Avant de commencer
Voici la musique de ce chapitre
Possiblity - Lykke Li
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J'attends patiemment le retour de mes amis, quand la maison est vide, il n'y a plus rien à faire. Avant quand je ne savais pas quoi faire, je me tournai vers la lecture, c'était mon échappatoire, maintenant, je n'en ai plus envie. Plus rien me donne envie, même regarder la télé ne m'intéresse pas.
J'ai faim... J'ai très faim.
Je me lève du canapé et j'attrappe un pot de glace. Je m'assois tel un éléphant sur le canapé et entame la glace à la grosse cuillère.
C'est mal ce que tu fais Livia.
Pour une fois, je m'en fou, j'ai juste envie de manger.
Très vite le pot de glace descend et je suis assez fière de ne pas vomir, ne croyez pas que j'aime ça.
Je hais vomir, mais c'est le seul moyen pour rejeter la nourriture quand je pense que j'ai trop mangé. Pour une fois, je vais garder la nourriture dans mon estomac.
Ne pas manger me ralentit le cerveau et je n'arrive plus à me concentrer, à réfléchir, et surtout le médecin a également pris ma tension.
Conclusion, elle est beaucoup trop basse, si je continue comme ça mon coeur va s'arrêter, comme ça tout seul et je mourrai d'une crise cardiaque. Je veux éviter à Enzo ou Elena de me retrouver sur le sol, morte.
Les personnes ont également du mal à comprendre les troubles alimentaires, comme la dépression.
Pour eux, c'est un choix, un simple choix et on a juste à changer d'avis pour pouvoir remanger correctement. Les gens ont faux sur toute la ligne, ce n'est pas aussi simple que ça, une fois lancée, on n'arrive pas à s'en sortir. On se donne un objectif à atteindre mais dès que tu l'as atteint tu veux en toucher un autre, c'est une boucle dans laquelle on se coince. On ne veut pas forcément maigrir ou grossir pour quelqu'un, je pense, c'est le cas pour moi, on veut avant tout maigrir pour se plaire à soi même, c'est mon but. Me voir différente dans le miroir, aimer mon reflet, m'aimer moi. Ne forcez jamais une personne atteinte de trouble alimentaire à manger en lui faisant du chantage, on fait de notre mieux pour s'en sortir, quand on veut s'en sortit. Le premier pas à faire dans la guérison est l'envie de guérir, elle se fait un pas après l'autre et on peut également tomber et recommencer. C'est l'effort, l'essai qui compte. Comme on dit Rome ne s'est pas fondée en un jour, mais n'oubliez pas qu'on peut très rarement aider quelqu'un qui ne veut pas d'aide ou qui ne veut pas guérir.
C'est mon cas, comme je l'ai déjà dit, rester dans la douleur me rappelle que je suis en vie, sinon je me sens juste...vide.
- On est rentré ! dit Enzo.
Je me lève les accueillir mais quelque chose cloche dans leurs yeux, ils me cachent une information.
- Comment va Lorenzo ? demande Elena en posant son sac.
- Pas très bien, sa tension est basse et ses poumons ne marchent toujours pas normalement. La livraison s'est bien passée ?
- Oui ça va, dit-il tristement en évitant de répondre à ce que j'ai dit avant.
- Tu peux t'asseoir Livia, j'ai besoin de te demander conseil, me demande Elena.
Enzo lui fait les gros yeux ce qui ne lui plaît pas.
- J'ai besoin du conseil de ma meilleure amie alors tait toi Enzo, merci.
Je m'assois comme me l'a demandé mon amie mais pas très confiante, j'ai peur de ce qu'elle va m'annoncer.
Elle inspire un grand coup et se lance.
- Je suis enceinte d'un mois et demi et je ne sais pas si je dois le garder vu mon travail. Tu en penses quoi ? Je le garde ?
J'ouvre la bouche mais je suis dans l'incapacité de parler. Pour être une nouvelle, ça c'est une nouvelle.
Elena est enceinte.
Est-ce qu' elle doit le garder ? Tel est la question.
Je reprends mes esprits et lui réponds sincèrement.
- Tout d'abord félicitation Elena ! Serais-tu prête à être vachement de côté, plus de terrain, ni rien de dangereux pour le bébé, puis il va falloir que peu de gens sachent son existence, qu'il soit protéger, mais surtout êtes-vous prêts à laisser un enfant grandir dans cet univers ?
Je comprends totalement les questions que se posent Elena et Enzo. Ils sont également très jeunes, puis ce monde n'est pas idéal pour un bébé, mais notre travail ne devrait pas nous empêcher d'avoir des enfants.
