Les yeux embués, Marcel revient du souvenir de ses parents. Des pleurs. Oui des pleurs de joie. Il a aimé chaque instant, du début jusqu'à la fin. Du moins jusqu'au moment qui a précédé la fin. La fin à tous les deux. Les baisers, les promesses, les regards complices, les caresses et les... bref, il avait détourné le regard à chaque fois que les deux amoureux ont voulu franchir de nouvelles étapes. Les cinémas, les bars, les voyages. Marcel avait même aimé les pleurs. Comme toutes relations, il y avait des hauts et des bas, mais des bas qui menaient à des réconciliations spectaculaires.
Il a assisté à l'enterrement de Marvel ainsi que celui de Miriam. Il s'est vu en train de discuter avec le petit Paul, un ami d'enfance qu'il n'a plus revue depuis ses seize ans. Il a vu Miriam inconsolable. Elle avait perdu l'homme de sa vie, le père de son enfant. Elle n'était plus la même depuis.
Marcel a assisté à la vie de Miriam sans Marvel, ses journées tourmentées, ses prières et ses pleurs... elle n'était plus la même. Sa santé avait prit un grand coup.
Marvel était mort d'un AVC et Miriam d'une maladie cardiaque. Malgré la greffe d'un nouveau cœur. Miriam mourut quelque année plus tard. En soi c'était un suicide, après la greffe, le médecin en chef avait déconseillé à Miriam d'enfanter. Sauf que, 9 ans plus tard, elle donna naissance à un nouveau bébé. Jacob.
Cependant ce qui surpris Marcel c'est la façon dont Jacob a été créé. C'était sa plus grosse question et du coup sa plus grosse surprise. Et cette réponse il ne s'y attendait pas. Genre, vraiment.
C'est à la deuxième année de son accouchement que les complications ont survenu. Ce jour, Marcel ne l'oubliera jamais. Du moins, les moments marquants. Les pleurs incessants du petit Jacob, l'odeur répugnante de l'hôpital. Le visage inquiet de sa tante, ses prières et son chapelet argenté.
- Alors, t'as tout compris ?
Marcel secoua la tête.
- Tu pleures, lui fit remarquer la Faucheuse.
- Non.
- Ah moi qui croyait que quand vous faites ça, vous l'appelez pleurer. Donc t'as vu, ils ont osé changer le cours de l'histoire. La vache.
Marcel ne répondit pas.
- C'est fou comment IL vous considère comme des dieux.
- Ne commence surtout pas avec ça.
- Non, je suis hyper sérieuse, vous pouvez réécrire l'histoire, ou la transformer à votre guise, si seulement vous saviez à quel point vous êtes puissant.
Marcel l'interrogea du regard. Amusée, elle poursuivit.
- Crée à sa ressemblance n'a rien à voir avec la forme physique. Il y a du divin en chacun de vous. Tu viens de voir comment tes parents ont chamboulé l'ordre des choses, Jacob ne devrait pas être née. Et bien, toi aussi t'es en train de faire la même chose.
- Jacob, pensa Marcel.
Il s'empressa le pas. Il l'avait laissé K.O sur une table du vieux restaurant, le Bar machin-chose. Il ouvrit la porte, prolongea le couloir et tomba nez à nez avec l'étalagiste.
- T'as vu mon frère ?
- Rien vue, M'sieur.
Marcel engagea le restaurant, le vieil homme était là. Il avait fini son riz à lalo et buvait tranquillement son jus de citron. En voyant Marcel, il lui fit un signe de la main. Marcel sourit sans vraiment sourire. Jacob n'était plus là.
- Tu lui as donné la possibilité de vivre, et t'es en entrain de le chercher. T'es tellement bizarre, toi.
Il esquissa un soupir de soulagement.
- Alors on rentre à la maison, ou tu veux rester ici pour qu'on t'embarque de l'autre côté de la rive.
Marcel fixa la faucheuse avec des yeux mélancolique.
- Quoi ? je te l'avais dit, je t'aime bien. Et je ne suis pas la seule.
La jeune fille lui attrapa la main. Il vit une lumière aveuglante s'abattre sur eux. Marcel eut le temps de voir le vieil homme mettre sa main en visière pour se protéger.
***
Marcel ouvrit les yeux. Il était au beau milieu d'un hôpital. Oui, le même qu'il a laissé il y a quelques heures ou quelques jours. Le temps ici c'est le délire, lui avait dit John. Il remercia la faucheuse d'un signe de la tête.
- Ne me remercie pas, je fais le travail de mon maitre. C'est à lui que tu dois des remerciements.
Marcel inclina la tête. Le vieil homme avait eu pitié de lui. Malgré son conseil sur l'altruisme, il l'avait fait ramener.
- Votre maitre c'est LA MORT, n'est-ce pas.
Question débile. Mais contre toute attente, elle répondit.
- Lui aussi à un maitre, si tu vois ce que je veux dire.
Marcel avait compris. La faucheuse s'en alla et lui, il rua dans le couloir. Patricia lui manquait. Sur le banc des visiteurs, elle n'était pas là. Il retourna dans la chambre d'hôpital. Jacob s'était encore une fois réveillé. À présent, il doit finir sa mission pour mettre un terme à tout ça. À cause de lui, Jacob était en danger.
