Comme ils le pressentaient, Jimin et Yoongi avaient à peine fermé l'oeil de la nuit.
Le lendemain lorsque Cho toqua à la porte pour venir les réveiller, elle ne fut pas étonnée de les trouver déjà assis dans leur lit, regardant la porte avec de grands yeux cernés.
— Maîtres... ce n'est pas raisonnable, vous êtes restés éveillés toute la nuit ? demanda-t-elle alors qu'elle connaissait déjà la réponse.
Cette dernière s'étalait en grand sous ses yeux, entre les baillements que Jimin essayait de réfréner de son mieux et Yoongi qui se frottait les paupières de ses poings fermés. On aurait dit deux enfants. Cho s'attendrit quelques secondes en voyant Jimin se lover dans les bras de Yoongi, ce dernier lui déposant de multiples baisers sur les cheveux.
— On arrivait pas à dormir, ce que tu nous as dit hier soir nous a trotté dans la tête toute la nuit.
— J'en suis bien désolée si c'est de ma faute, Maîtres. Je vous promets que dès que je serai sortie d'ici après le petit-déjeuner je m'empresserai d'aller quérir Madame. Mais en attendant, mangez, vous en avez besoin.
Elle disposa leurs petits-déjeuners sur la table habituelle et les deux jeunes hommes sortirent du lit en s'étirant maladroitement avant de s'installer. Jimin se blottit dans son fauteuil près de la fenêtre. L'été touchait déjà à sa fin et bientôt le vent fraîchirait, les feuilles des arbres se teinteraient de couleurs chatoyantes avant de tomber et l'automne prendrait ses quartiers avant de laisser la place à l'hiver. Cependant il faisait encore chaud pendant la journée malgré la fraîcheur de l'aube.
Ils mangèrent en silence pendant que Cho préparait leurs tenues du jour, quand les bols et tasses furent vides, la dame de compagnie assista Jimin dans son habillage pendant que Yoongi s'en occupait seul, comme à son habitude.
Une fois cela fait, elle débarrassa la table et sortit de la chambre pour rejoindre l'office et y déposer son chargement. Elle nettoya et essuya la vaisselle avant de la ranger à sa place et se dirigea ensuite rapidement vers les appartements de Park Soo.
Cette dernière était déjà habillée et lisait un livre en sirotant une tasse d'infusion de gingembre froide, nonchalamment installée sur un sofa.
— Bonjour Maîtresse, salua la jeune femme en s'inclinant à quatre-vingt-dix degrés après avoir été introduite auprès d'elle.
Soo posa son livre sur ses genoux, maintenant sa page avec son pouce et lui demanda l'objet de sa visite.
— Maîtresse, je pense qu'il faut que nous parlions aux jeunes Maîtres de nos projets.
— Pourquoi cela, Cho ? Quelque chose est arrivé ? s'inquiéta tout de suite la mère de Jimin.
— Et bien...
La Sigmul perçut immédiatement l'hésitation dans sa voix et s'assit de manière plus formelle, toute son attention portée sur ses paroles. Cho se sentit intimidée, cependant la maîtresse lui sourit aimablement et l'invita à s'asseoir.
— Raconte-moi, je sens quelque chose ne va pas. As-tu eu des nouvelles ? Ne sont-il plus d'accord de nous venir en aide ? Si c'est une question d'argent je peux y remédier.
— Non Maîtresse, ce n'est pas cela... Leurs Excellences... ont également voulu prendre leurs propres dispositions pour leur avenir... ils ont contacté un de leurs amis sénateurs.
— Un sénateur ?! Un ami ?! Mais... c'est impossible ! Ils n'ont pas d'amis sénateurs...
Soo était soudain devenue pâle. Si quelqu'un d'autre qu'elles était impliqué dans quoique ce soit, cela pourrait tout faire échouer.
— Les Maîtres m'ont dit qu'ils avaient reçu une lettre d'un ami sénateur, un certain... Kim Namjoon ? Il serait d'accord pour les aider à obtenir un certificat de mariage signé de leurs mains et ils pourraient ainsi obtenir un logement de fonction pour Maître Yoongi et Jimin...
