Je poussai un cri de surprise. Je bondis de frayeur. Nyx amorça un mouvement mais fut aussitôt stoppé par le monstre d'ombre. Ce dernier l'entoura et le plaqua au sol. Je brandis mon épée mais sur un geste du roi, la créature se mit à étouffer Nyx sous mes yeux. Ses langues de ténèbres bouillonnantes se plaquèrent sur son visage. Aussitôt, je m'immobilisais. Seuls ses yeux m'étaient encore visibles. Paniqués et agrandis. Mon cœur bondit de frayeur.
- Enchanteresse, me salua Menevras. Cela faisait longtemps. Enfin même si je devrais dire, hybride, désormais...
- Le saviez vous, demandai je en reculant doucement d'un pas en armant mon bras.
- Quoi donc ?
- Que j'étais l'hybride...
- Bien sur. Vous souvenez vous de notre entrevue avec mon fils dans le couloir, le tout premier jour de votre arrivée ?
- Oui.
- Nos pouvoirs ne marchent pas sur vous... Ce n'est absolument pas une caractéristique de la famille Zaetlan. C'est uniquement l'hybride qui peut résister à certaines de nos aptitudes.
- Comment pouviez vous le savoir, demandai je hébétée.
- J'ai lut des livres sur l'hybride. Et j'y ai appris beaucoup de choses. Mais le plus gros coup de théâtre fut de découvrir le sceau de l'éternité sur votre front.
- Vous m'aviez traîné ici, aussitôt après, fis je pour le faire parler de ce qu'il c'était produit ensuite.
- C'est exact. Vos nouveaux petits copains vous ont parles de ce qui se cachait derrière ces portes ?
- Ils m'en ont parlés oui, répondis je en jetant un léger coup d'œil vers les portes immenses.
Les deux orbes d'émeraudes semblaient étinceler. Comme un appel a la contemplation. Une incitation à s'en rapprocher.
- Quel plan merveilleux de faire revenir le plus grand fou de tout les temps, ironisai je.
- En fait, il suffit de changer de point de vue pour comprendre que vos jugements ne sont que subjectifs. Mais vous pourriez comprendre...
- Je n'en ai pas envie, répliquai je d'un ton sec.
- Vos amis vous ont ils tous dit ?
- Si vous pensez que je me laisserai avoir par vos fausses paroles...
- Connaissez vous les trois reliques perdues de la Déesse, Arcanya ?
- Oui, mentis je.
Je n'avais connaissance que de l'épée sacrée. Je n'avais aucune idée de quelles étaient les deux autres.
- Je suppose que vous aussi cherchez l'épée sacrée ?
- Je la cherche oui, répéta Menevras, d'un ton pensif. Mais pas pour les raisons que vous pensez.
- La soulever et la manier vous rendrai invincible, non ?
- Je ne peux prétendre à la soulever, dit le roi me faisant froncer les sourcils.
- Vous ne la voulez pas pour vous?
- Non loin de là. Voyez vous, porter une relique de la Déesse, nécessite une puissance sans pareille. Et seul des personnes bien particulières peuvent les trouver et les porter désormais. Des personnes qui ont assez de pouvoir pour ne pas être corrompu. Des personnes ayant directement la bénédiction de la Déesse en personne.
- Des porteurs du sceau, compris je abasourdie.
- Tout à fait. Et vous, ma chère, êtes une des ces deux personnes. Mais cela ne suffit pas. Non, loin de là. Même seule, cela se révélerai ardue. Il vous faudrai votre pleine puissance.
- Arcanya, m'appella la voix étranglée de Nyx.
Je tournai la tête vers lui. Ma peur pour lui se décuplait de seconde en seconde. Le monstre d'ombre l'avait immobilisé et son simple contact semblait le faire souffrir.
- Que faudrez t'il dans ce cas, demandai je en cherchant frénétiquement du regard quelque chose qui pourrait nous venir en aide.
Je priai pour que Valeryan ou Arik arrivent bientôt.
- La puissance d'un Lié à son paroxysme.
- A son paroxysme... Elle peut encore plus grandir ?
- Au côté de votre Lié oui, bien sûr. Un rite de passage est nécessaire. Les Liés doivent échanger leur sang. Et alors le lien qui se crée est indestructible.
Mon cerveau commençait peu à peu a replacer les éléments du tableau. Le roi ne pouvait avoir l'épée. Mais si un Lié le pouvait alors dans ce cas il n'avait qu'à se servir de celui qui avait le sceau. Si Maven était le détenteur de l'autre marque...
- Vous la voulez pour Maven, fis je. Vous voulez qu'il la porte et qu'il l'utilise selon votre bon vouloir...
