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Itami
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« ʟᴇ ᴄᴏᴜʀᴀɢᴇ ɴ'ᴇsᴛ ᴘᴀs ʟ'ᴀʙsᴇɴᴄᴇ ᴅᴇ ᴘᴇᴜʀ, ᴍᴀɪs ʟᴀ ᴄᴀᴘᴀᴄɪᴛᴇ́ ᴅᴇ ᴠᴀɪɴᴄʀᴇ ᴄᴇ ǫᴜɪ ғᴀɪᴛ ᴘᴇᴜʀ. »
Nelson Mandela
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- Voilà. La salle de bains est ici. Quant à ma chambre, elle est juste en face de la tienne. Donc si tu as besoin de quoi que ce soit, peu importe l'heure, surtout, n'hésite pas. D'accord ?
« Bien noté. Merci Takao. »
Le jeune homme me fait un grand sourire, avant de passer sa main dans mes cheveux dans un geste amical et rassurant. Mon cœur bat aussitôt la chamade, tandis qu'il tourne les talons pour aller dans sa chambre. Je fais de même d'une démarche lente, les joues écarlates contrastant incroyablement avec mon pâle visage.
Après m'avoir libéré de ma prison, et voyant à quel point je me sentais mal, Takao n'a pas hésité une seule seconde à me proposer de passer la nuit chez lui, ne voulant pas me laisser seule après une journée pareille. Et plus surprenant encore, je n'ai même pas eu l'idée de refuser.
Je me sens de plus en plus à l'aise en compagnie de Takao. Trop à l'aise, même. J'ai peur de devenir trop dépendante de sa personne, trop dépendante de ce qu'il pourrait probablement représenter à mes yeux dans un temps assez court. Et je ne veux pas que cela gâche quoi que ce soit entre nous...
Pouvoir être en contact avec le jeune homme est déjà une chose incroyable pour moi. Je ne pensais pas un jour pouvoir me sentir aussi protégée en étant à ses côtés. Mais cela ne veut pas dire que je voudrais que ce soit tout le temps ainsi.
Je ne veux pas devenir un poids pour lui. Je ne veux pas que ma présence l'empêche de se hisser au sommet du monde du basket-ball. Je veux pouvoir être là pour lui, comme lui est là pour moi. Je veux qu'il puisse compter sur moi. Je veux lui faire honneur. Mais en serais-je un jour capable ?
Je sais que je suis faible, que ce soit physiquement ou mentalement. Je sais que je ne suis qu'une moins que rien, que je ne suis qu'un déchet comparé à lui. Qu'un être sans la moindre importance. Mais pourtant, pourtant...
Je veux pouvoir m'élever au-dessus de cette condition, au-dessus de ma condition. Je veux pouvoir me montrer plus forte, plus sûre de moi. Et plus important encore, je veux pouvoir vivre ma vie comme je l'entends, et plus parce que je serais soumise peureusement à quelqu'un.
Je m'allonge sur mon lit et passe mon bras sur mes yeux, comme si je voulais me cacher du monde extérieur. Un long soupir quitte mes lèvres, tandis que je place ma main au niveau de ma poitrine, près de mon cœur. Celui-ci bat la chamade, refusant de se calmer suite aux évènements de la journée.
Je ne suis pas claustrophobe. Je ne l'ai jamais été. Pourtant, à ce moment-là, enfermée dans ce placard à balais, j'étais la plus terrifiée au monde. Il ne s'agissait pas d'être enfermé à proprement parler. Je dirais plutôt que c'est d'avoir été coincée dans le noir le plus total, avec le hurlement incessant et agressif de l'orage pour seule compagnie, qui m'a fait paniquer plus que de raison.
Je sais que j'ai peur pour pas grand chose. Mais cet élément était différent. Toute cette scène était différente. Je ne saurais pas l'expliquer convenablement. Je dirais seulement que je n'ai jamais été aussi terrifiée de toute ma vie, comme si j'avais peur de finir seule, et donc de mourir seule, comme abandonnée par tous et tout le monde.
Je me suis toujours sentie seule, et même sans l'être réellement. Et c'est pourtant ma plus grande peur. Finir seule, sans que personne ne se souvienne de moi. Finir seule, abandonnée par chaque personne m'ayant un jour connue. Finir seule, comme le déchet que je suis actuellement...
