La liste

By HancNoel

6.4K 101 36

Marcel se réfugia dans un coin de l'hôpital. Il ne se sentait pas bien. Pas de maux de tête, ni de vertige. D... More

1 - La croisée des chemins
2 - No man's land
3 - La belle faucheuse
4 - La Première commission
5 - Sine qua non
6 - Emmanuel
7 - Les ombres
8 - Contre vents et marrées
9 - Contre nature
10 - Dernier Recours
12 - Ami ou sauveur ?
13 - La grande Faucheuse
14 - La gare
15 - Le bouc émissaire
16 - La salle des souvenirs
17 - Miriam Beljour ( Elvaruste )
18 - Les souvenirs des Elvaruste
19 - La dette
20 - Le monde des esprits
21 - Le veilleur
22 - Quatre visages
23 - Un pacte dangereux
24 - Réveille-toi
25 - La vérité

11 - Boba

186 4 0
By HancNoel



Gonaïves, Haïti

10 Novembre.

Hôpital Général. 11:57 PM


-    Soyez forte, madame, vous y êtes presque. Poussez !

Un puissant cri déchira le silence de la nuit pour aboutir au fond d'un couloir vide, obscur et sans vie. Un peu vers 6 heures, cet après-midi, une femme enceinte à été amenée aux urgences. Elle était en mauvais état et semblait agitée. Son mari, Albert Rosier couvert d'inquiétude affirma que sa femme avait longtemps dépassé les neuf mois de grossesse. Mysticisme ? Superstition ?

11:58

Le deuxième cri s'abattit sur les persiennes. Dehors, une pluie diluvienne battait son plein sur la ville. Matilde attrapa le médecin par la manche de sa blouse.

- Sortez cette chose de moi.

- C'est à vous de pousser, madame, respirez profondément pour trouver des forces, sinon, c'est la césarienne.

- Oui, faites le je vous en supplie, je n'en peux plus.

- Une dernière tentative, si ça ne marche pas...

Une rafale de vent vint se cogner contre les fenêtres, le cœur du docteur Wilio chancela. Des sueurs froides perlaient son front et il avait du mal à respirer. Depuis la déclaration du mari, le docteur avait une drôle de sensation. La peur au ventre. En plaçant les faits dans le temps, en partant du mois des dernières règles, aujourd'hui, cette femme était à son quarante-huitième semaine. Déjà plus de 20 ans d'expérience dans le domaine, et il n'avait jamais rencontré de pareil cas. Il était anxieux, dépassé par les événements. Matilde à été transférée ici parce que le médecin à l'hôpital où elle avait suivi durant sa grossesse avait refusé de lui prendre en charge. Pourquoi lui, il l'avait fait ? Wilio ne s'attendait pas à une chose pareille. Mais si lui aussi il refusait d'accoucher cette femme, elle mourra et son enfant probablement.

11:59

Le bébé montra sa petite tête informe. Une lueur d'espoir brilla dans les yeux du docteur Wilio, mais pas pour longtemps. Imprudemment, il mordit sa langue. Matilde rassembla toute son énergie comme l'avait conseillé le docteur et poussa de toutes ses forces. Le bambino languit Wilio une fois encore. Sans prendre le temps d'inspirer Matilde essaya une autre fois, et donna tout.

12:00

Au moment où, la cloche d'une ancienne église, sonna les coups de minuit, un bébé noir tout frêle, dégoulinant d'une substance visqueuse explosa en pleurs. Il glissa jusqu'aux mains du médecin qui l'attrapa avec soin et tendresse avant de la déposer sur le ventre de Matilde. Il laissa échapper un souffle de soulagement.

Ce sourire d'extase, ce regard langoureux. Malgré les propos qu'elle a tenue tout à l'heure concernant la nature de l'enfant, la femme semblait vraiment l'aimer. C'était son premier enfant. L'infirmière qui assistait le docteur prit le bébé et alla le nettoyer. Enfant normal, sexe masculin, de 3 309,18 grammes. Le seul souci, il était marqué au front, l'infirmière sursauta à la vue de la marque et faillit laisser tomber le bébé. C'était une croix au sens inversé.

En attendant, le médecin, lui, finissait son boulot. Matilde plongea dans une douce torpeur.

Et n'aura plus jamais conscience.

***

-    Bon ! Je vais rentrer, prendre une douche et me changer, si t'as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas.

Jacob se retourna vers elle. Depuis environ une dizaine de minutes, un silence s'était installé entre eux. Si Patricia ne s'était pas pointé, auraient-ils eu la force d'arriver jusqu'au bout. Ils étaient à deux doigts de s'embrasser. Un baiser qui aurait tout changé, un baiser qui, passionnant ou pas aurait laissé des traces. Manque de lucidité ? Réjouissance ? Reconnaissance ?

-    Non, merci, ça va, répondit-il.

Evelyne se dépêcha de quitter la pièce. Elle sentait que l'atmosphère avait changé et que la tension avait monté. Pourquoi avait-elle agi de la sorte ? Quelle conne ?

« Qu'elle pute je fais ? Pff ! »

Elle n'a jamais su réprimer cette facette d'elle. Trop directe, et souvent sans réserve. Elle vivait à fond. Et avait toujours tendance à foncer tête la première, du moment que ça l'arrange. Mais cette fois, c'était différent, elle avait échoué. En ce moment même, elle se demandait si elle aurait une deuxième chance. Ou devrait-elle tout simplement lâcher prise. Son amour pour Jacob remontait à pas mal de temps. Au début, elle aimait ce côté petit nerd, passionné de sciences techniques. Puis avec le temps, elle a su développer un vrai sentiment à son égard. Pas un coup de foudre, pas le sentiment qu'on pourrait noyer après un verre, mais le genre de sentiment à vous faire rêver, le genre de sentiment qui vous fait ressentir des papillons dans le ventre, le genre sentiment qui vous prend au dépourvu et vous fait baisser votre garde. Et souvent le genre de sentiment, qui, à la fin peut laisser des cicatrices affreuses dans l'âme. Néanmoins elle était prête à l'affronter, prête à tout assumer, peut importe les conséquences, sauf que, avant, sans savoir pourquoi, elle avait pris du recul. Mais aujourd'hui, pour la énième fois, ses lèvres avaient fait appel à elle, et elle avait cédé bêtement.

Définitivement, l'amour ne meurt jamais.

Evelyne allait quitter la pièce lorsque la voix de Jacob lui fit arrêter.

-    Finalement je vais opter pour une bouteille d'eau.

La jeune fille acquiesça d'un signe de la tête avant de quitter la pièce. Devant l'établissement, elle se procura la bouteille d'eau d'entre les mains d'un marchand ambulant. Evelyne était fatiguée. Ça fait trois jours que Marcel était plongé dans le coma, trois jours qu'elle était là, à tout donner, son énergie, son temps, son amour. Ça l'attristait de le voir encore allongé sur ce lit. Rien n'était encore dit. Les médecins semblait s'inquiéter de son état. Pourtant au début, il avait beaucoup plus de chance de s'en sortir, contrairement à Jacob. Mais soudainement un retournement de situation inattendu.

Dans la chambre, elle déposa la bouteille d'eau sur une table à côté du lit avant de s'éclipser. Dehors, elle informa Patricia de son absence. Patricia était pâle, fatiguée, au bord de l'épuisement. Si Evelyne s'était allongée une ou deux fois durant ces trois jours, Patricia elle n'avait pas eu cette chance. Elle attendait une réponse de la part des médecins. Une réponse qui pourrait être positive ou négative en tout cas, elle saurait quoi faire. La fête ou le deuil.

Evelyne descendait les escaliers. Elle sentait que ses pas étaient lourds, une sensation étrange au ventre, quelque chose lui tenait par les tripes. Un sentiment d'impuissance mélangé à du regret. Un mal-être qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. Arrivée en bas de l'escalier, elle s'arrêta net et ferma les yeux. La vie est courte et incertaine. On a qu'aujourd'hui, l'instant présent, tout le reste c'est de l'espoir. Elle fit demi-tour. Son pouls s'accéléra, son cœur cognait fort dans sa poitrine. Il n'y avait pas de place au regret. Elle traversa le côté visiteur à grande enjambée. Maintenant, elle était sûre d'une chose. Son amour pour Jacob était sincère. Sincère au point de faire mal, sincère au point de rendre malade, sincère au point de vous détruire de l'intérieur.

Lorsqu'elle arriva devant la porte, Jacob la remarqua, un sourire radieux fendit leurs lèvres. À présent, tout était clair, il n'y avait pas de retour possible. Sans poser de questions, elle s'élança vers Jacob qui la prit dans ses bras. Ils s'enlacèrent, fusionnèrent, comme s'ils formaient une seule chair, comme pour empêcher l'un tout comme l'autre de s'extirper. Chaleur contre chaleur, lèvres contre lèvres, cœur contre cœur, ils s'embrasèrent longuement...

***

-    Et tu veux que je la ramène à la vie ?