- Bon retour cher ami.
- Bo... oh Solomon !
- Boba, Solomon peu m'importe. Je trouverai les réponses plus tard, maintenant je veux retrouver l'esprit de ma mère. Tu vas m'aider oui ou non ?
Marcel soupira.
- Je suis bloqué là, l'âme de cette pauvre femme m'a été volée, je ne sais plus quoi faire,
- Sur ce point je peux t'aider. Je peux la faire revenir, mais tu dois me promettre de m'aider.
- Fais-le d'abord.
- Promets le moi !
Marcel fixa Boba, il était motivé et semblait prêt à tout.
- OK! Je te le promets.
Boba eut un sourire satisfait.
- Donc le voilà ton colis.
Lorsque Marcel se retourna, Cindy Saint-Cyr était là, dans le couloir. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Pendant son absence, Boba avait ramené la femme. Comment a-t-il pu faire ça? Alors il avait raison, il était peut-être aussi puissant qu'il le laissait croire. Il s'approcha de Cindy.
- Emmène moi, je ne veux plus rester ici.
Elle avait peur et semblait sortie tout droit d'un enfer. Si elle était faite de chair, elle serait partie dans un sanglot insoutenable. Marcel se retourna vers Boba. L'autre inclina la tête.
Le tunnel apparut de l'autre côté du couloir. Marcel conduisit la femme. Et assista à son voyage vers l'infini. Il regarda la liste entre ses mains, le nom de Cindy s'hachura. Qui était le prochain ? Quelle autre difficulté aura-t-il à affronter ? C'était évident. À chaque nouvelle étape, il venait se cogner contre quelques choses de plus dur, de plus coriace.
- Bon, maintenant, au travail, fit Boba impatient.
Marcel se retourna.
- Le monde des esprits, c'est ça ?
- Hmm hmm, répondit-il.
- D'accord, mais avant tout, je dois voir ma femme.
- T'es même pas marié.
Marcel se figea.
- Comment je le sais ? je lui ai parlé pendant ton absence. Aller. Je te donne mon adresse, tu me retrouveras là-bas.
Boba tourna les talons et franchit à travers le couloir. Maintenant que son plus gros problème était réglé, Marcel avait envie de revoir Patricia. Honnêtement, elle lui donnait la force de continuer le combat. Puis en attendant sa nouvelle mission, il ira chez Boba pour son truc vodou.
Comme toujours, le déplacement d'un lieu à un autre se fait en moins de rien. Il était à présent dans le petit salon Patricia, il balaya de son regard la salle à manger, d'un côté à l'autre, il n'y avait personne. Il sentit quelqu'un à l'étage. Il se dirigea dans la chambre. Patricia sortait de sous la douche et se changea. Elle avait perdu du poids. Pas étonnant, l'homme qu'elle aimait était entre la vie et la mort. S'il le débranchait maintenant, elle mettra fin à sa douleur. Pour plusieurs personnes, garder un proche dans un état pareil était égoïste et méchant et donc le laisser partir était preuve d'amour. Patricia ne savait pas où elle était.
Amour ?
Égoïsme ?
Marcel l'admirait. Malgré les noirs qui cernaient ses yeux, la fatigue qu'on lit sur son visage. Elle était belle à ses yeux. Si ce n'est la plus belle. Il regarda son ventre comme si'l s'attendait à le voir de la grosseur d'un ballon de foot. Il aurait aimé être là. Il le lui aurait caressé, aurait contemplé son sourire, là fierté d'être future mère et aussi l'impatience de voir à quoi ou qui il ressemblerait.
Marcel aurait aimé la regarder plus longtemps, mais il avait promis à Boba. De toute façon, même l'éternité ne lui aurait pas suffit tant il aimait la regarder.
Il se téléporta à l'endroit où Boba avait indiqué. Il se retrouva dans une petite cour. Il accéda à une petite barrière puis dans un salon monotone.
- Ah t'es là, t'en as mis du temps, toi.
Boba alla jusqu'à une pièce, avec Marcel dans son sillage. La pièce en question était étrange. Et bien le mot étrange ne suffisait pas. En effet la pièce était flippante. Marcel reconnu un dessin sur le sol. Il l'avait vu une ou deux fois. Mais il ne se rappelle pas exactement où.
- C'est quoi ?
- Ça, le sceau de Salomon, répondit Boba.
Marcel eut une moue dubitative.
- C'est une longue histoire, on a pas de temps à perdre. Approche, tiens.
Boba lui fila une photo d'une belle femme.
- Amène la, fit-il.
Marcel inclina.
- Il y a quelques choses que je t'ai pas dit.
- Quoi ?
- Là-bas, il y aura toutes sortes d'esprit, des bons et aussi des mauvais. Donc fais très attention. Ça peut être super dangereux. Tu comprends ?
Marcel se figea.
- Et pourquoi c'est maintenant que tu me le dis.
- Voyons, c'est juste un détail. En plus tu avais promis.
- T'es un putain de ment...
Marcel n'avait pas eu le temps de finir sa phrase. Il sentit quelque chose l'attirer quelque part. Où ? Peut-être le monde des esprits. Que la volonté de DIEU soit faite.
Merci d'avoir lu !
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