Le Royaume perdu

By Sheila_Letanovsky

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Arcanya Lake vit dans le royaume d'Oriolen, où règne le roi sanguinaire Menevras Erhavsha. Chaque année ving... More

1- L'Appel
2- L'Appel partie-2
3- Verité ou Mensonge
4- Terreur et Combat
5- Plans
6- Nid de Serpents
7- Rencontre surprise
8- Course poursuite
9- Une journée en Enfer
10- Se fondre dans le décor ou faire brûler le décor
11- Eveil
12- Rituel
14- Perte de controle
15- L'aide inespérée
16- Faire le grand saut
17- Evasion
18- En cavale
19- Ratrappés
20- Démons nocturnes
21- Encore marcher
21- La grive
22- La region des Lacs
23-L'attaque
24-Ruines anciennes
Ruines anciennes 2
26- Vaenira
27- La cité des espoirs
28- La cité des espoirs partie 2
29- Liens de sang
30- La Bibliothèque
30- Reunion
31- L'arme
32-Les Liés
33- Le Haut Roi
34- L'arène
35- L'entrainement
36- Bataille
38- Le sanctuaire maudit
39- Le sortilege

37- Affrontement

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By Sheila_Letanovsky

Une armée de morts étaient en train de nous attaquer. Abasourdie, je faisais tourner mon épée sans même analyser réellement la situation. Jamais je n'aurais penser faire cela un jour. Mais les cris de mes compagnes rapidement rejoint par ceux de la légion de Nyx me galvanisaient. Je me battais de toute mes forces. J'avançai peu à peu, aux côtés des autres, en direction du palais. Une cinquantaine de mètres devait nous en séparait désormais. La brume c'était levée. Tout l'espace était baigné de la lumière du soleil froid. Un monstre me fit face. Ses dents taillées en pointe, claquèrent à deux centimètres de mon visage. Je me reculai en pourfendant l'air de ma lame. La bête fut touchée en plein torse. Mais l'entaille profonde ne l'a ralentit qu'à peine. Seul un cri de rage sortit de sa bouche. Sa main griffue et noire d'une peau sale et brûlée, me râpa l'avant bras. La brûlure me fit monter les larmes aux yeux. Je tournai sur moi même, assénant un coup d'épée en plein sur son crâne. Il s'effondra définitivement pour être aussitôt remplacé par deux autres. Légèrement essoufflée, je sortis un de mes poignards. Je le fit tourner dans ma main et chargeai sans plus attendre. Lorsque je m'en débarrassai enfin, je regardai autour de moi. Valeryan se battait contre trois bêtes en même temps. Je ne voyais pas Bellona. Les autres paraissaient encore en pleine forme. Nullement fatigués. Ils étaient formés pour ça. Tenir des heures durant.

Un homme se détacha soudain au milieu de la masse monstrueuse. Éberluée, de voir un homme s'avancer ainsi, j'écarquillai les yeux. Grand et fin, il arborait des cheveux clairs et des yeux noirs. Ses traits étaient tordus en un rictus étrange. Il marcha au milieu des monstres. Le surveillant du coin de l'œil, une étrange sensation me titilla l'esprit. Ce fut quand il se planta dans Valeryan que je compris. J'avais déjà vu cet homme. Il se tenait à la table du roi lors de mon premier soir au palais. Il faisait partie du Cercle ! Il était donc un enchanteur de l'ombre ...

- Valeryan Zaetlan, fit l'homme l'air à la fois surpris et ravi d'une joie malsaine. Ainsi, nos informations n'étaient pas étonnées. Je ne pensais pas revoir un jour ce petit prince à son papa.

- Quand nous nous sommes quittés j'étais prince et toi tu n'étais rien, dit Valeryan.

- Maintenant je suis l'un enchanteur de l'ombre les plus puissants!

- Et désormais je suis un roi. Le Haut Roi de Kelaris, rétorqua l'homme aux cheveux flamboyants en dégainant son épée.

