Partie 6 : Le serf

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Les semaines passant comme arrivait l'hiver,

La Bête se laissa tomber dans un enfer.

Après sa déception, restée seule, sans espoir

De retrouver sa vie, elle vivait dans le noir.


Elle se tenait prostrée des heures dans la forêt,

Marchant parfois sans but, comme une abandonnée,

Ses pas, mélancoliques, la conduirent au palais

Où elle avait grandit, ce beau monde doré.


Durant ses longues errances, au domaine de son père

Cachée dans les fourrés, elle aperçut un serf

Qui débattait vivement avec une veille servante

De la Belle disparue, et d'une Bête innocente.


Intriguée, mais prudente, car encore aux abois,

Elle ne put bien ouïr ce qui fut dit là bas.

Cependant, elle revit plusieurs fois le jeune homme

Au balcon, écuries, ou au jardins des pommes.


C'était un homme banal, aux cheveux couleur cendre,

Un modeste au cœur pur, et aux traits plutôt tendres,

Ni trop laid, ni trop beau, pas plus savant que sot,

Mais ce je ne sais quoi qu'ont ceux qui sont loyaux.


Alors qu'il remuait ciel et terre pour elle,

S'obstinant contre tout à rechercher sa belle,

Elle qui, en d'autres lieux, ne l'aurait remarqué,

Se retrouva piégée, fascinante fascinée.


Sans s'en apercevoir, son regard se fit doux,

Elle le suivit souvent, derrière les ronces, le houx

Un pied dans la forêt, un pied dans les jardins,

Mais toujours aux douceurs quelque événement survient...

Contes Trahis : BestialeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant