28 Octobre
Elle s'avançait lentement dans la vieille maison. L'endroit lui semblait familier mais il faisait trop sombre pour reconnaître où elle se trouvait. Malgré tout, ça lui rappelait sa propre maison. Elle était grande, ancienne, elle le savait, comme le manoir Croupton.
Elle avait un peu peur mais elle continuait de marcher. Elle n'était pas terrifiée mais ne devait pas s'arrêter, elle le savait.
Elle passa nerveusement sa langue dans le coin de ses lèvres : elle commençait à entendre des voix mais ne distinguait pas ce qu'elles disaient. Elle monta un escalier en bois. Il grinçait sous ses pieds, donnant un air sinistre à la maison qui était déjà bien sombre, mais cela ne l'empêcha pas de continuer. Elle arriva en haut de ces marches qui lui avaient semblées interminables et vit de la lumière passer par l'ouverture d'une porte. La brune entendait plus fortement les voix, mais ne réussit pas à déchiffrer ce qu'elles disaient. Elle continua d'avancer jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de la porte. Comme hypnotisée, elle y posa sa main ce qui provoqua l'ouverture complète du battant de bois dans un fort grincement. La pièce était lugubre, seulement éclairée par la lumière du feu qui brûlait dans la cheminée. Elle se trouva face à un homme petit, aux cheveux courts - presque inexistants - et grisonnants, qui avait l'air craintif, voire apeuré lorsqu'il regardait en direction d'un fauteuil. Elianor n'eut pas le temps de s'avancer pour voir qui était assis qu'elle se figea.
"Barty ?!" dit-elle.
Sa voix semblait lointaine, trop lointaine, pour lui appartenir.
Son frère, qui était à présent à genoux devant le siège, ne sourcilla pas : il ne l'avait ni vu ni entendu. Personne ne pouvait la voir ou l'entendre. Pourtant, elle ne pouvait se débarrasser de ce sentiment de peur qui grandissait en elle depuis qu'elle était arrivée en haut de l'escalier. Elle recommença à avancer et arriva au niveau des deux hommes. Elle regarda ensuite vers le fauteuil et fut horrifiée. Elle mit ses mains sur sa bouche sous le choc. Ce qu'elle voyait n'avait rien d'humain. La silhouette de la taille d'un petit enfant était enroulée d'un linge noir et était recroquevillée sur elle-même. Elle était maigre - quoique ce terme était un euphémisme par rapport à sa réelle maigreur.
"C'est... C'est impossible..." chuchota-t-elle, sous le choc de voir Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom se tenir devant elle, malgré sa faiblesse.
Les voix des trois personnes étaient toujours floues, elle ne distinguait pas un mot de ce qu'elles disaient.
Elle sentit quelque chose glisser contre ses pieds et baissa les yeux. Elle vit un serpent d'une taille extraordinaire qui rampait vers le fauteuil.
La tête des deux hommes changea soudainement et les deux regardèrent en direction de la porte qui semblait s'être refermée seule : quelqu'un se trouvait derrière. Le petit homme l'ouvrit.
"Harry ?!"
Sa voix était toujours aussi lointaine mais cette fois, le garçon l'avait entendue. Il leva les yeux vers elle alors que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom leva son maigre bras. Il tenait une baguette. Cette fois, Elianor entendit distinctement ce qu'il dit :
"AVADA KEDAVRA !"
Une lumière verte emplit la pièce.
"Non !"
"Croupton !" entendit-elle.
Elle se releva brusquement la tête et son regard se planta les yeux bleus de sa colocataire, Rossana, qui la tenait fermement par les épaules. Elle s'assit lentement, faisant reculer la blonde qui resta près du lit. Sa deuxième colocataire, Leïa, était agenouillée près du lit, une lanterne à la main. Un air inquiet était sur son visage.
"C'était quoi ça ? demanda la dernière colocataire d'une voix endormie.
- C'est... C'est rien..." répondit Elianor en calmant sa respiration et son rythme cardiaque.
Rossana hocha la tête fermement avant de se diriger vers sa couchette.
Chaque fille était à présent dans son lit, regardant la brune du coin de l'œil. Elles éteignirent la seule lumière allumée avant de s'allonger confortablement sur leurs oreillers.
"Espèce de tarée..." put-elle entendre avant que le silence emplisse la chambre jusqu'au matin.
29 Octobre
Le lendemain, c'était samedi, la plupart des élèves, normalement censés être rassemblés dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner, étaient agglutinés autour de la Coupe de Feu. Elianor était loin de la foule, installée près de la porte, pouvant observer chaque personne qui mettait son nom dans la Coupe. Elle vit Cédric s'avancer vers le centre de la pièce, un papier dans la main, passer la limite d'âge avant de poser la feuille dans le calice. Il se fit applaudir, principalement par des filles, puis il se dirigea vers la sortie. Il y aperçu la Serpentard et décida de se diriger vers elle.
"Hey ! fit-il en la saluant d'un signe de main avant de s'appuyer sur le mur à côté d'elle.
- Salut, répondit-elle avec un léger sourire.
- On ne s'est pas vu depuis la Coupe du Monde de Quiddich. Tout va bien ?
- Hé, Cédric ! s'écria un garçon de Poufsouffle. Tu viens avec nous ? On va à Pré-au-Lard, aux Trois Balais pour trinquer à ton futur succès !