L'autre sourit largement. Ses dents étincelèrent. Ses yeux se plissèrent d'une cruauté infinie.

- Nous verrons cela...

Leurs lames se rencontrèrent dans un explosion d'étincelles noires et blanches. Mon regard croisa celui de Valeryan. Il sembla comprendre sur le champ à quoi je pensais. Ils allaient blesser des gens. Et le roi ne pouvait se permettre de blesser ses propres combattants. Dans une lumière aveuglante les deux hommes disparurent. Choquée, je clignai des yeux. J'avais bien compris que Valeryan avait un pouvoir similaire à celui de Nyx pour ce qui était de se déplacer. Mais la démonstration sous mes yeux n'en n'était pas moins impressionnante.

Je continuai à tuer les monstres autour de moi. J'avais vite compris que le défi majeur était qu'elles ne ressentaient pas la douleur comme nous. Un membre à moitié arraché ne les ralentissaient pas beaucoup. Seul la perte définitive de leur vie, les laissaient au sol inertes. Alors que nos blessures pouvaient nous freiner à tout instant. Je me battis durant longtemps. Les monstres s'empilaient autour de nous, mais d'autre en arrivaient toujours. J'avais la nausée de voir leur nombre. De voir combien de personnes avaient été voués à cette fin terrible. Des cris autres que de rage et de guerre commencèrent à se propager autour. Je continuai à me battre, tentant de les comprendre. Je croisai le regard d'Eines. Elle était blafarde. Je fronçais les sourcils. Une peur de me saisit l'estomac. D'un coup de pied bien placé, je fis voler mon nouvel adversaire. Je fis volte face. Je venais de saisir les paroles prononcés.

- Le roi Menevras a été vu à un balcon du château !

La nouvelle se propagea rapidement comme un feu de forêt. Tous, tournèrent la tête vers le Palais Noir, redoutant et espérant en même temps y voir Menevras. Moi même je regardai. Mais je ne vis rien. Une vague de colère me submergea soudainement. Perturbée, je vacillai. Étrange. Cette sensation était étrange. Ce n'était pas ma colère. Un mauvais pressentiment me pris à la gorge. Je tournai sur moi même, tuant tout les monstres m'attaquant. Je cherchais une personne particulière. La source de cette colère venait de Nyx. J'en étais persuadée. Je tombai sur Bellona qui semblait tout aussi préoccupée que moi. Les mêmes pensées habitaient sûrement sa tête. Nyx était en train de céder à sa colère. Face à son père, il perdait la maîtrise de ses émotions. Il ne fallait surtout pas qu'il y aille seul.

- Nyx, non, hurla soudainement Bellona.

Horrifiée, je me tournai juste à temps pour voir une bouffée de ténèbres disparaître. Et à la place de Nyx ne se trouvait plus que le néant. Ma bouche s'ouvrît.

- Bordel, siffla la lieutenante en se passant une main dans les cheveux.

- Il faut qu'on le retrouve, lançai je en redoublant d'efforts.

- Le roi nous attendait, fit elle. Le Cercle n'est donc même pas réuni. Arik va sûrement tomber dans un piège !

Des frissons d'horreur parcouraient tout mon corps.

- Clodissia, hurla la guerrière aux cheveux noirs en pourfendant une créature.

- Oui, cria la concernée quelque part derrière nous.

Nous pivotâmes. Elle était aux prises avec deux monstres. Impressionnée, je la regardai un instant, tenir en respect les deux créatures, sans un effort apparent. Son épée tournait comme une extension de sa main.

- Tu peux assurer le commandement de la légion ?

- Oh que oui !

- Parfait, cria Bellona. Allons y !

Je repoussai violemment un monstre qui me sauta dessus. Je partis au pas de charge juste sur les talons de mon amie. Nous nous traçâmes en chemin dans la débâcle. Des hurlements fusaient de partout. Arrivée devant les portes entre ouvertes, je pensais rencontrer une plus grande résistance mais je me trompais. Nous déboulâmes dans le château. Aussitôt, je compris que Yaro avait largement rempli sa mission. Des cris et des bruits de combat s'élevaient en tout sens. Les armées de Menevras devaient attendre dans le palais quand celle de Yaro avait frappé. Tout l'endroit était devenue un champs de bataille. Je traversai une succession de couloirs ou des hommes se livraient à leur combat. Des monstres comme ceux qui nous attaquaient au dehors avaient également investit l'endroit. Leurs cris perçaient mes oreilles. Je grimaçais. Jamais je n'avais entendu pareil vacarme. Bellona à côté de moi, pourfendait tout ce qui passait à proximité de son épée. Je comprenais mieux les mots d'Arik a son sujet. Elle était vraiment impitoyable. Ses mouvements gracieux et fermes. Son corps était à lui seul une véritable arme. Nous finîmes par arriver dans une sorte de grand hall ou un combat se concentrait. Des éclairs fusaient. Des éclairs de lumière. Je me frayais à nouveau un passage et découvrit Arik au milieu de la pièce. Face à deux portes fermées, il se battait comme un lion. Autour de lui je reconnus des visages faisant partie de sa légion. Les enchanteurs étaient ici. Mais aucune trace du Cercle. Perplexe, je m'avançai jusqu'à lui. Bellona arriva à ma droite.

- Nyx a dut directement se rendre dans les quartiers de Menevras, lança t'elle en s'écartant de la trajectoire d'une épée. Dans l'aile Ouest !

- Très bien !

- Arik, hurlai je en arrivant à son niveau.

- Bienvenue à la fête, lança t'il gaiement.

Éberluée, j'en restai presque comme deux ronds de flans. Il semblait réellement dans son élément ici. Je repoussai un adversaire. Mon épée lui trancha le ventre. Je n'éprouvais d'un remord fugace.

- Ils ont bloqués les portes de ce côté, m'informa t'il. D'autres combats se déroulent juste derrière. Le Cercle c'est replié au delà.

- On doit passer, intervint Bellona en se calant à côté de nous. Nous devons retrouver Nyx. Il est sûrement parti rejoindre son père.

- Par la Déesse, lâcha Arik en écarquillant les yeux.

- Tu as pensé à ouvrir les portes, lui suggérai je en agitant la main devant lui, pour lui indiquer mon sous entendu qu'il pouvait peut être le faire avec ses facultés.

Je me baissai pour trancher les jambes d'un monstre qui allait se jeter sur Bellona. Puis fit un bond sur le côté. Il y en avait de partout.

- Toi qui a sans cesse une potion dans la poche, m'appuya Bellona en fracassant le crâne d'un homme sur le point de lui trancher la gorge.

- Merveilleuse idée, les filles, nous cria le sorcelleur.

Il sauta et se jucha sur un canapé qui faisait partie entre chose du mobilier présent dans la pièce. Une fiole violette glissa entre ses doigts. Il nous sourit férocement, en rabattant ses mains violemment entre elles. Une fumée en sorti. Le claquement sonore libéra une puissante énergie qui fit voler les portes en arrière. Aussitôt, les enchanteurs s'y ruèrent et se jetèrent dans la mêlée.

- Yaro est parvenu à pénétrer les défenses arrière, nous lança le sorcelleur. Mais une bonne partie de sa légion est encore dehors dans la Forêt. Ils sont tombés sur des soldats.

- Nos légions vont bientôt rentrer dans le palais, lui fit Bellona. Vous n'allez pas être en infériorité longtemps.

