— Laissez-moi vous aider.
Jimin avait tenté d'afficher un air digne pendant qu'il marchait jusqu'à sa chambre, mais une fois les portes fermées le cachant à la vue de tous, il tenta de se défaire de toutes les couches de son habit en des gestes précipités. Cho, voyant qu'il s'énervait prit délicatement ses poignets entre ses propres doigts pour lui positionner les bras le long du corps.
Elle s'attela à défaire chaque noeud rapidement et à libérer son maître de l'étau qui l'empêchait de respirer correctement.
Une fois en tunique, Jimin sentit ses jambes trembler et se jeta sur le premier siège à sa portée, la sueur coulant sur son visage fardé.
— Maître ! s'écria Cho. Vous sentez vous mal ? s'écria la jeune femme en se précipitant à ses côtés.
— J'ai besoin de me reposer un instant, Cho...
— Bien sûr, prenez votre temps. Je vais ranger tout cela. En attendant buvez de l'eau.
Elle lui apporta un verre que Jimin but à grandes gorgées avant de lui rendre. Il retrouvait déjà une respiration normale, au grand soulagement de sa dame de compagnie.
— Avez-vous faim, Maître ? demanda-t-elle.
— Le banquet commence dans un moment, je peux tenir jusque là.
— Vous avez à peine picoré quelques grains de riz et du tofu il y a plus de cinq heures, Maître et entre-temps vous avez... eu beaucoup d'émotions.
— Mais, si j'avale quelque chose maintenant j'aurais peut-être moins d'appétit tout à l'heure ? Il faut que je fasse honneur au banquet... s'inquiéta Jimin.
Le voyant hésiter, Cho prit les choses en main, bien décidée à prendre soin de son cher Jimin :
— Aucune importance, j'ai fait venir des mochis à la rose, tenez, cela vous fera du bien après tous les efforts que vous avez dû fournir.
Le jeune homme ne se fit pas prier plus et ouvrit la bouche comme un enfant quand Cho amena la friandise devant ses lèvres pleines.
— Je peux me nourrir tout seul, tu n'as pas à faire cela, dit-il après avoir avalé alors qu'elle lui en présentait un deuxième.
— Je sais. Ouvrez.
Amusé, Jimin obéit et mangea ainsi quatre de ses mochis favoris. Il se sentit mieux et accepta même la tasse de thé que sa dame de compagnie lui proposa.
— Heureusement que la prochaine tenue est plus confortable, dit-il en contemplant le hanbok blanc et rose.
— Je ne m'imagine pas le calvaire que cela a dû être pour vous, déclara Cho en pliant une des sous-couches de la tenue de cérémonie.
Elle remarqua l'avant qui était légèrement déchiré mais n'en dit rien, sachant que cela avait dû être très compliqué de se mouvoir et de monter des marches avec cette chose.
— Nous allons vous rafraîchir et faire une petite retouche maquillage, venez.
Ils passèrent à la salle de bain et Cho enleva la dernière pièce de tissu qui recouvrait le corps de Jimin. Celui-ci aurait tout donné pour pouvoir prendre un bain pendant des heures avec Cho qui lui masserait le crâne. Mais il avait des obligations et une foule de gens qui l'attendaient... sans compter son époux.
— Placez-vous sur le tapis, s'il-vous-plaît.
Jimin se déplaça sur l'étoffe de laine afin de ne pas avoir les pieds en contact avec le bois et Cho lui ôta ses chaussettes blanches.
— Je ne sais pas s'il me reste assez d'énergie pour réveiller le parquet, sais-tu.
— La force de l'habitude, répondit la dame de compagnie en lui souriant tendrement.
Cette dernière se saisit d'un tissu qu'elle trempa dans une bassine d'eau tiède avant de nettoyer rapidement le corps de son maître, le rafraîchissant par la même occasion. Elle enleva son maquillage et fut surprise de constater que contre toute attente, Jimin avait bonne mine. Bien meilleure que ces dernières semaines. Cela lui sembla fort étrange étant donné les circonstances, elle se dit que ce devait être le soulagement que la partie la plus difficile de la journée soit passée... Aucune autre raison n'expliquerait cela.
— Cho...
— Maître ?
La jeune femme constata l'air peiné de son jeune maître alors qu'il touchait du bout des doigts ses cheveux maintenant coupés courts.
Elle se mit alors en devoir de le rassurer, comprenant que ce changement devait beaucoup l'affecter. Elle-même avait été au bord des larmes quand ils étaient arrivés dans la chambre un peu plus tôt, mais elle n'en avait rien montré. Son maître avait besoin d'une épaule solide sur laquelle se reposer en ces temps difficiles et elle souhaitait lui offrir toute la force nécessaire pour s'adapter à sa nouvelle vie.
Alors qu'elle s'était mise à genoux pour lui sécher les jambes, elle se redressa pour lui faire face, baissant les yeux car elle était plus grande que lui d'une bonne demi-tête.
Elle caressa ses mèches et déclara d'un ton assuré :
— Cette coupe vous va à ravir. Vous êtes un enchantement, Maître.
