Les Chroniques d'une Reine _...

Par BndicteMaire8

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Jasmina tente de survivre à la nouvelle que son père, le roi vient de lui donner : elle et ses deux sœurs doi... Plus

chapitre 2 :
Chapitre 3

chapitre 1 :

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Par BndicteMaire8

             Un matin d’hiver, à l’heure où le soleil était déjà levé, où l’herbe restait encore gelée, le carrosse de Jasmina avançait à bonne allure vers sa destination finale. Le carrosse bringuebalant transportait la princesse qui peinait à garder son calme à force de se faire balancer de chaque côté. Elle ne traversait pas le pays seule, en effet, toute une suite se joignait au voyage, pour certains à pieds, pour d’autres, plus chanceux à cheval. L’air était si froid que les naseaux des chevaux éjectaient des nuages de chaleur à chaque respiration. 

           Le voyage était silencieux, seul le bruit des roues de la carriole résonnaient sur les chemins, jusqu’à ce que des soldats armés se mettent à se disputer à propos du chemin qu’il restait à faire. Jasmina les entendait parler de plus en plus fort, si bien qu’elle put entendre de quoi il s’agissait : 
- Le roi nous a demandé d’emmener sa fille directement chez le Duc de Skarsgard, alors c’est ce que nous ferons ! beugla le premier.
-Nous avons reçu un nouvel ordre du roi ! Vous devez ramener sa fille au château royal, ajusta le second. J
-  Je vais emmener cette fille là où le roi m’a demandé de l’emmener. Vous voulez être celui qui sera accusé de trahison parce que vous n’aurez fait ce que l’on vous demandait ? Pas moi.
-Vous lirez vous-même cette missive ! fit le second en lui tendant un bout de papier. Je ne serai pas celui qui se fera couper la tête ! De plus, je suis votre supérieur, je prends le contrôle de cette horde .
Jasmina tenta d’engager la conversation avec le soldat qui passa devant la fenêtre de son carrosse, en vain. C’est au bout d’un long moment, qu’il repassa devant elle et lui dit tout simplement : 
- Vous rentrez chez vous, princesse.
Interloquée, elle lui demanda pourquoi. Il ne lui répondit pas.
Elle devait se marier avec le Duc Skarsgard, afin de permettre à son père d’obtenir des troupes supplémentaires, pour gagner la guerre que le roi menait contre son homologue du royaume de l’Est depuis plus de trente ans.
Sans en attendre davantage, la caravane fit demi-tour et la princesse n’eut pour seule compagnie que le silence des hommes et le brouhaha du vent frigorifique de l’hiver du Nord. 

***

Trois jours plus tôt, le roi du Nord avait rencontré le roi de l’Est, sur la demande du roi de l’Est. 

Les deux rois s’étaient donc donné rendez-vous sur un champ de bataille boueux, par un temps pluvieux. leurs pieds s’enfonçaient dans la vase jusqu’aux chevilles. 

L’un des écuyers du roi déposa deux tabourets sous une tente improvisée qu’essayaient de maintenir quatre pauvres soldats choisis à la courte paille. 

Le roi du Nord s’installa sur son tabouret sans dire un mot, laissant la pluie tambourinant sur la toile tendue combler le silence. 

Le roi de l’Est fit de même. Il observa longuement de ses yeux noirs, au regard aiguisé comme celui d’un condor, son vieil ennemi. Il était devenu gravement gros. Certains disaient qu’il ne voyait plus ses pieds lorsqu’il s’asseyait. 

Le roi du Nord étudia longuement son grand ennemi aux cheveux entièrement blanchis par l’angoisse de la guerre, mais fut surpris par la silhouette toujours svelte de ce dernier. D’ailleurs, il avait eu des échos des combats qui racontaient que le roi de l’Est s’était joint plusieurs fois aux combats, et qu’il avait accompagné ses hommes au combat. 

“Prétentieux” pensait Le roi du Nord. 

La pluie tombant toujours sur le dais rouge tendu entre quatre bâtons, le roi de l’Est tendit un papier roulé à son homologue. 

