Le Joyau de Nostraria, tome 3...

Von casphada

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Attention, ceci est le tome 3 du Joyau de Nostraria. Hestia plongée dans le deuil de son âme sœur Éros depui... Mehr

Introduction
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9 - Eryk
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14 - Léandre
Chapitre 15
Chapitre 17 - Léandre
Chapitre 18
Chapitre 19 - Eros
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Eros
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34

Chapitre 16

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Von casphada

— Je peux rester ?

Le regard que me lance ma petite sœur me fait craquer. Ses grands yeux violets sondent mon âme et tentent de percer ma carapace. Je suis assise à mon bureau. Après ma rencontre avec Eryk et Alex, je suis revenue me faire bombarder de questions et de suggestions par mes conseillers. À présent, j'analyse nos forces armées en frontière et celle de l'ennemi au vu de nos renseignements. Une confrontation musclée a eu lieu dans le sud. Heureusement, nous n'avons pas de mort à déplorer, mais je sens que les tensions se font de plus en plus présentes en frontière. Nous étions dans une zone de flou depuis une dizaine d'années, les batailles se sont réduites au fil des ans, mais depuis quelques semaines ce genre de confrontations s'accumulent et j'ai conscience qu'une action doit être mise en place, sans pour autant savoir quoi faire.

L'obscurité recouvre lentement la pièce alors que le soleil termine sa descente dans le ciel. J'ai allumé quelques bougies. Ma sœur avance d'un pas dans la pièce en attendant ma réponse. Elle a les bras croisés dans le dos et porte l'une de mes robes. Je les mets peu souvent et surtout pour me donner l'allure d'une héritière, Lua a l'air plus à l'aise que moi dans cette tenue.

— Tu peux rester sans problème, mais je finis ça avant.

Le sourire qu'elle m'offre illumine la pièce. Elle referme la porte derrière elle et va s'asseoir dans le coin bibliothèque de mon bureau.

— Et est-ce que je pourrais dormir avec toi ?

Je détourne à nouveau le regard des feuilles étalées devant moi. Depuis qu'elle est arrivée, je sais qu'elle a dormi toutes les nuits dans la chambre de notre frère, sans doute pour se rassurer. Je pense que veiller sur Lua a également aidé Léandre, il se sentait tellement coupable quand nous avons appris que nos parents et notre sœur étaient détenus par le roi. Elle poursuit sans attendre ma réponse :

— Léandre a dit que tu serais d'accord... Et ce ne serait pas la première fois qu'on dort ensemble, elle déblatère sans savoir quand s'arrêter. Tu sais quand tu es partie ça m'a fait bizarre de ne plus t'avoir dans la chambre, elle paraissait trop vide sans toi...

— Lua ? je l'interromps.

Je ne pensais pas qu'elle avait mal vécu mon départ. J'étais tellement focalisée sur ce que j'allais vivre et sur l'angoisse de les quitter que je n'ai pas pensé à ce qu'ils ressentaient de me voir partir.

— Oui ?

Ses grands yeux sont fixés aux miens.

— Tu peux dormir avec moi. Il faut juste que tu saches que je me réveille fréquemment. Parfois, je vais me promener dans le château, donc si tu te réveilles et que je ne suis pas là, ne me cherche pas et ne t'inquiète pas.

Elle hoche vigoureusement la tête et me sourit. Face à son entrain, je me rends compte qu'elle a vraiment besoin d'une présence pour dormir. Je penche la tête sur le côté.

— Quand est-ce que les gardes du roi Horos sont venus vous chercher ?

— C'était il y a deux semaines, je dirais.

— Comment est-ce arrivé ?

— Nous nous cachions dans une ferme isolée depuis plusieurs jours. Nous avons dû changer quelques fois... Léandre nous a demandé de fuir l'endroit qu'il avait trouvé pour nous cacher. Ce jour-là, il avait retrouvé notre trace et nous avions reçu un message de lui disant qu'il viendrait bientôt nous chercher, mais j'ai été tiré du lit. Plusieurs gardes m'ont attrapé, j'ai entendu maman hurler, ils m'ont mis un sac sur la tête et je ne me souviens de rien à part mon réveil.

— C'est-à-dire ?

— Je me suis réveillée toute seule dans une chambre immense. Papa et maman n'étaient pas avec moi. J'ai essayé d'ouvrir les portes sans succès. Il y en avait une recouverte de coups de couteau, comme si quelqu'un avait déjà essayé de fuir.

À ces mots, je l'observe plus intensément. Serait-il possible qu'ils l'aient mise dans la chambre qui me servait de prison ?

— Que s'est-il passé une fois là-bas ?

— Le roi m'a fait appeler plusieurs fois. Il m'a posé des questions sur toi. Il voulait que je lui parle de notre enfance, comprendre quel genre d'enfant tu étais. Elle hausse les épaules. Comme si je m'en étais rendu compte, avec trois ans de différence, je te voyais juste comme... ma grande sœur.