- Pour mon fils, répéta le roi. En êtes vous sûre ?
- C'est Maven qui porte l'autre marque, laissai je tomber en retenant mon souffle.
Le roi allait il confirmer ? Je me forçais à ne pas regarder Nyx. Je serrai les dents.
- Si c'est la création du lien entre les deux liés qui le fait atteindre son plein pouvoir... Alors vous voulez que nous effectuions cet échange ? Afin que Maven ai le pouvoir de trouver l'épée.
Les yeux du roi se plissèrent. Puis sa bouche se tordit en un rictus. Derrière lui, Nyx gronda à nouveau et il se battit encore une fois avec le monstre le retenant.
- Assez, claqua la voix de Menevras et il laissa échapper une onde de pouvoir.
Le sol trembla et peu solide sur ma jambe blessée, je tombai au sol.
- Je vois qu'il ne changera jamais, lança Menevras. A se morfondre dans ses secrets et dans ses mystères.
- De qui parlez vous, crachai je.
- Je parle de celui qui n'a fait que vous mentir. Celui qui se tient juste à côté de moi. Celui qui ne c'est rapproché de vous seulement pour mieux pouvoir vous utiliser.
- Pardon, soufflai je en me redressant difficilement. Je ne vois pas de qui vous voulez parler.
- Vraiment ?
La question du toi était sulfureuse, mielleuse. Cruelle.
- Nyx, vous allez bien, lançai je à son attention.
Il était toujours immobilisé sous le monstre d'ombre. Il tourna la tête vers moi et il hocha doucement la tête. Je plissai les yeux, face à son attitude. On l'aurai dit amorphe et sans plus aucune énergie.
- Vous pensiez peut être qu'il s'intéressait vraiment à vous, ricana Menevras en s'approchant.
Je me tétanisais. Le roi était vraiment en train de me parler de son fils aîné ? Pourquoi me dire ça à propos de Nyx ? je restai immobile, sentant une étrange nausée me prendre.
- Quoi ?
- Encore des mensonges n'est ce pas ?
- De quoi parle t'il Nyx?
Mais il ne me répondit pas. Je blêmis. Menevras me contourna lentement alors que je regardais Nyx me regardait l'air suppliant mais l'air coupable. Je ne bougeais même pas. Pas même alors que Menevras se retrouva derrière moi et que je n'avais plus aucune vision de lui.
- Briser la malédiction ne peut se faire pour seulement qu'une personne, l'entendis je dire. Et votre sang doit être versé de votre plein gré. Nul contrainte ne doit survenir. Nous avons peut être essayer de vous duper. Mais, lui aussi. Pour son seul bien personnel.
Je me figeai, alors que tout mon sang se glaçait dans mes veines. Menevras repassa en face de moi.
- Il ne voulait que se débarrasser de ce carcan qui l'empêchait d'user de ses pouvoirs. Et bien plus encore.
- C'est faux, hurlai je. Valeryan aussi à ce pouvoir.
- Vous pensiez que je vous voulais pour mon deuxième fils ? Que c'était votre Lié ? Ce genre de fil se noue dès la naissance des individus. Les liant, les faisant presque fusionner, tant dans leurs âmes que leurs esprits. Si Maven l'aurai été vous l'auriez senti jusqu'au plus profond de votre âme.
- Maven n'est pas l'autre porteur du sceau...
- Oh non, loin de là. En revanche, nous connaissons bien le véritable détenteur de la marque de la Déesse.
Mon souffle se coupa. Je regardai Nyx tentant de décrypter son regard. Lui aussi le connaissait il ? Mais, il ne me renvoya qu'un regard suppliant. Un sentiment d'horreur s'empara de moi. Quelque chose allait se produire. Les mots du rois se plantaient de plus en plus dans mon cœur. Je comprenais de plus en plus où il allait en arriver.
- Vous ne le comprenez pas, n'est ce pas, poursuivis le roi.
- Ne pas comprendre quoi, prononçai je doucement.
Le roi eut un petit rire maléfique.
- Vous, ma chère êtes liés par le fil de la Déesse à mon fils aîné.
Un tsunami submergea mon cerveau. Je sentis mon sang rugir dans mes oreilles. Mon regard tomba sur Nyx qui ne disait toujours rien.
- Vous l'ignoriez ? Pas lui. Donner son sang de son plein gré à son Lié ne conduit pas seulement à briser cette malédiction dans le cas de notre famille, poursuivis le roi. Non, c'est bien plus que ça. Donner votre sang à votre Lié, vous donne mutuellement accès à l'esprit les un des autres. Accès à toutes ses facultés. Y compris le pouvoir de votre sang. Y compris celui de tous nous tuer pour avoir la puissance de trouver l'épée sacrée de la Déesse.