Elle lui pressa le bras et courut jusqu'aux portes désormais ouvertes. Je remerciai Arik d'un signe de tête avant de m'y engager à mon tour. Je me jetai dans une nouvelle mêlée. Je commençais à fatiguer. Mais l'adrénaline était telle que je me sentais prête à courir des kilomètres. À pourfendre mes ennemis pendant encore de longues heures. Nous avançâmes rapidement. Les soldats ne se jetaient presque que sur les personnes les attaquant. Bellona et moi restant dans une posture défensive, nous n'étions pas les cibles principales. Nous abandonnâmes bien vite la salle derrière nous. Complètement désorientée, je suivais Bellona en toute confiance. Elle tournait dans les couloirs, sans une once d'hésitation alors même que plusieurs choix s'offraient à elle. Elle passait devant nombre de portes fermées, mais ne tergiverser jamais pour en ouvrir une dès lors qu'on passait devant. Les combats s'éloignaient de plus en plus. Ils n'avaient pas atteint cette partie là du château. Bellona s'arrêta devant une porte en bois.

- Tu connais bien le palais, lui fis je assez surprise.

- Tu serais étonnée de savoir combien de temps j'ai passé entre ces murs, me dit elle sombrèrent. Par la, on dirait bien qu'il n'y a personne.

Elle approcha sa main de la porte et tourna la poignée.

- On est encore loin de l'aile Ouest?

- Non...

Sa voix mourut dans sa gorge. Un son étranglé en sortit.

- Et bien..., fit une voix glaciale.

La porte acheva de s'ouvrir dans sa totalité. Nous livrant le passage sur la dernière personne que nous voulions affronter.

- Deux de mes promises en même temps, ricana méchamment Maven. C'est donc mon jour de chance.

En armure et paré de ses plus belles armée, il nous faisait face, assis dans un fauteuil. Rebutée, je faillis reculer précipitamment. Mais je pris sur moi. Je ne bougeai pas et restai campée sur mes positions.

- Nous ne sommes plus rien du tout vis à vis de toi, Maven, articula Bellona d'une voix forte.

Je vis ses jointures blanchirent sur le pommeau de son épée. Maven se leva lentement et s'avança.

- Mon frère n'est pas avec vous, s'enquit le prince en s'appuyant sur le mur à côté de lui.

- Ton père s'en est bien chargé non?

Bellona semblait vibrer d'une colère contenue qu'à grand peine. Son visage entier était un masque fermé impénétrable. Je restai silencieuse. Ces deux avaient vraisemblablement un lourd passé. Maven se décolla enfin du mur. Il arma son bras.

- Qu'importe, lâcha t'il d'une voix ennuyée. Je ne suis là que pour vous arrêter.

Je m'avançai doucement. Peu importe la colère et le dégoût que je vouais à cet homme, ce n'était rien en comparaison de Bellona. Elle serra les dents et se plaça en position de combat. Je n'amorçais aucun mouvement mais vint me placer à ses côtés.

- Non, m'arrêta elle d'une voix blanche. Il est pour moi.

- Vous avez entendu la dame, ricana Maven en faisant tournoyer son épée.

- Bellona, fis je prudemment. Tu...

- Vas y, Arcanya ! Retrouve Nyx le plus vite possible ! Continue toujours tout droit et tu tomberas sur la chambre.