— Et nos parents ?

— Je les ai revus une fois et ils allaient bien, mais c'est tout.

Je l'observe sans savoir quoi ajouter. Je sais par avance que je n'arriverai plus à me concentrer sur les différentes stratégies militaires. Je pose mes coudes sur le bureau et me frotte les yeux avant de croiser mes mains devant ma bouche. J'ai l'impression d'avoir pris 10 ans d'un coup. Toute cette situation me pèse et je ne sais pas comment m'en défaire.




Ça n'a pas manqué, je me réveille au milieu de la nuit. Comme à chaque fois c'est le vide que je ressens depuis maintenant des semaines qui m'empêche de faire une nuit complète. Je pensais que c'était la mort d'Éros qui m'avait laissé cette absence dans le creux de la poitrine, mais il est vivant et je ne me sens pas mieux. Je suppose que notre lien a été brisé. Je ne sais comment, ni si je peux le récupérer. Mes yeux sont grands ouverts et j'entends la respiration apaisée de ma sœur. Je tourne légèrement la tête dans sa direction. Je souffle faiblement pour ne pas la réveiller et m'extirpe de mon lit sachant pertinemment que je n'arriverais pas à m'endormir avant d'être sortie faire un tour. J'enfile les premiers vêtements qui passent. Je laisse ma petite sœur dans ce grand lit qui paraît démesuré pour une personne. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il était si ridiculement grand pour moi seule.

Je prends la direction du bar de salon du château en me disant qu'un verre ne serait peut-être pas de trop. Je laisse mes pensées divaguer alors que je marche par automatisme. Comme à mon habitude, ces pensées finissent toutes par me conduire vers Lui. Sans que je m'en rende compte, je finis devant la porte de la prison au lieu du salon où je comptais boire un verre. Je devrais faire demi-tour et ignorer cet appel. Je ferme les yeux et pose mon épaule contre le mur le plus proche. Les gardes m'ont vu, je suis face à eux, mais ils ne font aucun commentaire et je ne m'en plains pas.

Le vide qui me consume se fait ressentir plus ardemment, c'en est douloureux. Je pince les lèvres et me redresse. Je comble la distance qui me séparait des gardes, je n'ai pas à prononcer un mot, ils m'ouvrent la porte et je pénètre dans le couloir sombre. Personne ne me suit cette fois. Je fais apparaître une flamme pour m'éclairer alors que je descends les escaliers. Une fois en bas des marches j'éteins le feu ne voulant pas réveiller les prisonniers. Seuls quelques rayons de lune pénètrent par de minuscules fenêtres se trouvant bien trop hautes et trop petites pour que quelqu'un s'y glisse.

Mon regard explore les cellules et se pose finalement sur Éros qui dort dans le petit lit de sa geôle. J'ai l'impression que la douleur qui me consumait quelques minutes auparavant se tarit quand mes yeux se posent sur lui... Je me retourne et place mes doigts sur mes yeux.

— Mais qu'est-ce que tu fais là ? dis-je à voix basse pour moi-même.

— Je me posais la même question, me répond la voix de Léandre.

Je me rapproche des barreaux de sa cellule et il fait de même. Il poursuit en chuchotant avec véhémence :

— Tu ne devrais pas venir ici et encore moins seule.

— Je n'arrive pas à faire autrement...

Mon frère s'assure que son voisin dort toujours. Je ferme les yeux et me rends compte du ridicule de ma venue alors que personne ne sait que je suis descendue à part les deux gardes. Je hausse les épaules en rouvrant les yeux et en braquant mon regard a celui de mon frère.

— Est-ce au moins utile que tu sois enfermé ? Je suis sûre que c'est une perte de temps.

— Non, ce n'en est pas une ! Mais je ne veux pas en parler maintenant.

J'acquiesce sachant pertinemment que c'est idiot de parler de ça ici juste à côté du prince de Nostraria.

— Tu étais ici tout à l'heure, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête tandis que mon frère la secoue en plaquant un air dépité sur son visage.

— Il t'a vu.

— C'est bizarre.

J'entends un petit bruit et me recule prestement de la cellule de mon frère. Je fais quelques pas en direction de l'escalier. Mes yeux fouillent les ombres et je tombe sur le vieux prisonnier qui s'est redressé dans son lit et fouille l'obscurité.

— Il y a quelqu'un de réveillé ? demande-t-il à voix haute.

Sans réponse de ma part ni de Léandre, il réitère sa question.

— À cause de toi, je le suis à présent, annonce mon frère.

Il s'est posé sans un bruit sur son lit et fait mine de se lever. Le vieil homme se lève à son tour.

— J'ai cru entendre du bruit.

— Mais fermez là, on est en pleine nuit, intervient Éros d'une voix ensommeillée.

Le prisonnier qui parle bien trop fort au milieu de la nuit continue d'observer les environs. Je suppose que sa vue s'est habituée à l'obscurité puisque son regard tombe sur moi. Je suis appuyée contre le mur du couloir, les bras croisés.

— Les autres gardes font moins de bruits quand ils font leurs rondes, m'informe le vieil homme.

— Je tâcherais de faire attention la prochaine fois.

Au son de ma voix, je remarque un mouvement dans la cellule d'Éros. Il s'est relevé avec agilité et rapidité.

— Je doute que tu sois là pour faire une ronde, dit-il en plissant les yeux.

— Et pourquoi pas ?

— Parce que je ne connais pas un seul futur monarque s'abaissant a réalisé ce genre de tâche.

J'entends le prisonnier s'étouffer en apprenant qui je suis. Je me rapproche alors d'Éros.

— Parce que tu en connais beaucoup des futurs monarques ?

— De toute évidence, plus que toi.

Il penche la tête sur le côté pour m'observer. Je reste focalisée sur le prince de Nostraria tout en entendant le vieil homme se rapprocher. Alors que le prince et moi nous jaugeons du regard, je fais un étrange constat, je ne ressens plus aucune douleur dans ma poitrine et la sensation de vide s'est atténuée. J'arrive à respirer correctement, alors que j'étais à l'agonie.

Soudain, ma bouche s'assèche, tout devient noir autour de moi et je ne distingue que les yeux d'Éros. Une brume rouge et bleu apparaît autour de moi. J'ai un mouvement de recul en me rendant compte que je suis dans la cour d'entraînement des gardes de Nostraria. J'essaie de tourner la tête pour observer les lieux, mais je ne suis pas libre de mes mouvements. Je sens dans mon dos la barrière qui délimite l'arène d'entraînement. J'entends une flèche siffler, je tourne les yeux. Au dernier moment, je l'attrape en plein vol avant qu'elle ne me transperce. Je sens que la pointe a légèrement pénétré la peau de mon épaule droite. Il n'y a plus un son dans la cour. Tous les badauds observent la personne qui m'a tiré dessus en silence. La sonnerie annonçant le petit déjeuner retentit. Je relève les yeux et mon regard tombe sur Moi. Je prends un moment avant de comprendre que je revis une scène que j'ai déjà vécu, mais du point de vue d'Éros. Je regarde mon corps. Cette expérience me perturbe. Et soudain sans que je comprenne, j'entends la voix d'Éros comme si j'étais dans sa tête.

Elle a l'air furieuse. C'est elle qui vient de tirer ? C'était un beau tir... Elle m'a touché... C'est ... Intéressant.

Toujours en tant qu'Éros, je brise la flèche que j'ai en main et la jette au sol. Je sens que je hausse un sourcil et mon double m'imite. Je me redresse et marche vers Moi. Quand nous sommes face à face, je prends la parole :

— Vous venez de me tirer dessus, Hestia.

Je reviens brusquement à la réalité et expulse tout l'air de mes poumons. La pénombre de la prison me surprend par rapport à l'aube que je viens de quitter. Je relève la tête vers Éros qui a l'air tout aussi perdu que moi. J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais son bras passe brusquement à côté de mon visage, je sursaute et m'éloigne.

— Ne la touche pas !

Le vieil homme a passé son bras au travers des barreaux et s'apprêtait à me toucher. Éros l'en a empêché en agrippant violemment son poignet. L'homme tire sur son bras sans succès. Il ouvre la bouche dans un cri inaudible et une larme coule. Le regard d'Éros paraît vide de toute émotion, hormis la colère. Il lâche enfin le poignet du vieil homme. Ce dernier retire brusquement son bras, j'ai juste le temps de remarquer la marque rouge qu'arbore le vieux prisonnier. Cette marque commence à cloquer et je me rends compte qu'il a été brûlé.

Éros observe son œuvre, puis ses mains en fronçant les sourcils. Il relève les yeux et contracte la mâchoire quand ils tombent sur moi. Léandre commente :

— Mais comment ?

Je me posais la même question. Il est impossible qu'il puisse utiliser ses aptitudes dans la cellule et même en passant son bras au travers des barreaux. Cette prison a été spécialement conçue pour empêcher les détenus de faire appel à la magie.

Je me demande également pourquoi Éros est intervenu, il a l'air tout aussi surpris que moi par sa réaction.

— Qu'est-ce que tu as fait ? me demande-t-il.

— Je n'ai rien fait.

— Tu essaies de manipuler mon esprit en y implantant des illusions ?

— Ce n'est pas une illusion. C'est réellement arrivé.

— Tu as donc essayé de me tuer et je ne m'en souviendrais pas.

— Ça ne t'aurait nullement tué de recevoir une flèche dans l'épaule.

Il souffle bruyamment en contractant la mâchoire. Je lève les yeux au ciel face à ce petit manège qui ne fait qu'accroître son énervement et le mien par la même occasion. 

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