Pinky Promise

By EljyBurton

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Les frontières de l'amitié sont parfois les plus minces... Kaya et Kolson subissent les frais de cet adage... More

✗ Avant-propos & aesthetics
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By EljyBurton

KOLSON

— Non, petit chat, ne t'approche pas de...

Trop tard. Le pot de fleurs offert par maman se fracasse en mille morceaux sur le sol. Qui a affirmé que posséder un animal de compagnie garantissait des vertus bienfaisantes ?

Alors oui, ses ronronnements me bercent durant mes insomnies, son doux pelage d'un brun roux bigarré m'apaise et ses pupilles, pas tout à fait définies, me fascinent. Quand bien même, le surveiller abolit à répétition ma sérénité.

Mon félin miaule en se carapatant dans la cuisine. Ainsi, il me laisse le soin de nettoyer ses bêtises à coups de balayette sans se soucier de mes humeurs. Déjà qu'il m'a réveillé aux aurores ! Par ailleurs, je devrais peut-être songer à lui trouver un substantif autre que « petit chat ». « Diablotin » lui correspondrait en tout point.

Voilà un mois que nous cohabitons dans mon studio étroit. La portée de mes parents a été répartie entre leurs enfants. Quelle brillante idée de nous responsabiliser sans stabilité financière pour couvrir nos arrières ! Évidemment, j'ai hérité du plus turbulent.

À tâtons, je mets le cap vers son endroit de prédilection sur lequel il roupille après avoir mené en bourrique son maître dévoué. Si seulement les rôles pouvaient s'inverser... Au moins, sa sieste me donne le champ libre pour me préparer et vaquer à mes occupations d'humain.

Avant de filer sous la douche, je confirme auprès de Kaya ma venue à son appartement d'ici une heure. Son approbation me parvient par l'intermédiaire d'un pouce jaune. Ses textos laconiques à base d'emojis aléatoires ont de beaux jours devant eux.

Bricoler dès le lever du soleil ne figurait pas parmi mes plans. Mais qui suis-je pour refuser d'épauler une amie en détresse ? Parce que, oui, sans sa musique, Kaya n'est rien. De même pour Allison avec ses affaires criminelles, Clyde et ses débats animés, les références françaises de Simon et les exploits sportifs pour Owen.

Moi, en revanche...

Fin prêt, je dépose petit chat dans son cabanon afin qu'il ne saccage pas mon intérieur de ses griffes durant mon absence. Je regrette de l'abandonner à son triste sort aussi souvent. Malheureusement, aucune solution ne s'adapte à ma situation. Par chance, l'une de mes sœurs se porte volontaire pour le garder lors de mes vadrouilles nocturnes. Cet arrangement permet aux fauves séparés de renouer le temps d'une soirée.

L'immeuble de Kaya se situe à quelques pâtés de maisons du mien. Nous habitons tous en périphérie les uns des autres, ce qui facilite nos retrouvailles. Contrairement à mes camarades étudiants, il me faut parcourir plusieurs kilomètres pour atteindre mon campus. L'université de Chester n'abrite pas les locaux de la section créative.

À l'acceptation de ma candidature, j'ai envisagé de déménager. Cependant, des éléments rendaient cette éventualité insurmontable tels que m'éloigner de ma vie festive, de la famille que je me suis choisie, de ma routine. Apparemment, lier connaissance avec des inconnus au parcours disciplinaire équivalent au mien figure parmi ces paramètres infranchissables. Non pas que la sociabilité me fasse défaut, je ne suis tout simplement pas un adepte du changement.

Le digicode composé, je m'engouffre dans l'ascenseur en implorant silencieusement Kaya de disposer d'outils conformes à mes compétences. Mes phalanges tapotent la porte d'entrée, faute d'une sonnette en état de marche. Mon signal n'a pas d'étendue sur son destinataire à cause de la forte mélodie qui s'échappe. Pas étonnant que ses voisins lui mènent la vie dure avec un volume sonore pareil !

Tentant ma chance, j'actionne la poignée. Kaya a l'habitude de débrider sa ribambelle de verrous lorsqu'elle attend de la visite. Le battant s'ouvre sur son séjour lumineux. La musique m'accueille de plein fouet, mais aucune trace de mon amie dans les parages.