- Je vous rejoins.
- Qu'est-ce que tu fais avec elle ? demanda un autre garçon. Tu traînes avec les partisans de Tu-Sais-Qui maintenant ?"
Elianor ne dit rien, habituée à ces remarques. Cédric, quant-à lui, fronça les sourcils et regarda la Serpentard qui haussa les épaules, lui disant que ce n'était rien. Il ignora donc le groupe de garçons qui partit quelques instants plus tard.
"Merci ça va... dit la brune comme si rien de ce qui s'était passé avant n'avait eu lieu. Je m'en sors plutôt bien... Sauf le professeur Maugrey qui me fait flipper."
Le jeune homme rigola.
"Je crois qu'il fait flipper tout le monde..."
Ils rirent tout les deux.
"Au fait, ça a été avec ton père ? Je sais que tu avais été punie pendant la fin des vacances...
- Ouais... J'ai juste été privée de sortie et j'ai dû faire pas mal de devoirs, mentit-elle. C'était pas si horrible que ça. Je veux dire... Ça aurait pû être pire."
Ils ne parlèrent pas durant quelques secondes.
"Tu t'es décidé à y participer, dit Elianor en faisant un signe de tête vers la Coupe de Feu.
- Ouais... Je me suis dit, que ça pourrait m'aider... Je ne sais pas... Pour le futur, peut-être. Et puis, mille Gallions, ce n'est pas rien.
- Bonne chance..."
Il rit.
"Merci... Je vais devoir y aller. Les gars m'attendent et je ne voudrais pas qu'ils trinquent sans moi."
Ils se saluèrent et le garçon partit hors de la salle alors que la Serpentard continua d'observer les élèves.
Soudainement, quelqu'un éclata de rire en dehors de la salle puis trois garçons passèrent la porte. C'était Fred, George et Lee qui était essoufflés par leur course.
"Ça y est, dit Fred d'un ton triomphant. On l'a !
- Quoi ? demanda Ron.
- La potion de Vieillissement, répondit George.
- On l'a mijotée ce matin, continua Lee.
- Vous ?" questionna à son tour Harry en haussant un sourcil.
Les trois garçons se regardèrent avant de lancer un regard à Elianor.
"En fait, c'est Eli qui l'a faite pour nous, fit George.
- Au début, elle était pas totalement d'accord, renchérit son jumeau. Mais on a su être convaincants.
- C'est sûr, quand on met de l'argent sur la balance... fit Lee.
- On lui a promis une augmentation lorsqu'elle vendrait nos friandises ainsi qu'une boisson aux Trois Balais.
- Et une part de l'argent qu'on gagnera au tournoi."
Ils entendirent un rire.
"Ça ne va pas marcher... dit Hermione.
- Ah oui ?
- Et pourquoi ça, Granger ?"
La Gryffondor ferma le livre qu'elle était en train de lire.
"Vous voyez ce cercle ? C'est une Limite d'Âge. Dumbledore l'a tracée lui-même.
- Et alors ?
- Et alors... Un génie comme Dumbledore ne peut pas être berné par un truc aussi lamentablement simplet qu'une potion de Vieillissement."
Les garçons rigolèrent.
"Ah mais c'est pour ça que c'est génial, dit Fred.
- Parce que c'est si lamentablement simplet !" s'exclama son frère.
Les trois se placèrent devant la Limite d'Âge.
"Prêts ? dit Fred. Allons-y, je passe le premier."
Il attendit quelques secondes avant de sauter dans le cercle lumineux. Les élèves - en tout cas la plupart - crurent qu'il avait réussi. George le rejoignit et, un instant plus tard, les jumeaux furent rejetés en dehors du cercle sous les rires des élèves. Elianor s'avança près d'eux et s'abaissa à leur niveau.
"Ça vous va bien.
- Quoi ?"
Les deux se regardèrent, surpris de voir que leur barbe et leurs cheveux avaient poussé et pris une teinte blanche. Lee les rejoignit.
"La classe !"
Les Weasley commencèrent à se battre, s'accusant mutuellement à propos de la potion. Mais le bagarre prit rapidement fin à cause de l'arrivée de Viktor Krum et de son directeur, Igor Karkaroff.
"Allez, venez. Je vous emmène voir Mrs Pomfresh. Je pense que vous n'êtes pas les seuls dans ce cas."
Le chemin vers l'infirmerie se fit en rigolant, principalement pour Elianor et Lee qui se moquaient de leurs amis. Arrivés, Mrs Pomfresh demanda aux jumeaux de s'asseoir sur un lit puis elle participe vers son bureau.
"Je vous avais prévenus.
- Ça va...
- Au moins je serai payée pour n'avoir quasiment rien fait, dit-elle en souriant.
- Quoi ? Non ! s'exclama George. On n'a pas réussi !
- En plus, continua Fred, je suis sûr que tu l'as sabotée.
- La potion de Vieillissement de Miss Croupton semble avoir été parfaitement réalisée, les interrompit l'infirmière en revenant près d'eux. Dumbledore vous avait pourtant prévenus. Vous avez remis en question la puissance de ses pouvoirs, voilà le résultat."
Ils restèrent en silence le temps d'être soignés. Ils eurent bientôt de nouveau l'apparence allant avec leur âge et purent partir.