Jimin sentit des larmes humidifier ses paupières et sa vue se troubler.
— Tu es sûre ? demanda-t-il dans un sanglot en passant ses doigts dans les cheveux qui quelques heures plus tôt lui arrivaient encore jusque dans le bas du dos.
— Certaine. Cela met en valeur la courbe gracieuse de votre visage. Et vos mignonnes petites oreilles, ajouta-t-elle en passant une mèche un peu plus longue derrière l'une d'elles. Vous êtes ravissant. Et puis...
Elle prit un air espiègle avant de continuer :
— Je suis heureuse de constater que vos pinces et barrettes seront toujours de service ! Vous verrez !
Jimin sourit et Cho lui sécha les joues avec le linge qu'elle avait en main, lui souriant à nouveau.
La jeune femme sortit de la pièce un instant et alla chercher une tunique propre qu'elle fit enfiler à Jimin avant de l'emmener dans la chambre et de lui passer sa tenue de banquet, effectivement plus légère et confortable que la première.
— Je pense que nous pourrons nous passer de fond de teind, décréta-t-elle avant de simplement illuminer le regard de son maître d'un fard nacré et de rosir ses joues.
Elle ajouta un peu d'huile de fleur sur ses lèvres pour les rendre brillantes et les mettre en valeur. Cho constata que Jimin ne lui avait pas encore parlé de son époux et elle devinait aisément que le sujet devait être sensible. Elle s'appliqua ensuite à le coiffer, dégageant son front en faisant une raie au centre de ses cheveux et appliquant un peu d'eau de rose sur certaines mèches pour leur donner la forme qu'elle souhaitait.
Le but étant de tout mettre en oeuvre pour que le nouveau compagnon de son maître le trouve aussi beau à l'extérieur que ce qu'il était à l'intérieur.
Les minutes passèrent dans le silence, Jimin avait fermé les yeux et se laissait choyer par sa dame de compagnie. Quand elle lui montra les bijoux qu'elle avait sélectionnés pour assortir à sa tenue il se contenta de hocher la tête et de la laisser faire à sa guise.
L'heure du banquet approchait, Jimin ne disait toujours rien et Cho n'osait pas lui poser de questions.
Quelques coups retentirent à la porte et le jeune homme invita la personne à entrer.
— Maître Park, les invités sont installés dans les jardins. Nous vous attendons pour votre entrée avec Maître Min, annonça le serviteur.
— J'arrive, répondit Jimin.
Il se releva et s'admira quelques instants dans le miroir en face de lui, tournant sur lui-même et passant ses doigts dans ses cheveux à présent courts. Il caressa ses pendants d'oreilles en perles nacrées du bout des doigts, se souvenant que c'étaient un cadeau que sa mère lui avait fait pour Chuseok deux ans plus tôt.
Le domestique qui attendait hors de vue dans le couloir se racla discrètement la gorge et Jimin sortit de sa rêverie pour traverser prestement la pièce. Il s'arrêta à la hauteur de Cho qui observa ses traits redevenus soucieux.
— Je vais bien, murmura-t-il en la regardant dans les yeux.
— En êtes-vous certain ? répondit Cho en baissant encore plus la voix.
— Non. Mais j'ai besoin de le croire et que tu le croies aussi.
Leur échange visuel perdura encore quelques secondes avant que la jeune femme affirme d'un ton qui se voulait apaisant pour eux deux :
— Alors vous allez bien, Maître.
— Merci Cho.
Il fit quelques pas avant que sa dame de compagnie s'approche et lui prenne la main une dernière fois en murmurant :
— Mais si cela ne devait pas être le cas, vous savez que vous pourrez toujours compter sur moi pour vous écouter et vous soutenir, Maître Jimin.
Ce dernier tourna la tête vers elle, les yeux humides.
— Je le sais, Cho. Merci encore d'être là.
Ils se séparèrent et la dame de compagnie sortit de la chambre après quelques minutes pour indiquer aux porteurs qu'ils pouvaient y amener les malles du jeune Maître Min afin qu'elle puisse ranger ses effets personnels. Elle avait préféré reporter cette activité à l'après-midi de peur que Jimin ne trouve sa chambre encombrée en venant se changer. Et elle se dit qu'elle avait bien fait.
✤✤✤
Quand Jimin arriva dans le couloir qui menait aux jardins, il avisa Min Yoongi en train de l'attendre, les mains jointes et le regard perdu au loin.
Il trottina jusqu'à lui et son époux tourna la tête en l'entendant approcher.
— Je suis désolé, vous ne m'attendez pas depuis trop longtemps j'espère ?
Yoongi fut attendri par le ton de voix du jeune homme et sa manière si mignonne de réarranger sa tenue bouffante. Il pensa qu'il devait être beaucoup plus à l'aise dans ces habits plus simples et cela se voyait.
— Seulement quelques minutes, répondit-il avec un petit sourire. D'après votre mère nous devons avancer dans l'allée et nous diriger vers notre table sous la tente principale en passant devant tout le monde.