— Je ne comprends pas... Kim Namjoon ? Le nouveau némésis de mon cher époux au Sénat ? Et par extention de Yoongi-ssi ?
Cho acquiesca vivement de la tête, les mains moites serrées entre elle.
— Maîtresse, je pense qu'il faut que nous parlions aux Maîtres de nos projets. Visiblement nous avons tous agit dans l'ombre sans nous concerter.
— Tu as raison... J'y vais de ce pas, viens avec moi.
La maîtresse de maison se leva de son sofa après avoir posé son livre et se dirigea vers la porte de son boudoir, précédée de Cho qui lui ouvrit avant de la laisser passer pour la suivre en refermant derrière elle. Elles traversèrent les couloirs de la demeure qui les séparaient des appartements du couple d'un pas pressé, Park Soo saluée avec déférence par tous les domestiques qui croisaient son chemin.
Arrivées devant les doubles portes derrière lesquelles les attendaient les deux jeunes hommes, Cho toqua et elles reçurent l'invitation à entrer.
— Bonjour mes enfants, déclara Park Soo en souriant avant de serrer Jimin dans ses bras et de saluer son gendre d'un hochement de tête.
— Mère, nous avons quelque chose à vous annoncer... commença Jimin d'un air timide après que tout le monde se soit assis, Cho demeurant debout derrière la maîtresse de maison.
— Je sais, mon fils. Cho m'a raconté dans les grandes lignes. Vous allez tout m'expliquer. Cho, dit-elle en se tournant vers la dame de compagnie, prends place à mes côtés.
Etonnée, la jeune femme hésita un instant avant de faire le tour du sofa sur lequel sa maîtresse s'était assise et s'installa au bord, le dos droit et les mains à plat sur les genoux.
— Bien. Cho me rapporte que vous avez contacté un sénateur ?
Yoongi et Jimin échangèrent un regard et le cadet glissa une main entre celles plus grandes de son époux qui prit la parole :
— Effectivement... Peut-être vous souvenez-vous de Kim Namjoon ?
— Je me souviens de lui. Il s'agit de l'opposant de votre grand-père et du père de Jimin au Sénat. Il me semble que vous avez été invité à faire partie de cette noble assemblée pour contrer ses projets de réformes, n'est-ce pas ?
— C'est exactement cela... cependant... je n'ai pas l'intention d'être contre lui. Je suis d'accord avec ses idées. De plus... vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes toujours soumis au bon vouloir de mon aïeul et de votre époux. Nous souhaitons nous défaire de ces entraves et pouvoir ainsi disposer de notre avenir et de notre lieu de résidence. J'ai proposé à Namjoon de rejoindre les rangs de ses partisans pour peu qu'il nous aide à obtenir un logement bien à nous en toute légalité. Il va nous fournir un contrat de mariage officiel que Jimin et moi pourrons signer en nos noms propres afin d'éviter la dissolution de notre union et de pouvoir ainsi quitter la maison Park et fonder notre propre foyer.
Yoongi se tut un instant, s'attendant à ce que sa belle-mère ait quelque chose à dire en réponse à ses explications. Cependant il n'en fut rien. Elle lui fit un petit signe l'invitant à poursuivre, son visage ne semblait pas en colère, seule la surprise et le souci peignaient ses traits.
— Je... j'ai conscience que ceci peut sans doute paraître risqué et peut-être précipité. Néanmoins nous y avons longuement réfléchis. Nous voulons vivre ensemble, sans pression de la part de nos familles, sans risque que notre mariage soit annulé par manoeuvre politique ou simplement parce que nous n'avons pas encore eu d'enfant. Nous voulons rester ensemble, librement.
Park Soo profita du silence qui suivit cette merveilleuse tirade pour essuyer ses paupières qui étaient devenues humides.
— Mère, ne pleurez pas, je vous en prie... murmura Jimin, peiné.
