Cigarette Duet- Princess Chelsea
Elias
Appartement, 03h54
-Je peux aller me doucher ?
-Au fond du couloir, deuxième porte à droite.
Quarante-cinq minutes qu'elle était partie se doucher, plus aucun signe de vie depuis à part le bruit de l'eau qui s'écoulait du pommeau.
Je me disais que si elle avait accepté si facilement de me suivre c'était parce qu'elle pensait que son père allait se détendre le lendemain, je n'en savais rien en vérité mais elle n'avait pas hésité.
J'étais celui qui avait proposé donc non ça ne me dérangeait pas forcément, je lui avais offert une nuit d'existence en plus puisqu'elle avait sauvé ma sœur, en soit je lui avais sauvé la vie.
Mon téléphone vibra, je le regardais et lisais le message que m'avait envoyé ma mère.
>Adèle va bien, elle n'a pas l'air
vraiment traumatisée par contre
elle ne fait que pleurer parce
qu'elle ne reverra plus Maria.
Et elle comment elle va ?
Je savais très bien que ma mère me demanderait de ses nouvelles, mais qu'est-ce que je pouvais lui répondre ? Je ne l'avais presque pas revu depuis elle n'avait pas parlé du voyage et était partie dans la salle de bain.
>J'en sais rien ça fait je sais pas
combien de temps qu'elle se
douche
>J'imagine bien qu'après tout
ce qu'elle a vécu elle doit avoir
besoin d'une douche, j'espère
qu'elle s'en remettra
>Ouais, je vais la voir
Pour soulager la conscience de ma mère j'allais toquer à la porte de la salle de bain.
-Oh Maria t'as fini ?
Mes sourcils se fronçaient puisqu'elle ne m'avait pas répondu, mais ce n'était pas ce qui m'avait le plus perturbé. Lorsqu'on se douchait l'eau qui tombait faisait un bruit différent, celui que j'entendais était statique.
-Tu es le premier à avoir vu la vidéo, c'est fini j'en ai marre.
Oh putain.
Je frappais contre le bois de toutes mes forces, faisant trembler la porte mais toujours rien. J'essayais mécaniquement de l'ouvrir en baissant la poignée et bordel ça marchait elle ne s'était pas enfermée.
-Et Maria qu'est-ce que tu fous ça va faire une heure que t'es là d'dans ?
Aucune réponse ne me vint, mais tout autre chose. Ma mâchoire se crispa dès que je reconnu le son qui résonnait dans la salle de bain.
-Bonne pute.
-Regardez moi comme elle est bonne.
Je pris la décision de me tourner vers la douche, au cas où elle s'était flinguée. Je la vis directement assise en boule sous l'eau ce qui me permettait de ne pas voir son corps, elle regardait la rediffusion de live.
Elle respirait.
Mais ce n'était pas pour autant qu'elle était vivante.
Ses yeux je n'y voyais plus rien, aucune joie, aucune haine, aucune putain d'émotion. Une poupée vide voilà ce qu'elle était. Comprenant qu'elle allait finir par visionner les cinq longues heures de son viol je décidais qu'il était temps qu'elle s'arrête.
Je pris l'une des plus grandes serviettes, puis éteignais son téléphone. Comme je m'y attendais elle ne bougeait pas ni même ne protesta, elle était complètement amorphe, un simple humain dénué d'âme.
Je la couvrais avec la serviette, mit l'un de mes avant-bras dans son dos et l'autre sous ses genoux afin de la soulever. Je l'emmenais jusque la chambre là où je la déposais sur le lit, elle tenait assise mais je m'imaginais bien que si je la bousculais elle ne se serait pas relevé.
Je pris dans l'armoire l'un de mes boxer et un t-shirt, je commençais par le boxer que j'enfilais en évitant de toucher une seule parcelle de sa peau et passais le t-shirt au dessus de la serviette que je retirais par la suite.
Même le fait que j'aurais pu la violer parce qu'elle était nue elle n'avait pas réagi.
L'idée de lui faire peur en me déshabillant me traversa mais je ne voulais pas savoir si même cela la réveillerai, car je me doutais que ce ne serait pas le cas.
