UNFAIR

By OceGH29

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Au-delà des étoiles, dans le secret de l'univers, la Lune s'éprend du soleil... Moon Bailey n'a qu'un seul ob... More

Préambule
Chapitre 1 : Éternel recommencement
Chapitre 2 : Putain de canular
Chapitre 3 : Sentiment de déjà-vu
Chapitre 4 : Una Mattina
Chapitre 5 : Fils à maman (1)
Chapitre 5 : Fils à maman (2)
Chapitre 6 : Drapeau blanc
Chapitre 7 : Moon Bailey
Chapitre 8 : Hallelujah
Chapitre 9 : Les larmes aux yeux
Chapitre 10 : Affrontement sous haute tension (1)
Chapitre 10 : Affrontement sous haute tension (2)
Chapitre 11 : J'aime les licornes
Chapitre 12 : Et si ?
Chapitre 13 : Cha Cha Cha
Chapitre 14 : La Diseuse de bonne aventure
Chapitre 15 : Le soleil et la lune
Chapitre 16 : L'espoir tue, Sunny
Chapitre 17 : Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

PROLOGUE

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By OceGH29

Dans les confins de l'univers,
Cachée sous les étoiles,
Noyée par la lumière,
Étouffant derrière le voile,
Se meurt la Lune...

Y'a-t-il autre chose ?
se demande-t-elle, parfois.
Quelque chose pour moi ?
se lamente-t-elle, morose.

Mais seul le silence lui répond.

Jusqu'à ce qu'il se lève...
Le Soleil.
Et qu'il l'embrase,
Et qu'il l'embrasse,
Et qu'il lui fasse...
Enfin ressentir quelque chose.

Il lui brûle la peau,
Il lui échauffe la joue,
Il lui insuffle à nouveau,
Le goût de la vie.

Mais lorsqu'il arrive,
elle disparaît.
Opposés l'un à l'autre,
À un bout chacun de la galaxie.
Elle est condamnée à aimer,
En vain...
Celui qui la tue chaque matin.

🌙

« Il n'y a pas de place pour moi dans ton monde, Sunny... Laisse-moi m'éteindre... J'ai besoin de disparaître... Parce qu'il n'y a que dans le noir que je discerne l'éclat de ma propre lumière. »

🌙



2 avril 2013,

Ce n'est pas juste, songé-je, accablé par le poids des regards accusateurs que les cinq agents de police posent sur moi. Non, ce n'est vraiment pas juste...

Incapable de supporter le jugement qui assombrit leurs yeux noirs, je détourne le visage et refoule un sanglot déchirant tandis qu'une vive douleur irradie à la base de ma colonne vertébrale, remontant vers ma nuque avant de redescendre dans mes bras et jusqu'au bout de mes doigts.

J'ai si mal, J̶'̶a̶i̶ ̶t̶e̶l̶l̶e̶m̶e̶n̶t̶ ̶h̶o̶n̶t̶e̶ ̶, que mes dernières forces, t̶o̶u̶t̶ ̶c̶o̶m̶m̶e̶ ̶m̶a̶ ̶d̶i̶g̶n̶i̶t̶é̶ ̶, finissent par m'abandonner.

Soudain, l'arme que je serrais dans mon poing comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage dans cet océan de perdition m'échappe des mains, glisse le long de mes phalanges tuméfiées et heurte le sol dans un bruit assourdi par l'épaisse flaque de sang qui commence déjà à se former à mes pieds.

Je suis blessé.

Je souffre.

Mais ils s'en foutent, putain !

En tout état de cause, les habitants de Port Isabel n'en ont jamais rien eu à faire, de moi. J'ai toujours été seul, le mouton noir de cette ville qui se veut accueillante, mais qui n'est en réalité qu'une extension VIP de l'enfer, le huitième cercle réservé aux âmes à la dérive. Ces flics qui me dévisagent avec leurs petits yeux fourbes profondément enfoncés dans leurs orbites ne valent pas mieux que les élèves qui m'ont harcelé, les professeurs qui les ont laissé faire... ou mes propres parents, qui n'ont absolument rien tenté pour m'aider. Tout comme eux, ces hommes censés représenter la justice sont restés indifférents à ma détresse pendant des semaines, des mois, des putain d'années.

Pourtant, j'ai essayé de les faire réagir, j'ai imploré leur pitié, j'ai pleuré en les avertissant : un jour, il y aura un drame.

Et voilà, c'est arrivé...

C'est injuste.

Pas pour eux, mais pour moi.

