« Voici votre petit garçon. Il est en parfaite santé. »
June ouvre un œil. Le dieu de la discorde remercie l'infirmière et le prend dans ses bras. La jeune femme observe distinctement les mimiques de son mari. Il sourit et parle au petit nourrisson, réactif. Un sourire naît sur le visage de la géante de feu. Ce qu'elle voit, c'est ce qu'elle voulait.
« June. Tu veux le prendre ? »
La jeune femme acquiesce faiblement, appréhendant tout de même ce qui allait se passer. June avait bien regardé comment Loki le tenait. Il lui donne délicatement en prenant soin de faire attention à sa tête. Mais à peine les mains du dieu se sépare du corps du nouveau-né que ce dernier fit une moue et commence à pleurer. Inquiète, June se tend et tente de le bercer pour le calmer. Seulement, les cris se font de plus en plus fort et le bébé se met à gigoter, balançant ses bras et ses pieds. La géante fait de son mieux, mais elle ne pouvait plus. Elle supplie Loki de le reprendre sachant ce qu'il venait de se passer.
Son propre bébé le sait : elle n'est et ne sera pas une bonne mère.
~~~
Depuis ce jour, June n'a plus jamais reprit son fils dans ses bras.
Debout dans la cuisine, regardant l'eau bouillir dans la casserole, la jeune femme se remémore ce jour censé être l'une des plus belles de sa vie. La rencontre avec lui a été une catastrophe, mais elle ne s'attendait pas à ce que tout se passe bien. Au fond d'elle, elle savait ce qui allait se passer. Depuis qu'il est né, June reste distante. Ce n'est pas contre ce petit être qu'elle a porté pendant neuf mois, mais elle a toujours su qu'elle ne serait pas maternelle malgré les encouragements de ceux qui l'entoure. Pourtant, elle aimerait tant être auprès de lui, comme l'est Loki.
June finit sa cigarette et la met dans la poubelle après l'avoir mouillée. C'est à ce moment que la sonnette sonne. Elle regarde rapidement en direction du jardin et se dirige à l'entrée, ouvrant la porte aux deux personnes derrière la porte.
Thor : Salut belle-sœur !
June : Vous êtes en avance, dites-moi. Y aurait-il eu une envie pressante ? Sourit-elle en les faisant entrer.
Nora : Toujours ! Alors, où est le petit Harlan ? Sourit-elle.
June : Dans le jardin avec Loki.
Thor : J'y vais. J'ai hâte de voir à quoi il ressemble.
Nora : Ça ne fait que dix jours qu'on ne l'a pas vu. Enfin. Roule-t-elle des yeux.
Les deux femmes le regardent partir. June décide de sortir deux verres et une bouteille de Whisky.
Nora : Comment vas-tu ?
June : Bien. Le temps est long, mais ça va. Et vous ?
Nora : Moi, ça va très bien.
Alors qu'elle verse l'alcool dans le verre de son amie, elle relève légèrement la bouteille et la regarde. Leurs regards se croisent et aucune des deux ne le détourne. June a bien compris où elle voulait en venir. Et elle n'est pas la première à tenter de l'encourager ou de la raisonner.
Nora : Ça se passe mieux avec Harlan ?
La géante de feu pose le goulot sur le bord de son verre et verse d'un trait le liquide, avant de poser la bouteille et de saisir son verre sans jamais répondre à la question de Nora.
Nora : June. C'est normal.
June : Normal ? De ce que je sais, une mère ne tourne pas le dos à son enfant. Et pourtant, c'est ce que je fais. Non, ce n'est pas normal. Dit-elle avant de boire son verre.
Nora : C'est normal que tu aies du mal. Tu n'as pas confiance en toi.
June pouffe légèrement de rire, le nez dans son verre.
June : Ce n'est pas ma nature. C'est pour ça.
Nora : Ou alors, tu as peur. Peur d'être comme Isya. Ou tout simplement de ne pas être une bonne mère ?
Elle la fixe avant de reposer doucement son verre sur le comptoir.
June : Ce que je fais en ce moment, c'est être une mauvaise mère et je suis à la limite d'être comme elle. Que j'aie peur ou non, c'est du pareil au même.
Nora : Alors arrête de te poser toutes ces questions, toutes ces barrières. Tu n'es pas une mauvaise mère. Et ça, tout le monde le sait, sauf toi...
June : Je sais que je n'ai pas l'instinct. Réplique-t-elle sèchement. Je l'ai toujours su.
Nora : Comment peux-tu être sûre de ne pas l'avoir si tu t'empêches de l'approcher. Je te l'ai dit, fais-toi confiance. Je crois en toi. On croit tous en toi.
La géante de feu se pince la lèvre et les resserre, ne préférant pas lui répondre.
Ce n'est pas parce qu'ils croient en elle qu'elle sera une mère formidable. Croire ne suffit pas. Ce sont les actes qui comptent et elle en sait quelque chose.
Elles finissent par rejoindre les deux dieux, ainsi qu'Harlan dans les bras de son oncle, sous le regard attentif du dieu de la malice. Loki est très protecteur, June l'a remarqué dès les premiers instants. À peine était-il né, que le dieu des mensonges guettaient les faits et gestes des médecins. De plus, même s'il est occupé à quelque chose, il garde tout de même un œil sur Harlan, même s'il dort. À vrai dire, comme elle, il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Alors, le moindre phénomène suspect et qui sort du quotidien alerte immédiatement Loki. Ils ne se sont jamais préparé à avoir un bébé, ce qui n'a pas rassuré June, encore aujourd'hui. La peur de ne pas voir un signe la hante et hante sûrement Loki. Mais jusqu'à présent, tout va bien.