— Je pleure parce que vous m'avez émue. Je ne souhaite que votre bonheur, à tous deux. Bien entendu, vous voir quitter cette maison me chagrinerait, mais si c'est en sachant que vous serez heureux, alors je consens à ce sacrifice. Après tout, les enfants sont amenés un jour à quitter le nid...
Elle tamponna ses yeux légèrement avant de reprendre :
— Ce sénateur... êtes-vous certains qu'on peut lui faire confiance ?
— Jusqu'à présent il ne nous a donné aucune raison de douter de lui.
— Très bien... ce sera une bonne solution.
— Vous... vous êtes d'accord avec ce plan ? interrogea Jimin, incrédule.
— Oui. Je vous donne ma bénédiction et vous apporterai mon concours si vous en avez besoin. Comptez sur moi également pour vous protéger dans le cas où ce sénateur ne serait finalement pas un ami de confiance.
— Merci Mère !
Jimin se leva et se précipita dans les bras de sa génétrice qui le serra fort contre elle, heureuse de voir son cher enfant si soulagé qu'elle approuve leur projet.
— Bien, quelle est la prochaine étape ? demanda-t-elle en se tournant vers Yoongi.
— Nous avons rédigé la lettre de réponse, nous allons l'envoyer dès ce matin par l'intermédiaire du Professeur Kim.
— Donc votre correspondance transite par lui ? Est-il au courant de la teneur de vos échanges ?
— Il l'est.
— Prenez garde, moins en saurons sur vos projets et mieux cela vaudra. Si mon époux apprend ce que vous envisagez de faire, il fera tout pour y mettre un terme.
— Nous en avons conscience, c'est pour cela que nous ne nous sommes confiés qu'à un minimum de personnes.
Le Mul-Ui se tourna vers Cho.
— Nous te demandons pardon de ne pas t'avoir mise dans la confidence, Cho. Ce n'est pas que nous n'avions pas confiance en toi. Sache que notre idée était depuis le départ de t'inviter à nous suivre dans notre nouveau logis lorsque cela sera possible. Nous ne voulions simplement pas te donner de faux espoirs si Namjoon n'avait pas été d'accord de nous prêter assistance.
— Je comprends parfaitement, Maîtres. Vous n'avez aucune excuse à me présenter, répondit-elle en baissant la tête.
✤✤✤
Park Soo et les garçons discutèrent encore pendant quelques instants des modalités du contrat de mariage qu'ils signeraient ensemble et leurs permettrait de rendre caduc le précédent que les deux patriarches avaient signé à leur place. Tout du long, Cho resta muette, observant de temps en temps sa maîtresse du coin de l'oeil. N'allait-elle rien leur dire ? Qu'en était-il de leur propre projet ? A présent que ses maîtres avaient été francs avec elles et leurs avaient exposés la situation, elle se sentait affreusement mal de leur cacher plus longtemps ce qu'elles avaient mis en place. Elle pensa que si Park Soo n'abordait pas le sujet, c'était sans doute pour une bonne raison. Cho se promit d'en parler avec la maîtresse pour décider de quoi faire ensuite.
Quand la mère de Jimin prit congé, elle la suivit dans le couloir après lui avoir ouvert les doubles portes, laissant le couple dans leur chambre.
— Cho, si tu n'as rien de prévu à l'instant, j'aimerais que tu viennes avec moi, dit Soo en lui adressant un regard en coin.
— Bien maîtresse.
Elles firent le trajet en sens inverse, retournant vers les appartements de la maîtresse de maison, ne croisant que quelques domestiques çà et là.
Une fois seule à seule, la mère de Jimin se dirigea vers la porte-fenêtre et observa les jardins pendant un moment, plongée dans ses pensées. Cho resta debout, un peu en retrait en attendant qu'elle lui adresse la parole.
Quand la maîtresse eut rassemblé ses idées, elle se détourna du paysage des jardins baignés de soleil et du reflet lumineux qui dansait à la surface de l'étang.
— Je ne m'attendais certainement pas à ce qu'ils nous devancent ainsi.
Elle s'installa sur le sofa, jouant avec les plis de son hanbok.