J̶e̶ ̶s̶a̶v̶a̶i̶s̶ ̶q̶u̶e̶ ̶j̶e̶ ̶n̶'̶a̶u̶r̶a̶i̶s̶ ̶p̶a̶s̶ ̶d̶û̶ ̶a̶v̶o̶i̶r̶ ̶d̶e̶ ̶l̶'̶e̶s̶p̶o̶i̶r̶..

Seigneur, je ne voulais pas que ça se passe comme ça... J'ai essayé de résister, de tenir le coup, d'encaisser les insultes, les brimades, les violences, tant physiques que mentales. Je le jure. J'ai vraiment tout fait pour éviter de commettre l'irréparable.

Mais on ne m'a pas laissé le choix.

— Moon ! hurle Maxwell, caché derrière la portière de sa voiture de patrouille, son arme de service braquée en direction de ma tête. Mets les mains en l'air !

Deux autres véhicules sont stationnés près du sien, gyrophares allumés et sirènes hurlantes, et quatre policiers que je ne reconnais que de loin me pointent aussi avec le canon de leur flingue. La nuit est éclaboussée de rouge et de bleu, au point où je n'en discerne même plus les rayons argentés de la Lune. J'ai bien conscience que le moindre faux-pas déclencherait une pluie de plombs. Je n'aurais qu'à avancer de quelques centimètres, qu'à bouger un peu brusquement les bras, pour recevoir une rafale de balles mortelles dans la poitrine. Ils meurent d'envie de tirer, je le vois à la sueur qui emperle leur front et à l'angoisse qui altère leurs traits crispés par la concentration. Ils ont le majeur bien ancré sur la gâchette, prêts à m'abattre tel un chien malade, à m'ôter cette vie que leur lâcheté a largement contribué à gâcher. Ils respirent vite et fort, comme s'ils venaient de courir, et une partie de moi ne peut s'empêcher de s'en réjouir, parce qu'on dirait presque qu'ils ont peur...

Un sourire un brin sarcastique transperce le voile de larmes et les éclaboussures de sang qui encroûtent ma figure contusionnée, pleine de plaies, de bosses et d'hématomes plus ou moins cicatrisés.

P̶e̶r̶s̶o̶n̶n̶e̶ ̶n̶e̶ ̶s̶'̶e̶s̶t̶ ̶j̶a̶m̶a̶i̶s̶ ̶s̶o̶u̶c̶i̶é̶ ̶d̶e̶ ̶m̶o̶i̶...

Ouais, il semblerait bien qu'ils soient terrifiés par le monstre qu'ils ont eux-mêmes façonné. Moi, l'ignoble reflet de leur image, l'épouvantable vérité cachée derrière leurs mensonges, je les effraie par la justesse presque criminelle que je retransmets de leur laideur. Et je crois que c'est la seule preuve de justice que j'obtiendrais ce soir.

— Mains en l'air, Moon ! répète Maxwell, son arme tremblant d'une façon quasi-imprescriptible. S'il te plaît... Ne m'oblige pas à te faire ça, gamin...

L'espace d'une brève seconde, j'envisage très sérieusement la possibilité de me jeter sur eux afin de les forcer à me tuer, pour la simple et bonne raison que je ne peux pas vivre avec ce que j'ai fait... Non, rectification : je ne veux pas vivre avec ce poids accablant sur la conscience. C'est tout simplement au-dessus de mes forces. J'avais déjà bien trop de cauchemars dans la tête avant le drame, ma vie n'étant alors qu'une vaste étendue de ténèbres émaillée, ici et là, de quelques éclaircies temporaires... mais à présent, je sais que je ne pourrais plus jamais expier le mal qui me ronge. Ils ont gagné, j'ai perdu. La colère, la rage et toute cette putain de rancoeur ont achevé de me faire sombrer dans la folie. Elles m'ont empoisonné, corps et âme, et me font pourrir de l'intérieur, au point où je suis quasi-sûr d'avoir définitivement perdu l'esprit - comment aurais-je pu faire ce que j'ai fait, dans le cas contraire ?

La méchanceté de l'humanité a consumé mon âme... et a fini par me transformer en meurtrier.

J̶e̶ ̶l̶e̶s̶ ̶a̶v̶a̶i̶s̶ ̶p̶r̶é̶v̶e̶n̶u̶s̶,̶ ̶p̶o̶u̶r̶t̶a̶n̶t̶...

