériences. Je... Je n'ai jamais joué au bowling, par exemple.

Le loup prend un ton rassurant.

— On peut être heureux sans avoir jamais joué au bowling.

Je relève la tête vers lui.

— Tu crois ?

Il me sourit.

— Bien sûr que oui.

Et il m'embrasse sans se soucier le moins du monde des autres et, tout à coup, jouer au bowling me paraît effectivement une activité très secondaire. J'en oublie même moi aussi les regards hostiles. Mes bras s'enroulent autour du cou de l'alpha. Oui, même le fait d'être responsable d'une faille de sécurité majeure pour le secret de l'existence des créatures surnaturelles me paraît n'être finalement pas si important. C'est peut-être M. Marlin qui m'a transmis les gènes de la délinquance, si ça se trouve.

Lorsque nous nous séparons finalement l'un de l'autre, le stress qui ne me quittait pas depuis des jours et des jours a enfin disparu. Il reviendra certainement, me connaissant. Mais, en attendant, je peux enfin profiter de mon petit ami (qui est le sosie en plus jeune de Gérald de Riv, au cas où j'aurais oublié de le préciser).

— Tiens, me dit soudain Auguste, je n'ai pas encore eu l'occasion de te remettre ton cadeau de Noël.

Il me remet un petit paquet assez grossièrement emballé, ce qui me touche, car cela montre bien que c'est bien lui qui s'en est occupé.

Je cherche ma valise des yeux.

— Moi aussi j'ai quelque chose pour toi.

Je finis par trouver mon bagage dans sa flaque. Heureusement, le cadeau n'est pas fragile.

Nous nous plantons l'un en face de l'autre, nos paquets dans les mains.

— Toi d'abord, commande Auguste.

Quand j'étais enfant, je considérais que plus un cadeau était gros et plus il devait être intéressant (ce qui était d'ailleurs souvent le cas). Celui-ci est tout petit, mais je suis certain qu'il serait extraordinaire, puisqu'il provient de mon petit ami. Je crois que je serais heureux même s'il m'offrait un cure-dent. Je le chérirais toute ma vie.

L'emballage est recouvert de Scotch difficile à retirer. Je finis cependant par y arriver et découvre ce qui s'y cachait. C'est un bracelet tressé en fil noir avec un cœur en bois accroché à la forme assez rustique.

— C'est ce qu'un loup offre à son âme sœur, m'explique Auguste. J'ai taillé le cœur moi-même, comme le veut la tradition. Certains sont plus doués que moi dans ce domaine, je dois avouer. Je... J'espère que cela te plaît quand même ?

Une fois n'est pas coutume, Auguste perd son assurance et se met à son tour à placer des points d'interrogation à la fin de ses phrases.

Je me sens aussitôt rougir jusqu'aux oreilles.

— Bien sûr que cela me plaît ! Mais je... Je ne suis pas ton âme sœur.

Auguste attrape mon poignet pour y accrocher le bracelet. Il est juste de la bonne taille pour moi.

— C'est tout comme. Tu es celui que j'ai choisi.

Mon rougissement prend une tête encore plus soutenue, chose que je n'aurais pas cru possible.

J'allonge le bras pour observer l'effet que produit le bracelet. On a l'impression qu'il a toujours été enroulé autour de mon poignet. Je ne le retirerai jamais. Sauf sous la douche. Faut-il retirer ses bracelets sous la douche ? Je demanderai à Morgane.

— À mon tour, maintenant, décide Auguste.

Pour ma part, je lui ai offert les trois premiers tomes de The Witcher (le roman) pour qu'il puisse combler son manque flagrant de culture générale sur ce sujet. Soudain, mon idée de cadeau paraît complètement terre à terre à côté de la sienne. Il est cependant trop tard pour changer, car le loup est déjà en train d'arracher le papier.

Mon rythme cardiaque s'accélère. À ma connaissance, Auguste n'aime pas spécialement lire. Qu'est-ce qui m'a pris d'avoir cette idée ? J'aurais mieux fait de... de... Je n'en sais rien ! Qu'est-on supposé offrir à un alpha qui a renoncé à son âme sœur pour vous ? On n'a pas idée de mettre une telle pression sur les épaules d'un simple garçon fée magicien !

Auguste a fini son déballage et est en train de lire la quatrième de couverture du tome 1.

— Oh, c'est l'univers que tu aimes tant, n'est-ce pas ?

Je tripote nerveusement mon bracelet.

— Hum oui. Mais tu n'es pas obligé de lire tout ça...

L'alpha me sourit.

— Cela fait longtemps que j'ai envie d'essayer. Et puis, je veux connaître tout ce que tu aimes.

Je me dandine.

— Bon... Tant mieux.

On pourra toujours passer mon week-end à regarder la série. Et je pourrais l'initier au jeu vidéo.

Nous sommes soudain interrompus par un toussotement. À contrecœur, nous nous écartons très légèrement l'un de l'autre pour faire face à la nouvelle venue. C'est Morgane, très nerveuse.

— Qu'est-ce qu'il y a ? je lui demande en m'efforçant de cacher ma contrariété.

Elle agite les bras dans tous les sens.

— Les résultats des examens du premier semestre sont affichés ! 

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