— Kaya ?

La provenance de vocalises depuis la salle de bains attire mon attention. N'ayant pas la journée entière à disposition, je m'achemine vers la pièce afin de m'atteler au plus tôt à la tâche.

Face au tableau qui se dresse devant moi, mes pieds s'immobilisent. En sous-vêtements noirs sans fioritures, Kaya se dandine sur la chanson qui tourne à plein régime. La lascivité avec laquelle elle se déhanche bloque ma respiration au centre de mon thorax. Ses cheveux mouillés dégoulinent en cascade sur sa poitrine et son dos. L'humidité leur donne une nuance plus blonde que rose. Quelques tatouages se dévoilent, certains n'avaient encore jamais effleuré mes rétines.

Au moment où le rythme s'intensifie sur une tonalité rock, elle secoue sa nuque à l'instar d'une métalleuse. Au couplet suivant, Kaya fléchit les jambes comme si elle allait entreprendre une série de squats puis remonte avec lenteur. Conjointement, ses mains longent ses hanches charnues, parcourent ses flancs et finissent leur trajectoire sur ses seins rebondis. La cambrure de sa colonne vertébrale souligne l'arrondi de son postérieur. Le sang me comprime la tête. Et il ne s'agit pas de la seule zone de mon anatomie que sa chorégraphie gorge. Bordel, elle est magnifique !

— « I just wanna play with you... too » !

Les paroles paraphrasées renforcent sa sensualité ravageuse. Kaya n'a plus rien à voir avec la femme que je côtoie tous les jours. Non pas qu'elle manque de confiance en ses atouts charnels. Elle maîtrise l'art de la répartie, ainsi que la valorisation de ses charmes à merveille.

Néanmoins, se trémousser dans un bar bondé ou participer à des blind tests à s'en écorcher la voix ne s'intègrent pas à ses coutumes. En société, la discrétion la caractérise. Malgré la solidité de nos rapports, elle ne nous a jamais révélé cette facette de sa personnalité.

— Ahhhhhhh !

Son cri strident, associé à la porte qui me claque au nez, a le mérite de me ramener à la réalité. Merde, merde et... triple merde !

Elle m'a pris en flagrant délit de matage. Totalement hypnotisé, le con que je suis n'a pas réussi à se détourner à temps. L'attitude sexy de mon amie...

Amie.
Kaya. est. mon. amie.

Mes pas lourds martèlent le sol au point de le limer de mes semelles râpeuses. Je patiente jusqu'à ce que Kaya s'extirpe de sa cachette. Fuir ferait de moi un lâche. Nous devons mettre les choses au clair pour ne pas nuire à notre entente.

Perdu quant à la marche à suivre, je dégaine mon téléphone en quête d'un soutien moral parmi mes contacts.

  ✉️ Kolson : SOS. Je viens de voir Kaya quasiment à poil !

Je fixe l'écran dépourvu de notifications tout en prêtant l'oreille aux alentours, à l'affût du moindre bruit.

Devrais-je aller lui toucher deux mots ? La rassurer sur mes intentions ? Quels sentiments lui inspire la violation de son intimité ?

✉️ Owen : Bah dis donc... Y en a un qui se refuse rien... surtout à 7h du mat' !

Me confier à Owen était la pire idée qui soit. Mais sur qui d'autre m'appuyer ? Simon aurait pris le parti de sa partenaire de psycho. Clyde ne percevrait même pas le problème, ça ne m'étonnerait pas qu'il ait déjà eu un aperçu de l'anatomie d'Allison. Et ce, sans arrière-pensée. Leur relation a toujours été particulière. Quant à Alli, la solidarité féminine la lie à un pacte secret avec Kaya ; les petites lignes de bas de page du contrat contenant mon assassinat exempt d'un délai imparti en cas de péché.

✉️ Kolson : Elle s'est réfugiée dans la salle de bains.
✉️ Kolson : Je ne sais pas quoi faire !
✉️ Kolson : Le pire c'est que... le spectacle m'a plu. Vraiment plu, si tu vois ce que je veux dire...