Un sentiment horrible m'immole la poitrine tandis que j'amorce un premier pas vers la mort. Ou plutôt, la délivrance. Parce que je ne me fais plus aucune illusion : il n'y a que dans le néant que je connaîtrais le véritable repos.

Et n'est-ce pas le comble de l'injustice ?

Dire que je ne trouverais la paix que dans la haine, moi qui ai toujours eu une sainte horreur de la violence...

Je ne devrais pas être là, recouvert de beaucoup trop de sang pour qu'il ne puisse s'agir que du mien, le corps brisé, le cœur fracassé et l'âme irrémédiablement souillée. Une vie meilleure m'attendait ailleurs, très loin d'ici, à des milliers de kilomètres. Hélas, j'ai été trop faible pour résister à la compulsion maladive de me venger.

La victime qui devient le bourreau... s'il y a bien quelque chose de tragique à retenir de mon histoire, c'est que l'on se rappellera de moi uniquement pour mes crimes, et non pour tout ce qui les a motivés.

On oubliera ma souffrance.

On oubliera mes doigts cassés.

On oubliera mon tympan percé.

On oubliera toutes ces insultes infâmes qui servaient à me désigner.

On oubliera les humiliations, les coups, les horreurs que j'ai dû subir en silence pendant si longtemps que j'ai moi-même fini par m'y habituer.

On m'oubliera, moi... Moon Bailey, le gamin un peu bizarre du coin, qui rêvait de devenir pianiste, de parcourir le ciel dans une montgolfière et de se promener au Japon, sous les branches des cerisiers en fleurs... Car de toute façon, pour ces gens-là, je n'ai toujours été que « le PD », « la pédale », « le gay », ou bien encore, « la petite merde » qu'il faut à tout prix tabasser.

Je fais un deuxième pas vers l'avant...

— Moon ! s'époumone tout à coup une voix grave, douloureusement familière. Non, putain ! NON !

Soudain, mon cœur presque déjà mort revient à la vie et se met à battre si fort qu'il menace de m'exploser la cage thoracique. Je redresse brusquement la tête, un avertissement sanglant en équilibre précaire sur la pointe de ma langue... Et puis, comme projeté dans un énième cauchemar, je croise le regard ambré de Sunny Allison, l'unique personne au monde à m'avoir jamais donné l'impression d'être important.

D'être compris.

D̶'̶ê̶t̶r̶e̶ ̶a̶i̶m̶é̶..

— Pitié ! hurle-t-il à s'en rompre les cordes vocales, ses cheveux blonds tout ébouriffés tandis qu'il remonte l'allée du lycée en courant imprudemment vers moi. N'avance pas, ou ils vont tirer !

J'entrouvre les lèvres pour lui ordonner de ne plus bouger, de rester là où il est. Déjà parce que je ne veux pas qu'il me voit dans cet état - je ne suis plus qu'une loque infâme. Et surtout parce qu'il risquerait de se retrouver lui-même sur la trajectoire d'une balle perdue. Mais l'un des flics l'intercepte avant que je ne puisse dire quoi que ce soit et le plaque au sol avec une telle violence que je perçois le craquement de ses os à travers tout mon corps.

Une giclée de sang écarlate jaillit de sa bouche.

Je vois rouge.

Rouge sang. Rouge passion. Rouge folie.

— Ne lui faites pas de mal ! grondé-je, ivre de rage. Putain, lâchez-le !

Mais le flic ne le relâche pas. Au contraire, il lui écrase la gorge avec son bras et lui plante son genou dans le milieu du dos. J'ignore pourquoi il fait ça... peut-être parce que Sunny est costaud et qu'il se débat comme un beau diable. C'est qu'il possède une grande force, mon soleil. Bien plus de force que moi, et dans tous les domaines.

Peu à peu, le magnifique visage de Sunny s'assombrit jusqu'à faire totalement disparaître sa lumière. Il lutte, mais lui aussi, il est condamné à perdre, ce soir...

Eh dire qu'il a bien failli réussir à me sauver.

C̶'̶e̶s̶t̶ ̶t̶e̶l̶l̶e̶m̶e̶n̶t̶ ̶i̶n̶j̶u̶s̶t̶e̶ ̶.

La gorge serrée, les larmes aux yeux, je sors ce que j'ai dissimulé dans le fond de ma poche, pousse sur mes jambes en dépit de la douleur et avance d'un autre pas...

D'un dernier pas.

Dans un ultime souffle.

💫

With all my love ❤️‍🩹🫂
Ravie de vous retrouver.

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