Ce dernier marqua un temps avant de s’en saisir. 

Il le déroulait lentement, presque précautionneusement, se mit ensuite à lire. 

Il prit son temps pour analyser chaque mot, chaque signe inscrit à l’encre noire sur le papier. 

Il laissa sortir un rictus sarcastique avant de regarder le roi de l’Est de nouveau, de hocher la tête et de lui tendre la main, afin qu’il la serre. 

Vikaitat, le roi de l’Est tendit sa main, vers celle qui l’était déjà. 

Un accord était trouvé. 

Vikaitat fit un signe de l’autre main et un soldat apporta l’encrier de sa majesté, sortit une plume d’une sacoche et tendit l’ensemble à son roi. 

Vikaitat prit la plume, la trempa dans l’encre, tout en regardant son homologue, apposa sa signature sur le document. Il tendit ensuite la plume au roi du Nord qui s’en saisit. 

La scène était d’une lenteur et d’un silence accablants. 

Le roi du Nord signa le document. 

Il sourit à son meilleur ennemi et s’en alla. Laissant Vikaitat seul. Il ne mit pas longtemps pour lever le camp également, braver la pluie et rentrer chez lui. 

***

Le retour au château de son père ne fut pas plus glorieux que le voyage que Jasmina venait d’effectuer. 

Ses sœurs l’attendaient, debout, sur le côté de l’allée qui menait jusqu’au trône royal. L’une, la plus grande, blonde, la regardait avec l’envie fracassante de la tuer, et la deuxième, plus douce, aux cheveux de feu apaisait la situation de sa simple présence, réconfortante. 

Les yeux de la plus grande signifiaient que le roi venait de leur annoncer quelque chose qui ne leur avait pas plu. D’ailleurs, Eugénie, la blonde, l’aînée, tenait Jasmina responsable de la situation. Erza, la benjamine, n'avait cure de ce que leur père venait de leur annoncer. La jeune femme avait d’autres projets. 

Jasmina avança jusque devant son père, se mit à genoux et prosterna devant le roi, en lui faisant ses salutations. 

Ce dernier était assis à côté de sa femme, sur un trône en bois aussi large qu’un carrosse. Cet homme était gros, gras comme un cochon, ses trois mentons témoignaient de ses connaissances dans les arts de la cuisine. Il portait un bouc et des cheveux longs roux, clairsemés. Cet homme était un géant et approchait les deux mètres de haut, ce qui le rendait presque effrayant. Celui qui osait s’opposer à lui était soit fou, soit suicidaire. Dans sa jeunesse, le roi était un bretteur agile et rapide, un lutteur hors pair et un archer très sûr. 

Lorsqu’il vit Jasmina, contrairement à sa femme, il sourit. Ses yeux s’illuminèrent et il tapait la paume de sa main sur l’accoudoir de son trône : 

- Ah ! tonna-t-il. Ma fille ! Tu es enfin là ! 

“Ma fille” pesta silencieusement Eugénie. 

- Je vais enfin pouvoir te dire ce que j’ai dit à tes sœurs. Nous avons gagné la guerre ! Pour sceller cette victoire, le roi Vikaitat nous propose une alliance. 

- Très bien, père, répondit Jasmina.
- Vous épouserez donc ses fils.
“Ce doit être une erreur” pensa Jasmina. Son cœur manqua un battement.
- Cela se fera dans deux mois. 
- Tu n’as pas intérêt à nous faire faux bond, asséna la reine en arborant son visage le plus aigri. 

- Non, mère….
- Tais-toi, femme ! tonna de nouveau le roi. Moi, Eric LeGros, je proclame une nouvelle ère ouverte ! Une ère de puissance, où notre famille irradiera le monde de sa nouvelle influence ! Nous serons riches, mes enfants ! Tu peux te relever, mon enfant, dit-il d’une voix plus douce.


Jasmina se releva et rejoignit ses sœurs dans la file, debout, les mains jointes devant, comme on leur avait appris depuis petites. 