Je reculai de deux pas, toujours tiraillée. Mais Bellona me lança alors un regard d'une telle rage et d'une telle détermination que je me décidai aussitôt. Je hochais doucement la tête et elle me répondit d'un sourire confiant. Je croisai une dernière fois le regard violet de Maven. Je déglutit à la vue de ses yeux. Il me toisa intensément. Puis, je le vis lever les yeux, droit sur mon front. Mon souffle se bloqua et je reculai encore plus. Je ne voulais pas à avoir à affronter cette réalité. Je tournai les talons et me ruais dans les couloirs du palais. Je traversai les pièces et les couloirs que j'avais arpentée, morte de peur et complètement ignorante de ce qui se tramait autour de moi. Des cris et des bruits tous plus horribles les uns que les autres s'élevaient. Je courrais a en perdre haleine. Dans la chambre du roi. La chambre du roi. Je devais m'y rendre. C'était là que Valeryan pensait que c'était rendu Nyx. Il avait voulut couper la tête du serpent définitivement. Mais déployer l'armée lui avait déjà demandé beaucoup de forces. Et il n'était plus protégé par les barrières de Vaenira. Désormais ses facultés étaient frappés par la malédiction. Je courrais encore et encore. De moins en moins de combat défilaient devant moi. De moins en moins de bruit se faisait entendre. Je n'avais qu'une vague idée de l'endroit de l'aile Ouest. Et encore plus vague de la chambre du roi. Pourquoi Nyx s'y serai t'il rendu ? Je poussai précipitamment les battants d'une porte et me ruais dans une antichambre. Je tournai sur moi même, fébrile et entrepris de rentrer dans toutes les portes que je pus trouver. Un malaise violent me secoua quand je rentrai dans la bonne pièce. Je le sus sur le champs. Vaste, la pièce n'offrait pour meuble banal qu'un immense lit noir qui trônait au milieu. Des tables, des bureaux, se dressaient de toute part. Il y en avait tellement que je n'aurais put les compter. Dessus, des papiers, des objets étranges et surtout... J'eus un haut le cœur et plaquai une main sur ma bouche. On ne pouvait qu'être dans la chambre de ce démon. Des bocaux, des cuves étaient posés un peu partout. Dedans, se trouvait le fruit de ses expériences. Car cela ne pouvait être que lui qui fomentait d'aussi atroces choses. Des animaux, des monstres que je ne connaissais et même des petits corps d'enfant. Je pris sur moi pour ne pas vomir. Cet endroit était un enfer. Un lieu d'abomination. Je m'approchais lentement d'un bocal. Dedans, le corps d'un oiseau était presque décomposée dans un liquide transparent, strié de veines noires. Ces dernières rentraient directement dans le corps de l'animal. Comme dans un état second, je parvins à me reculer. L'oiseau venait de bouger. Je vomis sur le sol. Dire qu'il devait dormir juste en face de ses actes. Je m'essuyais la bouche d'un revers de la main. Je fis le tour de la chambre tentant d'ignorer les horreurs autour de moi. Il n'y avait personne ici. Valeryan c'était trompé. Nyx n'était pas venu chercher son père directement dans sa chambre.

- Et merde, pestai je en rebroussant chemin.

Y avait t'il une pièce où le roi aurai put naturellement se réfugier ? Triturant mes méninges, je tournai en rond. Nyx n'avait peut être pas autant besoin d'aide que Bellona. Je l'avais laissé seule face à Maven. Et peu importe quelle soit l'une des guerrières les plus redoutables que j'ai jamais vu. Ses émotions n'étaient tellement pas stables face à lui, que je craignais qu'elles ne soient fatales. Mais Nyx avait disparu en une fraction de seconde, sans même un mot. Cela n'était pas du tout son genre. Partagée, je serrai les dents. Que faire ? Mais avant de prendre une décision, mon regard tomba sur un détail étrange. Juste entre deux bocaux macabre, une porte était ouverte. Très basse. Elle était en tout point semblable à celle se trouvant dans ma chambre du Palais Noir. Je ne l'avais pas vu car mon regard d'obligeant a ne pas voir les horreurs m'entourant, l'avait aussitôt esquivé. Le cœur battant je m'approchais sur mes gardes. Un escalier tombait droit dans les profondeurs de la terre. Un mauvais pressentiment s'agita dans mon esprit. Les seuls passages que j'avais trouvé qui tombait ainsi dans le sol m'avait livré l'accès à des cachots où a un sanctuaire ancien et maléfique... J'inspirai profondément. Si Nyx se trouvait en bas, je devais y aller. Une seconde plus tard, je m'élançais dans les escaliers. Je les descendis bien plus vite que la fois avec la famille royale. Mes jambes n'étaient pas entravés par des couches de jupons. Ma poitrine pas compressée par un corset strict. Les murs prirent rapidement un aspect verdâtre. La gorge nouée, je savais pertinemment ce qui m'attendait. De l'endroit où j'allais arriver. A l'approche de la fin de l'escalier, mon pas ralentit. Le souffle court et le cœur battant, je posais mon pied sur la dernière marche. A l'affut, je ne distinguai aucun bruit. Seul une goutte d'eau touchait régulièrement le sol. A ma gauche et ma droite partait un long couloir. Les plafonds étaient hauts. Les murs de pierre ancienne. La clarté d'un vert étrange. Mon pieds se leva et c'est dans une extrême lenteur que je le posais sur le sol dallé du sanctuaire perverti. Le deuxième le rejoint. Immobile, je me redressais. Ma main se serra un peu plus sur mon épée. Je baissai les yeux dessus. Elle était simple, sans ornement, mais tuait tout aussi bien que la plus belle des épées. Et la Déesse, savait combien j'avais tué aujourd'hui. Je fermai les yeux. Je faisais ça pour une raison bien précise. Je pris à droite. Seul mon instinct me guidait. Une peur viscérale me tordait l'estomac. Le silence était tel qu'il semblait rugir dans mes oreilles. Se mélangeant avec le bruit de mon sang battant mes tempes. Lorsque le premier cri retentit, il vibra jusqu'au plus profond de mon âme. Mon cœur se contracta si violemment qu'une vive douleur me traversa la poitrine. La main plaquée dessus, j'haletai et regardai autour de moi, les muscles tendus à l'extrême. Mais je ne vis rien. Je n'avais toujours pas atteint le bout de ce couloir. Et le cri semblait venir du fond. Le souffle tremblant, je me forçais à continuer à marcher. Puis un deuxième retentit. Suivit d'un autre et encore un autre. Bientôt ce fut un déluge d'hurlements qui se propagea dans les couloirs, frappant les murs et se réverbérant de toute part. Des drakain, compris je enfin. C'était des drakain au bout de ce couloir. Enfin, la lumière sembla être plus vive devant moi. J'accélérai le pas. Je fis éruption dans une salle, vide de tout meuble, décorations ou ornement. Les cris fusaient autour de moi. Je levai la tête, tournant sur moi même. Le plafond en voûte, vingt mètre au dessus de ma tête, absorbait les bruits et les recrachaient impitoyablement autour. Une tâche attira mon attention. Je courue. Du sang. C'était du sang. Horrifiée, guidée par un second sens, je pris ma décision en une fraction de seconde. Je me jetai en direction des cris. Peu importe s'ils appartenaient à des monstres. Mon instinct me disait que Nyx était en danger. Sûrement avec les drakain. C'était son sang sur la pierre. Je le savais. Une autre salle circulaire apparut sous mes yeux. Une fois encore, rien dedans. La peur de me retrouver dans cet endroit ne me secouait plus avec autant de virulence. Le couloir tournait, je pris à gauche sans hésiter. La, enfin, je vis au bout, un groupe de drakain, en rond en train d'hurler. Je me rapprochais rapidement. Ils devaient être dix. Une masse sombre gisait sur le sol. Horrifiée, je m'avançai rapidement vers le groupe de monstre. Je savais pertinemment que foncer dedans ne me servirait à rien. Mais j'étais comme vide de raison. Mon poing se referma sur le pommeau de mon épée. J'allai charger quand une personne me percuta. Une main me saisit la taille et me tira hors du champ des drakain. Le souffle coupé, je vis les murs tournoyaient autour de moi. Je me stabilisai tant bien que mal.

- Vous êtes malade, hurla Nyx en me prenant par l'épaule.