Nora : Comment ça se passe ici ?
Thor : Très bien. Sourit-il en regardant son neveu. Il grandit bien vite.
Loki : Trop vite.
June reste silencieuse, tenant son verre à moitié rempli. De temps en temps, elle regarde Harlan porté par son oncle. Même Thor peut le porter sans crainte, sans être rejeté. La géante de feu baisse le regard et boit son verre sans jamais participer à la conversation.
Loki : Je te laisse Harlan, June. Je vais dans la cuisine. Dit-il en lui mettant dans les bras.
Elle n'eut le temps de répliquer qu'elle se retrouve avec son fils dans les bras. Elle se tourne et vit Loki disparaître en un clin d'œil, la laissant avec Thor, Nora et surtout Harlan dans les bras. La jeune femme n'a pas le choix et porte de son mieux le bébé, tout en veillant à ne pas lui faire mal. Loki aurait pu le laisser dans les bras de son frère ou même dans ceux de Nora, ça aurait été mieux pour elle. Mais apparemment, Loki ne renonce pas à essayer de la forcer à prendre soin de lui. Dès qu'il a constaté ce qu'il n'allait pas, le dieu de la malice a commencé à réfléchir pour que June s'occupe d'Harlan sans avoir des aprioris sur ses compétences. Ça a commencé par un aller-retour entre le salon et la chambre, durant une promenade, le temps de remettre correctement le siège de la poussette et d'autres choses de ce type. Mais June n'est pas naïve et avance toujours les mêmes arguments que le dieu ne peut contester.
Assise sur la terrasse, June prie les Nornes pour que Loki revienne rapidement et reprenne Harlan, étonnement calme. Normalement, à peine, il est dans ses bras qu'il se met à pleurer. Intrigué de ce calme qui n'annonce rien de bon selon la géante, elle décide de le regarder. Elle croise rapidement le regard gris-bleu de son fils qui l'observe comme une étrangère. Ce regard fend le cœur de la jeune femme et des larmes menacent d'apparaître. Elle n'est pourtant pas une étrangère. Elle est celle qui l'a porté. Elle est la femme qui la nourrit, qui a pris soin de lui, qui a souffert pour lui. Elle est sa mère... Et toutefois, leur relation n'y ressemble pas. Ce regard le montre bel et bien, au grand regret de June qui avait espoir que sa venue lui montre le contraire de ce qu'elle pensait depuis des siècles. Un échec total.
Nora : Franchement, plus le temps passe, plus votre maison à un charme irrésistible. Dit-elle en regardant la terrasse.
June : Il faut bien s'en occuper puisque je ne fais plus rien en dehors de la maison.
Nora : Tu vas bien trouver d'autres choses à faire.
June : J'espère. Et vous ? Votre maison ?
Elle tente de ne rien laisser paraître, mais elle a de plus en plus de mal à cacher son angoisse. Harlan gigote et chouine constamment à présent. Il reste peu de temps avant qu'il se mette à crier telle une alarme.
Thor : Ça stagne contrairement à vous.
Nora : Il faut dire que la Nouvelle Asgard nous prend du temps.
June : Ça a dû changer depuis la dernière fois que j'y suis allée. Il y a... Deux mois, je crois.
Thor : Eh bien... Euhm... Un peu oui.
Nora : Je reviens. Je vais voir si Loki a besoin d'aide.
La rousse la regarde partir. Son angoisse continue de s'accroître. Harlan se met à pleurer, la tendant encore plus. Elle le regarde et tente de le calmer en le regardant. Elle le supplie d'arrêter, mais rien n'y fait. Lui aussi a atteint ces limites.
Thor : June, détends-toi. Il doit sentir que tu n'es pas rassurée. Ça doit être pour ça qu'il pleure.
June : Comment veux-tu que je sois détendue quand je l'ai dans les bras et qu'à peine dix minutes après, il se met à pleurer. C'est à chaque fois la même chose Thor. J'ai beau essayer, rien n'y fait. Dit-elle avec une voix de plus en plus chevrotante à cause de l'angoisse.
Le dieu du tonnerre se lève et prend délicatement Harlan dans ses bras, libérant la géante de feu. June se lève et part un peu plus loin pour se calmer. L'angoisse, le stress, la tristesse, la colère. Tous sont là et la submerge. Elle se tient la tête, emmêlant ses cheveux entre ses doigts. La pression était trop importante. Si Thor n'avait pas été là, elle aurait pu mettre en danger Harlan contre son gré. Intérieurement, elle le remercie.
Dos à eux, elle peut entendre Harlan rire et Thor lui parler. Elle aimerait tellement faire ça. Elle aimerait l'entendre rire quand elle l'a dans les bras... Mais la seule chose qu'elle obtient, ce sont des cris.
Thor : Tu l'as repris dans tes bras récemment ? Lui demande-t-il en s'approchant.
June : Il y a une semaine...
Thor : Et alors ?
June : À ton avis. Dit-elle sur un ton froid.
Thor : June. Explique-moi ce qu'il ne va pas.
June : Je l'ai déjà dit. S'énerve-t-elle.
Thor : Si tu veux progresser, il faut que tu cesses de te répéter que tu n'es pas faite pour ça. C'est ce qui te freine.
June : Thor, s'il te plaît. N'en rajoute pas.