Un sanglot se bloqua dans ma gorge. Chaque mot du roi était un pieu qui s'enfonçait dans mon cœur. Et se pieu se brisait en un millier d'échardes à chaque silence de Nyx face aux paroles de son père.
- Vous vouliez me pousser à vous faire don de mon sang, articulai je à l'attention de Nyx. Alors que...
Je reculai d'un pas chancelant.
- Ses paroles n'ont pour but que de nous opposer, Arcanya, fit il en se débattant encore plus contre le monstre.
- Tout est donc faux alors ?
Nyx ne répondit pas. Je fermai les yeux alors que mon sang se transformait en acide dans mes veines. Encore et toujours des mensonges.
- Bien, ricana le roi, maintenant que tout les secrets tombent, nous pouvons passer aux choses sérieuses.
Il claqua des doigts et le monstre d'ombre se retira. Nyx bondit sur ses pieds et des ténèbres s'amassèrent autour de lui.
- Je t'en pris, mon fils... Je te connais.
J'eus un haut le cœur aux mots mon fils. Sur mes gardes, je surveillai le monstre qui c'était reculé et qui attendait les ordres de son maître.
- Je sais que tu viens d'épuiser tes dernières forces à créer ce champ protecteur. Moi aussi, je suis brimé par cette malédiction. Je sais comment elle nous limite dans notre puissance.
- Je reste plus fort que vous, gronda Nyx en serrant les poings.
Le cœur au bord des lèvres, je reculai d'un pas quand il leva les yeux sur moi. Je n'osais l'affronter. Dire que je pensais que rien ne pouvait être pire que d'être lié à son frère. Mais si. J'étais destiné à être lié à lui. Il savait. Et il ne m'avait rien dit. Pour quelles raisons ? Le roi disait peut être que c'était pour se servir de moi, mais je ne voulais croire ces paroles. Une explosion de gravats frôla mon oreille. Je revins brutalement à moi. Les deux hommes étaient en train de se livrer à un combat acharné. Consternée, je ne savais depuis combien de temps, je réfléchissais plantée là en face d'eux.
- Voyons donc si tu peux aussi lutter pour elle, cracha le roi en me retournant un regard cruel.
Il écarta les bras et claqua des doigts. Sous le choc, je vis le monstre d'ombre, jusque là passif, se mettre en branle. Il se jeta sur moi. Je reculai précipitamment. Mon dos heurta un mur. Je levai fermement mon épée. Je croisai le regard de Nyx.
- Non, hurla t'il en projetant sa main en avant.
Un écran de ténèbres se forma entre moi et le monstre une seconde avant qu'il ne se jette sur moi. Il s'écrasa contre et rugit. Plaquée contre le mur, j'enrageai de ne rien pouvoir faire. Mon épée tenta de passer au travers mais je fus aussitôt repoussée. Je poussai un cri de rage et regardai vainement le combat se poursuivre.
Menevras était plus frêle que son fils mais Nyx dépensait visiblement une quantité incroyable de ses forces dans ce bouclier protecteur. Ses coups se faisaient de moins en moins fermes. Ses mouvements de moins en moins rapides. La mâchoire crispée, il persistait toutefois à asséner des attaques à son père. Ils se tournèrent autour durant de longues minutes. Tendue, je regardai le bouclier devant moi, s'étiolait de plus en plus. Le monstre derrière grattait furieusement les ombres tentant de passer cette barrière. Paniquée, je regardais mon épée et comment elle était petite face à cette créature. Son simple fer ne suffirait pas à blesser une telle bête. Puis, je me souvins brusquement que j'avais déjà tué un monstre tel que lui. Dans l'autre sanctuaire. Il m'avait suffit de... J'inspirai profondément. Mes yeux se fermèrent. L'urgence de la situation me rendait fébrile. Je plongeai dans mon esprit, cherchant la bete, la provoquant. Je lui hurlais des promesses de morts, de sang. De désolation. Un avenir sans lois qui nous empêcherait de tuer. Mon corps trembla sous la pression. C'était comme si une autre personne emprisonnée en moi poussait et hurlait à même ma peau, tentant d'en sortir si point de la faire exploser. Un gémissement s'échappa de mes lèvres. J'étais en train de perdre cette bataille. La bête était bien trop forte. Ses griffes striaient ma chair, mon âme. Je me pliais en deux. Le bruit du combat derrière mon moi, me donna la force valable pour faire mon geste suivant. Il avait besoin de moi. Je pris une inspiration tremblante. Et je m'adonnai à la bête. Elle déferla dans mon esprit, hurlante et chaotique.