Les drakain se mirent à pousser des cris affreux. Ils nous avaient remarqués. Nyx jeta un coup d'œil derrière son épaule. La dizaine de bêtes, crièrent encore plus fort. Un fond sonore encore plus puissant retentit. Il en arrivait d'autres. Le tournant du couloir fut soudainement rempli de monstres, se marchant dessus, courant et sautant pour passer. Nyx poussa un juron. Il me poussa en avant et je ne rechignai pas. Nous courûmes ensemble dans les profondeurs du sanctuaire, une vague de monstre sur les talons.

- Je vous cherchai, je vous ferai signaler, hurlai je en retour.

- Étrange idée !

- Ben voyons, répliquai je sur le même ton. Je pensais que c'était vous par terre.

- En position de faiblesse ? Vous êtes folle ?

Je pris le temps de le foudroyer du regard. Ses yeux étaient légèrement brillants. Des ombres tournaient autour de ses pieds. Mais il ne semblait pas blessé. Ni même hors de maîtrise de ses émotions. Il semblait normal. Alors pourquoi était il parti ?

Nous arrivâmes directement dans une petite salle où le plafond n'était pas très haut. Une vive lumière s'échappait du plafond. Je m'immobilisai. Nyx me lâcha pour se tourner en direction du bruit des monstres.

- Ils se rapprochent, lança t'il.

- Sans blague ?

- Allez, cria t'il en me poussant en avant.

- Qu'est ce que vous fabriquiez ?!

- Je cherchais mon père, répondit il en fuyant mon regard.

Je continuai à courir. Bien sûr qu'il cherchait son père. Je l'avais très bien compris toute seule.

- Et où est t'il, lui fis je empressée.

- Aucune trace de lui, siffla le Commandant entre ses dents.

Une amère déception me traversa. Un espoir infime habitait encore mon esprit. Un espoir que Nyx soit parvenu à trouver son démon de père.

- Oh non pas ça, marmonnai je en m'arrêtant devant le trou qui laissait filtrer la lumière.

- Pas encore, vous voulez dire...

Un groupe de monstres arriva sur nous. Leurs cris envahirent l'espace, résonnant autour de nous comme un chœur terrifiant. Je blêmis.

- Pas encore, acquiesçai je.

Il sourit avant de saisir une liane et de la tirer vers moi. Je rengainai mon épée et commençai à me hisser tant bien que mal. Les parois effritées m'aidaient considérablement. Dans mon dos, j'entendis les cris se rapprocher. Je priais pour qu'elles ne sautent pas haut. Sinon, nous étions finit. Je serrai les dents en redoublant d'efforts. Bellona avait besoin de nous. Mes mains se déchirèrent par endroit alors que je les lançai une après l'autre à la rencontre d'une nouvelle pierre ou de n'importe quoi d'autre. Un cri atroce se rapprocha alors dangereusement de mon oreille. Je dégainai mon épée et me maintenant d'une main à niveau. Je faillis hurler à la vision qui s'offrît à moi. Les étranges créatures c'étaient amassées à nos pieds et certaines se marchaient dessus. Tant et si bien qu'une put sauter et vint se propulser à notre niveau. Ses grands yeux globuleux tombèrent sur moi et je levai mon épée. Ses dents claquèrent. Puis une langue de fumée noire claqua et la bête fut tranchée en deux. L'épée encore brandie je tournai un regard appuyé vers Nyx. Il secoua la tête en haussant les épaules. Après une inspiration tremblante, je repris mon ascension. Les monstres continuaient de se hisser derrière nous. L'une d'elle sauta à nouveau.

- C'est souvenirs ne sont ils pas doux à votre mémoire, me glissa Nyx en se calant à ma hauteur.

- Je préférerai me les remémorer tranquillement, hurlai je en pourfendant la créature.

Elle tomba dans un hurlement atroce. Les suivantes, nullement découragée, continuaient à monter.

- Mais bien sûr, rit il en atteignant le sommet de la paroi.