- Je ne suis pas bête, je sais que nos ennemis y compris nous sommes capables de tuer des enfants si c'est nécessaire, c'est le risque à prendre.
- Je ne sais pas, j'ai encore du temps pour réfléchir mais j'aimerai qu'on se décide assez vite, m'explique-t-elle.
- Tu en penses quoi Enzo ? je demande.
- J'ai envie d'être père, voir le ventre d'Elena grossir, entendre rire et pleurer mon enfant, mais je comprends vos doutes mais on ne va pas se priver d'être heureux non ?
Je hoche la tête. Le sujet est forcément difficile. On peut se faire tuer à tout moment et il sera également en danger.
- Prends ton temps pour réfléchir Elena, mais on a droit de fonder une famille, mon père et celui de Lorenzo l'ont bien fait, on est peut-être tous les deux brisés mais tu feras plus attention, je lui explique en lui caressant le dos de la main.
Après une grande inspiration, elle nous regarde à tour de rôle, nous sourit et annonce fièrement.
- Je vais le garder...Je vais être maman !
- Je vais être papa !
- Et moi tatie !
Mes meilleurs amis me sourient et me prennent dans leurs bras.
Comme des enfants de 6 ans, nos larmes s'échappent de nos yeux à cause de l'émotion.
Je ne leur dirai jamais, mais je les envie. J'espère que Lorenzo se réveillera, j'ai aussi envie d'être mère, pas maintenant, mais dans l'avenir oui.
Je veux être maman avec lui et seulement lui.
J'espère qu'il aura mes yeux, les fossettes de Lorenzo et son regard. Mon caractère et le sien à la fois.
Je veux qu'il soit un parfait mélange de nous deux.
Quant au bébé de mes meilleurs amis, j'aimerai qu'il est la gentillesse d'Elena, la douceur et l'humour d'Enzo et surtout qu'il ait la même capacité d'aimer que son père.
- Il serait fière de vous, dites le lui, que vous allez devenir parents, il vous entend, dis-je tristement.
Je me relève et les accompagne dans la chambre de mon copain.
Je les regarde parler avec lui, lui dire qu'il va être tonton et qu'il a intérêt de vite se réveiller pour pouvoir se moquer d'Elena quand elle ressemblera à une baleine.
Je suis surprise de voir enfin Enzo craqué par rapport à Lorenzo. Il ne pleurait pas beaucoup, même jamais devant nous, mais cette fois-ci, j'imagine qu'il ne pouvait plus garder en lui la douleur qu'il cumulait.
Le voir pleurer me détruit à chaque fois. J'avance vers lui et le prends tendrement dans mes bras.
Il pose sa tête contre mon épaule et il se met à pleurer pour de bon.
- Il me manque tellement... J'ai tellement mal de son absence. C'est mon frère.
- Il doit se reposer et je suis sûre qu'il se réveillera, dis-je en espérant que mes paroles sont vraies .
Le deuil est une longue route. Il est composé de 7 étapes.
- Le choc, la toute première étape.
- Le déni, on ne veut pas y croire, je ne veux pas croire que Lorenzo n'est plus vraiment là, qu'il risque de ne pas se réveiller.
- La colère, contre lui, nous même. Je suis énervée qu'il ait accepté de venir à ce repas et je suis énervée contre moi moi de n'avoir rien dit, car tout est de ma faute.
- La dépression et la tristesse, la plus longue étape, la plus douloureuse. On apprend à vivre sans la personne. On a cette tristesse quand on se lève, la journée, quand on se couche. On n'arrive plus à rien faire. C'est l'étape la plus importante. C'est un stade de désespoir Je suis coincée dans ces étapes-là. Des fois je reviens à la colère, dans le déni, mais la plupart du temps, je suis dans la quatrième.
- La résignation, supporter sans protester, cette chose inévitable, désagréable. C'est la perte d'espoir.
- L'acceptation, ce n'est pas parce qu'on l'accepte qu'on ne ressent plus de douleur ou qu'on aime plus la personne. Il ne faut pas baisser notre garde. On accepte la perte et on réussit à se remémorer les bons comme les mauvais souvenirs. On apprend à vivre différemment et reprend confiance en soit petit à petit.
- La reconstruction, peu à peu, on reprend goût à la vie. On cherche à nouveau à créer du lien autour de nous, on reprend sa vie en main, on a de nouveau projet d'avenir.
Je suis très loin de la dernière étape, je ne sais même pas si je vais y arriver un jour, j'espère même qu'il se réveillera assez tôt pour ne pas continuer cette route longue et boueuse.
- Viens Enzo, on va faire ma nouvelle technique pour se réconforter.
Il relève sa tête de mon épaule, essuie ses larmes et attend la suite.
