Les jours fuyant doucement la noirceur triomphante,
Le vent chassant les feuilles, la pluie tombant, chantante,
Notre bête cherchant moyen de se venger,
Songeât chercher secours chez son beau fiancé.
Abandonnant les bois, elle courut à sa cour,
Plutôt discrètement, parvint jusqu'à sa tour,
Puis, après contretemps et maintes difficultés,
Enfin se présenta face à son bien aimé.
Les fusils et les cris encore vifs à l'esprit,
Elle resta soigneusement à l'abri de la nuit.
Dans la chambre somptueuse, riche de tentures et d'or,
Elle lui parla, mais n'osa quitter l'ombre encore.
"Mon amant, mon promis, une fée m'a maudit
J'ai besoin de ton aide pour briser cette magie !"
Le courage calcinant son noir petit cœur,
Elle se mit en lumière, exposant sa laideur.
Le prince la fixa d'un air épouvanté,
Rejetant sans remord la Bête ensorcelée :
"Vous, Fauve immonde, Monstre, vous osez m'insulter !
Repoussante créature, vous l'avez donc tuée !"
Sans un regard pour elle, il déclencha l'alarme.
Il ordonna sa chasse, fournit le peuple en armes,
Promit une récompense à qui ramènerait
La tête de la Bête, à ses pieds, au palais.
Alors, fuyant le traître, retrouvant son lit d'ombres,
La Bête cacha son cœur blessé dans les bois sombres.
Cet homme disant l'aimer, en qui elle avait cru,
L'avait laissé sans larmes, comme elle même aurait pu.