Thor : Quand on était ensemble. Quand, j'ai évoqué une famille. Ton visage s'était figé et ta peau était devenue blanche. Je savais pourquoi, même si j'ai agi comme un égoïste. Mais aujourd'hui, tu as eu ses réponses. Tu as confronté cette partie de ton passé. Il est temps de tourner la page. Il est temps de te prouver que tu peux y arriver, avec Harlan.
La jeune femme ne répond pas, tournant toujours le dos à Thor. Une larme roule sur sa joue et tombe sur le gazon. Elle entend ce qu'il dit, et il a raison. Mais comment tordre le cou à des croyances vieilles de plusieurs siècles ? Comment passer à autre chose ? Comment tourner la page en se disant qu'elle avait tort sur tout jusqu'au jour où la vie lui aura donné raison ?
Thor : On va essayer quelque chose, tu veux bien ? Lui propose-t-il
La rousse soupire faiblement et se tourne vers lui.
Thor : Tu vas le reprendre dans tes bras. Et pendant que tu l'auras, je lui tiendrai encore la main. D'accord ?
Elle acquiesce en silence et reprend doucement son fils contre elle. Une fois dans ses bras, Thor saisit la main du bébé, gardant un contact avec lui. Une technique qui fonctionne parfaitement jusqu'à là.
Nora : Loki t'appelle Thor. Dit-elle en arrivant sur la terrasse.
Thor : Ça va aller, June. Fais-toi confiance.
Il s'écarte et lâche doucement la main de son neveu avant de rentrer.
Debout au milieu du jardin, June se concentre sur les réactions de son bébé. Le contact absent du dieu n'a pour le moment pas alerté Harlan. Elle retient son souffle, priant les Nornes pour qu'il ne réagisse pas tout de suite. Le voir calme dans ses bras lui fait un bien fou.
Nora : Bon, June.
June : Quoi ? Qu'est-ce que je fais de mal ? Je m'occupe de lui, ça ne vous suffit pas ?
Elle s'approche d'elle.
Nora : Il ne va pas te manger. Tu peux le tenir un peu plus. Un bébé doit être soutenu, surtout leur tête.
June : Et je fais quoi là ?
La géante de feu le tient contre elle, autant qu'elle peut le faire sans prendre la fuite. Son bras soutient le corps fragile du nourrisson et sa main vient se caler près de sa tête, mais ne le maintiens pas assez. Son amie s'approche d'elle et décale sa main pour la placer à un meilleur endroit pour que la tête d'Harlan soit parfaitement soutenue. Ainsi, sa prise est meilleure.
Nora : Tu lui parles des fois ?
June : Je ne le prends jamais dans les bras. Je ne joue pas avec lui. Je ne fais rien. Je le veille de loin, rien de plus !
Nora : Alors parle-lui. Touche-le. Créée un contact avec lui.
Elle secoue la tête.
June : Je le touche déjà puisque je le porte. Dit-elle le plus calmement possible.
Nora : Pour prendre un exemple. Quand tu prends Loki dans tes bras. Tu ne fais pas qu'être là sans bouger. Tu peux le caresser, non ? Le bébé, c'est pareil. Il faut qu'il ressente le contact, qu'il créait un lien avec toi et que tu créais un lien avec lui.
June baisse les yeux et voit son fils, calme. Ce qui la surprend. Serait-ce parce que Nora l'a aidé à le tenir d'une meilleure façon ? Est-ce parce qu'elle ne se concentrait pas sur lui ? Pourquoi est-il aussi calme ? Elle reste un instant sans bouger, sans rien dire. Elle le regarde simplement. Harlan remue à peine et regarde autour de lui, mais jamais, il ne la regarde, comme si elle n'existait pas. La rousse déglutit difficilement en se disant qu'elle pourrait essayer de le toucher, ne serait-ce que du bout du doigt. Elle prend son élan, sans jamais détacher son regard de lui, guettant le moindre de ses faits et gestes. La géante de feu approche doucement son doigt de la main du nourrisson. Le bébé ne réagit pas et regarde le jardin derrière elle. June finit par toucher du bout du doigt la main du petit être qui bouge à peine à son contact, mais face à ce geste, Harlan se met à la fixer sans rien dire.
Nora : Parle-lui. Si tu veux, je peux partir.
June : Non. Reste, mais je ne ferai rien de plus. Ça suffit pour aujourd'hui.
En une heure, elle a fait bien assez de progrès à son goût. Elle l'a pris plusieurs fois. Elle l'a regardé et elle l'a touché.
June : Que font-ils dans la cuisine depuis tout à l'heure ? Questionne-t-elle suspicieuse.
Nora : De la cuisine.
June : Je ne sens rien et je n'entends rien.
Nora : Ils sont seulement dans le salon. Avoue-t-elle en se pinçant la lèvre.
Le regard de June se durcit. Elle commence à comprendre.
June : Vous n'avez pas fait tout ça exprès pour que je m'occupe d'Harlan par hasard ?
Nora : Non.
June : Nora... Dit-elle sur un ton un peu plus menaçant.
Nora : Tu avais besoin de t'en occuper un peu. Et regarde ! Il sourit en te regardant ! Sourit-elle.
La géante détourne lentement son regard de son amie pour regarder Harlan qui, effectivement, la regardait et lui souriait. June trouve cela drôle de le voir sourire alors qu'il n'a pas de dents. Ça lui donne un air particulier, mais fort sympathique à voir.
June : Donc vous vous mettez à trois pour ça... Conclue-t-elle.
Nora : J'ai peut-être lancé le truc avec Loki...
June : Mais ! Elle se calme. Vous me poussez à faire quelque chose que je ne peux pas faire. C'est exagéré.