Je ne veux pas être seule, et pourtant, j'ai toujours rejeté les personnes qui tentaient de vouloir se rapprocher de moi. Par peur, sans doute. Pour tenter de protéger le peu de vie que je possède encore en moi. Pour me sauver d'un quelconque malheur, même s'il n'a pas toujours été question de cela.
Avec Takao, c'est différent. Tout est différent. Il est entré dans ma vie sans que je ne dise quoi que ce soit. Il me vient en aide à chaque instant, dès qu'il est en mesure de le faire. Et ainsi, je n'ai jamais ressenti l'envie ni le besoin de l'éloigner de ma vie. C'est comme s'il avait trouvé sa place dans mon quotidien, dans mon fonctionnement, et que cela me convenait parfaitement.
J'ai envie de le laisser être près de moi. J'ai envie de lui accorder ma confiance, malgré ma peur et ma méfiance. J'ai envie de croire en lui, croire qu'il ne me fera jamais de mal et que je n'ai plus rien à craindre. J'en ai vraiment envie... Même si quelques doutes persistent encore malgré moi...
C'est alors que ma peur revient au galop, dès l'instant où un éclair déchire le ciel et que le tonnerre frappe mon cœur de sa force paralysante. Tout mon corps se tend sous cette panique ardente, et je me redresse aussitôt sur mon lit pour plaquer mes mains sur mes oreilles, espérant ainsi atténuer un minimum ce son tortueux.
Je me place dans un coin de la chambre, mon dos se collant au maximum au mur, comme si je voulais fusionner avec lui pour ne plus rien exprimer, pour ne plus rien ressentir. Ni peur, ni peine, ni douleur... Plus rien. Je ne veux plus rien ressentir.
Je fais tout mon possible pour ne pas crier, pour ne pas alerter Takao. Je ne veux pas qu'il s'inquiète encore pour moi. Je ne veux pas qu'il commence à me voir comme une petite chose fragile qui a constamment besoin d'être rassurée et sauvée. Si ce n'est pas déjà le cas...
Je suis contradictoire, je le sais plus que bien. Je suis une personne perdue et totalement indécise. C'est comme si ce que je disais n'était que du vent, et que je ne pouvais jamais prendre de réelle décision me concernant. Je suis juste... Perdue... Totalement perdue entre le monde qui m'entoure et moi-même...
Un nouveau coup de tonnerre me fait violemment sursauter, faisant trembler tout mon corps de peur. Je me recroqueville sur place, comme si le simple fait de vouloir disparaître en cet instant pouvait me permettre de ne plus souffrir. Et dire que tout cela, c'est à cause d'eux... Si seulement j'avais été parfaite...
Tandis que je tremble comme une feuille contre le mur de ma chambre, en priant pour que cet orage se termine le plus rapidement possible, je remarque du coin de l'œil une lumière éblouissante envahir la pièce, tandis qu'une ombre prend tout à coup forme dans l'encadrement de la porte.
- Chinmoku ! s'exclame une voix masculine. Ça va ? Je t'ai entendu crier !
Avant que je ne puisse réagir, Takao se précipite dans la chambre, semblant chercher quelque chose de son regard orageux. Et lorsque celui-ci se pose sur ma silhouette, il ne lui faut qu'une seconde pour accourir près de moi, tous les sens en alerte.
- Ne pleure pas, Chinmoku ! Ce n'est rien. Ce... Ce n'est qu'un orage !
Je secoue la tête et essaie de m'éloigner du jeune homme, mes mains toujours sur mes oreilles. Ce n'est qu'un orage... Non. Non, ce n'est pas qu'un simple orage. Si tu savais ce que cela cache, Takao, tu ne dirais jamais que ce n'est qu'un simple orage. Jamais...
Takao ne sait pas quoi faire, je le vois bien. Il est hésitant, il est mitigé sur les actions qu'il doit entreprendre pour me venir en aide, pour se rapprocher encore davantage de moi. Je trouverais ça presque adorable si cette situation malheureuse n'avait pas lieu.
Alors, ainsi donc, finalement, j'ai crié ? Je n'ai pas su résister ? Je n'ai pas su me montrer plus forte que cette douleur horrible et infernale ? Encore une fois, j'ai échoué à me sortir moi-même de cet enfer ?
De nouvelles larmes perlent au coin de mes yeux, mais cette fois de honte. Je ne voulais pas alerter Takao. Je voulais essayer de m'en sortir par moi-même. Mais encore une fois, je n'ai réussi à rien. Encore une fois, je me retrouve à me faire aider alors que j'aurais pu peut-être m'en sortir seule.