— Oui, j'ai répété cette partie plusieurs fois, vous pouvez faire comme moi.
— Très bien, allons-y.
Yoongi tendit le bras à son intention comme on le lui avait appris et Jimin passa sa main autour de son avant-bras avant de se laisser entraîner vers le bout du couloir qui menait à l'extérieur.
Ce bref échange avait été bien plus agréable que ce à quoi il s'attendait. Min Yoongi s'était rafraîchit et changé également et lui aussi semblait bien plus à l'aise dans ses habits de banquet. Jimin s'était attendu à se faire réprimander parce que son époux l'avait attendu mais il n'en était rien. Pendant qu'ils s'avançaient vers les jardins, ils se jetèrent quelques coups d'oeil de temps à autre, regardant à nouveau devant eux quand l'autre surprenait ce petit jeu.
Chacun ressentait le même mélange de peur et d'incertitude quant à leur union et vie commune, tout en étant intrigué par l'époux qui avait été choisi pour eux.
Yoongi trouvait Jimin ravissant et tout à fait à son goût physiquement. Quant à sa personnalité... bien entendu tout cela pouvait n'être qu'illusion mais il lui semblait que le jeune homme était effectivement d'une grande douceur et d'une sincère gentillesse. Tout comme lui, Park Jimin avait été élevé dans une cage dorée, protégé la plupart du temps de tout et de tout le monde et cela se voyait dans ses manières qui frôlaient l'innocence d'un enfant.
Jimin de son côté ne pouvait s'empêcher de penser que son compagnon d'infortune était beaucoup plus séduisant que sur le petit portrait peint qu'il avait reçu la veille de la part de sa mère. Son visage rond et pâle aux traits fins le captivait et quand il passa sa main autour de son bras il sentit les muscles de celui-ci se contracter, assurant de la corpulence solide du jeune homme malgré sa taille qui équivalait à la sienne. Cependant il se sentait intimidé par l'apparente froideur qu'il affichait presque en tout temps. Jusqu'à présent il n'avait aperçu que l'ombre d'un sourire sur ses lèvres.
Ils furent annoncés et apparurent à l'entrée de l'allée bordée de fleurs, se tenant bien droits et avançant en parfaite synchronicité en saluant de la tête les différentes personnes présentes.
Arrivé sous la tente principale où était réunie la famille et les plus hauts dignitaires de la Cour, ils s'inclinèrent une première fois devant toute l'assemblée avant de se diriger vers la table où étaient installés les membres du Sénat et de la Cour Royale invités pour l'occasion. Ils saluèrent également leurs parents et furent ensuite installés à leur propre table sur une estrade afin que tout un chacun puisse les observer. Il était de tradition que les jeunes mariés soient exposés ainsi aux regards, chacun pouvant ainsi analyser leurs faits et gestes et discuter de la santé et de l'avenir du nouveau couple.
Yoongi se sentit rougir d'être ainsi soumis à l'attention de tous et jeta un oeil à son époux qui se trouvait dans le même état que lui, ce qui le rassura un peu.
Les plats furent servis et le jeune Mul-Ui s'étonna de voir que les baguettes et cuillères en argent de son époux étaient changés de manière discrète par d'autres en céramique. Il constata aussi que tout avait été mis en oeuvre pour que Jimin ne touche jamais aucune surface d'origine végétale comme du bambou ou du bois.
Avant ce jour il n'avait jamais vu de Sigmul exercer son pouvoir et avait été très impressionné par les fleurs que Jimin avait réussi à faire pousser en quelques secondes seulement lors de la cérémonie au temple. Park Jimin devait être très puissant pour qu'on l'empêche de toucher quoique ce soit qui pourrait se réveiller à son contact.
Ce dernier de son côté remercia le serviteur qui lui avait échangé ses couverts, conscient que cela n'était normalement pas prévu.
Le jeune homme lui sourit avant de murmurer :
— C'est à la demande de Madame votre Mère, Votre Excellence.
Jimin se sentit ému. Bien sûr sa mère savait parfaitement que le contact de certains métaux contre sa peau était extrêmement désagréable pour lui. Faisant elle-même partie des Sigmuls, elle ne connaissait que trop bien ces sensations, bien que depuis ses jeunes années elle avait réussi à s'en accomoder, ce qui n'était pas le cas de Jimin. Il s'était préparé mentalement à devoir manger tout son repas avec les mêmes baguettes que tout le monde : en argent. Mais visiblement Park Soo en avait décidé autrement, pour son confort.
Il tourna la tête vers la table de la famille qui se trouvait un peu plus loin et surprit sa mère en train de le regarder. Ils échangèrent un sourire et Jimin sentit son coeur se réchauffer et sa rancoeur contre sa génitrice s'apaiser quelque peu.
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Parfois quand je me relis je me demande d'où j'ai pu sortir tous ces détails. Je n'ai pas une très bonne mémoire pour les histoires, même quand il s'agit des miennes alors je les redécouvre à chaque relecture 😅
J'espère que ce chapitre vous a plu. Finalement leur relation semble moins mal engagée que ce que tout cela laissait présager 🥰