Le mode « panique » vient de s'enclencher. Tous les signaux le prouvent, notamment le côté sériel de mes textos qui ne me ressemble en rien. Généralement, je favorise la concision au lieu de harceler mon interlocuteur d'informations intempestives.

✉️ Owen : Elle va te trucider !
✉️ Kolson : Merci, mec. Tu es d'une grande aide.
✉️ Owen : Pas de quoi. Dernier conseil : range-la dans ton pantalon avant que Kaya revienne. Ça t'évitera une castration dans la fleur de l'âge !

Je porte le poing à ma bouche afin de réfréner un juron à son encontre. Il ne manquerait plus que Kaya interprète à sa manière mon invective.

Owen ne se satisfait visiblement pas de mon silence puisqu'une nouvelle vibration secoue ma paume.

✉️ Owen : N'empêche, tu me fais trop rire ! Il n'y a que toi pour te fourrer dans un merdier pareil.

Impossible de refouler un soupir d'exaspération cette fois-ci. Mon soi-disant pote me le paiera ! Au moment où je réajuste laborieusement mon jean, envahi par des images voluptueuses, la source de mon inconfort émerge de sa planque.

Lèvres pincées, je pivote vers Kaya dorénavant couverte d'un sweat à l'effigie de son chanteur préféré et d'un legging. Ses chaussettes roses détonnent avec l'ensemble sombre. En avisant le canapé, sur lequel trônent des habits pliés, je déduis qu'elle a revêtu son pyjama.

D'un tapotement sur sa platine, l'album en cours s'arrête. Le silence étouffe l'atmosphère d'une pesanteur inusuelle, d'autant plus que Kaya se contente de m'ignorer. Mon regard, lui, semble avoir été façonné pour l'admirer, elle.

— Qu'est-ce que tu faisais là ?

Sa voix s'assimile à un murmure aussi léger qu'une pluie fine léchant les carreaux d'une fenêtre. Kaya s'emploie à farfouiller ses vinyles empilés sur une console de fortune afin de camoufler ses états d'âme.

L'affaissement de ses épaules et la mollesse de ses gestes amplifient ma culpabilité. Ni colère ni rancœur n'émane d'elle. Juste une impassibilité étrangère.

Il faut que je lui rappelle que je ne suis pas du genre à reluquer une femme à son insu. Encore moins une personne à qui je tiens.

— Je t'ai envoyé un SMS... Tu m'attendais vu que tu as...

D'un demi-tour, Kaya abrège mes justifications. Déceler les expressions confuses griffonnées sur son visage me fait prendre conscience de ma maladresse. Elle n'a pas besoin de connaître le motif de ma visite mais la raison de mon voyeurisme. Comment me défendre alors que mes actions me demeurent totalement floues ?

— S'il te plaît, oublie l'horreur que tu as surprise là-dedans.

Kaya désigne la pièce témoin de mes méfaits, les prunelles toujours rivées à ses pieds. Je déteste qu'elle perde son assurance en ma présence au point de baisser les yeux. Surtout par ma faute.

— Tu vas en avoir pour quelques années de trauma... je te conseille d'effacer cette vision de ta mémoire.

Je cille à plusieurs reprises, pas sûr de comprendre le chemin biscornu qu'elle emprunte. Pourquoi s'accapare-t-elle mon erreur ? Le responsable ne porte qu'un nom. Le mien.

— Attends... quoi ?

Machinalement, je comble l'écart qui nous sépare. Recroquevillée dans un coin, parmi ses biens les plus précieux, Kaya se comporte comme si je n'étais qu'un vulgaire hologramme décoratif, loin du confident traditionnel attribué à mon rôle. De son index, elle pointe son corps de haut en bas en affichant une grimace de dégoût.

— Tu n'as pas l'habitude de tomber sur des femmes bien... en chair. Ce serait préférable pour nous deux que tu supprimes ce micro événement de ta tête.