Un peu gêné, Julien prononça un faible oui. Solomon arborait un calme qui faisait peur. C'était leur troisième rencontre, et on aurait dit que l'inquiétude ne faisait pas partie de ses cordes. En lui, émanait une confiance absurde et un estime de soi anormal. Julien pensa aux rumeurs. Était-il vraiment immortel ? Avait-il, comme on le dit souvent, ce démon protecteur qui assurait sa garde ? Ce serpent écarlate ou cet énorme chien noir. Et cette croix inversée sur son front ? C'était quoi son histoire ? Il ne s'était jamais posé cette question avant. À part qu'il était originaire de Gonaïves et qu'il possédait entre ses mains une science ésotérique très puissante, personne ne savait rien de lui. Oh Et il allait oublier, à part aussi la fois, où une entité qui avait possédé sa fille Julie, il y a trois ans, avait osé l'appeler Boba.

Solomon attrapa une cigarette dans la poche de sa chemise et chercha un bon moment avant de trouver un zippo argenté pour l'allumer.

-    Avant tout, il faut que je vois le corps.

Comme demander, Julien l'accompagne vers la morgue. Le froid de l'espace lui fit frissonner. « Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est le lieu où nous serons le plus en paix. » pensa-t-il.

Le corps de Cindy lui procura la même sensation. Une partie de lui était convaincue que la jeune fille n'était pas vraiment morte. Comme si elle dormait, ou qu'elle s'était évanouie comme hier. Solomon cracha une spirale de fumée qui se dissipa très vite sous l'effet du froid.

- Elle est morte depuis quand ? demanda-t-il.

- Juste quelques heures, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Elle pue déjà, c'est étrange tu trouves pas.

- J'en sais rien, moi. Ce n'est pas normal, tu crois ?

L'homme écrasa son mégot sur l'évier d'embaumement et éluda la question.

- Il n'y a plus rien à faire, fit-il pensif, les dégâts physiques sont irréversibles. Seul JESUS avait réussi un tel exploit.

- Non, je sais que tu peux le faire toi aussi, t'as combattu le malin à main nue, t'en as fait des plus difficiles.

L'homme déposa une main sympathique sur l'épaule de Julien.

- Je suis navré !

Solomon allait quitter la pièce lorsque Julien l'arrêta.

- Y a t-il un moyen pour trouver qui a fait ça ?

Le sorcier eut un sourire d'amusement avant de répondre.

- Si j'étais toi, j'éviterais de le savoir. La réponse peut être difficile à encaisser.

Marcel qui était spectateur de leur petite discussion contemplait le corps de Cindy allongé. D'après l'homme à la marque, les dégâts physiques étaient irréversibles, pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'une main surnaturelle planait sur la mort de cette jolie jeune fille. D'autant plus qu'il a été témoin de son enlèvement.

- C'est l'œuvre des morts, fit-il.

Solomon s'arrêta net.

- Les morts, dis-tu ?

- Ouais, des type super puissants, fait d'une énergie flippante.

Julien était dépassé par les événements, à présent, le sorcier causait seul, il ne restait que ça. Il se pencha à nouveau sur le corps de sa maîtresse et semblait lui parler comme si elle pouvait l'entendre.

- Et pourquoi tu me dis ça ? demanda Solomon, intrigué.

- J'aimerais que tu me la ramènes.

- C'est imposs...

- Impossible, je sais, lui coupa-t-il la parole. Au moins dit moi où elle se trouve.

Encore un sourire...

-    Et je gagne quoi en retour, moi ?

-    Qu'est-ce que tu veux ?

-    Que tu me ramènes quelqu'un du monde des esprits.

Surpris Marcel grimaça.

-    Mais, je n'ai pas ce pouvoir.

-    Alors c'est pas de bol, l'ami. On aurait pu s'entraider toi et moi.

Il quitta la pièce et attrapa une autre cigarette, avec son zippo il tenta de l'allumer, mais Marcel l'avait devancé comme par magie.

-    Cette personne, c'est qui ?

Encore une fois Solomon esquissa un large sourire.

Merci d'avoir lu !

Votez
Commentez
Abonnez-vous

Continue Reading

You'll Also Like

6.1K 528 41
- Deux âmes perdues qui se rencontrent dans un univers vacillant. Adil, 17 ans, diagnostiqué bipolaire sévère, se retrouve perdu dans une nouvell...
28.1K 993 27
Prologue : Léon Vargas, star planétaire, 22 ans, cherche à tout prix l'amour, plusieurs filles le veulent en tant que petit ami. Récemment il a romp...
1.2K 163 14
/!\ Attention ! 🚨Cette histoire contient de la violence conjugale, harcèlement sexuel, et bien d'autres. /!\ Je suis responsable de ce que j'écris P...
1.8M 20K 15
𝐑 𝐄 𝐄 𝐂 𝐑 𝐈 𝐓 𝐔 𝐑 𝐄 ‼️ "𝐒𝐚𝐭𝐭𝐚𝐜𝐡𝐞𝐫 à 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮𝐮𝐧 𝐪𝐮𝐢 é𝐭𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐞𝐧𝐬é ê𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐩𝐚𝐧𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭.. " 4 _ 12_ 2023