Et la bête se déchaîna. Je hurlais en même temps qu'elle. Mes bras s'ouvrirent tandis que je laissai s'échapper toute la violence et la frustration de la bête. Toute notre colère. Notre peine. Le bouclier de ténèbres tomba et la bête d'ombre en face de moi fut pulvérisée. La lumière rouge envahit toute la salle du temple. Ma vision devint écarlate. Mon cri perdura dans l'air. Mais je n'étais pas assez forte alors que je bridait la bête. Notre puissance n'était guère comparable à ce qu'on aurai put être. Tremblante, je me redressai. Au sein même de moi, deux conscience se livraient à un combat acharnée. Mais je savais à quel prix j'avais cédé à la bête. Elle se retira brutalement. Et une partie de moi sombra avec elle. Pantelante, je m'adossai au mur. Le monde tournait autour de moi. Mon corps fatigué ne supportait plus mon poids. Je revins à moi. Menevras c'était protégé en se drapant d'ombre malsaines. Nyx était pantelant à ses côtés et me regardait comme s'il me voyait pour la première fois. Il était couvert d'innombrables blessures. Son sang s'écoulait de partout à la fois.
- Vous ne comprenez pas, lança Menevras d'une voix forte.
Une entaille apparut sur le bras de Nyx. Surpris, il ne se déroba pas au coup suivant. Le roi le saisit par l'épaule et le ramena contre lui. Comme dans un rêve, je le vis de reculer brusquement. Mon cœur eut un sursaut quand le dos de Menevras percuta les hautes portes de pierre. Un cri étranglé fusa de mes lèvres. Nous n'avions pas vu qu'ils c'étaient autant rapproché de celles ci.
- Vous ne pourrez pas l'empêcher !
Et Menevras plaqua dans un grand geste ferme le bras de Nyx sur la deuxième orbe d'émeraude. Le temps sembla se suspendre. Ma poitrine se compressa brutalement. Je titubais. Nyx recula d'un bond et s'effondra au sol. Menevras le suivit lentement. A plusieurs mètres d'eux, je ne pouvais que les observer. Mes forces m'abandonnaient. Le sol trembla à nouveau. Horrifiée, je regardai les orbes d'émeraudes s'illuminer d'une lumière verdâtre et sombre. Surnaturelle. Maléfique. La bouche figée en une expression d'horreur, je tentai de me remettre sur mes coudes. Mais la douleur irradiait de tout mon corps. Je gémis.
- Qu'avez vous fait, articulai je.
- Ce que vous n'avez jamais put prévoir, scanda le roi.
Je regardai les portes de plus d'une dizaine de mètres d'agiter. Puis un grand bruit me fit détourner le regard des battants de pierre millénaire. Un hoquet m'échappa. Menevras ne voulait pas seulement se servir de son fils. Il voulait le tuer. Sa lame jaillit. Nyx, vidé de ses forces n'eut pas le temps d'armer son bras avec toute la force nécessaire. Il ne repoussa qu'avec peine l'épée de son père. Cette dernière décrivit alors un nouvel arc de cercle. Nyx se laissai tomber sur le dos. Un nouveau tremblement secoua tout le temple. Puis son regard croisa le mien. Mon souffle se coupa. L'espace d'une seconde, ce fut comme s'il était à côté de moi en train de me parler. Comme si ses deux yeux n'étaient qu'à quelques centimètres des miens et que je recevais tout ses regrets et toutes ses excuses pour ses mensonges. Rassemblant mes dernières forces, je me redressai. Je ramenai mon bras en arrière et au prix d'un terrible effort, je lançai ma dernière dague en direction du roi. Sa lame à lui continuait de tomber sur la gorge de son fils. Je retins mon souffle. Ma vision troublée ne se focalisait que sur ces deux hommes s'affrontant. Mes yeux me brûlèrent. Ma lame vola et tournoya comme au ralenti. Elle frappa la main du roi, transperçant la chair et faisant voler l'épée en l'air. Menevras partit en arrière en hurlant.
Je m'effondrai sur le sol, alors que dans un terrible craquement et un tremblement venant d'outre tombe, les battants de pierre vieux d'un millénaire, s'ouvrirent. Lentement, comme si ce moment était un instant solennel. Je croisai le regard de Nyx alors que mes dernières forces me quittaient. Mes yeux papillonnaient. La douleur dans mon corps était si forte que je serrai les dents pour la contenir. Nyx tendit une main vers moi. Je la regardai anéantie, sans pouvoir me résoudre a bouger. Et c'est dans un silence de mort, dans ce lieu mortel, plein de désespoir et de trahison que le Haut Roi Moroviel Erashva revint à la vie.