- La glace voyons !
Les yeux d' Enzo s'ouvrent grands.
- Tu as mangé ? Sans vomir ?
Je hoche la tête et voilà que le magnifique sourire de mon meilleur ami réapparaît.
- C'est super Livia ! Je suis si fière de toi ! dit-il en me prenant dans ses bras. On va manger de la glace pour fêter ça !
Il se relève et se dirige vers le congélateur sortant pleins de glaces.
Je suis si surprise qu'il puisse changer d'émotions aussi rapidement. Il pleurait à chaudes larmes il y'a même pas une minute et le voilà à sourire, fière de moi.
- Vous aimez la glace, dis-je en rigolant en voyant toutes les glaces qui sort du congélateur.
- C'est Lorenzo qui aime la glace. Tu ne l'as pas encore assez connu, mais il aime bien regarder Disney en mangeant de la glace.
- C'est littéralement toi Enzo ! répond Elena en se blondissant dans ses bras.
- Ok c'est moi ! Mais il m'accompagne !
On s'installe tous sur le canapé et on lance Raiponce, tous prêt à regarder la télé pendant des heures à manger nos glaces.
- On devrait faire des photos pour montrer à Lorenzo...Ce qu'il manque en...dormant, dis-je en prenant une première bouchée.
- Oui ! crie Elena en attrapant son téléphone et en capturant l'instant.
***
Enzo et Elena se sont endormis, me voilà de nouveau seule.
J'ai officiellement mangé trop de glace. Demain je ne mangerai pratiquement pas pour rééquilibrer tout ça.
Je sors de mes pensées quand j'entends une respiration s'accélérer, je me retourne et trouve Enzo en total panique dans son sommeil.
- Enzo...Réveille-toi, dis-je en le secouant. Enzo.
Il se réveille d'un coup les larmes aux yeux.
Il me prend et me sert dans ses bras.
- Tu as le droit de craquer Enzo. Je ne suis pas la seule à souffrir, toi aussi tu as le droit.
Je peux sentir son cœur battre très vite dans sa poitrine et mon cou se mouiller par les larmes qui s'échappent de ses yeux.
Tout en restant dans ses bras, je m'assois à côté de lui pour qu'on soit assis plus confortablement.
- Je ne sais pas ce que je vais faire s'il ne se réveille pas...chuchote-t-il contre mon épaule.
- On sera là, les uns pour les autres...
Il bouche la tête dans mon cou et il finit par se rendormir.
Je dois m'occuper de lui, d'elle, comme ils s'occupent de moi depuis le début.
Je dépose une énorme couverture sur eux, puis me lance dans un ménage.
Je jette les pots de glaces finis et remets ce encore plein dans le congélateur.
Je vais devoir plus les aider, Elena est enceinte et je me sens tellement inutile depuis le début.
Je range les affaires qui traînent et nettoie ce que je peux sans risquer de les réveiller.
C'est à moi de veiller un peu sur eux.
Je prépare aussi des pâtes, des nuggets pour eux, pour ne pas qu'ils aient à lever le petit doigt. Pour qu'ils puissent enfin se reposer et que je sers enfin à quelque chose à part être une machine à pleurer.
Je me sens sale, j'ai besoin d'une douche, une douche très chaude.
J'éteins la plaque de cuisson et je leur sors des assiettes.
Je remonte dans ma chambre, rentre dans ma salle de bain et me déshabille.
Tout ce que je vois dans le miroir sur mon corps est une maigreur abominable et des cicatrices, des brûlures.
Rien de beau. Le seul truc que je trouve beau sur mon corps est mon tatouage, qui ne me sert pas à grand chose vu que je n'arrive pas à me relever, à me sortir de cette merde.
L'automutilation.
Seuls les gens qui le vivent ou qui l'ont vaincu peuvent comprendre ce que c'est.
Ne jugez jamais les personnes qui se font du mal volontairement.
On est si mal que c'est notre seul moyen d'extérioriser le mal qu'on ressent au fond de nous. On préfère avoir mal physiquement que mentalement.
On le fait une fois et on arrive plus à s'en sortir. C'est comme les troubles alimentaires, c'est une boucle où on n'en voit pas la fin.
Une fois qu'on commence, c'est comme une drogue, on n'arrive plus à s'en passer et on a tout le temps envie de rechuter.
Pour s'en sortir, il faut le mental. Avoir le pouvoir de dire non à la petite voix dans ta tête.
Les gens ont tendance à se moquer de nous, mais ils ne nous comprennent pas. On est tellement mal qu'on a besoin de trouver quelque chose pour se sentir mieux.
Ne croyez pas qu'on aime forcément se faire du mal, certains oui, d'autres non.