Nora : On te montre seulement que tu es capable, puisque tu ne te fais pas confiance.
June : Et j'ai de bonnes raisons. Quand je l'ai pris pour la première fois, après m'avoir arraché la moitié du bassin et m'être égosillé des heures, il a directement pleuré. Mais quand Loki le prenait, il se calmait. J'ai compris immédiatement que c'était moi le problème. Mais. Dit-elle en la coupant. J'ai de nouveau essayé de le prendre dans mes bras. Mais à chaque fois, il me repousse, il crie, il pleure, il ne me regarde pas. Il ne m'aime pas. Il ne veut pas de moi. Je ne peux pas le forcer, Nora.
Nora : Et là, que fait-il ? Il te sourit. Et il te regarde. Pense que tu rejettes une image. Si tu pars réticente, il le sera aussi. En revanche, si tu pars ouverte à lui, il le sera tout autant. Je ne te demande pas de changer d'un coup, seulement de faire des efforts. Tu es une bonne mère, June. On le sent tous. Crois en toi comme nous on croit en toi.
Au fond d'elle, elle a envie de tous leur dire d'arrêter de lui donner des leçons de morales. Ils n'ont pas été à sa place. Aucun d'eux n'a été abandonné dans un orphelinat. Aucun d'eux n'a été le fruit d'un viol. Aucun d'eux n'a fait ce qu'elle a fait après Thanos. Aucun d'eux ne peut lui dire qu'elle ne sera jamais comme celle qui l'a abandonné. Ils ne savent rien de ce qu'elle peut être en tant que mère, même pas elle.
June : ... Je crois que j'ai fait assez d'efforts pour aujourd'hui. Rentrons. Décide-t-elle
Elles rentrent, trouvant sans surprise les frères assis sur le canapé.
Loki : Comment vous allez ?
June : Bien. Prend le s'il te plaît. Je vais faire à manger puisque vous vous tournez les pouces dans un canapé depuis dix minutes. Dit-elle en lui donnant Harlan.
Elle part directement dans la cuisine, dos à eux. La pression et la panique commençaient à l'envahir. Au début, tout allait quand elle l'avait dans les bras. Mais au fur et à mesure, elle sentait son corps réagir. Elle sentait comme une force invisible la forcer à le donner à Nora. Son corps ne voulait plus d'Harlan contre lui. C'est une étrange sensation qu'elle ne comprend pas. Serait-ce une façon que son corps à de lui dire qu'elle a atteint ses limites ? Peut-être.
Par conséquent, elle a préféré partir rapidement et faire autre chose pour détourner l'attention de ses pensées. Surtout qu'aucun des deux n'a eu l'idée de continuer à faire à manger, alors que tout était sorti et pratiquement prêt à être cuit.
Après le dîner, Thor et Nora leur ont proposé une balade. Mais June a refusé gentiment en prétextant qu'elle devait ranger. Par conséquent, Loki est resté pour l'aider, tandis que le dieu du tonnerre et Nora sont partis se promener avec Harlan dans la poussette. À leur retour, June était dehors en train de s'occuper de Pillow qui courait comme un fou dans le jardin, la faisant rire. Nora s'est excusée pour le coup tordu qui lui ont fait, mais elle a insisté sur le fait que s'était pour son bien et celui d'Harlan. June ne pouvait pas la contredire, car elle le savait, même si leur méthode lui a donné envie de leur hurler dessus de colère.
Dès le départ de Nora et Thor, la géante de feu à veiller de loin Harlan. Après leur départ, il s'est endormi dans son parc tandis que Loki était parti se laver les mains. Assise sur le canapé, June s'était légèrement penché pour le regarder. Quand il dort, June le regarde régulièrement. C'est le seul moment en sa présence où il ne pleure pas ou ne fait pas de moue triste. C'est également le seul moment où June peut profiter de son fils, comme Loki profite de lui.
Le soir, la géante de feu est partie se coucher tôt. June préférait ruminer dans son coin, ne voulant pas inquiéter ou bien entraîné Loki dans ses tourments. La jeune femme regarde un point invisible et réfléchit de longues minutes. Elle réfléchit aux mêmes choses depuis qu'Harlan est venu au monde, mais à chaque fois, elle ne peut s'empêcher de ruminer sur son baby blues. Elle veut comprendre. Pourquoi cela lui arrive-t-il ? Est-ce vraiment lié aux pensées négatives qu'elle a sur ses compétences maternelles ?
Loki : Tu dors ? Demande-t-il doucement en entrant.
June : Non. Dit-elle en s'asseyant dans le lit.
Loki : Tu es sûre que ça va ? Tu as l'air... Ailleurs.
June : Non, ça va. Je réfléchis, c'est tout.
Elle retape son oreiller pour être mieux installé. Pendant ce temps, le dieu de la malice s'assoit à côté d'elle, l'air soucieux.
Loki : Tu sais que tu peux tout me dire...
June : Tu sais ce que je rumine. Répond-t-elle du tac au tac.
Loki : Ça passera. J'en suis certain.
Elle espère. Depuis trois semaines, elle est loin du bébé qu'elle a porté en son sein. Et elle le vit plus mal qu'il n'y paraît. Elle fait de son mieux pour ne rien montrer à ceux qui l'entoure et tout particulièrement à Loki. Mais elle est presque certaine qu'il a compris son petit jeu. Seulement, il ne lui dit rien.
June : Tu les as fait venir pour ça... Dit-elle en parlant de Thor et Nora.
Loki : Non. Bien sûr que non...
La géante de feu le regarde, haussant un sourcil.
Loki : J'ai lié l'utile à l'agréable, allons-nous dire. Tu m'en veux ?
June : Sur le coup, je l'ai mal pris. Mais après, je me suis dit que ce n'était que pour notre bien...
Le dieu de la malice hoche de la tête en lui prenant la main.
Loki : Mais il y a eu une avancée, non ? Sourit-il en coin.
Rien qu'en le regardant, la jeune femme sait que Nora lui a déjà dit les progrès qu'elle a fait. Ce sourire n'est pas là par hasard.
June : Je l'ai pris. Plusieurs fois. Et... Je lui ai touché la main...
Loki : C'est déjà ça. Sourit-il. C'est une bonne avancée. Et alors, comment tu l'as ressenti ? Qu'est-ce que tu as fait ?
June : Je me sentais tendue. J'avais peur. Je me sentais mal...
Loki : Mais après tout ça, tu n'as rien ressenti de positif ?
Elle réfléchit rapidement.
June : Je me sentais bien après, mais il m'a fallu un moment. Il a fini par me regarder, sans crier et sans pleurer. Quand il était calme dans mes bras, je me sentais... Bien. Sourit-elle faiblement. Je me sentais importante pour lui.
Loki : Je suis fier de toi, June. Je comprends que ce n'est pas une mince à faire, mais regarde tous les progrès que tu as fait en une après-midi. C'est énorme. On va vaincre ce baby blues, June. Je te le promets.
Elle sourit brièvement.
June : Je voudrais vraiment le prendre dans mes bras, Loki. M'occuper de lui comme tu le fais, mais je n'y arrive pas. Ce n'est pas de la mauvaise volonté...
Loki : Ne te force pas. Tu y arriveras, petit à petit, mais tu y arriveras. Le réconforte-t-elle.
Elle hoche de la tête.
Loki : Allez, ne pense plus à ça pour ce soir.
Le dieu de la discorde lui embrasse tendrement le front. Puis, il s'installe dans le lit et saisit la télécommande pour allumer la télévision. June se place dans ses bras, regardant les programmes, peu captivant. Ils finissent par mettre une comédie pour les détourner de ce qui pourrait encore les tourmenter. June a posé sa tête contre lui et s'est mise à soupirer, essayant de cesser de penser à son problème, tandis que son mari lui caresse délicatement le haut du dos.
Soudain, Harlan se met à pleurer. Loki soupire et se lève pour aller le rendormir. June le regarde partir, culpabilisant de le laisser une fois de plus y aller. C'est dans ces moments-là qu'elle aimerait tellement pouvoir le prendre dans ses bras. À force, Loki sera épuisé au point de ne plus faire correctement les choses ou bien de ne plus rien faire du tout. Elle décide de le suivre et de le regarder faire.
Loki était dos à elle, Harlan dans ses bras, le berçant doucement. En tendant l'oreille, June peut l'entendre fredonner une chanson Asgardienne. Elle l'a très peu entendu, mais elle la trouve si belle et douce qu'elle est heureuse que Loki lui chante. La jeune femme n'en connaît malheureusement aucune. Encore une fois, sa culture générale lui fait énormément défaut, même pour l'enfance de son fils.
Harlan commence à se calmer. Alors, Loki le remet dans son berceau sans arrêter de fredonner. Il se recule petit à petit jusqu'à pouvoir fermer silencieusement la porte de la chambre de leur fils.
Loki : Ça y est, il s'est rendormi. Lui chuchote-t-il.
June : Tu lui as chanté une magnifique berceuse. Sourit-elle.
Loki : Oh. Tu as entendu. Sourit-il faiblement. C'est une vieille berceuse que Frigga me chantait quand je n'arrivais pas à dormir.
June : Heureusement que tu la connais. Je n'en connais aucune. Du moins dans leur entièreté. Il dort vraiment ?
Loki : Oui. Pourquoi ?
June : Parce que des fois, il fait semblant et il joue pendant de... Longues minutes...
Il sourit.
Loki : Tant qu'il se repose sans pleurer, c'est le principal.
June sait qu'elle vient de dévoiler quelque chose que personne ne savait encore, même pas lui. Certes, elle n'arrive pas à le prendre dans les bras, à le toucher ou bien à lui parler sans avoir l'air ridicule. Cependant, elle le regarde de loin. Elle le veille. Et quand Harlan dort pendant la nuit, il lui arrive de se métamorphoser et d'aller dans sa chambre, piquer un somme près de lui. Ainsi, elle surveille de près, prête à riposter en cas de danger. C'est en faisant cela qu'elle a compris qu'Harlan ne dormait pas toujours. Le bébé jouait avec ses doudous, dans son berceau, avec ses doigts et avec les jouets qui pendent au-dessus de lui. Il s'amuse en pleine nuit alors que Loki et elle, pensent qu'il dort paisiblement.
~~~~
De bon matin, June part faire une grande promenade avec Pillow dans les bois. Malgré que ce soit un petit chien, le Loulou adore gambader dans la nature. Cependant, il arrive qu'il s'emporte de trop et donne du fils à retordre à sa maîtresse. Aujourd'hui, Pillow a sauté dans des feuilles mouillées, lui collant aux poils. June a mis une demi-heure à tout lui retirer.
Une fois rentré, Pillow saute partout et la jeune femme voit Loki avec Harlan sur le canapé.
Loki : Bonjour. Comment s'est passée la promenade de Pillow ?
June : Comme d'habitude, sauf que monsieur a décidé de sauter dans un tas de feuilles mouillées et qu'il a fallu le brosser immédiatement. Rit-elle.
Loki : Je vois. Rit-il.
June : Et vous ?
Loki : Il s'est rendormi, alors je dirais que ça va.
June : Il t'a réveillé ?
Loki : Ne t'en fais pas. Je ne dormais pas complètement.
June : Quand je me suis levé, il dormait très bien. Dit-elle en rangeant la laisse de leur chien dans la commode d'entrée.
À chaque fois qu'elle se lève, elle ne passe pas seulement devant la porte d'Harlan, elle l'entrouvre pour vérifier que tout aille bien.
Ce matin, June est entrée discrètement et l'a regardé. Harlan dormait paisiblement les bras en l'air. Sa respiration était régulière et un petit sourire se dessinait sur son visage. Le voyant bien, June a hésité à le toucher. Elle craignait qu'en faisant cela, il se réveille et se mette à crier. Mais June avait décidé de continuer ses efforts, mais tout en faisant attention à ne pas dépasser les limites. Alors, elle a approché doucement sa main du pied de son bébé, avant de le toucher. Harlan n'avait pas réagi. June a été soulagée et heureuse. Elle a donc lentement caressé son pied tout en le regardant de longues minutes. Puis, elle est partie, le laissant finir sa nuit.
Loki : Il a dû avoir faim.
June : Peut-être.
Loki : Je vais faire des courses cet après-midi.
June : Ah... Ah oui ? Dit-elle surprise.
Loki : Je n'en n'aurai que pour une heure à peu près. Ça va aller ?
June : S'il dort, oui.
June se tord les doigts et part chercher de quoi s'occuper pour éviter d'inquiéter Loki. Elle ne veut pas l'obliger à rester à la maison. Lui aussi a besoin de sortir. C'est toujours elle qui sort, que ce soit pour les courses, les réparations des véhicules, pour son propre travail ou bien pour prendre l'air. Lui aussi, a le droit de vivre en dehors de son rôle de père.
Loki : Qu'as-tu prévu de faire aujourd'hui ?
June : Rien. Je ne sais pas quoi faire, comme souvent.
Loki : Demain, je te propose que l'on parte au restaurant ou ce que tu veux.
June : Mais... Harlan ?
Loki : Je pense que nous pourrons le laisser à Thor, au moins pour quelques heures. La mid... Nora devrait bien s'en occuper aussi, de ce que j'ai vu. Se reprend-t-il, faisant sourire June. Je vais prendre ma douche. Tu as besoin de quelque chose avant ?
Elle nie de la tête et s'assoit sur le canapé avant de regarder son téléphone. Harlan était dans son parc, en train de mâchouiller l'oreille de sa fouine. Oui, il avait une peluche en forme de fouine. Et encore, Loki a réussi à trouver un petit Mjölnir qu'il a offert à son fils pour ses deux semaines.
Ne trouvant rien d'intéressant à faire sur son téléphone, June le délaisse et se tourne vers son piano. Ça va faire des mois qu'elle n'y a pas touché. Enceinte, elle avait du mal à rester assise devant. Elle se dandinait et se plaignait des douleurs dû à sa posture et à l'instrument qui écrasait son ventre. Et assise, cela était pire. De plus, le fait d'être rejeté par Harlan l'a préoccupé énormément. Le piano n'a plus été touché depuis un long moment et June éprouve à présent le besoin de jouer quelques notes. Harlan étant dans son parc et calme, elle se dit qu'entendre un peu de musique continuerait de l'apaiser. La rousse s'installe devant son instrument et commence à jouer une douce musique asgardienne, une des premières que lui a fait jouer Frigga. L'entendre lui fait remonter d'agréables souvenirs, comme un mauvais... Cependant, June se concentre sur la mélodie et se retourne pour constater qu'Harlan écoutait attentivement la musique. Elle sourit. Même si ce n'est pas après elle qu'il en a, c'est tout de même elle qui fait vibrer les cordes du piano et qui créait cette mélodie. Quand elle la finit, Harlan restait silencieux avant de jouer de nouveau.
Harlan l'a écouté jouait. Même si ce n'est rien, ça lui a fait plaisir.
Loki : Oh ! J'ai une idée ! Dit-il en redescendant après sa douche. J'ai entendu parler d'un bon théâtre. On pourrait y aller demain après le restaurant ?
June : Si tu veux. Quelle est cette pièce ?
Lok : Une vieille pièce de théâtre de Marivaux. Je n'ai plus le nom exact.
June : Pourquoi pas, alors.
Il l'embrasse avant d'aller sur le canapé alors qu'elle se trouve près du bar. June regarde son répertoire se rendant compte qu'elle n'avait supprimé aucun numéros de sa vie « d'assassin ». En les regardant, elle se met à se remémorer tout le parcours qu'elle a fait, seule ou bien avec Loki. Tellement de temps s'est passé. Tellement d'obstacles se sont dressés. Et ils ont réussi à tous les surmonter.
Harlan se met à pleurer peu après et Loki essaye de le calmer.
Loki : Allez Harlan. Ce n'est rien.
June éteint son téléphone en entendant que Loki n'arrivait pas, pour une fois, à le calmer, ce qui l'inquiète.
Loki : Il ne veut pas s'arrêter...
June : Il a peut-être faim ? Ou il s'est fait mal ?
Loki : Je n'en sais rien. Dit-il en le regardant de plus près.
Elle n'aime pas le voir et l'entendre pleurer. Elle déteste ça.
June : Allez, arrête de pleurer.
Loki : Je ne sais pas quoi faire, June...
June : Moi non plus.
Elle n'avait qu'une envie, le prendre. Mais elle entend sa petite voix lui dire de ne pas le faire.
Loki souffle.
Loki : Peut-être qu'il a mal aux dents ?
June : Ce n'est pas un peu tôt ?
Loki : C'est la première fois que j'ai un bébé, June. Je ne sais pas. Commence-t-il à s'agacer.
June : Ne t'énerve pas ! Moi non plus, je n'en sais rien !
Loki : Je ne m'énerve pas, j'essaie de comprendre.
June : Tu lui as changé la couche ? Lui demande-t-elle en continuant de chercher une cause.
Loki : Il y a une heure.
Ils ne savent vraiment pas quoi faire. June ne voit absolument pas ce qui pourrait le faire pleurer. Elle n'a plus d'idée et Loki en peut plus. Il va bientôt craquer si ça continue. Soudain, la géante de feu décide d'inspecter la maison, se disant que quelqu'un ou quelque chose est peut-être entré et à effrayer Harlan. Alors, elle court à l'étage, dague en main et les sens en éveille. Elle cherche également une signature énergétique, autre que celle de Loki dans le salon. Mais rien. Pillow qui est dehors, agit normalement. Personne n'est entré, que ce soit animal ou humain. La jeune femme redescend, expliquant à Loki que rien n'aurait pu l'effrayer, car il n'y a personne dans la maison.
June les regarde tous les deux en se mordant la lèvre inférieure. Loki est à bout de nerfs et Harlan est rouge à force de pleurer. Elle décide de prendre son courage à deux mains et d'ignorer, faute de faire taire, la petite voix qui continue de lui murmurer de plus en plus fort de ne pas le prendre, de ne pas s'en occuper et de l'ignorer. Elle lui prend la main et lui touche le front, essayant de voir s'il est malade, mais aucune hausse de température anormale.
June : Harlan, calme-toi.
Le petit la regarde avec de grands yeux, cessant de pleurer. June écarquille les yeux en voyant qu'il avait cessé. Puis, Harlan se met à rire sans explication et cherche à attraper sa main. June le regarde intriguer, puis elle sourit. Elle est contente qu'il ait cessé, mais pourquoi a-t-il arrêté quand elle lui a parlé ? Cherchait-il à attirer son attention ? Elle retire sa main et l'approche de nouveau pour l'amuser. Harlan continue de rire, tout en regardant la main de la géante de feu.
June : Je vois... Tu voulais jouer.
Loki : Je n'arrive pas à comprendre les bébés décidément. Soupire-t-il.
June : Moi non plus, mais du moment qu'il ne pleure plus, c'est le principal.
Loki sourit et dépose leur fils dans son parc. June continue un peu de jouer avec lui, le stimulant autrement. Ça lui fait plaisir de voir qu'il réclame enfin sa présence, même si c'est d'une certaine manière.
Loki rit en les voyant.
June : C'est la première fois qu'il me réclame. Sourit-elle.
Loki : Je vois ça. C'est un très bon signe. Il faut continuer comme ça.
June : Quand pars-tu ?
Loki : D'ici à une demi-heure. Je vais justement me préparer.
Elle acquiesce et continue de stimuler Harlan jusqu'à ce qu'il en ait marre et joue avec ses doudous et ses jouets. June reste assise près de lui, le veillant de près et le rassurant de sa présence. Si Harlan la demande enfin, c'est qu'il en a besoin. Mais pourquoi maintenant ? June ne connaît pas la réponse et pour le moment, elle ne compte pas la chercher. Tandis qu'Harlan s'est endormi, Loki en a profité pour partir discrètement en ville.
June s'assoit silencieusement dans le canapé, réfléchissant tout en regardant Harlan dormir dans son petit parc, entouré par une dizaine de doudous. Avant de partir, Loki lui avait mis une petite couverture pour qu'il n'ait pas froid. Lui comme June ne savent pas s'il a hérité des gènes des géants de feu ou des géants des glaces. June imagine que ce sera une question de hasard, tandis que Loki pense que leur fils aura non seulement les propriétés des Asgardiens, mais aussi ceux des géants de feu et de glace. Harlan serait un être unique pour cette combinaison génétique. Cependant, June ne veut pas s'attarder sur ce détail, qui aura bien le temps de les inquiéter dans le futur.
C'est en imaginant le futur que June se rend compte qu'il est temps de faire table rase du passé. Elle se rend compte qu'elle ne pourra plus continuer à être une assassin, pour une raison simple et évidente qu'elle a elle-même pensé et créée à l'époque. Ces règles sont gravées dans son esprit pour toujours :
- Règle n°1 : Aucune attache familiale ou amicale
- Règle n°2 : Ne tuer aucune personne innocente
- Règle n°3 : Ne faire confiance à personne
- Règle n°4 : Ne laisser aucune trace, aucun indice
- Règle n°5 : Agir dans l'ombre
Il est temps pour elle de commencer une nouvelle et dernière vie. June se rend compte que ça va lui demander beaucoup d'effort pour oublier cette vie si exaltante qu'elle menait malgré ses désagréments. Mais oublier quelque chose que l'on a fait pendant près d'un siècle est long, et elle ne sait pas si elle pourra le faire aussi facilement. En prenant du recul, elle se souvient du midi dans la tour des Avengers. Il venait de neiger et la rousse s'était plaint du temps et de la fraîcheur qui l'agressée. Nora et elle avaient plaisanté sur le fait d'écrire un livre à propos de leur vécue. En réalité, cela se révèle une excellente idée. Écrire, serait une manière de poser et d'incruster dans le papier son passé. June se lève donc et part chercher son ordinateur et ouvre un fichier LibreOffice. Qu'elle le fasse sur papier ou sur ordinateur, le résultat sera le même. La première chose qu'elle écrit sur la première page sont les phrases qui lui sont venus à l'esprit lors de son premier assassinat, c'était comme une vérité qui éclatait au grand jour :
« Là où d'autres suivent aveuglément la vérité, rappelle-toi ; rien n'est vrai.
Là où d'autres sont limités par leur moral ou la loi, rappelle-toi ; tout est permis.
Nous agissons dans l'ombre pour servir la lumière.
Nous sommes des Assassins. »
Quelques phrases qui veulent dire tellement de choses en peu de mots. En lisant ses mots, June se souvient de la sensation qu'elle a eue en se rendant compte que les gouvernements n'étaient pas ce qu'ils prétendaient être. Que ce qu'ils disaient n'avait rien avoir avec la vérité, ils s'agissaient de mensonges déguisés qui leur permettaient de faire des choses horribles et que personnes ne soupçonnaient. Après ces quelques secondes dans le passé, June change de page et commence à écrire sans se soucier de ce qu'elle va écrire.
Mais au bout de vingt minutes, il recommence à pleurer. June saute littéralement du canapé pour s'agenouiller face à lui. Sauf, que la main qui gigote ne suffit pas à le calmer cette fois. Pourtant, il a mangé il y a peu. La couche est encore propre. Il n'a pas pu se faire mal, sinon elle l'aurait vu et entendu. Non. Monsieur fait sûrement un caprice. Excepté que Loki n'est pas là.
June se mord les doigts de le laisser s'époumoner de la sorte. Elle n'a plus de carte à exploiter pour l'apaiser. Elle ne sait pas quoi faire. Le voir pleurer lui fait mal au cœur. Elle aussi a envie de pleurer, mais si elle fait ça, arrêtera-t-il ? Où continuera-t-il ? De toute manière, June n'a pas envie de faire semblant de pleurer. Elle se contente de laisser des larmes rouler sur ses joues tout en le regardant devenir rouge. La géante de feu cherche une solution le plus rapidement possible. Elle se met à regarder l'heure, constatant que Loki ne rentrera pas dans peu de temps. Elle doit se débrouiller seule cette fois.
June décide de faire une nouvelle fois taire cette petite voix intérieure et de le prendre délicatement dans ses bras, avec une pointe d'hésitation. Elle le prend comme Nora lui avait montré et elle le berce comme le fait son mari. Mais il ne cesse toujours pas. Alors, elle décide de sortir dans le jardin tout en le berçant, mais il persiste. Puis, elle lui prend sa petite main et lui caresse en répétant de doux « chut ». June marche dans tout le jardin en continuant de faire ce qu'elle faisait. Elle s'est mise en pilotage automatique pour tenter d'apaiser son fils, qui se calme et sourit. Elle a réussi à le calmer.
Peu après, le silence entre eux, June se rend enfin compte qu'elle l'avait dans les bras et qu'elle avait pris soin de lui, comme le fait Loki et même Thor. June écarquille les yeux et sourit en voyant qu'elle venait de réussir à passer le cap. Son baby blues n'est plus.
Elle s'assoit dans le canapé extérieur et joue avec lui, en rigolant. Elle lui touche ses petits doigts et les embrasse doucement, le faisant pleurer de rire.
June : Je suis désolé mon chéri. Pardonne-moi de ne pas avoir pris soins de toi avant. Je vais me rattraper. Je te le promets.
Harlan se met à sucer son pouce tout en la fixant avec ses petits yeux bleu-gris. Elle le berce en souriant et lui caresse sa petite joue et sa petite main. Elle touche chaque partie de ce bébé qu'elle a si longtemps négligé, conte sa volonté. Comme dans un autre monde, June le regarde attentivement. Elle lui sourit et lui fredonne la petite berceuse que lui fredonnait Loki pour le rendormir. Puis, le bébé tend sa main vers une mèche de cheveux roux de sa mère. Il la prend dans ses mains et la tripote de longues secondes, faisant ricaner sa mère. June verse une petite larme en voyant qu'ils peuvent enfin être ensemble.
« June ? »
La géante de feu se redresse lentement et pivote vers la personne, qui n'est qu'autre que le dieu de la malice. Il souriait en étant adossé à la baie-vitrée.
June : Il a pleuré et j'ai réussi à le calmer en le prenant. Je peux enfin m'occuper de lui. Sourit-elle.
Loki : Je suis si fier de toi. Il lui embrasse le front. Tu vas pouvoir profiter du petit. Sourit-il.
June : Oui. Je vais enfin savoir ce que ça fait vraiment d'être mère.
La jeune femme le remercie de l'avoir aidé, voire poussé à dépasser ses aprioris et ses limites. Loki s'assoit près d'eux et entoure les épaules de June de son bras. La rousse se penche légèrement contre lui, Harlan dans ses bras. Loki caresse tendrement la tête de leur bébé, tandis que June continue à lui donner sa mèche de cheveux, devenue un de ses jouets favoris.
Le baby blues est devenu un lointain souvenir, au grand bonheur de June. Elle peut enfin prendre son rôle de mère. Tous ses aprioris s'éloignent, la laissant libre de faire ce qu'elle doit faire. Malgré tout ses obstacles, ils sont enfin une vraie famille...
FIN
Les remerciements c'est juste après !
Ainsi que les films cachés !