La liste

By HancNoel

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Marcel se réfugia dans un coin de l'hôpital. Il ne se sentait pas bien. Pas de maux de tête, ni de vertige. D... More

1 - La croisée des chemins
2 - No man's land
3 - La belle faucheuse
4 - La Première commission
5 - Sine qua non
6 - Emmanuel
7 - Les ombres
8 - Contre vents et marrées
9 - Contre nature
10 - Dernier Recours
11 - Boba
12 - Ami ou sauveur ?
14 - La gare
15 - Le bouc émissaire
16 - La salle des souvenirs
17 - Miriam Beljour ( Elvaruste )
18 - Les souvenirs des Elvaruste
19 - La dette
20 - Le monde des esprits
21 - Le veilleur
22 - Quatre visages
23 - Un pacte dangereux
24 - Réveille-toi
25 - La vérité

13 - La grande Faucheuse

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By HancNoel

J'avais dit: Vous êtes des dieux,
Vous êtes tous des fils du Très-Haut.
Psaumes 82:6


Un soleil torride battait son plein sur la capitale, Evelyne marchait sourire aux lèvres, le cœur ailé comme une fillette qui venait de recevoir de magnifiques cadeaux pour son anniversaire. Contrairement à ce qu'elle pensait, ce petit nerd embrassait vachement bien. Il avait mis du cœur. Elle le sentait et elle avait aimé.

À quelques mètres de l'hôpital, elle héla un taxi, une moto. L'homme, un type obèse et barbu, s'arrêta, ils conclurent sur le prix et elle s'embarque.

Une fois à la maison, Evelyne se jeta sur le lit dans sa chambre. Elle était fatiguée, mais son enthousiasme l'emportait haut la main. Couchée, les yeux rivés au plafond, elle mordillait ses lèvres en rejouant mentalement la scène qu'elle venait de vivre. Ce moment, Evelyne l'avait tellement attendu. Tout en réfléchissant, l'un des moments qui l'avait le plus marqué, fit surface.

Un jour suite à un petit malentendu, Evelyne avait pénétré la salle de bain, apparemment, elle était à la recherche de son pendentif fétiche, celui qu'elle portait toujours à son cou. Et soudain, par accident elle tomba nez a nez avec Jacob, nu. Tétanisée, elle ne pouvait ni donner la raison de sa présence ni se retirer. Elle avait perdu ses mots. Le pire, elle aussi était à moitié nue. Elle portait juste une culotte et de sa main gauche elle couvrait ses jolies seins, ou presque. Ça avait suffit à Jacob d'avoir une petite turgescence que Evelyne avait remarqué avant qu'il ne le dissimule derrière une boite de shampoing. Ce qu'elle avait ressenti ce jour là, jamais elle ne l'oubliera. D'un coup, ses tétons s'étaient redressés, une fièvre s'abattit sur elle et son cœur s'emballa.

Après ce petit malentendu, elle était allée s'excuser auprès de son colocataire. Jamais elle n'aurait pénétré la salle de bain, si elle savait qu'il était à l'intérieur. Mais tous les deux avaient leur part de responsabilité dans tout ça. Jacob aurait dû fermer la porte de l'intérieur comme d'habitude, et elle aurait dû frapper... comme d'habitude.

Jacob de son côté, n'arrêtait pas de repenser à la scène. Ce corps bien modelé, ses jolies seins au tétons durcit. Tard la nuit, il s'était réfugié sous la douche, au nom d'Evelyne...

Sans vraiment se rendre compte, sa main avait trouvé refuge dans sa culotte. Cette même sensation de fièvre s'empara d'elle. Evelyne se tourna sur le côté, en position fœtale, les yeux fermés, elle se donnait du plaisir. Elle imagina la scène ; ses jambes écartés, le corps nu et brulant de Jacob posé sur le sien, ses coups de rein, son regard fiévreux, ses tendres caresses...

Au moment où elle allait exploser, la sonnerie de son téléphone l'interrompit. Cette dernière abandonna avec colère. Elle peinait à ouvrir ses yeux et avait du mal à contrôler sa respiration. Elle attrapa le téléphone, fixa l'écran en grimaçant. C'était Patricia.

-    Allo !

En sanglots Patricia articula une phrase qui lui déchira le cœur.

-    Il faut que tu viennes vite, je n'en peux plus.

***

Perdu dans ses pensées, Jacob ressassait la scène qu'il venait de vivre, la douceur des lèvres d'Evelyne, son regard sensuel, sa façon à elle de caresser ses joues et sa nuque. Il a toujours cru que cette fille l'aimait, et lui aussi, il avait à son égard une certaine attirance. Honnêtement, au début ce qui l'intéressait vraiment, c'était son corps. son architecture corporelle sans faille, sa démarche et son sourire radieux et plein de charme. Mais depuis son réveil, tout avait basculé.

Gratitude ? Amour ?

Pourquoi pas les deux ?

Jacob n'était pas un grand sentimental. Il a toujours privilégié les machines, les ordinateurs et tout ce qui se retrouve coincé dans la toile. Mais tout ça, c'était après que Felicia et Christianne lui avaient brisé le cœur. Il trouvait que les machines n'avaient pas la capacité de tromper, de trahir. Bien que dans des films comme I, robot et Terminator, ça c'est produit, Jacob croit dur comme fer que cela restera dans le cadre d'une fiction. Ces trois derniers jours, il avait vue Evelyne dormir près de son lit, sur une chaise. Rien qu'en s'appuyant sur son dossier. Un matin, il avait pris le temps d'admirer la jeune fille, ce qu'il avait ressenti, n'était pareil à nul autre sentiment. C'était de l'amour. Pourtant, elle ne l'avait pas appris à l'aimer. Du moins pas volontairement. Et lui aussi ne voulait pas l'aimer. « Elle est plus âgée que moi. » se disait-il assez souvent. « En plus, je préfère les mulâtressses. » encore une fois, son grand frère avait raison.

La vie est un vrai jeu d'improvisation.

Pendant que Marcel était perdu dans ses pensées quelqu'un était rentré dans la pièce. Croyant que c'était Evelyne, il sursauta à la vue d'un type costaud qui arborait une mine affreuse.

-    Augustin ? fit-il surpris, tu m'as foutu une de ses trouilles.

L'homme ferma la porte, puis s'approcha de lui. Tout en avançant, sa mine devient moins affreuse et paraît plus amicale. Arrivé face au jeune homme, il lui demanda comment il allait. Jacob un peu inquiet répondit qu'il allait vachement mieux, que le sérum qu'on lui injecte en ce moment l'aide à tenir le coup. Augustin regarda autour de lui, le bip de l'appareil de Marcel n'avait pas changé. Son corps était camouflé derrière le rideau qui le séparait avec son frère. L'homme contourna le lit.

-    Qu'est-ce que tu fais ? s'enquit Jacob.

Il ne répondit pas. Jacob descendit du lit lorsqu'il entendit le bip saccadé de l'appareil devenir long et continuel.

-    Non, ne fais pas ça.

il trébucha en attrapant le rideau. Celui-ci se déchira et Jacob s'étale de tout son long. Il fit violence sur lui et de bonne grâce arrive à se mettre debout. Il se dirigea vers Augustin, mais celui-ci l'attrapa par le cou.

-    Je suis vraiment désolé.

Dos contre le mur, Augustin pressait son cou avec une force inouïe. Il se débattit, cherchant en vain les yeux de son agresseur avec ses doigts. Cette brute se dégagea la tête d'un geste puis continua à presser. Encore et encore. Sa vision commença à se troubler, il ne pouvait plus respirer. C'était un combat perdu d'avance. Il n'avait ni la force ni l'énergie nécessaire pour riposter. Il abandonna.

***

Marcel fut arrivé à temps pour voir son frère s'écrouler sur le sol, sans vie. Il regarda autour de lui, son cordon astral, celui qui, d'après la faucheuse le relie lui à son corps physique commençait à perdre de sa couleur, comme s'il était sur le point de se rompre. L'appareil émit un son long qui ne s'arrêta pas. Jamais. Marcel se retourna pour regarder Augustin qui quittait la chambre comme si de rien était. Il ne pouvait rien faire que de constater les dégâts.

Il repensa à sa vie, son voyage, à tout ça. La faucheuse, la seule à l'avoir tenu compagnie, l'avait trahi, elle n'avait rien d'une faucheuse. Pourtant il commençait vraiment à l'aimer, malgré sa bipolarité, son humour noir er son côté obscur. Parfois sa compagnie lui faisait du bien. Il pensa à son frère allongé par terre, il l'a toujours considéré non comme un frère, mais comme un fils. Depuis son jeune âge, il se battait pour lui, et même devant La MORT, il l'avait fait sans ciller. Il pensa à Patricia, sa future femme, ou juste Patricia puisqu'il était plus près de la fin que d'un miracle. Enfin, il pensa à son futur enfant. Mort ou pas, ce sera son enfant, l'os de son os, la chair de sa chair. Le seul souci, c'est qu'il ne le verra pas grandir.

Un bruit dans le couloir l'alerta. En quittant la chambre, il remarqua Solomon Des Salines dans une course folle, un agent de sécurité à sa trousse.

***

Après s'être éclipsé, Solomon quitta la voiture. Sans même prendre le temps de fermer la portière. S'il voulait aider Marcel, il va devoir agir avec intelligence. Si quelqu'un l'avait débranché, c'était peut-être par pur méchanceté. Arriverait-il à temps pour empêcher ce drame ? Avait-il assez de ressources pour retourner la situation ? Tout à coup, une idée s'ébaucha dans sa tête.