Il me tendit une main que j'ignorais alors que j'arrivais à mon tour au sommet. La lumière était tamisé entre les arbres de la Forêt Sombre. Essoufflée, je posai mes mains sur mes genoux. Les monstres étaient encore sur nos talons. Je contemplai le massacre autour de moi. La légion de Yaro avait dut être interceptée ici même. Un combat acharné se livrait entre des soldats des deux camps. Mon cœur se pinça à l'idée que ces soldats de Menevras se battait contre leur liberté même. Un éclair fulgurant traversa l'air. Je pivotais. Droit devant moi, face à la paroi du palais, se livrait le combat entre Valeryan et cet homme du Cercle du roi. Éberluée, je regardai les éclairs de lumière et d'ombre s'enchaîner. Ils c'étaient donc téléportés ici. Leurs lames devaient être enchantées. Les étiquette celles fusaient à chaque rencontre. Tout autour, des dizaines d'hommes et de femmes se battaient, tuant et arrachant la vie aux corps autour d'eux. La Forêt Sombre était devenue un véritable champs de bataille. Je me baissai brusquement quand une épée fila droit sur ma tête. Je me redressai en frappant l'homme en face de moi au genou. Il s'effondra et je l'assommai du pommeau de mon épée. Je me lançai alors dans la bataille, tentant de me frayer un passage jusqu'au palais. Je devais rejoindre Bellona. Le sol fut secoué de tremblements.

- Oh par la Déesse, laissai je échapper alors que le sol tremblai à nouveau.

Devant nous, juste derrière les deux hommes en plein affrontement, se dressait une énorme bête noire hurlante. C'était une similaire à celle que j'avais abattu dans l'autre sanctuaire. Mais en deux fois plus gros. Le monstre hurla et s'avança vers les deux hommes.

- Valeryan, hurla Nyx en s'élançant.

Je n'avais pas remarqué qu'il avançait à mes côtés. J'eus un mouvement similaire alors que le monstre ouvrait sa gueule d'ombre et de ténèbres. Elle se referma de plein fouet sur la tête de l'adversaire de Valeryan. J'étouffais un cri. Nyx continua à courir et juste derrière lui, je vis les ombres naitre et s'amasser a ses pieds. Elles tournoyèrent et de courbèrent, remontant le long de son corps. Le monstre hurla à nouveau et horrifiée, je vis le corps de l'homme convulser et se couvrir de veines noires. Il n'avait plus sa tête mais il continuait à bouger. Valeryan se retourna d'un bond mais, je vis immédiatement qu'il n'aurai pas le temps d'esquiver l'attaque. Toujours en pleine course, Nyx acheva de se laisser aller et sa terrible épée naquit entre ses mains. Mais il était encore bien trop loin. Je m'immobilisai, un grand frisson de frayeur et d'horreur me secouant et me paralysant. Une chose cassa dans mon cerveau. Valeryan allait mourrir. Cette pensée s'ancra profondément dans mon cœur, me glaçant le sang. Le temps ralenti. Mes poings se serrèrent. C'est alors quand sans même pouvoir le contrôler, je me sentis basculer. Ma conscience se rétracta et la bête en moi se dressa, prête à frapper. Une déflagration comme celle qui avait secoué le temple, alors que le roi venait de faire couler mon sang, éclata. Je la sentis partir du plus profond de ma poitrine. Elle grandit, secouant tout mon être. Je me pliais en deux, mue par un réflexe. Ma main lâcha d'elle même mon épée. Toujours au ralenti, je la regardai tomber lentement et rebondir sur le sol. Puis une force phénoménale traversa mes veines et je me sentis exploser sous la pression de pouvoir sous ma peau. Je hurlais et me redressait les bras grand ouvert, alors que je perdais définitivement la bataille contre moi même. Un éclair rouge. Le sol trembla et le monde lui même explosa, s'ouvrant sous mes pieds.

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