Comme prévu j'ai pu trouver des contacts proches de ce fils de catin de Yaya. Ces personnes en question ne savent rien à propos de l'enlèvement de Rita mais ils vont quand même m'être utiles d'une quelconque manière.
Mes équipes ont quittés les rues parisiennes, je n'ai pas envie de les impliquer directement dans cette histoire. Je veux régler ça en grande partie, tout seul, moi et ma paire de grosses couilles. J'en ai rien à branler de l'influence de Nima Ventura, ils peuvent me dire ce qu'ils veulent, m'harceler d'appels, je suis un homme trop fier et têtu. Ça peut parfois me porter défaut je le sais mais c'est comme ça que je suis.
Être orphelin ça forge un caractère je dois l'avouer, je n'ai jamais eu besoin de quelqu'un. Aujourd'hui ne sera pas un jour nouveau.
Mes différents cellulaires ne cessent de sonner de tous les côtés, tout le monde est à ma recherche. Mes plus proches connaissances, Émilie & Brahim doivent être certainement inquiets de ne pas savoir ce que je compte faire.
S'ils me connaissent aussi bien qui le disent, ils devraient me faire confiance les yeux fermés.
Je ne suis plus totalement le même.
J'ai désormais des responsabilités nouvelles, notamment avec mon fils Jamel. Je suis certes toujours l'Alchimiste, ce bonhomme parfois fou et nerveux mais je ne suis plus si inconscient que ça. J'ai un enfant à élever, à voir grandir, à aimer et à lui promettre le meilleur des avenirs.
Et je pense même éprouver de l'affection pour cette femme, sinon je ne réfléchirai pas ainsi. J'ai envie de la voir s'élever, s'accomplir et sourire mais surtout de la revoir à mes côtés.
On peut me reprocher un tas de choses mais je suis un putain d'homme de paroles. Croyez-moi lorsque je dis que j'irai la trouver moi-même et que s'il faut couper des membres, je le ferai.
Revenons à l'essentiel, je dois passer à l'attaque.
J'ai booké un petit appart en hauteur entre le 7ème et le 8ème arrondissement de Paris suite à une information récoltée sur une personne que je souhaite utiliser dans mon plan.
Je me rends alors à cet appartement pour y préparer le terrain. Bien évidemment je ne mets personne dans la confidence. Une fois à l'intérieur, je vérifie chaque recoins.
Je veille à fermer tous les rideaux et stores. Je ne laisse aucun objet à seconde utilisation dans la chambre principale, seul un pouffe, un lit et un dressing fermé à clef remplissent cette pièce.
Lorsque que je termine, j'attrape le casque de ma moto et consulte rapidement mon bigo. Je m'arrête sur un message et descends aussitôt.
De +337...
« - Elle sort du restau, elle tardera pas à rentrer en passant sur le Pont-Alexandre III. Je t'envoie sa localisation en direct. »
Je roule et deux minutes plus tard je suis face à ce pont éclairé, malgré qu'il soit assez tard il y a pas mal de passage, des riverains mais aussi des touristes. Je décide de me placer en bout de trottoir pour avoir une vision large afin de la voir arriver au loin. Adossé sur ma moto, téléphone en main, la localisation m'indique qu'elle est à quelques mètres seulement.
Va falloir être très vif, subtile et rapide.
Cinq minutes écoulées, j'aperçois un trio de jeunes femmes, je la reconnais parmi elles.
Je pensais qu'elle traverserait ce pont seule.
Putain, l'autre imbécile aurait pu prévenir.
C'est rien, je changerai alors mon approche.
Je soulève donc la visière de mon casque de sorte à ce que l'on puisse voir mes yeux. Elles sont désormais à cent mètres de moi.
Je les vois rire, elles ne me voient toujours pas.
Je m'avance en interpellant celle qui m'intéresse par son prénom, les trois se retournent en chœur. Elles semblent toutes surprises. Je vois dans son regard qu'elle est inquiète mais ne souhaite rien laisser transparaître devant ses amies.
Elle s'avance timidement, je lance ainsi,
- Je suis venu te chercher. Désolé pour tes copines, je n'ai qu'une place.
- Tu nous avais même pas dit que t'avais un date, ajoute l'une des filles
- Je, je ne sais...
- C'était une surprise dis-je en souriant, prends ce casque, en lui tendant le mien
- Ow la chance que t'as Amélia! Prends bien soin d'elle, me dit-elle
- T'inquiètes c'est prévu, j'enchaîne en attrapant sa main
Bizarrement elle me laisse la prendre par la main, ses copines ne se doutent de rien, elles s'en vont tout sourire sans poser de question en saluant Amélia. Une fois qu'elles sont dos à nous, je retire ma main de la sienne pour lui prendre son smartphone, elle ne réagit toujours pas et me le passe sans dire un mot.
Je désactive sa localisation.
C'est lorsqu'on s'installe sur la moto, qu'elle retrouve l'usage de sa langue, je la regarde,
- C'est mon frère?
- C'est ça.
- Qu'est-ce qu'il a fait? Rita va bien?
- Mets ton casque.
Cela a été beaucoup plus facile que je ne le pensais, elle n'a fait aucune preuve de rebellion mais ça c'est parce qu'elle doit sûrement savoir quelque chose ou du moins reconnaître que son frère est un sacré gros fils de pute.
Le chemin se fait rapide et dans le calme, arrivés aux pieds de l'immeuble, je lui demande de garder son casque et de le retirer seulement une fois à l'intérieur. Elle acquiesce.