***

Jasmina fut autorisée à retrouver ses appartements, en partie détruits par les combats et les incendies durant la guerre, ses murs de pierre troués, rafistolés avec des planches de bois, faute de mieux. Elle ne rangea pas ses affaires de ses coffres de transport. Elle savait qu’elle partirait deux mois plus tard, elle n’avait pas envie de tout défaire pour recommencer plus tard… 

Eugénie entra en trombe dans la chambre de Jasmina, elle n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit qu’Eugénie attrapa sa gorge et la plaqua au sol pour l’étrangler et la frapper, aussi fort qu’elle pouvait ! 

Jasmina suffoquait pendant que son aînée lui parlait : 
- Tu te crois plus maline que tout le monde ? C’est ça ? Père t’aime plus que moi et il te voue un culte, mais ne t’inquiète pas, il n’est pas éternel, Jasmina. Tu me pourris la vie depuis que tu es venue au monde ! 
- L… lâche-moi…. toussota Jasmina. 
- Je me serais bien passée de ta naissance, mais voilà, tu es là ! Lorsque je serai reine de l’Est je te ferai vivre un enfer ! 

- Je suis…. déjà… en enfer….
- …. Tu vas connaître la vraie douleur, Jasmina, la vraie. 


Erza entra dans la pièce et écarta les deux filles l’une de l’autre. 

Jasmina reprenait sa respiration douloureusement et se tordait de douleur. 

- Vous êtes stupides ! Toutes les deux ! Vous croyez que cela plairait à mère ? lança Erza à ses deux sœurs. 
- Mère a été bafouée chaque jour depuis que père a décidé de garder Jasmina ! Elle est encore bafouée par le simple fait que cette raclure respire encore ! 

- Eugénie ! l’arrêta Erza. 

- Si père n’était pas là….
- …. tu te tais ! asséna Erza à Eugénie. Ne provoque pas les dieux d’en bas ! 

- Toi et tes dieux …! 

Eugénie en eut assez et décida de s’en aller. 

Erza ramassa Jasmina et la guida jusqu’à son lit. 

- Tu n’aurais pas dû rentrer. 
- Crois-tu qu’on m’ait laissé le choix ? rétorqua Jasmina sarcastiquement. 
- Je ne rigole pas, Jasmina. Tu aurais dû t’enfuir. Personne ne connaît ton visage, tu aurais juste disparu dans la nature et tu aurais refait ta vie. 


Jasmina regardait droit dans les yeux de sa sœur en marquant une pause, incrédule.
- Alors c’est ce que tu penses, toi aussi ? 
- Non, Jasmina, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. 
- Tu penses que tout irait bien mieux si je disparaissais !
- Non, loin de là. Je préfère de loin que tu sois là. Mais Eugénie ne te lâchera jamais. Elle recommencera certainement à s’en prendre à toi. Je pense juste que tu aurais dû partir pour éviter de souffrir plus. 


Jasmina persifla. 

- Écoute, laisse-moi faire mon chemin. Je n’ai pas plus envie que vous d’être la favorite de notre père, ni le souffre-douleur d’Eugénie et encore moins un poignard plongé dans le cœur de mère chaque jour que les dieux font ! Je n’ai jamais rien demandé de tout cela. D’ailleurs si père m’aimait vraiment, il ne m’aurait pas envoyée dans un froid glacial, traverser le pays, pour épouser un parfait inconnu en échange de troupes.

- C’est une autre conversation qu’on aura plus tard, souffla Erza. En attendant, je te demande juste de faire profil bas. fais en sorte que mère et Eugénie oublient que tu existes au moins jusqu’au mariage.


Jasmina regarda le sol, parce qu’elle ne trouvait aucun soutien dans sa famille. Elle naviguait de devoirs en devoirs et elle faisait tous les jours en sorte qu’on n’ait rien à lui reprocher, mais elle l’impression que ce n’était pas assez. 

- Peut-être que tu as raison. Je vais m’arranger pour qu’on ne se rende pas compte de mon existence. 


Jasmina prenait un ton tellement froid qu’Erza plissa légèrement les yeux suspicieusement. Elle se mit à penser que Jasmina allait faire quelque chose de stupide…

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