La cohérence de son raisonnement m'échappe. Me croit-elle si superficiel ? Notre groupe a la fâcheuse tendance à me chambrer sur le physique quasi identique de mes conquêtes. Toutefois, je ne me focalise pas sur ce critère lorsque je m'investis dans une relation. Quoique la calamiteuse finalité qui découle de mes aventures doit sûrement provenir de quelque chose...

Face à mon mutisme, Kaya s'arme de courage et lève ses yeux de cocker vers moi. Cette moue adorable, couplée à une posture timorée, rompt l'activité de mes synapses.

En roue libre, je la plaque doucement contre le mur en quête d'abolir ses insécurités sous-jacentes. Nos hanches s'alignent sans se frôler. Nous nous dévisageons longuement, le souffle court de l'un s'abattant sur la peau de l'autre. Nous aspirons à une issue de secours, ou à une autorisation de s'abandonner à la tension incontrôlable qui nous anime au mépris des circonstances futures.

Lorsque ses iris dérivent vers mes lèvres et que sa bouche s'entrouvre, ma résistance s'amenuise. Kaya taquine la totalité de mes terminaisons nerveuses. Sa mine m'apparaît encore plus troublée qu'auparavant, à la différence qu'une pointe de désir s'y est invitée.

Égaré au sein de cette latence, je capture sa paume et la dépose sur le renflement de ma braguette. Le contact de ses doigts aggrave ma fébrilité. Un frisson interminable dévale chacune de mes vertèbres. Je tente de faire bonne figure malgré ces sensations dévastatrices. Pour elle. Du moins, je m'en persuade.

— Ça devrait suffire à te convaincre que tu te trompes sur toute la ligne, non ?

À l'exception d'un court-circuit mental, aucun prétexte n'excuse mon geste déplacé. Kaya écarquille les yeux, vire à l'écarlate puis contemple sa prise sur mon jean. Sa stupéfaction ne l'incite pas à écarter sa main nouvellement libérée de la mienne. Elle a l'air fascinée par notre rapprochement. Soyons honnête, son emprise revient à une douce et lente torture. Je m'en délecte autant que je la maudis.

Les prunelles azurées de Kaya pénètrent les miennes. Leur miroitement, aux sentiments contradictoires – probablement semblables aux miens –, me déstabilise. Qu'est-ce qu'on fout ? Deux potes ne se transposent pas en objet de fantasme. S'il existait une charte de l'amitié, ces points seraient les premiers d'une longue série. 

Et pourtant... Je m'incline, attiré par l'attrait naturel de ses lèvres rosées qui m'implorent de les substanter.

La plus grosse bourde de ma vie se heurte à un obstacle : une sonnerie de téléphone. Tel le grondement sourd du tonnerre, nos corps sursautent et s'écartent pour retrouver leur essence propre. En conséquence du spasme de Kaya, sa poigne se raffermit sur ma fermeture Éclair, engendrant un gémissement peu distingué de ma part, avant qu'elle ne me relâche. La foudre de nos désillusions s'abat sur nos visages ombrageux.

— Tu as raison... Pas besoin d'en faire toute une histoire.

Je me frotte la nuque, submergé par une gêne incommensurable sous le regard interrogatif de mon amie. Je ne sais pas plus qu'elle ce qui nous a conduits à vriller.

— Je dois y aller, je vais être en retard en cours. On se voit demain soir !

Tu parles d'un lâche, certifié d'un connard... 

_______________________________

Hello les Pinky's !

Comme promis, ce deuxième chapitre vous fait rentrer dans le cœur de l'histoire. Certes, Kolson n'a pas choisi la meilleure des façons pour exprimer sa soudaine attirance envers Kaya en enfreignant de nombreuses règles. Espérons qu'il apprendra de ses erreurs ! Ne le jugez pas trop vite, s'il vous plaît. 🥺

Qu'avez-vous pensé de leur rapprochement ?

Selon vous, Kaya a-t-elle ressenti la même attraction que Kolson envers elle ?

Comment vont-ils gérer ce débordement ?

J'aimerais bien connaître vos suppositions !

J'espère que ce chapitre vous aura plu. Encore une fois, je vous remercie de votre lecture et présence. Vos commentaires sont ma plus belle récompense. 🩷

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