- Où est-ce que tu m'emmènes?
- Ici.
- Qu'est-ce que tu comptes faire de moi? Je n'ai rien à voir avec lui, je t'assure tu fais erreur.
- Tu es son sang et tu travailles pour lui.
- Je ne sais rien de tout ce qui touche Rita, je te promets, je n'avais même pas le droit de prononcer son prénom à côté de lui je...
- Tais-toi. S'il te plaît, tais-toi.
Elle baisse le regard. Dans l'ascenseur nous montons dans le silence au sixième étage. J'ouvre la porte et la fait rentrer en première, elle hésite un court moment puis s'avance.
Et s'arrête dans le couloir de l'appartement, elle me regarde, elle ne sait pas si elle peut parler. Elle a l'air de me craindre mais elle ne semble pas avoir peur pour sa vie, sa sécurité.
C'est assez étrange, c'est comme si elle avait déjà vécu une situation similaire. Je la regarde à mon tour et lui fait signe d'avancer dans le salon. Je retire mon casque, elle m'imite en faisant de même. Puis elle me demande,
- Yaya a fait quoi à Rita?
Je ne lui réponds pas, je regarde son cellulaire et essaye dans un premier temps de localiser son frère via ses contacts, sans réussite.
Je sélectionne quelques données et les transmets à un de mes gars hacker.
- J'en suis sure qu'il a recommencé, c'est pas la première fois qu'il le fait, souffle t'elle, il l'a déjà séquestrée lorsqu'elle voulait quitter le groupe. Je sais que tu ne me feras pas de mal, la seule chose que tu veux c'est la retrouver.
- Tu te trompes, s'il faut te faire mal pour arriver à mes fins je le ferai.
- Je t'en supplie dis-moi ce que tu sais?
- Tu parles vraiment beaucoup, putain.
- Désolée, c'est juste que je m'en veux. J'ai l'impression que tout ça c'est de ma faute, mon frère a senti que je lui ai menti quand j'ai dit que je t'ai pas vu pour te transmettre sa lettre. Suite à ça il a dû péter les plombs, il devient toujours fou concernant Rita, je...
Elle parle tellement, elle me casse les couilles. J'aurai mieux fait de l'enfermer dans la chambre avec un vieux scotch sur la gueule mais je pense qu'elle peut m'aider.
Je vois bien qu'elle se sent coupable et triste.
- La dernière fois qu'il a séquestré quelqu'un, tu sais où est-ce que c'était?
- Non, il change tout le temps de lieu. Il y a que lui et Issa qui détiennent ces infos.
- Issa comment? C'est qui?
- C'est son double, son bras droit.
Je cherche aussitôt le contact Issa dans son smartphone, je tente ainsi de le localiser puis en parallèle je transmets les données au même mec afin qu'il puisse hacker le téléphone à distance.
J'attrape mon téléphone puis demande à l'une de mes sources de me chercher toutes les informations utiles et pertinentes sur Issa.
- Si ce sont les seules personnes ayant l'info, il n'y a aucune chance que ça fuite?
- L'enlèvement peut fuiter quelques jours ou heures avant car en amont plusieurs personnes réalisent tout ça mais le lieu, impossible.
- Je vais trouver ce lieu.
- Tu m'as prise pour faire pression sur Yaya? Il sera loin de se douter de mon absence vu que on est pas super liés, chacun fait sa vie, a son...
- C'est le stress qui te fait parler comme ça? w'Allah tu parles à mort! je t'ai prise parce que tu vas être utile, point.
Honteuse, elle pointe ses yeux sur ses ongles.
Plus tôt, je disais qu'elle semblait ne pas me craindre mais c'était une mauvaise lecture de ma part, au contraire elle est morte de trouille, elle panique et pour le masquer elle comble chaque vide par des lots de paroles de merde.
Je me dirige vers la cuisine ouverte pour nous prendre un verre d'eau, j'entends au loin des minimes pleurs. Je ne sais pas quelle est la nature de ces larmes, si ce sont des pleurs de peur, de tristesse ou de culpabilité.
A vrai dire, je m'en bats les couilles.
Je lui ramène l'eau, elle me remercie puis se met à boire en tremblant, je l'ignore.
Je consulte mon téléphone pour voir si les informations sont arrivées. Toujours rien.
Il se fait tard, je pense très sincèrement qu'on va camper ici. Je continue de recevoir des appels et des messages, cette fois-ci c'est un appel de Cléa, sans savoir pourquoi je décide de la rappeler mais avant cela, je regarde Amélia,
- Tu dois être fatiguée non?
- J'ai surtout peur pour Rita. Je sais que c'est fou mais mon frère l'aime d'une manière très malsaine et il est prêt à tout pour l'avoir.
- Si tu veux t'allonger, il y a une chambre à gauche.
Je prends sur moi pour me tenir à ce plan et pas divaguer, je prends sincèrement sur moi parce que j'ai envie de la buter uniquement à cause de son lien parenté. Je me contiens salement.
Elle hoche la tête mais reste dans le salon.
Quant à moi, je m'éloigne à nouveau vers la cuisine. Je rappelle ainsi Cléa Ventura.
« - Tu es où? Tout le monde te cherche. »
« - Tu as du nouveau? »
« - Non, justement mon père te cherche on est passé à ton appartement, ta planque...»
« - Nima est avec toi? »
« - Oui, il devient fou. Je sens qu'il va faire une singerie si d'ici demain Rita n'est pas revenue. Je te promets je ne l'ai jamais vu comme ça. »
« - Passe le moi. »