On déteste dans l'état qu'on se met, nous voir en sang ne nous plait pas forcément mais on peut être fière quand ça saigne plus que d'habitude ou qu'on voit nos cicatrices.
Ne cherchez pas à comprendre, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
Je demande juste de ne pas nous juger.
Point de vue d'Enzo
Quand je me réveille pour la seconde fois, je suis encore perturbé par mon cauchemar.
Je souris en voyant que Livia a tout rangé et posé une couverture sur nous.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire encore plus en voyant la future mère de mon enfant dormir. J'ai toujours aimé la regarder dormir, plutôt j'ai toujours aimé la regarder.
- Ça sent bon dis donc ! dis-je en arrivant dans la cuisine mais personne n'est là.
J'entends finalement l'eau couler, elle est probablement en train de se doucher. Au début elle en prenait très rarement et depuis peu elle en prend beaucoup plus que d'habitude.
- On ne m'en voudra pas si je prends un peu de ce qu'elle a préparé !
- Elle a fait à manger, mais seulement deux assiettes, dit Elena en arrivant derrière moi.
- Elle fait des efforts. Comment tu l'as senti aujourd'hui ? je demande.
- Mal. Elle a mangé excessivement et maintenant elle ne va plus manger, j'ai si peur pour elle.
- Au moins elle a mangé...
Notre plus grande peur avec Elena, c'est qu'au bout d'un moment elle tombe et qu'elle ne peut se relever. Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi faible mentalement et physiquement. Il faut qu'elle se nourrisse un minimum, sinon son corps, son cœur ne tiendront pas. Le médecin m'a appelé et m'a dit que sa tension est trop basse et qu'il faut la faire remonter, mais comment faire si elle refuse de prendre ses médicaments et de manger.
Je n'ai pas envie de l'envoyer de force à un hôpital et qu'elle soit sondé, elle me détesterait et je ne suis pas sûr que ce soit le bon choix pour elle. Elle serait encore plus malheureuse en hôpital, loin de Lorenzo.
Elle doit arriver à se reprendre, je sais que c'est loin d'être facile mais on est là pour l'aider.
Il faut simplement qu'elle se nourrisse un peu pour tenir physiquement.
Je sais que Livia n'a pas eu l'habitude de manger correctement depuis longtemps. Elle mangeait un repas normal le midi quand elle mangeait chez Elena, mais sinon elle mangeait très rarement. Tous les sous allaient pour sa mère et payer les factures.
- Je vais faire un tour...Bon appétit ! dit justement Livia en sortant de la douche.
Elle n'attend aucune réponse de notre part et claque la porte.
Je pense que marcher dehors seule lui fera du bien, on est souvent sur son dos et je comprends qu'elle ait besoin de respirer, je devrais aussi faire
un tour ou faire du sport pour oublier mon rêve.
Néanmoins, même si c'est un rêve, je tiendrais ma promesse.
Avant que Livia le réveille.
- Enzo...dit une voix lointaine.
Je me retourne et tombe sur mon meilleur ami.
- Lorenzo ! Tu es réveillé ? Pour de vrai ? crie-je.
J'essaie de le prendre dans mes bras, mais ça ne marche pas, c'est seulement le vide, c'est comme s'il était un fantôme.
- Non Enzo...Pas encore malheureusement.
Pas encore...Cela veut dire qu'il compte le faire.
- Pourquoi es-tu là alors ? je demande inquiet .
- Si je ne me réveille pas...ou tant que je ne me réveille pas. Veille sur elle, je ne veux pas qu'elle tombe, qu'elle souffre, je veux qu'elle rie, qu'elle sourit.
Je comprends à ce moment-là qu'il ne gère rien du tout, il ne sait pas s'il va se réveiller, rester endormi...ou mourir.
- C'est très complice Lorenzo...Elle est déjà tombée et continue de s'enfoncer, mais j'essaie de l'aider à la relever.
- Merci Enzo. Veille sur elle, je l'aime...
- Je sais, je te le promets.
- Je t'aime mec...
Dans une fumée de poussière, son corps se désintègre et laisse seulement place au vide, comme ce qu'il a laissé dans mon cœur.
Je suis heureux qu'il ait rencontré Livia, il est devenu une meilleure personne grâce à elle. Quant à Livia, sans lui elle dépérit.
Je veux comme Lorenzo la revoir sourire et rire. Je ferai tout pour atteindre mon objectif .
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Coucou voici un nouveau chapitre avec la bonne nouvelle d'Elena.
Je suis surprise d'avoir écrit le chapitre aussi vite.
J'espère pouvoir bien avancer pendant les vacances.
Bisous.
Noemie.