— Je suis soulagée de constater que nous avions raison de croire en leur amour... que tu avais raison, Cho. Ils sont réellement épris l'un de l'autre et je pense qu'ils le resterons jusqu'à la fin. Ce qui me pousse à ne pas changer nos plans. Nous allons simplement conserver cette option, au cas où. Mais nous ne leur en ferons pas part tant que cela n'est pas absolument nécessaire. Je ne voudrais pas les perturber. Au pire tout cela n'aura pas été vain.
— Maîtresse, on raconte que le Prince à l'intention d'interroger tous les sénateurs pour déterminer si certains d'entre eux ont un lien avec l'attaque terroriste qui a eut lieu lors de l'inauguration du tram.
— Je suis au courant. Mon cher mari a manqué de discrétion sur ce point. Néanmoins, son agitation de ces derniers jours me laisse penser que peut-être...
Soo se tut, conservant pour elle ses pires craintes. Il était rare que son époux lui parle de ses affaires et du Sénat. Cependant elle savait observer et interpréter les signes et ses humeurs. Hors son mari semblait étrangement agité depuis le jour de la tentative d'assassinat à laquelle ils avaient assistés. Encore plus depuis que l'immunité des parlementaires avait été levée de manière si soudaine. Joignant les éléments ensemble, elle parvenait à une conclusion qui lui faisait froid dans le dos et elle espérait se tromper.
— Si Maître Yoongi et Maître Jimin quittent la ville maintenant, cela pourrait être très suspect aux yeux du Prince et de l'opinion, déclara Cho.
— Tu as raison. Il vaut mieux laisser ce Namjoon procéder de la manière qu'ils ont envisagée. Etant donné sa position et les faveurs du Souverain dont il jouit, s'il prend les enfants sous son aile ils n'auront rien à craindre. Malgré tout...
Park Soo se releva de son sofa et se dirigea vers son secrétaire. Elle tira une petite clé dorée glissée dans la large ceinture de son hanbok pour l'insérer dans la serrure correspondante et ouvrit les deux battants du meuble. Elle ouvrit un tiroir qu'elle tira à fond vers elle et appuya sur un panneau d'une manière qu'elle seule connaissait afin de révéler le double fond dont il était pourvu.
— Cho, puis-je te demander de faire parvenir ceci à ton frère ? Comme je le disais, je préfère que nous conservions cette option dans le cas où les choses tourneraient mal. Ceci devrait l'aider à préparer le nécessaire.
Elle se tourna vers la dame de compagnie et lui tendit une bourse de soie violette fermée par un cordon assorti.
— Si il s'avère que nous n'avons pas besoin de leurs services, qu'il conserve cette somme, en dédommagement.
— Il ne le conçoit pas comme cela, Maîtresse. Il sait que Maître Jimin est plus qu'un employeur à mes yeux.
Cho considéra la jeune femme pendant quelques secondes avant de prendre ses mains entre les siennes, refermant les doigts de la servante sur la petite bourse.
— Votre bienveillance à tous les deux fait honneur à la famille Jeon. Je n'aurais pas pu rêver mieux pour mon fils qu'une amie aussi dévouée, déclara-t-elle.
— Merci, Votre Excellence, c'est un honneur de chaque instant que de pouvoir vivre aux côtés d'un être aussi exceptionnel.
— Il l'est en grande partie grâce à vous.
Les deux femmes séparèrent leurs mains et Soo congédia la jeune femme qui cacha la petite pochette contenant plus de pièces d'or qu'elle n'en avait jamais vu de sa vie dans les plis de son vêtement. Elle ferait parvenir cette somme à son frère au plus vite, accompagnée d'une lettre lui expliquant les derniers évènements et l'invitant à rester sur le qui-vive dans le cas où elles feraient appel à lui.
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Ces derniers temps j'ai l'impression qu'à chaque fin de chapitre votre tête doit exploser.
🤯🤯🤯
Héhé, la suite dimanche !!!
D'ici-là prenez soin de vous et des bisous !
😘