Le téléphone changea de caméraman en même temps que son père donna le double des clés que j'avais moi-même possédé. Maria recula jusqu'à la tête de lit lorsque l'un des clients s'avança vers elle, son visage changea ce n'était plus la Maria que je connaissais, c'était une gosse terrorisée.
Même cette gosse terrorisée je ne la voyais pas, je ne voyais rien en elle. Je claquais des doigts devant elle mais elle ne fit aucun mouvement, je soufflais ne sachant plus quoi faire. J'hésitais à appeler ma mère pour qu'elle puisse m'aider à trouver une solution mais cela m'aurait étonné que Maria veuille que quelqu'un sache l'état dans lequel elle se trouvait.
Je décidais d'aller me changer, comprenant qu'il lui fallait juste du temps. Je sortais de la chambre en prenant quelques fringues avec moi et fermais la porte à clé comme je le faisais d'habitude. Je verrouillais toujours les porte derrière moi, réflexe que j'avais pris avec les années.
Mes yeux s'écarquillaient lorsque j'entendis des hurlements derrière celle-ci, je me retournais vers la porte qui tremblait sous les coups qu'elle recevait.
-NON NON OUVRE LA PORTE ! NON S'IL TE PLAÎT M'ENFERME PAS NON !
J'ouvrais la porte et tombais sur Maria, sa respiration était erratique et la panique se lisait facilement sur son visage.
-Qu'est que t'as ?
-Ferme pas la porte, s'il te plaît ferme pas.
-Il va rien t'arriver Maria.
-Si- quand les clés- ils arrivent-
-Je vais vous laisser, bonne soirée mon ami. Sois sage ma poupée.
Il se barrait.
Comme ça.
En fermant la porte derrière lui.
Le téléphone changea de caméraman en même temps que son père donna le double des clés que j'avais moi-même possédé.
Je ne mis pas longtemps à comprendre que si elle ne voulait pas se retrouver enfermée c'était parce que lorsqu'elle l'était c'était lors d'un contrat. Je saisi ses épaules alors qu'elle regardait partout autour d'elle comme si quelqu'un allait débarquer d'une seconde à l'autre.
-Oh Maria y'a personne qui va venir.
-Ils arrivent- Non- Ils vont-
Je coinçais ses joues avec mes paumes et la forçais à lever la tête pour me regarder, son regard n'arrivait pas à se fixer dans le mien elle était toujours autant paniquée cherchant la moindre trace d'un client.
-T'es chez moi pas chez toi, personne ne viendra.
-Si- ils vont venir-
-Si quelqu'un rentre je le tue.
Je saisi son menton de deux doigts elle était en train de trembler au point où je me demandais à quel moment elle allait finir par s'effondrer.
-Regarde moi Maria.
Elle respirait par la bouche tant elle était en panique, mais réussît à planter ses yeux dans les miens.
Putain je n'avais jamais vu un désespoir pareil.
-Si quelqu'un rentre je le tue, personne ne te touchera. T'as compris ?
Après quelques secondes elle hocha la tête, cela ne me suffisait pas je voulais qu'elle me le dise.
-Dis le Maria, dis que si quelqu'un rentre je le tue.
-Si- Si quelqu'un rentre tu le tues.
-Bien.
Je la relâchais et la poussais doucement vers le lit, elle s'y assit essayant de calmer ses spasmes. Je l'analysais ne sachant pas quoi faire ni quoi dire.
Si une personne osait me dire qu'elle a une vie de merde après avoir vu celle de Maria je lui rirai à la gueule.
Un pic d'énervement prit possession de mon corps, je repensais au château dans lequel cet enfoiré de Frank vivait comme si c'était le sien. Tout cet argent ce n'était pas à lui c'était celui de Maria.
-Réveille toi Maria bordel t'es en droit de vivre ta vie t'es pas la chienne de ton père.
-Qu'est-ce que tu racontes Elias ?
Sa voix était toujours vide mais au moins elle avait parlé sans que je lui demande.
-Tout ce que ton père a c'est à toi, et toi qu'est-ce que tu fais ? Tu le laisses t'utiliser. Bordel Maria c'est ta mafia pas la sienne.
-Sans lui il-
-Et sans toi Maria ? Est-ce qu'il aurait pu en arriver là ? Tu as tout créé seule.