L'entrée était libre, par exprès, il bouscula l'agent de sécurité et courut jusqu'à l'escalier. Il se retourna et constata avec satisfaction que l'agent de sécurité était à sa poursuite. À perdre haleine, il se dirigea vers l'étage supérieur. L'agent lui emboîta le pas. Il fut attrapé devant l'entrée de la chambre, où était posé le corps sans vie de Marcel et de Jacob. Le docteur Janvier ainsi que l'infirmière qui s'occupait d'eux s'était pressé d'intervenir. Et remarquèrent non sans surprise que le corps de Jacob, sortit du coma il y a trois jours, gisait le sol.

Sous l'emprise du garde, Solomon expliqua la situation au docteur et Janvier ordonna à l'agent de relâcher sa prise. Satisfait et à bout de souffle, il s'adossa à la chambranle de la porte. Marcel était là, sa lumière devenait de plus en plus pâle. À l'intérieur, il vit le docteur qui, avec l'aide de l'infirmière, essayait de contrôler le pouls de Jacob. Rien n'était encore dit, mais il en profita pour remercier Boba. L'homme encore assis au sol tira une cigarette de sa poche et l'alluma en hochant la tête.

-    On va le perdre, fit l'infirmière.

Le docteur Janvier s'était armé encore une fois d'un défibrillateur. Allongé sur le dos, le docteur assure ses voies respiratoires, puis chercha l'absence de respiration ou présence de GASPS. Jacob ne respirait pas. Il plaça les électrodes sur la victime, mit en marche le défibrillateur.

-    On y va à trois, 1... 2... 3...

Le corps de Jacob eut un simple mouvement comme une convulsion.

-    T'as vu ce que t'as fait ?

Marcel se retourna promptement. Un vieil homme de deux mètres, muni d'une canne et boiteux, vêtu d'un costume, s'approcha de lui.

-    C'est vous ?

-    C'est bien moi, affirma-t-il.

-    Vous avez...

Le vieillard ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.

-    Oui, changé d'apparence.

Marcel frissonna.

-    Tout ça c'est de ta faute, si au début tu avais choisi de vivre, plutôt que de vouloir déjouer les plans de la providence, tu serais peut-être encore en vie.

-    Mais je ne pouvais quand même pas laisser mon frère mourir... répondit-il tristement.

-    Oui, et maintenant, vous risquez tous les deux de laisser votre peau. Tu trouves que c'est mieux maintenant ?

Marcel eut envie de pleurer, d'hurler, de tout écraser sur son passage. Mais l'homme ne s'arrêta pas là.

-    Vous les humains, vous appelez ça de l'espoir. " L'espoir fait vivre ! " pas vrai ? Mais là, on va dire qu'il ne vous sert à rien. Vous comprenez mal, la vie et la mort.

Il mit sa phrase en suspens puis continua sur un ton plus grave.

-    Vous me comprenez mal. Je ne suis pas votre ennemi. Je suis comme un point dans une phrase, mais un point n'a jamais fait de mal à une phrase, bien au contraire, il lui donne son sens en tant que tel.

Marcel ne savait pas quoi répondre. Il resta figé comme une statue.

-    Viens, on va faire un tour.

Accompagné du vieil homme, Marcel quitta l'établissement. Ils marchèrent sur moins de cinquante mètres. Dehors, les activités affluaient de partout.

-    Tout ça pour dire, poursuivit-il au cours de la route, que sans moi, la vie n'aurait aucun sens. La vie aurait été fade et sans aucune vraie beauté. Aussi méchant et brutal que vous me trouvez, c'est moi qui vous pousse à vivre à fond.

-    Alors, mon frère, il va mourir, n'est-ce pas ?

Le vieil homme éluda la question.

-    Regarde moi tous ces gens, ils n'ont même pas conscience de leur mortalité. Dans 200 ans, aucun d'entre eux ne sera sur terre. En tout cas, pas dans ce corps.

Marcel détailla le trottoir. Marchand ambulants, passants, commerçants, sur sa gauche, quatre types s'esclaffaient de rire autour d'une table de domino, deux enfants pieds nus jouaient à Marèl. Une bank bòlèt qui diffusait un son insupportable, et un jeu de ti robo qui avait attiré plusieurs types. Il regarda sur sa droite ; Une mère berçait un bébé entre ses mains, un vieillard dos nu faisait son sieste sur une petite chaise et une radio sur son épaule.

Marcel se décida.

-    Je veux retourner au près de mon frère.

L'homme s'arrêta net. Marcel fit de même.

-    Droit dans ses objectifs hein, fit l'homme, souriant, je t'aime bien.

-    Alors ce sera la fin ?

-    La fin ? Quelle fin ? Ce n'est pas moi qui décide. Il l'a dit : Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très-Haut.


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