Je suis faible. Si faible... Ridiculement faible... J'ai l'impression que quoi que je puisse faire, j'aurais toujours besoin de quelqu'un pour être certaine de ne pas échouer, pour être certaine de toujours me sortir d'un potentiel mauvais pas. Et je suis fatiguée de tout ça.
Je suis fatiguée d'être une telle empotée qu'elle doit constamment avoir besoin de quelqu'un à ses côtés pour gérer le moindre de ses problèmes. Je veux que les choses changent. Je veux changer et pouvoir être enfin fière de moi. Je veux changer...
Tandis que mes larmes redoublent d'intensité, je sens tout à coup une douce chaleur se répandre sur mes joues. Les mains de Takao se sont posées sur celles-ci, sans doute dans l'espoir d'atténuer ma peur et ma tristesse. Et comme d'habitude, ça marche.
Mes larmes disparaissent rapidement, laissant pour seules traces de leur passage des joues incroyablement mouillées. Mes mains qui luttaient quelques instants plus tôt pour diminuer le moindre déchirement violent de l'orage se retirent petit-à-petit, sans que je puisse rien y faire. Quant à mon regard, il est à présent ancré dans celui du jeune homme, qui me fixe avec un doux sourire rassurant.
- Je suis là, Chinmoku. Tu peux compter sur moi. Je n'irais nulle part.
Depuis que je connais Takao, il a toujours eu ce pouvoir étrange de réussir à calmer mes maux et mes peines. Depuis que je le connais, il ne m'a pas abandonné une seule fois, alors qu'il aurait eu toutes les raisons du monde de le faire.
Je crois que je ne comprendrais jamais son mode de fonctionnement. Il possède un tel courage, une telle détermination, que je pourrais presque l'envier. Et pourtant, il n'en est rien. Je ne l'envie pas, et je ne suis aucunement jalouse de la personne qu'il est devenue grâce à ses propres moyens.
Au contraire, je dirais plutôt que je respecte la personne qu'il est. Je respecte sa manière d'être, simple, drôle et maladroite. Je respecte le fait qu'il ait également des défauts comme l'insistance. Et je respecte aussi le fait qu'il veuille bien faire à chaque fois, bien que je sois un cas pourtant désespéré. Oui, je le respecte, et pour la première fois de ma vie, je n'ai pas honte de le reconnaître.
J'ignore ce que l'avenir me réserve, nous réserve. J'ignore s'il sera toujours à mes côtés quand il découvrira ma vie passée. Mais actuellement, ce n'est pas le plus important. Pour le moment, je veux juste pouvoir me tenir près de lui, et profiter ainsi de la chaleur de ses mains. La chaleur de son être.
Lentement, je pose mes mains sur les siennes, l'orage ne me dérangeant plus le moins du monde. Lentement, j'esquisse un faible sourire, heureuse de pouvoir compter sur lui. Et lentement, je ferme les yeux, avant de me laisser aller en avant pour le prendre dans mes bras d'une manière maladroite mais pourtant extrêmement sincère.
Takao ne dit rien et ne fait rien non plus durant quelques instants, comme s'il se demandait la raison de mon geste. Comme s'il se demandait s'il devait faire quelque chose ou ne rien faire pour ne pas gâcher cet instant étonnant.
Et finalement, dans un geste lent, dans une démarche hésitante, il place ses mains dans mon dos, me collant ainsi fermement à lui, sa tête se posant avec douceur sur mon épaule.
Nous restons ainsi sans bouger durant un temps qui nous paraît infini, comme si plus rien ne comptait autour de nous. Ma tête dans son cou, humant sa douce odeur épicée, je ferme de nouveau les yeux pour savourer encore plus cet instant.
À ce moment précis, je comprends qu'il sera toujours là pour moi. À ce moment précis, je comprends qu'il fera toujours tout son possible pour me venir en aide. Et ainsi, à ce moment précis, je réalise la chance que j'ai de l'avoir à mes côtés.
Et c'est finalement dans cette tendre étreinte que je reprends espoir. Et c'est finalement dans cet orage encore violent que ma pensée s'élève. Et c'est finalement dans un murmure discret que je lui accorde toute ma confiance.
- Merci... Takao... Merci... Pour tout...
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