Ses lèvres s'entrouvraient, j'avais l'impression d'être le premier à lui dire qu'elle n'était pas l'objet de son père mais que c'était lui son objet.
-Tu penses qu'il va te tuer ? Jamais il le fera Maria parce qu'il a trop besoin de toi mais toi Maria tu n'as pas besoin de lui.
-Si tu penses te sauver de la guerre parce que je pourrais reprendre la mafia tu te trompes, les contrats ont déjà été signé avec d'autres chefs qui stipulent que quoi qu'il arrive on devra vous tuer.
-Ça finira par arriver et je le sais très bien mais c'est pas pour autant que tu dois te laisser faire.
-Je ne vais pas détruire ma vie parce que tu me demandes de le faire.
-Ta vie ? Quelle vie Maria ? Tu parles de te ramener à l'université parce que ton père t'y oblige juste pour provoquer ses ennemis ? Te faire violer tous les soirs pour qu'il puisse amasser de la thune ? T'appelle ça une vie ?
-Oui c'est ma vie.
Je me mordais les lèvres, cette situation me rendait fous.
-Et si c'était celle d'Alina ? Celle de Leïla ? Tu leurs dirais de rester comme ça juste parce que c'est leur vie et qu'elles doivent s'y faire ?
-Ne mêle pas mes sœurs à ça.
-Putain Maria il a ramené cinq mecs pour te violer et c'est qui qui en a profité ? Lui pas toi et pourtant c'est toi qui subis. Ce mec est un putain d'incapable, si tu veux tout savoir ce connard ne gère absolument rien, le seul truc qu'il fait c'est t'utiliser pour engager des gens qui gèrent toutes ses affaires.
Ses yeux s'écarquillèrent, je devinais facilement qu'elle n'était pas au courant que son père ne servait strictement à rien.
-Imagine tout ce que tu pourrais faire en chef de mafia Maria, tes frères et sœurs ne seraient plus que des pions se seraient des vrais gosses qui pourraient aller à l'école et se faire des potes. Tu pourrais arrêter de te faire violer juste par peur qu'il leur arrive quelque chose putain Maria tous tes rêves tu peux les atteindre.
-Ils seraient des vrais enfants ?
Tout ce qu'elle avait retenu depuis le début c'était que cela pourrait améliorer la qualité de vie de ses frères et sœurs.
J'avais l'impression de la réveiller d'une très longue illusion qui avait duré vingt ans. Comme si elle n'avait jamais pensé à cette solution.
-L'argent fait tout, tu pourrais offrir l'existence dont tu rêves aux p'tits.
-Et qu'est-ce que je dois faire Elias ?
-Prendre la place de Frank.
-Tu es en train de me dire que je dois le tuer ?
-Je suppose que tu es considérée comme son héritière donc oui, si tu le butes tu pourras tout avoir. Ils pourront tout avoir.
-Et moi Elias ? Qu'est-ce que je vais devenir ?
-Tu n'as qu'à faire comme lui, t'as pas à t'investir dans cette merde ça marchera tout seul. Tu donneras juste des ordres.
-Rien à faire ?
-Ton argent a rendu ta mafia bien plus que redoutée et puissante donc non t'auras juste à vivre et non à survivre. Il faut juste que ton père crève.
-Mais comment tu veux que je fasse pour le tuer Elias ? C'est mon père malgré tout.
-Ce n'est pas un père, regarde le mien il t'a laissé lui crever un œil juste pour récupérer sa fille. Comme tu l'as dit Frank si on te kidnappait il ferait sauter notre baraque avec toi dedans, il en a rien à foutre de sa famille, vous êtes ses pions et t'en es parfaitement consciente. Il vous a tous créé pour être des armes, toi la première.
Maria se recroquevillait sur elle même et plaçait ses mains dans ses cheveux, je pouvais comprendre son combat mental, j'étais en train de lui dire que sa solution pour qu'elle soit enfin ce qu'elle veut être c'était de tuer son père.
-Arrête de vivre pour la mafia, vis pour toi.
Elle fermait ses paupières le plus fort qu'elle le pouvait et prit une grande inspiration.
-Je vais le tuer.